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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Entretien avec… Me El hadji DIOUF, secrétaire général du Ptp :

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Entretien avec… Me El hadji DIOUF, secrétaire général du Ptp :

Son parti, le Parti des travailleurs et du peuple (Ptp) est de l'opposition, mais cela n'empêche pas Me El Hadji Diouf de décocher des flèches incendaires, avec la faconde et la virulence qui le caractérise, contre celle-ci qui, selon lui, de par son passé, est "nostalgique et revancharde". Dans l'entretien qui suit, celui que ses intimes surnomment Lénine du fait de son engagement aux côtés de la classe ouvrière et de son passé communiste (il a été pendant dix ans membre de la Ld/Mpt), revient sur le différend qui l'oppose à Mademba Sock dont il accuse certains de ses proches de l'avoir menacé de mort.

Wal Fadjri : On vous avait annoncé dans le gouvernement à la veille du dernier réaménagement. Avez-vous été consulté dans ce sens ?

Me El Hadji Diouf : J'ai toujours dit que ni le poste de ministre ni le poste de président de la République ne peuvent pas être une obsession pour moi. Là où je suis, j'en remercie le bon Dieu. Je suis un avocat célèbre et riche. Mon travail me permet de vivre. Etre ministre aujourd'hui n'est pas pour moi une promotion. Je n'ai rien à envier à un ministre, je suis plus célèbre et même plus riche que certains ministres.

Wal Fadjri : Cela veut-il dire que vous cracheriez sur un poste ministériel ?

Me El Hadji Diouf : Je ne refuserai pas de devenir ministre si le président Wade me confie des responsabilités, en me donnant les moyens de réussir ma mission pour mon pays. Pour que, demain, les gens puissent dire que Me El Hadji Diouf n'était pas seulement un bavard qui critiquait tout, mais que du temps où il dirigeait tel ministère, il avait fait des réalisations qui vont rester gravées dans la mémoire de Sénégalais. C'est ça être utile à son pays. Je ne l'accepterai que quand certaines conditions seront réunies de confiance réciproque, de dignité et de responsabilité. Je ne le ferai, aussi, que parce que je suis un acteur de l'alternance. J'étais membre du Front pour l'alternance (Fal) qui a installé Me Wade au pouvoir le 19 mars 2000. Wal Fadjri : Mais, vous ne cessez de critiquer l'alternance dans sa forme actuelle. Comment pouvez-vous travailler dans un gouvernement dont la méthode de gestion ne semble pas vous satisfaire ?

Me El Hadji Diouf : Quand on critique, on ne critique pas pour critiquer. On critique pour améliorer. Je suis un acteur de l'alternance, par conséquent, je dois être un gardien de l'alternance, une sorte de sentinelle de l'alternance. J'ai mon mot à dire parce que, "alternance damathie bok" (je fais partie de l'alternance : Ndlr). Je n'ai pas le droit de laisser l'alternance entre des mains inexpertes, des mains de gens inconscients. Je ne veux pas que, demain, l'on dise que Me El Hadji Diouf était là pourtant et que, quand on lui a demandé d'apporter son expertise, de travailler pour son pays, il a dit niet. Demain, si le bateau là chavire, nous tous, nous allons chavirer avec. Nous allons nous retrouver au fond de la mer comme le Joola .

Wal Fadjri : Vous êtes leader de parti. Comment avez-vous accueilli l'appel au dialogue du chef de l'Etat ?

Me El Hadji Diouf : L'appel au dialogue doit être quelque chose de permanent, ça doit être même un style de gouvernement. Quand on gouverne, on doit pouvoir dialoguer ou bien on doit pouvoir être un dictateur. Il n'y a pas de demi-mesure. Soit on est un dictateur, on fait ce que l'on veut et on le payera très cher.

Wal Fadjri : Répondez-vous positivement à ce dialogue ?

Me El Hadji Diouf : Je ne suis pas un extrémiste, je ne suis pas un nihiliste, non plus. Je suis un acteur de l'alternance, j'étais Wadiste, je l'ai élu Abdoulaye Wade. Je ne suis pas comme certains de ses ministres qui avaient juré d'avoir la peau de Me Wade, qui priaient pour qu'il ne soit jamais élu au Sénégal. Ils l'ont insulté, menacé et même envoyé en prison. Alors que moi, je l'ai toujours aimé, je l'ai aidé, je l'ai assisté jusqu'à son avènement à la tête de l'Etat.

