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Politique

En 2003 Déjà, Ahmed Khalifa Niasse " donnait à Karim Wade Le Ministère De L’economie Et Des Finances Et En Faisait Un Super Ministre Pour La Succession De Son Père"

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En 2003 Déjà, Ahmed Khalifa Niasse " donnait à Karim Wade Le Ministère De L’economie Et Des Finances Et En Faisait Un Super Ministre Pour La Succession De Son Père"
Dans les colonnes du défunt journal « L’Actuel » édition n° 392 du mercredi 22 janvier 2003, leader du Front des alliances patriotiques (Fap), et désormais, ex-ministre conseiller du président de la République, Me Abdoulaye Wade faisait une analyse de la situation politique du Sénégal qui s’est confirmée aujourd’hui avec la place aujourd’hui occupée par Karim Wade dans le gouvernement du Sénégal. N’est-ce pas M. Niasse qui disait en 2003 déjà que : "J’ai compris que Wade voudrait partir et prépare sa succession. Mais pour meubler les 4 ans qui lui restent, il prépare son fils Karim à le remplacer. Nous savions déjà que le fils de son frère, Doudou Wade pour ne pas le nommer, est actuellement Président du groupe parlementaire du Pds de ses alliés (Libéral-démocratique), donc bien placé pour prendre la place de Pape Diop qui peut cesser de cumuler la présidence de l’Assemblée nationale et le poste de maire de Dakar... Voyant des similitudes entre cette période et celle que nous vivons actuellement et notant même des réalisations de ses "prédictions", nous avons estimé devoir remettre cette interview à votre bon souvenir. Sans commentaires !

M. Niasse, il y a quelque temps, vous annonciez votre volonté de quitter la politique pour vous consacrer à la propagation de l’Islam. Qu’est-ce qui vous a poussé à replonger ?

La politique m’a interpellé. Et comme pour moi, elle est un sacerdoce au même titre que la religion, mon vœu étant d’être au service des gens, je pense que j’ai encore des choses à apporter au Sénégal. C’est seulement quand je saurai que le pays est entre de bonnes mains que je le ferai. Et c’est sûr que ce jour arrivera.

Vous êtes d’abord allé vers Niasse avant de revenir à Wade, puis à la Cap 21, pourquoi ?

Au second tour de la dernière présidentielle, j’ai donné à Moustapha Niasse sa dernière chance. Non seulement pour l’aider à faire un score honorable, mais l’aider à « se rectifier » vis-à-vis de notre famille (faits et gestes y compris). Mais hélas, nous avons été déçus lorsqu’il a retrouvé la Primature. Car il a retrouvé aussitôt ses vieilles habitudes pour lesquelles nous avions pris nos distances vis-à-vis de lui.

Quelles sont ces habitudes ?

Comment se fait-il que Niasse retire les passeports de service aux dignitaires de notre famille pour les vendre aux Chinois. Et cela n’est qu’un cas isolé, par exemple.

Vous voulez dire que Niasse est fini.

En tout cas pour nous, il est complètement fini. Dieu étant maître de tout et de tous, on ne peut quand même pas prédire ce qu’il fera. Mais nous, nous ne pouvons plus l’aider.

Puis, vous avez approché Wade et la Cap 21 ?

Le Fap est devenue membre de la Cap 21 sur demande de Wade, mais elle ne l’était pas au départ. Il m’a dit qu’il voulait reconstruire ce pays et sachant que ne pas l’aider, c’est refuser la reconstruction du pays, le Fap est entré dans la Cap 21. Nous l’avons cru sur parole et nous sommes venus, à sa demande, à la Cap 21. Mais je dois dire qu’en ce qui concerne notre parti, Wade n’a pas honoré sa parole.

Laquelle ?

Nous associer à tout ce qui se fait à la Cap 21, aussi bien à la conception qu’à l’exécution des tâches de construction de ce pays. Mieux, nos relations avec lui, se sont détériorées est sont même nulles actuellement. Il ne nous contacte en rien, depuis près d’un an.

