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Politique

Entretien avec Samir ABOURIZK : ‘ Karim Wade n'est pas plus Sénégalais que moi ’

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Entretien avec Samir ABOURIZK : ‘ Karim Wade n'est pas plus Sénégalais que moi ’

Samir Abourizk n'a pas sa langue dans sa poche. C'est certainement ce qui lui a valu son départ du Cpc. Aujourd'hui qu'il dit être en partenariat avec Me Wade, mais pas avec le Pds, le Premier secrétaire de Démocratie citoyenne et ses camarades sont indignés par le sort qui leur est réservé. Ils n'ont aucun poste de responsabilité. Contrairement, dit-il, à tous les partis alliés qui ont soutenu Me Wade. L'homme politique de Rufisque ne veut surtout pas qu'on lui parle de ses origines qui seraient un handicap. ‘Pourquoi pas alors la même chose pour Karim Wade ?’, vous rétorquera-t-il.

Wal Fadjri : Les femmes de votre parti sont montées récemment au créneau pour dénoncer l'absence de votre parti à l'Assemblée nationale et au Sénat. Seriez-vous de leur avis ?

Samir Abourizk : Merci de m'avoir permis de revenir sur ce petit incident si on peut l'appeler ainsi. Mais je ne vais pas, à travers cette interview, donner l'impression que nous sommes en train de ruminer une petite colère. Nous sommes très apaisés par rapport à la sortie des femmes du parti. Il faut cependant faire la genèse de ce qui s'est passé entre le président Wade et nous de Démocratie citoyenne (Dc). Je précise que notre partenariat, c'était tout simplement Démocratie citoyenne et Abdoulaye Wade. Et cela remonte au 14 avril 2006. Si vous vous souvenez très bien, j'avais écrit un livre : ‘La religion face au pouvoir, la laïcité en danger’, et je voulais par respect - parce que je l'ai cité dans ce livre et critiqué en tenant compte de son âge et de son combat politique - lui dédier le premier exemplaire. C'est ainsi que le 14 avril 2006, il m'a reçu en compagnie d'une délégation et c'est là que nous avons commencé à parler de politique. C'est au cours de cette audience que le président Wade nous a offert toute une panoplie de possibilités de travailler à ses côtés pour l'aider à développer le Sénégal. Il a proposé, ce jour-là, de créer une commission paritaire entre Démocratie citoyenne et le Pds, composée de six membres de chaque parti. Nous avions, dans la semaine suivante, donné à Me Wade une lettre dans laquelle, nous soumettions la composition de notre délégation pour cette commission paritaire. Et voilà que jusqu'au moment où je vous parle, cette commission ne s'est jamais réunie. C'est Souleymane Ndéné Ndiaye qui m'apprendra, lors d'une audience en juillet 2006, que cette commission paritaire devrait être convoquée par le professeur Iba Der Thiam. Vrai ou faux ? C'est une cuisine interne au Pds, ça ne nous concerne pas. Alors, le 25 février, il était prévu la tenue des élections couplées. Au mois de janvier, c'est Macky Sall qui m'appelle à mon domicile pour me demander si je souhaitais rejoindre la Coalition Sopi 2007 et accepter un poste soit à l'Assemblée nationale soit au Sénat. Je lui dis que je préfère l'Assemblée parce que ce serait une première en Afrique qu'un Sénégalais d'origine libanaise - donc blanc - intègre l'hémicycle. Ce serait bien pour le Sénégal et pour notre parti qui allait exercer une certaine responsabilité. C'est ainsi que j'ai donné mon dossier. Alors, quelques jours après, il y a eu le recours en annulation du Ps et de la Ld/Mpt qui a finalement conduit au report des législatives. Ainsi, de surprise en surprise, le 3 juin arrive, nous ne sommes pas sur la liste des candidatures de la coalition. On nous a écarté sans nous donner les raisons. Et c'est en cours de campagne électorale que le président Pape Diop que j'ai rencontré à la mairie de Dakar lors d'un meeting, m'a dit que c'est le président Wade qui a demandé à ce qu'on m'enlève de la liste des députables parce qu'il a besoin de moi au Sénat. Alors, j'ai pris acte. Arrive enfin le Sénat et on constate comme tout le monde que notre parti est encore absent. Voilà ce qui a suscité cette indignation et cette déception. Cependant, je comprends parfaitement les difficultés qu'a eues le président Wade à désigner 65 sénateurs parmi plus de 2 000 dossiers. Par contre, je trouve curieux que, dans cette Coalition Sopi 2007 à laquelle nous avons participé pleinement jusqu'aux élections sénatoriales avec nos propres moyens financiers, nos structures, nos hommes, nous sommes les seuls à ne pas avoir de poste de responsabilité.

