Le coordonnateur de la Cap 21 a décidé de rompre le silence. Dans cet entretien accordé à l’Obs, Iba Der Thiam se prononce sans détour sur la crise que traverse l’Alliance Sopi pour toujours (Ast) et ses supposés démêlés avec Mamadou Diop Decroix et Farba Senghor. Il réitère sa volonté d’accompagner Me Wade et affirme avec force qu’il est prêt à démissionner de toutes ses fonctions, si des collaborateurs du président ne cessent pas de lui mettre des bâtons dans les roues.
Monsieur le Professeur, dernièrement la presse a fait état de votre volonté de démissionner de la Cap 21 et de l’Assemblée nationale. Qu’en est-il exactement ?
Je ne suis pas un homme qui s’accroche à des prébendes ou à des honneurs, quels qu’ils soient, même avec la confiance la plus forte du chef de l’Etat. C’est à moi que le président de la République avait voulu confier le Conseil de la République. Je l’ai remercié avant de décliner respectueusement. Il m’a ensuite proposé un poste de ministre d’Etat auprès de lui. Je l’ai remercié avant de décliner respectueusement. Je ne suis pas intéressé par la formation du nouveau gouvernement. Sans honneur, sans considération, sans respect, rien ne m’intéresse. Je ne fais aucun reproche à Maître Wade, il a toujours été loyal, fraternel et amical avec moi. On l’a trompé pour le faire agir.
Avant d’entrer dans le Pds, j’ai acquis des diplômes et dispose, grâce à Dieu, d’une expertise nationale et internationale que je peux vendre n’importe où. Je ne m’engage que quand je crois à ce que je fais. Je ne connais pas actuellement de leader africain capable de porter les combats que Maître Wade a initiés. Je le soutiens parce que je suis en communion parfaite avec lui sur sa vision, sur son patriotisme, sur son nationalisme, sur son courage politique et sur son amour de l’Afrique, du Sénégal, du monde noir et des peuples souffrants. Si un de ses collaborateurs ne comprenant pas tout cela veut m’empêcher de le servir dans la dignité et le respect, je n’ai plus de place ni à côté de lui, ni dans l’alternance. Dans ce cas, je n’hésite pas à m’en aller.
Avant-hier, ce collaborateur du Président (Ndlr : Farba Senghor) avait convoqué une réunion portant sur un ordre du jour auquel il avait ajouté un autre point relatif à l’Ast, avec l’intention de commenter la circulaire du 31 mai 2010, sur laquelle j’ai un avis différent du sien, après avoir reconstitué les différentes étapes de son élaboration il y a trois mois, sa récupération par un leader de l’Ast, qui l’a, ensuite, instrumentalisé pour se donner une légitimité qu’on lui conteste. C’est ce membre de l’Ast qui l’a réchauffé et qui a fait ajouter un membre de phrase qui n’y figurait pas à l’origine, avec la volonté, en plaçant ce membre de phrase, dans le contexte actuel, de se faire adouber. Il s’en est suivi une polémique, car je possède les deux versions du texte, celle d’il y a 2 mois et celle d’il y a quelques jours. L’auteur de cette démarche cherchait à tromper le Président. J’ai souhaité que cette circulaire ne soit pas inscrite à l’ordre du jour pour ne pas réveiller la polémique. Le président de l’Alliance Sopi m’a finalement donné raison ainsi qu’à la Cap 21. Non content de cela, le chef de l’Alliance Sopi a dépêché son conseiller politique, le ministre d’Etat Babacar Gaye pour vérifier l’application scrupuleuse de sa volonté.
Mais par la suite, vous avez annulé la conférence de presse que vous aviez prévue.
