Le Maire de Gorée Augustin Senghor s’est présenté le samedi 16 février avec son équipe de la municipalité devant leurs mandants. Ils ont ainsi exposé et soumis le bilan de leur quinquennat (2002-2007) à l’appréciation de ceux-là qui leur avaient fait confiance. À ces derniers de voir, en perspective des élections locales du 18 Mai prochain, si cette équipe est reconductible ou non. Mais cela, c’est une autre affaire… La démarche du Maire n’est pas nouvelle. On se rappelle qu’à chaque fin d’édition de Gorée Diaspora Festival et au seuil de la nouvelle, Me Senghor re-convoque la presse pour dresser le bilan des activités. En somme, pour rendre des comptes. De manière publique. Cette démarche, disons cette leçon citoyenne, est assez rare au Sénégal pour ne pas être soulignée et saluée.
En vérité, la classe politique sénégalaise a, dans son système de fonctionnement, instauré depuis les privilèges pour son petit profit exclusif. Prébende, achats de conscience, manipulation, sont les paradigmes qui fondent l’agir de nos hommes politiques. On comprend dans ce cas que l’opacité soit ici le principe de la démarche. Or, hélas, ceux-là qui manipulent et persistent à manipuler, occupent la proue des consciences déviées de la claire vision. Et l’idéologie dominante est, semble-t-il, au Sénégal, le démon de cette cécité des consciences qui refusent de voir. Pour agir et devenir. L’île de Gorée a dit non et s’est engagée dans l’ère de la rationalité qui vise, loin des chefs hiératiques ubuesques de notre histoire, à prendre son destin en main. À refaire son destin. Entendu que le refus, ou l’évitement de tout engagement ou implication, est déjà glissement vers le néant.
Cette cécité des consciences explique la tendance à perdre de vue que « rendre des comptes » est un principe démocratique à exiger de ceux qui nous gouvernent. « Obscurantisés », il n’est pas exagéré de dire que nous ne vivons pas dans ce pays. Au sens où, vivre, c’est faire échec à la loi de l’échec, vaincre toutes les formes pernicieuses et subreptices du néant masqué, auquel des esprits prédateurs assignent notre destin de peuple.
La leçon qui nous vient de Gorée consiste à dire oui aux principes vitaux. Puisse-t-elle faire tache d’huile et inspirer tous les Sénégalais dans le sens d’un réveil collectif pour exiger l’inscription dans la feuille de route de nos hommes politiques, l’exercice de l’éthique et de la morale en politique et, ceci, dans l’optique d’une entéléchie clairement comprise. C’est entendu : il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des politiques - et des politiciens - infâmes et déviantes qui sont de nature à altérer dangereusement le devenir de notre nation.
0 Commentaires
Participer à la Discussion