Entretien avec ... Pape Mody SOW, secrétaire général du parti de l'Espoir et du progrès : ‘L'électorat de 2007 sera alimentaire’

Le candidat qui aura plus d'argent remportera les élections de 2007. C'est la conviction du secrétaire général du Parti de l'espoir et du progrès (Pep). Pape Mody Sow se fonde sur le fait que l'électorat de 2007 sera alimentaire. Faisant que même un bon programme de gouvernance ne lui fera céder.

Walfadjri : Quelle analyse faites-vous des prochaines élections de 2007? Pape Mody Sow : Avec les élections à venir, nous aurons affaire avec un électorat essentiellement alimentaire. Ceci, du fait de la forte demande sociale. Je fonde cette conviction dans la nature des demandes qui sont formulées sous forme de chantage. C'est dire que nous allons avoir affaire à une opposition qui va tenir un discours démagogique pour dire que le pouvoir de l'alternance est incapable de régler les problèmes sociaux du pays. Et par conséquent, ce sont eux les plus aptes à répondre aux besoins des populations. Evidemment, eux aussi sont traversés par le démon de la division. Et je ne pense pas qu'il puisse articuler un discours assez fort pour convaincre l'électorat. Ajouté à cela, le fait qu'ils disposent de peu de moyens matériels et financiers pour convaincre les Sénégalais qui deviennent de plus en plus exigeants par rapport à leurs demandes. Que ce soit dans le monde rural, dans l'Education ou chez les jeunes, les revendications sont toujours maquillées de menaces.

Walfadjri : Cela veut dire qu'il y a des risques?

Pape Mody Sow : Les risques c'est qu'il faudra dépenser beaucoup d'argent. Car, les promesses ne pourront pas servir. La déclinaison des programmes, quelle que soit leur générosité, aura peu d'impact sur l'électorat qui, de plus en plus, est ‘matérialiste’, dans le sens où ce sont des revendications quotidiennes qui sont mises en avant, sous forme de chantage. En fait, ils savent que c'est le moment plus que jamais de faire valoir leur souveraineté individuelle à travers leur carte électeur. Il y a déjà des partis qui s'inscrivent dans la perspective d'acheter l'électorat. C'est le cas de Rewmi et des grands partis. Cela veut dire qu'un parti qui n'a pas suffisamment de moyens a peu de chance pour gagner les élections. Cette tendance ne doit pas prospérer. Car, c'est le lit à la corruption, au détournement. Ce qui risque de propulser au-devant de la scène des maffias qui vont contrôler l'État et les institutions. C'est un danger et nous sommes conscients de nos responsabilités dans cela. Mais, nous avons peu de moyens pour peser sur l'éthique de responsabilités des électeurs, d'autant plus que le chômage, les difficultés sociales, les crises économiques sont telles que nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. Ce n'est pas pour rien que l'on nous fixe les objectifs du millenium pour le développement (Omd) pour la réduction de la pauvreté. La communauté internationale est consciente de cela et s'est évertuée à initier des stratégies. Mais, nous avons besoin, aujourd'hui, plus que jamais, des moyens financiers substantiels.

Walfadjri : Est-ce un appel que vous lancez à la communauté international ?

Pape Mody Sow : Un appel à la communauté internationale pour qu'elle renforce les stratégies de croissance accélérée initiées par le gouvernement, pour encourager l'émergence d'énergie alternative afin d'inverser la tendance qui consiste à voir des jeunes, les forces vives de la nation, quitter le pays. Ce phénomène aura des incidences négatives sur tout le processus électoral, non seulement au Sénégal mais aussi dans les pays de la sous-région, notamment les pays limitrophes qui tiennent leurs élections à la même période que nous et qui sont aussi des pays d'émigration.

Walfadjri : Quels sont les facteurs négatifs qui risquent de vous faire perdre les prochaines élections ?

Pape Mody Sow : Si nous confectionnons mal la liste pour les investitures des élections législatives, cela peut créer des frustrations. Il faut donc prendre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut et asseoir les listes sur des consensus forts. Il faut également tenir compte des poids réels des alliés, non pas en terme de ce qu'ils ont représenté dans le passé, mais en terme d'expérience. Ces partis de la Cap 21 qui sont au nombre de 45 risquent de vivre des frustrations au cas où leurs leaders seront écartés et qu'on ne leur offrirait pas de perspectives.

Walfadjri : A vous entendre parler, aussi bien pour les législatives que la présidentielle, vous allez soutenir Me Abdoulaye Wade ?

Pape Mody Sow : Oui. C'est une formule qui a été retenue. Et nous sommes, peut-être la seule coalition à avoir un seule candidat. Nous ne sommes pas dispersés. Nous tous sommes derrière Me Wade.