J’étais entièrement satisfait, ma conférence de presse n’avait plus de sens. Comme, au même moment, on a mal informé le Président sur la mission véritable du groupe de contact (mission de prévention et de résolution des conflits), il a demandé de surseoir à sa réunion pour éviter un télescopage d’activités préjudiciable à l’image de marque de sa majorité. Babacar Gaye s’est acquitté admirablement de sa mission. Je lui rends hommage. Le Président Mbaye Jacques Diop qui présidait le groupe de contact dans lequel il y a Boubacar Thioub de l’Urd, Bouna Gaye du Prc, le doyen Gaye du Pr et d’autres, ayant compris le sens de la démarche du Président, lui a facilité la tâche. Le Président Diop, faut-il le rappeler, a étrenné tous les honneurs dans ce pays. Maire, député, troisième personnalité de l’Etat, il n’a plus rien à chercher, sinon aider à la réélection de Maître Wade en 2012. Pour ma part, j’ai dès l’entame dit que je n’accepterai aucune fonction au sein de l’Ast. Je dois ajouter que le président de l’Alliance Sopi avait reçu le coordonnateur vendredi et lui avait parlé en des termes clairs et nets. Samedi, il a reçu le coordonnateur de la Cap 21, pour lui réaffirmer son amitié, son estime, son soutien, son admiration et le prix qu’il attache à ce que personne ne lui manque de respect et surtout sa volonté de le soutenir aujourd’hui comme hier. Il a ajouté qu’on lui avait dit que l’Ast avait installé des directoires dans 40 départements sur 44 et dans la majorité des régions. Des rapports mentionnaient 80%, 95% de taux de réussite. C’est sur cette base qu’il avait pensé, en toute bonne foi, que s’il ne restait plus que 4 à 5 structures à mettre en place pour compléter le travail, mieux valait les installer avant de procéder à la rotation, pour faciliter la tâche à celui qui viendrait. Or, tout ce qu’on avait dit au leader de la coalition était faux. Jeudi dernier, on a procédé à une évaluation du travail déjà fait devant 20 leaders et plénipotentiaires. Sur les 14 régions, seuls 4 ont été montées. Il en reste donc 10. Sur 45 départements, seuls 3 à 4 ont été montés, il en reste donc plus d’une quarantaine. Nous sommes, on le voit, loin de 80 et 95% annoncés au Président, qui, nanti de bonnes informations, était à la recherche d’une solution permettant de dépasser les malentendus découlant de cette situation. Dans ce contexte, convoquer dès mardi, avec un attrait de presse et de gloire, une réunion sans concertation pouvait déboucher sur des comportements regrettables.
Il semble aussi que vous n’avez pas apprécié la nomination de Mamadou Diop Decroix à la tête de l’Ast, une structure concurrente de la Cap 21
Si je n’avais pas apprécié la nomination de la personne que vous citez à la tête de l’Ast, je l’aurais dit dès le départ. De plus l’Ast n’a aucune concurrence avec la Cap 21. Celle-ci compte 59 partis sur les 65 que compte l’Ast. Sans la Cap 21, l’Ast aura du mal à fonctionner. La Cap 21 veut faire élire Wade en 2012 dès le 1er tour. Elle n’a pas d’autres ambitions. Aj est membre de la Cap 21. Depuis la création de l’Ast, tous les documents existants, à l’exception de celui produit par Djibo Kâ, ont été élaborés par des membres de la Cap 21. Ma part dans ce travail n’a pas été négligeable. L’Ast est une alliance électorale comme l’ont été la coalition Sopi 2001, la coalition 2007, la coalition Sopi 2009. Comme elles, elle disparaîtra en 2012, si Dieu le veut. La Cap 21, quant à elle, est une alliance stratégique autour du Président Wade pour soutenir ses actions. Elle dure depuis 10 ans, il n y a jamais eu de problèmes entre la Cap 21 et les alliances Sopi 2001, Sopi 2007, Sopi 2009. C’est avec l’Ast que les problèmes ont commencé. Ils portent sur le management des réunions, l’organisation du travail, le traitement infligé aux leaders, la hiérarchisation des tâches, la rotation des fonctions, celle des permanences pour les réunions, la non-collégialité des décisions, l’insuffisance des concertations, l’apparition de clans et de tendances, les tentatives de division de la Cap 21, le noyautage de cette structure, la non-transparence des ordonnancements de dépense, l’organisation non concertée des visites extérieures, toutes choses que le nouveau règlement intérieur et le nouveau code de conduite règlent en termes clairs. Il n’y a donc aucun problème de personne. La Cap 21 ne pose que des questions de principes. Aujourd’hui, la page est tournée. Nous allons cheminer comme des frères. Ceux qui voulaient nous diviser ont échoué.