Wal Fadjri : Vous n'êtes pas frustré par votre mise à l'écart dans ces institutions, mais les femmes de votre parti le sont. Au point de brandir des menaces.

Samir Abourizk : C'est vrai. Le Mouvement national des femmes a réagi avec beaucoup d'indignation. Vous savez, Démocratie citoyenne est peut-être le seul parti à fonctionner avec trois courants : le courant du troisième âge, celui des adultes et celui des jeunes. Et dans ces courants, il y a les hommes et les femmes à parité égale. C'est donc le courant des adultes, section femmes, qui s'est réveillé en disant que ‘nous ne sommes pas d'accord, il faut que le parti tape sur la table pour reconsidérer notre compagnonnage avec Me Wade’. Elles nous ont soumis leur déclaration et nous l'avons étudiée en Bureau politique. Malheureusement, cette instance n'est pas habilitée à changer notre partenariat avec Wade… C'est le Comité central qui est seul habilité à revoir le partenariat avec le président Wade. En dehors de ces structures sus-nommées, nous avons le collectif des élus du parti. Nous avons des élus locaux et ils ont abondé dans le même sens que les femmes du parti, en demandant de reconsidérer notre partenariat avec Wade. Alors, je leur ai demandé de se calmer et d'attendre le Comité central qui va se réunir le 3 novembre prochain. Nous verrons à l'issue de cette rencontre s'il faudra continuer avec Me Wade ou rompre. Maintenant, je précise que nous n'avons jamais rien demandé au président Wade (il insiste). C'est lui, Macky Sall et Pape Diop qui ont promis, qui ont fait des déclarations à moi Samir Abourizk : le président Wade à Paris, Macky Sall en pleine campagne électorale disant que tous les partis alliés seront responsabilisés. Or il se trouve qu'au moment où je vous parle, tous les partis alliés dans la Coalition Sopi 2007 ont été honorés et responsabilisés sauf nous, Démocratie citoyenne. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Nous sommes en train d'enquêter et il y a des informations qui nous parviennent.

Wal Fadjri : Cela n'est-il pas dû à votre position dans la mouvance présidentielle parce que vous dites que le partenariat ne concerne que Me Wade ?

Samir Abourizk : Cela peut jouer sur le mental des responsables politiques qui nous regardent et qui sont peut-être jaloux de la dimension que Démocratie citoyenne a atteinte aujourd'hui. Parce que je le dis haut et fort, tous ces partis alliés qui sont avec Abdoulaye Wade dans le gouvernement, au Sénat, à l'Assemblée nationale, ne sont pas plus représentatifs que Démocratie citoyenne. J'aurais souhaité aujourd'hui que nous allions sur le terrain face à eux, chacun à sa base et Abdoulaye Wade aurait une grande surprise. Ce qui est regrettable, c'est de voir que des gens l'ont critiqué, l'ont combattu, l'ont pratiquement voué aux gémonies et voilà qu'il leur offre des postes de sénateurs. Alors que nous avons sillonné le pays pendant cinq mois pour les causes de la candidature d'Abdoulaye Wade et de la liste Sopi 2007. Aujourd'hui, on est sur les carreaux, mais cela ne nous fait pas mal. Nous sommes sereins parce que la vérité éclatera un jour.

‘Je ne suis pas Libano-Syrien, je suis Sénégalais (…) J'ai été naturalisé en 1961, j'étais alors au ministère de la Jeunesse et des Sports’

Wal Fadjri : Au-delà de ces considérations, certains disent que le président Wade hésite à confier des fonctions à un Libano-Syrien.