Wal Fadjri : Vous avez de l'estime pour le président Wade, on dirait.

Me El Hadji Diouf : Une fois, il m'a appelé combattant. Je lui ai dit, Monsieur le Président, vous êtes le combattant suprême, vous êtes notre exemple de combativité. Vous avez fait preuve de détermination, d'abnégation, de bravoure pour parvenir là où vous êtes pour être chef de l'Etat, donc nous devons suivre votre exemple. J'admire, c'est vrai, l'homme, comme il a beaucoup d'admiration à mon égard. Mais, je pense qu'il gagnerait à être mieux encadré, mieux servi en termes de conseils. Wal Fadjri : Que voulez-vous dire ?

Je veux dire que Me Wade doit revoir son entourage.

Wal Fadjri : Parce que, selon vous, le président Wade est mal entouré ?

Me El Hadji Diouf : Effectivement, il est mal entouré. Il est entouré de chiffonniers qui se battent à longueur de journée. Vous avez vu les renouvellements chez les jeunes de son parti. Vous avez vu les bagarres dans toutes les villes où Aliou Sow passe. Les renouvellements conduits par Macky Sall sont aussi émaillés d'incidents. Ce n'est pas bon pour un parti au pouvoir. C'est ça qui avait perdu le Ps. C'est comme ça qu'un parti au pouvoir creuse sa propre tombe. Me Wade doit remettre de l'ordre dans les rangs de ses troupes. Il doit mettre les hommes qu'il faut à la place qu'il faut. Il doit tenir compte de la personnalité, du cursus, du Cv de ses collaborateurs et ne pas se limiter, seulement, à ce qu'on lui dit pour lui faire plaisir. Me Wade a fait la promotion de ses ennemis d'hier en laissant sur le carreau les acteurs de l'alternance. Et c'est en grande partie par la faute d'Idrissa Seck.

Wal Fadjri : Pouvez-vous être plus précis ?

Me El Hadji Diouf : Idrissa Seck a écarté tous les acteurs de l'alternance. Et finalement, autour de Me Wade, il y a plus de médiocres que des véritables hommes d'Etat. Idrissa Seck a profité de cette situation pour se remplir les proches.

Wal Fadjri : Comment ?

Me El Hadji Diouf : Idrissa Seck a pris l'argent des Sénégalais, des milliards et il se permet de dire qu'il est riche. Actuellement, il fait du ski dans les Alpes en France. C'est la meilleure manière de narguer le contribuable sénégalais. C'est à l'hôtel Saint-James qu'il séjourne quand il est en France. Récemment, sa femme, lors de l'incendie d'immeubles habités par des émigrés africains, dans le treizième arrondissement à Paris, est allée donner de l'argent aux sinistrés alors que son mari était en prison. C'est son mari, incarcéré, qui devait être un sinistré. Quand un père de famille est en prison, la famille est normalement sinistrée. C'est que, dans ce pays, les grands voleurs ne sont jamais châtiés. Et l'opposition a une réaction molle face à tout ce spectacle.

Wal Fadjri : Cette opposition, le président Wade l'a qualifiée de poltronne. Partagez-vous cet avis ?

Me El Hadji Diouf : A la limite, il a raison parce qu'elle aurait dû rendre le Sénégal ingouvernable et forcer Me Wade à démissionner. Mais, au lieu de tout cela, elle se contente de dénonciations à travers la presse. Regardez ce que Me Wade a fait avec le calendrier républicain. Il a couplé les élections et l'opposition a laissé faire.

Wal Fadjri : Mais, qu'est-ce qui explique cette "mollesse" des leaders de l'opposition ?

Me El Hadji Diouf : C'est parce que certains d'entre eux ne sont pas du tout clairs. Ils ne jouent pas le jeu. Aujourd'hui, ils disent qu'ils vont répondre à l'appel au dialogue de Me Wade. Mais ils n'auraient jamais dû, après les accusations portées contre eux par le chef de l'Etat après les événements à l'université, accepter de le rencontrer. C'est une preuve de faiblesse. Ils ont perdu l'initiative. C'est Wade qui a encore l'initiative, eux, ils viennent toujours après. La vérité, c'est que bon nombre d'opposants ont été pris dans leur propre piège.