Lors de la rencontre de mardi, des divergences profondes ont également surgi entre vous et Farba Senghor. Pouvez-vous nous éclairer davantage là-dessus ?
Nous nous sommes expliqués. Il a compris et a souhaité que nous fassions la paix. Je le remercie de cette humilité.
Où en êtes-vous au Pds avec le placement des cartes ?
Je n’ai pas participé à la réunion sur le placement des cartes, parce que je suis retourné aussitôt à mon domicile. J’ouvre ici une parenthèse pour dire que lorsque le Président Pape Diop a constaté à son arrivée que la réunion à laquelle il devait participer a été reportée, il est allé, fort justement vaquer à d’autres occupations. Occupations qui ne manquent pas pour un président de Sénat doublé d’un homme politique engagé activement dans la reconquête de Dakar. Là aussi, je tiens à lui rendre justice. Cela dit, il semble que le placement des cartes se passe bien. Avec plus de 4 500 000 cartes, le Pds s’est magistralement massifié. Gérer une telle diversité n’est pas chose facile. S’il y a ici où là quelques problèmes comme dans tout grand parti, de nombreuses manifestations de retrouvailles unitaires se développent tous les jours. Le Pds a bel et bien tiré les leçons de ce qui s’est passé le 22 mars 2009. Il ira, s’il plaît à Dieu, aux élections plus uni que jamais et les remportera IN CHA ALLAH dans une transparence totale.
Mais au Pds, il y a toujours des guerres de tranchées entre responsables. Est-ce que cela ne risque pas d’être fatal au parti ?
Ma mission est d’unir. Et non pas de diviser. Permettez-moi donc de ne pas répondre à cette question.
Un mot sur les passes d’armes entre partisans de Souleymane Ndéné Ndiaye et de Karim Wade qui travaillent tous les deux pour la réélection de Wade.
J’ai un profond respect pour le Premier ministre, un profond respect doublé d’une affection filiale pour Karim Wade dont le père est mon ami. Je suis beaucoup plus sensible à l’excellent travail que ces personnalités font qu’au comportement de tel ou tel de ceux que vous appelez «leurs partisans». Ils sont tous les deux du Pds et comme tels sont des frères.
Que pensez-vous du dialogue politique et du débat sur le fichier électoral ?
Le dialogue politique avance très bien. Nous en avons eu la preuve au plan parlementaire lors du vote de la loi sur l’esclavage et la traite négrière, crimes contre l’Humanité, sur le vote de la loi sur la parité intégrale, sur le vote de la loi d’orientation sociale en faveur des handicapés. Tout cela est excellent. Les leaders finiront par suivre leurs bases. S’agissant du fichier électoral, l’Union européenne et l’Usaid se sont impliquées. Je tiens à les remercier officiellement au nom de la Cap 21. Ces mêmes partenaires viennent de nous proposer de nous accompagner tout au long du processus électoral. Le Président a salué cette demande et l’a agréée aussitôt. Nos partenaires en sont ravis. Décidément, le Sénégal de Wade ne cessera jamais d’étonner. Ouvrir un contentieux électoral après une telle initiative serait, à mon humble avis, proprement ridicule
1 Commentaires
Undefined
En Juin, 2011 (06:25 AM)Participer à la Discussion