Samir Abourizk : D'abord, je ne suis pas Libano-Syrien, je suis Sénégalais. Voilà le problème. Et personne, même le président Wade, ne peut l'effacer. Le code de la nationalité est clair sur ce côté. Je n'ai pas été naturalisé il y a cinq ou dix ans. J'ai été naturalisé en 1961, j'étais alors au ministère de la Jeunesse et des Sports comme inspecteur, instructeur d'éducation populaire et sportive. Je fais partie des six premiers instructeurs d'éducation populaire et sportive de ce pays. Et c'est à ce titre que j'ai été naturalisé Sénégalais au même titre que Jean Collin et sur le même décret. Les origines, c'est une autre chose. Je ne peux pas les renier. Un tel est Lébou, un tel autre est Sérère ou Diola. Moi je suis un Libanais dont les parents sont arrivés au Sénégal en 1904. Personne ne peut l'effacer. Lorsque je suis entré en politique en 1981, je n'ai pas dit que c'est un Libanais qui entrait en politique. J'étais déjà Sénégalais. Tout ce que j'ai fait dans ma vie, je l'ai fait à Rufisque, ma ville. Je ne possède aucun bien en dehors de Rufisque. D'ailleurs, quand j'écris une lettre à Me Wade, je dis : ‘Monsieur le président de la République et très cher compatriote’. Et je le fais avec tous les ministres que je connais. Maintenant, si le président Wade, ses collaborateurs, ses frères de parti, estiment qu'il faut me regarder par la couleur ou par les origines, là, c'est un autre dialogue qui va commencer et, croyez-moi, nous ferons mal.

Wal Fadjri : Faire mal, cela veut dire quoi ?

Samir Abourizk : Nous allons faire mal parce que, dans ce pays, d'autres personnes plus blanches que moi, qui ne sont même pas nées au Sénégal ont exercé de hautes fonctions et elles exercent encore de hautes fonctions ici. Dans le gouvernement de Wade, nous avions un ministre qui avait la nationalité américaine. C'est grave. Quand on l'a nommé, j'étais surpris parce que je connais très bien cette personne qui détient même le passeport des Etats-Unis. Bref, les hautes personnalités de ce pays qui ont la double nationalité, il y en a beaucoup. Depuis le président Senghor d'ailleurs. Autrement, je ne vois pas comment l'Académie française l'aurait admis en son sein. Samir Abourizk n'a qu'une seule nationalité : sénégalaise et j'en suis fier.

‘Le Pds est essentiellement composé de gens intolérants, incompétents’

Wal Fadjri : Votre parti est-il intéressé par le débat de la refondation du Pds et du grand parti présidentiel que Me Wade veut mettre sur pied ?

Samir Abourizk : Nous ne sommes pas concernés. On ne nous a rien demandé et ce n'est pas à l'ordre du jour dans notre parti. Nous sommes un parti d'obédience socialiste, un parti laïc et démocratique. Nous sommes des socio-démocrates et je ne vois pas comment on pourra nous mélanger à une sauce libérale. Ce n'est ni des postes ou des sièges qui vont régler ces problèmes. Nous avons deux façons différentes de gérer la nation. Nous voulons construire ce pays avec l'Autorité qui est en place. Aujourd'hui c'est Wade, demain ce sera un autre. Donc nous n'allons pas marchander notre méthode de travail. La ligne de mon parti ne changera pas. D'ailleurs, un grand parti, c'est quoi ? Nous n'allons pas accepter n'importe quoi. Nous ne sommes pas comme ces transhumants qui vont se jeter dans la gueule du loup sans chercher à comprendre… Nous connaissons les camarades qui sont au sein du Pds. Moi, je considère que le Pds est composé essentiellement de gens intolérants, incompétents, qui n'acceptent pas les transhumants, qui n'acceptent pas les compétences. Ils pensent qu'ils sont au pouvoir et ils vont y rester éternellement. Ils oublient qu'ils sont au pouvoir grâce à des socialistes. L’an 2000 n'est pas loin. N'eussent été des voix socialistes, Wade et le Pds ne seraient pas au pouvoir. Aujourd'hui, Wade exerce la plénitude des pouvoirs . Il est président, le Premier ministre est encore neutre, mais il va s'engager sinon, on va le mettre dehors. L'Assemblée, le Sénat, et le Craes, vous voyez ce qui s'y passe. Lui (Mbaye Jacques Diop, Ndlr) aussi, il va prendre la porte.

Wal Fadjri : Quelle lecture faites-vous justement de cette destitution annoncée du président du Craes ?

Samir Abourizk : Je ne sais pas, ça ne me regarde pas. Lui (Mbaye Jacques Diop, Ndlr) nous n'avons pas de très bons rapports, il faut le dire. Nous n'avons aucun rapport d'ailleurs. Nous sommes d'anciens camarades du Parti socialiste, nous avons eu des contentieux, mais j'ai passé l'éponge. Les problèmes qu'il a aujourd'hui, il fallait s'y attendre. Les socialistes ne peuvent pas cohabiter avec des libéraux. Il faut que les gens soient honnêtes pour le comprendre. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas voulu intégrer la Cap 21. On ne mêle pas les loups avec les brebis.