Wal Fadjri : Expliquez-nous, un peu ?

Me El Hadji Diouf : Ils pensaient qu'après l'alternance, ils allaient pouvoir encercler Wade et le "bouffer". Sentant le coup venir, Me Wade a pris l'initiative de les exclure de son gouvernement, avant qu'ils ne puissent matérialiser leur dessein et d'avoir les moyens pour pouvoir le liquider. Moustapha Niasse n'aurait jamais dû attendre sa destitution, il y avait des signes avant-coureurs, il devait claquer la porte. Quand on a défenestré Dansokho, je n'ai senti aucune réaction de solidarité. Ils devaient tous quitter le gouvernement le même jour parce qu'ils ont tous fait ensemble le Fal pour élire Me Wade. Dansokho était en voyage et on l'a defenestré. Moustapha Niasse, Landing Savané et Bathily n'ont rien dit, ils sont restés dans le gouvernement. Et Wade, profitant de ce manque de solidarité, les a liquidés un à un pour mieux asseoir son pouvoir. Par la suite, il a déstabilisé le Ps pour recruter la moitié de ses militants. Il ne faut pas sous-estimer les capacités de Me Wade.

Wal Fadjri : Apparamment, vous êtes plus proches du président Wade que de l'opposition.

Me El Hadji Diouf : Je n'ai pas vu la voie du salut auprès de cette opposition. Elle est crypto-personnelle, aigrie et revancharde. Ils ont perdu le pouvoir. Presque tous étaient au pouvoir. C'est le Ps divisé qui a donné l'Afp, l'Urd et les autres composantes. La Ld/Mpt et le Pit étaient dans le gouvernement d'Abdou Diouf. C'est pourquoi, je dis que c'est gens-là sont des nostalgiques de pouvoir. Ils ne vont jamais descendre dans les rues et affronter les lacrymogènes de Wade, comme ce dernier le faisait quand il était dans l'opposition. C'est une opposition de salon, bourgeoise, une opposition qui ne connaît que le pouvoir. Cette opposition-là, si vous l'amenez sous le chaud soleil, elle va craquer.

Wal Fadjri : Vous avez dit dans la presse que vous avez été menacé de mort par des gens qui se disent des proches de Mademba Sock. Pourquoi vous en voudraient-ils ?

Me El Hadji Diouf : Je ne le pense pas, je l'ai vécu. Des proches de Mademba Sock m'ont appelé pour me dire qu'ils vivent et respirent pour lui. Il est leur "dieu". Et qu'ils n'accepteront jamais que les gens le critiquent. Comme je déroge à cette règle, ils me demandent de laisser en paix leur "dieu". Donc, tout ce que je dis contre Mademba Sock devient presque blasphématoire. Mais, je comprends bien les syndicalistes, parce que je les défends, je les connais tous. Certains, parmi eux, n'ont pas hésité à poser des actes criminels.

Wal Fadjri : Pouvez-vous être plus précis ?

Me El Hadji Diouf : Cheikh Diop et la Cnts/Fc ont incendié la bourse du travail. Mademba Sock a fait la prison pour avoir coupé le courant. Les syndicalistes ont des méthodes terroristes pour prendre tout un pays en otage. Mais, avec moi, ça ne passera pas, personne ne pourra m'intimider.

Wal Fadjri : Qu'est-ce que vous reprochez à Mademba Sock ?

Me El Hadji Diouf : Depuis que Mademba Sock est à la tête du conseil d'administration de l'Ipres, il se comporte comme un roi. Alors qu'il n'est pas le directeur général. Il a licencié Falla Diop pour insubordination et, pourtant, il n'est pas le patron de Falla Diop. Le Pca n'est pas le patron d'une boîte.

Wal Fadjri : Qui est-ce qui vous oppose réellement à Mademba Sock ?