Si vous aviez à apprécier son bilan, que diriez-vous ?

Que je suis déçu.

Pourquoi ?

Wade a fait des montagnes de promesses et n’a même pas fait une toute petite monticule de réalisations. Malheureusement, Wade nous a vraiment déçus.

A quel niveau se situe cette déception ?

Trois choses sont saillantes : Wade a du mal à se départir de son manteau d’opposant. Je ne sais pas si celui du pouvoir lui a été fait sur mesure. Il y a autre choses, il accapare tout en homme-orchestre.

C’est un homme-orchestre, non ?

Mais, c’est qu’il est partout et nulle part. Il est le ministre de tous les ministres et donc, certainement, les gens qui sont autour de lui n’ont pas les coudées franches pour pouvoir travailler. Il n’associe pas ses collaborateurs politiques à ce qu’il fait, mais le fait en leurs noms. Or dans ce qu’il fait, il y a des choses à revoir.

L’actualité politique, c’est aussi l’amendement Samba Bathily. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ?

A y regarder de plus près, ce n’est pas une mauvaise chose en elle-même. Certes, chaque député a été à un moment donné le candidat d’un parti, mais il n’est pas l’élu de son parti. Il doit avoir sa liberté pour pouvoir faire correctement son travail. Là, je n’ai rien à ajouter. Par contre, je suis quand même surpris de voir le Pds proposer une réforme qui, dans l’avenir peut lui nuire. Si les libéraux ne remportent pas les prochaines élections (présidentielle et législatives), ceux qui auront l’exécutif pourront tout de suite phagocyter le Pds. En tout cas, je ne les comprends pas, mais comme je ne veux pas être plus royaliste que le roi Wade avec qui je partage la Cap 21, j’appuierai l’idée en tant qu’allié de Wade.

Les populations dénoncent la gestion de Wade, en disant qu’il n’a pas encore fait de grands résultats. Qu’en pensez-vous ?

Sans grands résultats vous dites, vous avez été trop gentil. Mais non, il fallait dire sans résultats du tout. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que Wade n’a, jusqu’à ce jour, aucune réalisation à son actif. Tout est : « Des promesses, toujours des promesses, rien que des promesses ».

Vous reprenez son slogan sur le travail…

Oui, mais dans le sens des promesses.

Trois gouvernements depuis son accession au pouvoir, plusieurs remplacements… Comment percevez les nominations de Wade ?

Vous me donnez l’occasion de dénoncer les relents de dynastie qui entourent ses nominations. Si en tant qu’allié, on voyait le patron du Pds, on lui aurait posé des questions. Mais cela n’étant pas possible, car on ne le voit jamais, on ne peut que lire sur l’échiquier politique et essayer de comprendre.

Qu’est-ce que vous avez compris ?

J’ai compris que Wade voudrait partir et prépare sa succession. Mais pour meubler les 4 ans qui lui restent, il prépare son fils Karim à le remplacer. Nous savions déjà que le fils de son frère, Doudou Wade pour ne pas le nommer, est actuellement Président du groupe parlementaire du Pds de ses alliés (Libéral-démocratique), donc bien placé pour prendre la place de Pape Diop qui peut cesser de cumuler la présidence de l’Assemblée nationale et le poste de maire de Dakar, en retournant à sa mairie. Mieux placé pour remplacer Pape Diop, Doudou Wade serait président de l’Assemblée nationale et successeur du Président de la République (frère de son père) en cas de vacance de ce poste (par intérim bien sûr). Et un 2ème geste consisterait à opérer un petit réaménagement ministériel de manière à confier l’ensemble du département de l’Economie et des Finances à un super ministre qui ne sera personne d’autre que Karim Wade. Wade junior (fils) est conseiller spécial ou directeur de cabinet de son père ( ?) mais aussi, nouveau symbole républicain du métissage eurafricain (rêvé par Blaise Diagne avec Raoul Diagne, Lamine Guèye avec Iba, hélas prématurément mort et Senghor avec Philippe Maguilène). Donc, ce ministre de l’Economie et des Finances aura le temps de se faire nommer par un congrès extraordinaire du Pds comme secrétaire général du Pds à la place de son père, chose dont on parle déjà depuis si longtemps.