Wal Fadjri : Et pourquoi avez-vous quitté alors le Cpc ?

Samir Abourizk : J'ai quitté le Cpc une première fois à cause de Djibo Leïty Kâ, une seconde fois à cause d'Abourahim Agne et principalement à cause d'Amath Dansokho. Je ne reviendrai pas sur cette histoire de taupes. Les taupes sont aujourd'hui aux côtés de Wade. J'ai prouvé que je n'étais pas une taupe.

Wal Fadjri : Que pensez-vous des assises nationales que veulent tenir vos anciens compagnons regroupés aujourd'hui au sein du front Siggil Sénégal ?

Samir Abourizk : Si les assises nationales doivent se tenir pour dire qu'il faut annuler tout ce qui a été fait en matière d'élections depuis février 2007, notre parti n'est pas d'accord. Le Sénégal ne peut pas se le permettre. Nous n'avons pas les moyens. Certains partis ont boycotté les élections, c'est leur droit. Quand on boycotte, il faut en assumer les conséquences. Maintenant, si on veut faire des assises pour revisiter les textes qui régissent toutes les institutions de la République, notre parti est prêt. Parce qu'il y a beaucoup de choses à dire. Que le front Siggil Sénégal nous parle maintenant du processus électoral ou autres, nous dirons, stop. Nous sommes tous responsables de ce processus électoral. Nous l'avons discuté, nous en avons fait le toilettage avec le ministère de l'Intérieur et la Direction des élections. Nous l'avons accepté avec la commission cellulaire qui instaurait la Cena. Nous sommes donc responsables. Par contre, notre parti avait dit : ‘Attention à cette Cena, il faut une Ceni’… parce que j'estime que le ministère de l'Intérieur a trop de pouvoir par rapport aux partis politiques. Il ne se conforme pas aux décisions qu'on prend. Par exemple, lorsqu'il s'est agi de fixer le cautionnement pour les candidatures, le ministre de l'Intérieur nous a invités pour des échanges de vues. Et tous les partis étaient d'accord pour qu'on maintienne les anciens taux, sauf les représentants de la Cap 21 qui n'avait d'ailleurs pas d'existence légale à cette rencontre. Alors, parce que la Cap 21, ou la Direction des élections avaient demandé la hausse des cautions, le ministre de l'Intérieur est allé à son bureau pour fixer ses taux : de six millions pour la présidentielle, il l'a porté à 25 millions et de deux millions pour les législatives, il a porté le taux à 15 millions. Où est alors la concertation ? Le ministre de l'Intérieur oublie parfois que les partis politiques sont une institution garantie par la Constitution.

Wal Fadjri : Mais le front Siggil Sénégal veut parler aussi de la situation actuelle du pays. Et il souhaite des assises inclusives.

Samir Abourizk : Si on nous invite à ces assises, nous irons. Et même si on ne nous invite pas, nous irons quand même. Nous sommes prêts à parler de politique étrangère du Sénégal, de politique financière parce que nous savons que la dette extérieure du Sénégal est très grave. Trois cent milliards, c'est grave. Que faudra-t-il faire pour résorber cela avant le 31 décembre ? Sinon cela va se répercuter sur le budget de 2008. Et cela va nous ruiner si on pense qu'il y a le sommet de l'Oci, la conférence sur le dialogue inter-religieux. Nous voulons aussi discuter de la laïcité parce que ce pays est tout sauf laïc aujourd'hui… Nous sommes des partis politiques, donc nous sommes condamnés à discuter éternellement. Je ne dis pas qu'il ne faut pas écouter le front Siggil Sénégal, mais ces partis doivent assumer leur boycott et le silence dans lequel on les cantonne aujourd'hui. Je suis de l'école socialiste, pas le Parti socialiste que dirige Ousmane Tanor Dieng, mais le Ps des années 90. Alors, ça me fait un pincement au cœur que ce parti qui, depuis l'Ups, le Bds, a été toujours présent, ne soit pas représenté aujourd'hui au Parlement. Moi mon rêve, autant le président Wade s'évertue à créer un grand parti libéral, moi je rêve de revoir un grand parti socialiste.

Wal Fadjri : Démocratie vitoyenne ira-t-elle seule aux élections locales ou en alliance avec Me Wade ?