Me El Hadji Diouf : Rien ne nous oppose. Seulement, Mademba Sock est un homme ingrat et je ne vois pas les raisons pour lesquelles il doit se comporter de la sorte. Je n'ai jamais vu, depuis ma naissance, un homme aussi ingrat que Mademba Sock. Lorsqu'il a été envoyé en prison, j'ai été contacté par Mamadou Diop "Castro", son adjoint, et la Ld/Mpt, formation à laquelle j'appartenais, pour le défendre avec ses co-prévenus. Je les ai défendus de mon mieux et le Sénégal m'est témoin. Des Américains sont venus à Dakar et se sont engagés à prendre en charge les honoraires. J'ai alors demandé à mon confrère Me Doudou Ndoye d'établir les honoraires. Il les a fixés à 106 millions de francs Cfa. Mais, dès sa sortie de prison, Mademba Sock a coupé les ponts entre ces Américains et nous. Je ne sais pas s'il a pris l'argent ou pas. Je ne me fais pas de fixation sur cet argent, parce qu'en défendant Mademba Sock, je le faisais par militantisme patriotique. Mais, je suis choqué par son attitude. Et il a entraîné dans cette voie ses co-prévenus. Ces derniers, je les comprends quand même parce qu'ils sont terrorisés par Mademba Sock.

Wal Fadjri : Mais, c'est leur patron. Mademba Sock est le patron du syndicat des travailleurs de l'électricité, le Sutelec.

IMe El Hadji Diouf : l était leur patron, c'est vrai.

Wal Fadjri : Il l'est toujours

Me El Hadji Diouf : Non, il ne l'est plus. Il a usurpé ce poste parce qu'il ne travaille plus à la Senelec. Il est le Pca de l'Agence de l'électrification rurale (Aser). Cette structure n'a rien à voir avec la Senelec. Si le syndicat des travailleurs de la Senelec doit élire leur secrétaire général, ça ne doit pas être Mademba Sock. Mais, il a fait un putsch pour passer encore, pour avoir un moyen de pression sur Abdoulaye Wade, en disant : "J'ai un syndicat qui peut couper le courant à tout moment".

Wal Fadjri : Vos relations avec Mademba Sock n'ont pas toujours été exécrables. Quand vous étiez son directeur de campagne, vous vouliez qu'il devienne président de la République. N'est-ce pas ?

Me El Hadji Diouf : C'est vrai, j'ai été le directeur de campagne de Mademba Sock en 2000. Et j'avais même mis à sa disposition ma voiture neuve blanche qui n'était pas encore immatriculée. J'avais également mis à sa disposition la voiture 4x4 de mon ex-épouse, Oulimata Dioum. Et mon argent aussi. J'ai été le seul, dans le monde entier, à être directeur de campagne d'un chômeur dont le portable même était coupé parce qu'il ne pouvait plus payer sa facture de téléphone. Je l'ai défendu dans les moments difficiles pour qu'il puisse rebondir parce qu'on allait l'enterrer définitivement. Il avait été licencié de la Senelec, il était au chômage et ne pouvait plus mettre les pieds à la Senelec, il n'avait plus d'argent, il était fatigué. C'est parce que je suis un produit du mouvement ouvrier international que je l'ai fait. Toute ma vie, je l'ai consacrée au monde du travail. C'est pourquoi on m'appelle Lénine. Et c'est aussi la raison pour laquelle j'ai créé le Parti des travailleurs et du peuple (Ptp). Parce que je suis leur défenseur au Sénégal. Que ce soient feu Iba Ndiaye Diadji, Mody Guiro, Mademba Sock lui-même Mamadou Ndiaye 9 de l'ex-Sotrac, etc., tous ne pensent qu'à El Hadji Diouf s'ils ont des problèmes. C'est eux qui m'ont demandé de créer un parti pour défendre les travailleurs. Si j'en suis venu à dénigrer Mademba Sock, c'est que je veux que les Sénégalais sachent qui est cet homme. Et ce ne sont les menaces de ses proches qui me feront reculer. Non plus les campagnes de dénigrement qu'il mène contre moi.

Wal Fadjri : N'avez-vous pas peur, avec toutes ces accusations, que Mademba Sock vous attaque en justice ?

Me El Hadji Diouf : Qu'il le fasse s'il veut. Mais moi j'ai des preuves de ce que je dis.

 



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