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Politique

EN PERSPECTIVE : Retour à Mandela

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EN PERSPECTIVE : Retour à Mandela

Insultes. Invectives. Jets de pierres. Drôle de campagne électorale que celle de la présidentielle 2007. Il continue de planer un sentiment de malaise qui entraîne dans son sillage moult interrogations, reflet d’une angoisse persistante qui fait craindre des troubles gros de danger. Après s’être posé des questions sur la tenue ou non des élections présidentielle et législatives à date échue, voilà que surgissent des inquiétudes relatives à leur régularité et à leur transparence. La neutralité supposée du ministère de l’intérieur a été chahutée par son premier patron, Me Ousmane Ngom. En pleine campagne électorale, le ministre de l’intérieur n’a rien trouvé de mieux à faire que de descendre dans l’arène partisane en organisant une marche de soutien à son candidat. Pour se blanchir de tout soupcon de partialité, il ose convoquer à la rescousse, son agité d’homologue, Nicolas Sarkozy pour souligner que, bien que candidat à l’élection présidentielle, ce dernier est demeuré à son poste de ministre de l’intérieur. 

Comparaison n’est pourtant pas raison. En effet la démocratie est assez bien ancrée dans l’Hexagone, même si, de temps en temps, on y dénonce de fausses inscriptions, l’utilisation partisane des renseignements généraux. En effet, on ne peut douter de la culture républicaine de son administration et de sa justice, de la vigilance de ses médias et de sa société civile. Du reste, aussi bien dans le camp de l’opposition que celui de la majorité, des voix se sont élevées pour lui demander de quitter ses fonctions de 1er flic de France. Sarkozy lui même dit s’y être résolu et attend de le matérialiser avant l’ouverture de la campagne électorale. C’est dire la difference.

Et puis, l’émotion suscitée par la marche bleue du ministre de l’intérieur n’est nullement liée au fait d’avoir un candidat et de le soutenir, mais de le faire en période de campagne électorale. Une période on ne peut plus sensible où il lui est demandé par conséquent de revêtir son caftan de républicain, et de faire preuve de son sens élevé de l’Etat, en se mettant à équidistance des candidats qui, sous son autorité organisationnelle, se sont jetés dans la compétition à la magistrature suprême. L’enjeu est qu’au sortir de l’élection présidentielle, on ait une contestation zéro au tout au moins mineure, rendant ainsi possible l’acceptation du verdict final par les différents camps en confrontation.

Dans cette séquence de son histoire, le Sénégal a besoin de dirigeants qui font montre de hauteur en mettant en avant des idéaux qui transcendent les petits intérêts personnels et partisans. Ainsi reconnaîtra t-on à Léopold Sédar Senghor, en dépit de quelques errements, le mérite de s’être prêté à une bonne lecture des luttes engagées depuis les années 60 par les mouvements démocratiques et d’avoir institué un multipartisme politique, même limité à quatre courants. De son successeur Abdou Diouf, le Sénégal lui sera grè d’avoir levé cette limitation, en même temps que l’incongruité que constituait l’instauration du visa de sortie du territoire national, dans un monde caractérisé par la vitesse de la circulation des biens et des personnes. Il faut y ajouter, au plan médiatique, la libéralisation des ondes et de la presse écrite.

La continuité historique aurait dû se matérialiser par d’autres ruptures qui installent ces discontinuities fondatrices de nouveautés et d’approfondissement des processus en cours. On était en droit d’attendre du président Abdoulaye Wade l’assumation de ce rôle historique. Lui, dont le combat et bien avant lui, celui d’autres leaders de partis politiques, ont aidé à la maturation et à l’accouchement de toutes les libertés acquises de haute lutte. Mais au lieu de cela, on a droit à un surplace sidérant. Pas un pas significatif de plus, à part les engagements déclamatoires. Alors qu’on l’attendait au niveau médatique, sept ans après, au moment de boucler sa mandature, il est regrettable de constater que perdure le monopole de la télévision nationale. Mieux, l’aide à la presse, instituée sous le magistère du president Abdou Diouf a pris du plomb dans l’aile avec le chantage exercé sur les patrons de presse, sommés de rentrer dans les rangs pour pouvoir en bénéficier, car leur dit-on, les pouvoirs publics ne vont pas aider une presse qui met à nu leurs turpitudes.Quelle méconnaissance du rôle des médias censés en démocratie, refuser de sombrer dans les connivences qui l’éloignent de sa mission essentielle : informer vrai et de façon impartiale. Tournant le dos à tout cela il est servi aux téléspecteurs un Rien Tous les Soirs (Rts) fait des activités du chef de l’Etat, ainsi qu’ils disent avec humour.

Assurément une nouvelle page tarde à être tournée. Il faut pourtant s’y engager comme y incite, dans la discrétion et l’humilité de son parcours, Nelson Mandela, un homme à la stature exceptionnelle qui a payé de sa chair, de sa jeunesse, la défense d’une certaine idée de la justice, du droit et de l’émancipation de son peuple. Après 25 années de prison, au sommet de sa gloire, adulé par la communauté nationale et internationale, poussé par une lucidité sans faille, il a sû pourtant résister à la fascination d’un pouvoir qu’il quittera de son propre chef, à l’issue d’une première mandature. Après avoir tracé la voie de la réconcialition, fort de son âge, il a préféré s’éclipser tout doucement et laisser la place à la relève, faisant montre d’un altruisme salvateur.

Pour sûr, n’est pas Mandela qui veut. Ce qui ne dispense pas pour autant les élites politiques ou non de faire l’ effort indispensable d’élevation et de dépassement pour scruter l’horizon et refuser de circoncrire leurs regards dans l’espace restreint de leurs intérêts personnels et immédiats. C’est dire que l’Afrique a besoin de deux, trios, mille Mandela, tant les defis son énormes, tant le deficit d’amour, St Valentin oblige, est abyssal. A n’en pas douter, rien de grand ne pourra se faire si seul importe le calcul égoîste au dépens des attentes légitimes des populations. C’est cela aussi l’autre enjeu du scrutin du 25 février 2007.



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