Samir Abourizk : Nous avons déjà vécu une première expérience et une seconde avec la Coalition Sopi 2007, donc pour la troisième, avant de pouvoir dire oui, il faudra qu'on renégocie avec Wade. Autrement, notre parti ira seul aux élections locales et dans beaucoup de localités. Nous sommes en discussion avec d'autres partis et mouvements de la société civile. Nous savons que nous sommes aujourd'hui blessés, on nous a planté deux couteaux dans le dos, mais nous gérons. Nous n'allons pas pleurer sur notre sort. Nous ne voulons pas donner l'impression d'un parti qui est en train de ronchonner ou qui quémande. Cette fois-ci, ce sera cartes sur table.

Wal Fadjri : Samir Abourizk a-t-il des ambitions pour le fauteuil de maire de la ville de Rufisque ?

Samir Abourizk : Mais bien sûr. Il y a à peine une semaine, je l'ai dit au maire Ndiawar Touré dans son bureau. Je lui ai dit carrément que je suis candidat au fauteuil sur lequel vous êtes assis. Vous aurez un adversaire franc, loyal et respectueux. Je ne ferai pas de la politique comme certains le font. Je n'enterrerai pas des animaux vivants, des hommes vivants, je ne tuerai pas de chats noirs. Je lui ai dit que je ferai de la vraie politique pour vous combattre. Si vous gagnez, je n'en ferai pas une histoire d'Etat, mais si je gagne, n'en faites pas non plus une histoire d'Etat. On est d'accord là-dessus. On est en bons termes Ndiawar Touré et moi. Mais il sait que je serai son adversaire et un adversaire dur. Il a certes des moyens que Démocratie ciytoyenne n'a pas, mais nous nous battrons.

Wal Fadjri : N'êtes-vous pas découragés par les nombreuses candidatures ?

Samir Abourizk : Pas du tout. Parce que je sais que j'ai un adversaire en face de moi et c'est Ndiawar Touré, les autres, je ne m'en occupe pas. De toutes les façons, tous ces candidats réunis sont dans une même coalition. Moi je ne serai pas dans cette coalition. Donc la bataille, c'est au sein de l'autre coalition… Ce que je souhaiterais en tout cas, c'est d'avoir comme adversaires ces partis qui sont autour du président Wade en tant qu'alliés et avec lesquels j'ai eu beaucoup de contentieux. Il s'agit de l'Urd de Djibo Leïty Kâ, du Pr d'Abdourahim Agne. Il y a eu de sérieux contentieux entre leurs partis respectifs et Démocratie citoyenne. Au sein de la Cap 21, il y a le professeur Iba Der Thiam qui ne me garde peut-être pas dans son bon souvenir, mais moi je le respecte toujours. Parce qu'il m'a permis d'être ce que je suis politiquement aujourd'hui quand nous étions ensemble à la Cdp. Mais la politique m'a appris une chose : c'est de ne pas avoir d'états d'âme.

‘Il y a des gens qui mentent journellement au président Wade en disant qu'ils ont du monde derrière eux’

Wal Fadjri : Pensez-vous alors que ces mauvais rapports avec le coordonnateur de la Cap 21 Iba Der Thiam, sont à l'origine de votre mise à l'écart ?

Samir Abourizk : Ce que ces hommes politiques-là font, il faut qu'ils sachent que Samir Abourizk est capable de le faire. Seulement, moi je suis un homme issu d'une famille bien éduquée. Je n'aime pas la délation, je n'aime pas le mensonge. Ils savent que je ne mens pas. Alors qu'eux, ils mentent journellement au président Wade. (Il répète avec force). Titrez-le si vous le voulez. Journellement, ils sont en train de mentir à Abdoulaye Wade en disant qu'ils ont du monde derrière eux. Ils n'ont rien. Nous qui sommes constamment à la base, nous savons ce qui se passe. Je les invite à un débat. Nous avons beaucoup de choses à dire dans ce pays. Tous ces partis qui sont autour du président Wade, c'est pour des strapontins.

Wal Fadjri : Malgré les démentis, certains hommes politiques continuent à prêter au président l'intention de vouloir passer le pouvoir à son fils Karim Wade. Etes-vous de ceux-là ?