Quel sera alors le sort de Idrissa Seck ?

Quant à lui (Idrissa Seck), deux hypothèses sont valables. Soit, il passe pour essuyer les plâtres en préparant l’arrivée du messie, dans le cas où il est complice ; ou bien il est l’agneau du sacrifice malgré le fait qu’il se croit investi d’un destin politique fulgurant. C’est politique. C’est probable.

Comment percevez-vous l’opposition sénégalaise ?

Je vois l’opposition actuelle comme un corps sans tête. Il n’y a pas de capitaine dans le navire de l’opposition, malheureusement. Des évènements au Sénégal peuvent donner des chances à des personnes tombées dans l’oubli. Des come-back politiques sont en vue.

A qui pensez-vous ?

Je préfère taire les noms, pour le moment.

A Abdou Diouf ?

Pourquoi pas ? Le retour de Diouf est dans le cadre du probable et même du possible.

Vous connaissez bien Diouf, est-il du genre à revenir après avoir quitté le pouvoir ?

Je ne sais pas si les conditions sont réunies pour qu’il revienne, Diouf aime beaucoup le Sénégal. C’est ce que je peux dire, pour le moment.

Vous en avez discuté ?

Honnêtement, non. Mais je le pense, très sincèrement. Diouf peut revenir.

Et s’il revenait, seriez-vous avec ou contre lui ?

Sans hésiter, je serai avec lui. Je le préfère mille fois à Wade.

Qui est Ahmed Khalifa Niasse, sur le plan international ?

Vous savez maintenant (sourires…) avec le temps, car maintenant, j’ai 56 ans révolus… Donc, j’ai tissé beaucoup de relations parmi les chefs d’Etats avec qui je travaille, sur le plan personnel.

Qui sont-ils ?

Non, on n’en parle pas. Il s’agit simplement de vous dire que je travaille avec beaucoup de chefs d’Etat. Saviez-vous que lors de l’avènement du Général Robert Guei en Côte d’Ivoire, des présidents se sont déplacés pour régler la crise ivoirienne, y compris bien sûr le nôtre, mis j’ai été d’un grand apport dans la résolution de ce problème, dans la discrétion.

Oui, votre photo est parue dans là où vous étiez avec Gueï.

Oui, mais personne ne sait que j’ai travaillé dans ce dossier. J’ai réglé le problème avec d’autres chefs d’Etat et la Côte d’Ivoire a retrouvé la paix jusqu’à récemment.

Qu’attendiez-vous alors pour refaire la même chose pour les Ivoiriens ?

Je suis prête à jouer le même rôle de pompier. Mais, je ne me déplace pas pour de la fumée. C’est le feu qui me fait déplacer.

Voulez-vous dire qu’il n’y a pas de feu en Côte d’Ivoire ?

Du moment que c’est contrôlable et contrôlé, je n’irai pas.

Vous faites confiance à la France ?

Je me demande si la France n’est pas dépassée. Et cela doit pousser le Sénégal à beaucoup de réflexions, car tant que la France est là nous pensons qu’elle peut nous sauver de tout. Non, nous devons compter sur nous-mêmes et non sur la France.

Qu’est ce qui vous lie à la Mauritanie au-delà du fait que votre maman vient de ce pays, vous y êtes fréquent ?

J’ai de la famille en Mauritanie.

Quelles sont vos relations avec le Président Taya ?

Je n’ai jamais vu le Président Taya. J’y vais comme tous les citoyens sénégalais.

