EN PERSPECTIVE : Ils n’aiment pas le Sénégal !

A-t-on décidé d’installer et la présidentielle du 25 février et la situation post-scrutin sous le signe de la violence ? Tout le laisse croire. Les agressions vont crescendo depuis le début de la campagne électorale. Aucun des candidats à la succession de Me Wade n’est épargné. Leurs caravanes lapidées, les vitres de leurs véhicules brisées, leurs militants ou soutiens attaqués. Dernières en date, la caravane orange de Idrissa Seck vivement prise à partie par des talibés de Cheikh Béthio Thioune, hier, mercredi 21 février sur la Vdn à Dakar et des jeunes « follistes » de Landing Savané agressés à Ziguinchor dans le même temps ainsi que les « progressistes » de Moustapha Niasse attaqués à Nioro peu avant son meeting par des nervis dont on dit qu’ils venaient de Dakar. Existe-t-il un plan pour terroriser les citoyens avant le scrutin de dimanche prochain ? Dans tous ces clashs qui ont transformé l’arène politique en ring de gladiateurs, les libéraux au pouvoir et leurs souteneurs sont cités. À tort ou à raison ? Le fait est qu’ils sont désignés du doigt. On parle de plusieurs blessures graves dans les échauffourées d’hier à Dakar, à Ziguinchor, à Nioro et ailleurs certainement tandis que les véhicules des journalistes accompagnant le candidat Idrissa Seck sont devenus, rapportent des témoins, des épaves. 

Le Sénégal ne mérite-t-il pas mieux ? Les nervis et les sectes qui ont envahi l’espace politique font craindre le pire. Le vote militaire et paramilitaire de la semaine dernière a eu l’inconvénient, en dépit de l’avancée démocratique qu’il a assurément signifiée, de nous indiquer l’effectif sécuritaire dont dispose en vérité le pays. Rapporté à la population, le ratio fait trembler, car il démontre à suffisance que des débordements peuvent vite surgir. La preuve, aucun des quatorze autres candidats n’a bénéficié tout au long de cette campagne électorale, de protection significative des services de l’ordre pourtant rémunérés par les deniers publics. Les ministres de l’Intérieur et des Forces armées pourront certainement arguer du fait qu’ils ne disposent pas d’un effectif suffisant pour mettre un policier ou un gendarme derrière chaque candidat. Soit. Mais, il leur revient d’apporter à tous les citoyens de quelque bord qu’ils se réclament, protection et sécurité. C’est un devoir régalien pour eux. C’est un droit imprescriptible pour les citoyens.

À l’allure où va cette campagne électorale, émaillée d’incidents, d’actes de vandalismes et de violences physiques à l’encontre de ceux-là qui n’ont certainement que le seul tort de briguer le suffrage de leurs compatriotes, on est en droit de les interpeller. Le pays est inquiet de devoir être l’otage de tous ces sbires et milices qui cherchent à faire régner la terreur, comme s’ils étaient sûrs d’une impunité totale ou à tout le moins d’une bienveillante « indifférence » de la part de ceux-là qui nous gouvernent et qui, comme les autres candidats à la magistrature suprême auraient du avoir à cœur de se soumettre simplement à la sanction populaire et non de susciter ou de regarder faire des cohortes qui avancent les soutenir. Les intérêts de la nation et de la République passent assurément avant les leurs. Leurs actes sont d’autant plus lâches qu’ils se sentent protégés.

Tout peut arriver. Souhaitons qu’on n’en arrive point… à ce point à cause de minorités improductives, jouisseuses et qui cherchent à mettre en coupe réglée le pays. Mais l’on ne peut ne pas s’inquiéter quand on voit que des personnes qui n’ont à faire dans l’espace politique, jouent les premiers rôles. Non pas par des réflexions novatrices et des actions tendant à nous sortir de l’obscurantisme et aider ce pays à émerger, mais par leur gourmandise en espèces sonnantes et trébuchantes ainsi qu’en prébendes de toutes sortes. Les révélations non démenties de la presse récemment sur les coûts exorbitants de leur soutien montrent qu’ils ne sont en vérité que de simples flibustiers qui, comme tel, écument aujourd’hui l’espace citoyen avec la bénédiction de ceux-là qui sont allés les chercher ou céder à leur chantage « électoraliste ». Il n’est dès lors pas étonnant de voir des « conditionnés » qui sont payés à la tâche se mettre à casser de l’opposant, du simple citoyen qui n’épouse pas les thèses de leurs « guides ». Bien grand mot pour désigner ceux qui usent de la pauvreté, de l’inculture et de la foi des jeunes à leur seul profit.

Comment dans ces conditions, pouvons-nous penser un seul instant nous sortir de l’ornière de ces routes crevassées que le candidat indépendant, Me Mame Adama Guèye a eu la présence d’esprit de montrer aux téléspectateurs dans son temps d’antenne à la grande honte d’un pays qui se glorifie de construire la plus belle corniche d’Afrique ?

Cette nation, cet Etat et cette République n’ont été construits par aucun de ceux-là qui cherchent à installer le chaos de sorte à apeurer les électeurs et les amener à ne pas voter dimanche prochain. La nation, l’Etat et la République se donneront assurément les moyens de leur survivance. N’en déplaise à ceux qui pensent pouvoir régenter par la force le pays.