Samir Abourizk : Voilà, vous avez touché la question. Tout à l'heure, vous avez dit qu'il se susurre que le président hésite à confier des postes électifs à un Libano-Syrien. Alors, en quoi Karim Wade à qui on trace un destin présidentiel est-il plus Sénégalais que moi ? Je suis né au Sénégal. Est-ce que Karim est né au Sénégal. Il faudra qu'on pose publiquement la question. Cependant, rien n'empêche à un citoyen sénégalais de se présenter comme candidat à la magistrature suprême. Si Wade veut que son fils Karim lui succède à la tête de son parti, c'est un problème qu'il doit régler avec le Pds. C'est ce parti qui décidera de ce que Karim peut ou ne peut pas faire. Par contre, là où le Pds ne peut pas interférer, c'est la Constitution et la loi électorale qui disent ceci : ‘Tous les élus de la Nation doivent être exclusivement de nationalité sénégalaise’. Etant né peut-être en France, Karim a certainement la double nationalité. Cela aussi, c'est un autre problème parce que nous avons de hauts dignitaires de ce pays qui ont une double nationalité. Ce n'est pas le cas de Samir Abourizk. Je ne sais pas pourquoi on créerait des problèmes à Samir Abourizk parce qu'il est d'origine libanaise et qu'on n'en créerait pas à Karim Wade parce qu'il est d'origine ou d'ethnie française. Voilà tout le problème. C'est pourquoi je dis que Wade ne peut pas s'en tenir à mes origines pour hésiter à me confier des responsabilités au Sénat, à l'Assemblée ou ailleurs. Sa femme est française, de surcroît chrétienne, ses enfants sont métissés, tout comme les miens. Parce que ma femme est française née à Ziguinchor, donc Sénégalaise. Karim a des prétentions, c'est son droit le plus absolu. Mais il faudra qu'il respecte les dispositions de la Constitution. Entre autres êtres exclusivement Sénégalais… Je n'en parle pas sauf si on me pose la question. Nous ne sommes pas dans une monarchie démocratique, mais dans une République. Donc c'est le peuple qui décide.

Wal Fadjri : Peut-on s'attendre à voir Samir Abourizk revenir cheminer avec les opposants de Siggil Sénégal ?

Samir Abourizk : J'ai gardé de très bons rapports avec tous les membres de l'opposition sauf certains qui m'ont fait beaucoup de mal en me diffamant, en faisant de la délation, de l'intoxication. Tout cela, c'était peut-être pour m'écarter. Mal leur en a pris parce que celui qui était à la base, je veux nommer Abdourahim Agne - de même qu'Amath Dansokho - est aujourd'hui dans le gouvernement. Mais enfin, je rends grâce à Dieu de ne m'avoir pas donné le privilège d'être ministre dans le gouvernement de Wade ou d'être membre de son Sénat ou de l'Assemblée nationale. Parce qu'aujourd'hui, je suis un homme propre. J'ai les mains propres. Revenir maintenant avec les autres, c'est autre chose. Je ne peux pas avoir dit du mal à l'endroit d'un homme, ensuite l'oublier, même s'il faut faire la paix. Je veux parler d'Amath Dansokho. Je me sentirai très mal de revenir m'asseoir dans son salon, après avoir déversé tant d'insanités sur lui, comme il en a fait aussi avec moi. Je ne peux pas. Si maintenant, l'opposition m'invitait à un autre endroit, je peux y aller. Moi je suis socialiste. Mais je ne peux pas le faire actuellement, car je n'ai pas encore rompu mon partenariat avec Wade.

Wal Fadjri : Quel appel lancez-vous à l'endroit des Sénégalais d'origine libanaise pour les impliquer dans la chose politique ?

Samir Abourizk : Je les appelle à prendre leur courage à deux mains. De ne pas hésiter à venir sur la scène politique. Ce pays, c'est aussi le nôtre. Nous y sommes nés, nous y avons été instruits. Nos richesses et nos patrimoines, nous les devons au Sénégal. Alors, je les invite à comprendre que le Sénégal est un pays magique. Il faut réellement - si tant est qu'on a un peu d'amour pour ce pays - qu'ils viennent sur la scène politique. Qu'ils n'aient pas peur. Je leur ai ouvert la porte, je leur tends la main. Nous détenons aujourd'hui 40 à 50 % du tissu économique national. Il faut que cette force économique serve à quelque chose. Il faut que ce pays puisse compter sur nos forces, nous autres Sénégalais d'origine libanaise. Avec notre présence sur la scène, nous mènerons le combat et nous aurons des élus dans ce pays parce que nous y avons droit comme toute autre communauté… Je ne leur demande même pas de venir dans mon parti, mais dans d'autres partis s'ils le veulent. L'essentiel, c'est de travailler pour le Sénégal…



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