Et la Libye ?

La Libye ? Je l’avoue, Mouammar El Khadafi est mon ami. Je l’aime beaucoup et je travaille beaucoup, beaucoup avec lui.

Etes-vous lié à la France ?

N’étant pas francisant ni dans ma langue ni dans ma culture, je n’ai pas beaucoup de rapports avec la France.

Ce qui est arrivé à la Côte d’Ivoire peut-il arriver au Sénégal ?

Tout ce qui arrive à la Côte d’Ivoire peut atteindre le Sénégal, si on ne l’évite pas. Et c’est là où je dois dire que j’ai évité, plusieurs fois, pareils conflits à notre pays. Et sans fausse modestie, j’ai sauvé la vie à Wade.

Quand ?

Je vais vous rappeler un mardi de 1989 où Wade, opposant voulait accueillir Abdou Diouf, président, avec des manifestations populaires. Ce jour-là, je suis allé voir Wade et lui ai demandé de lâcher prise. Si Wade n’avait pas accepté mon conseil, le Sénégal aurait déjà brûlé. Et ça ce n’est qu’n exemple parmi d’autres, il y en a eu plusieurs autres où ça allait péter, mais…

Un autre exemple.

(Rires).

C’est ce jour où on vous a accusé d’avoir trompé Wade, en lui faisant croire que Diouf allait vers un gouvernement de transition ?

C’est faux, ce n’est pas vrai. Ce jour-là, j’ai sauvé la vie à Wade. Il ne démentira pas. Je le défie de dire le contraire.

Que vous inspire la crise américano-irakienne ?

Je vais vous faire une révélation, pour la première fois. A la demande du Président Georges Bush en 1991, j’ai été un émissaire pour la paix à Bagdad, en Irak. Je devais proposer à Saddam les conditions de la paix souhaitée par les Américains. Au moment où Bush devait me faire parvenir le contenu de son message, pour éviter la guerre, les va-t-en-guerre ont pris le dossier. J’ai été le dernier à quitter Bagdad, quelques heures avant le bombardement. Le ballet diplomatique de l’Onu m’a trouvé là-bas. Je ne l’ai jamais dit publiquement. Je dis au président Georges Bush fils que je suis prêt à jouer le même rôle que celui que j’ai joué pour le compte de son père, pour la paix en Irak.

Parlez-nous de vos relations avec votre frère, Sidy Lamine Niasse.

Sidy Lamine, c’est mon jeune frère ; à la disparition de notre père, il avait huit ans, je l’ai élevé. Comme tous les frères, il arrive des moments où on est bien et d’autres où nous le sommes moins, mais ce n’est pas événementiel… Moi, j’ai un seul frère de même père et de même mère, c’est Sidy. Même hier, nous étions ensemble (Ndlr : samedi dernier).

On dit que vous avez été récemment en Libye ensemble, invités par Khadafi ?

Nous avons été plusieurs fois en Libye. Donc, ce n’est pas la première fois qu’on se retrouve, ou se trouve, au même moment en Libye. Et ce ne sera sûrement pas la dernière fois.

En plus de votre casquette de leader politique, vous êtes aussi chef religieux et président de Jafala… Un mouvement Islamique.

Moi, je suis religieux et politique, comme quelqu’un peut être médecin et politique ou avocat et politique ou même journaliste et politique. S’il y en a qui voient là une contradiction, ce n’est pas moi. Je n’y vois vraiment pas de contradiction. Et puis, combien y a-t-il d’hommes religieux, politiques ; comme Diamacoune, Fulbert Youlou du Congo, le Pape du Vatican. Jafala marche bien, même si on ne fait pas du tape-à-l’œil ou du m’as-tu vu. Nous travaillons sérieux et sincèrement.

Propos recueillis par Alassane DIALLO in "L’Actuel, n°392 du mercredi 22 janvier 2003"



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