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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ENTRETIEN AVEC:Sidi Mbaye, Secrétaire Général de l'Alliance pour la conscience citoyenne (ALC) :« Wade est bon ; c'est son entourage qui pose problème… »

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ENTRETIEN AVEC:Sidi Mbaye, Secrétaire Général de l'Alliance pour la conscience citoyenne (ALC) :« Wade est bon ; c'est son entourage qui pose problème… »

Sidi Mbaye, un nom, celui d'un homme haut perché sur ses 46 berges, qui a fait irruption dans le champ politique il y a maintenant un peu plus d'un an, en créant « l'Alliance pour la Conscience Citoyenne  ». Pourtant, rien ne prédestinait ce brillant intellectuel à une carrière politique. Mais il a bien fallu, en un certain moment, entrer en action pour lutter à sa façon contre l'inquiétant développement des dérives et des dysfonctionnements de notre jeune démocratie . Pour quelqu'un qui a perdu la vue depuis plus de dix ans, pareil engagement ne pouvait être facile. Pourtant, grâce à l'amplitude de ses idées et à l'immensité de ses qualités humaines, il a fini par s'imposer comme un important porteur d'opinion, un chef de parti consciencieux qui, avec la foule intelligente qui est en train de se constituer autour de sa personne, voudrait s'attaquer au mal politique de son pays en commençant par les chantiers de l'esprit…


Office :Pouvez-vous revenir sur les principes directeurs de votre Parti, l'Alliance pour la conscience citoyenne ?
Sidi : Oui, pour parler de cela, il faut peut-être d'emblée préciser que ce parti est, de façon substantielle, d'obédience citoyenne. Donc, nous nous sommes résolument inscrits dans la logique doctrinaire des principes qui organisent et valorisent la citoyenneté. Cet ancrage est cependant fondamentalement lié au fait que nous sommes convaincus que le temps est venu de se débarrasser de ces bonnes vieilles idéologies traditionnelles qui ont fait leur temps. Je veux parler du marxisme, du socialisme, du libéralisme etc.
Vous voulez dire que vous ne vous reconnaissez dans aucune de ces idéologies-là ?

Ben oui. Nous ne nous y reconnaissons pas. Vous savez, la naissance de beaucoup de ces idéologies-là était dictée par des contingences historiques pour régler des problèmes ponctuels. Les idéologies ne sont pas mauvaises en soi, elles ont eu à inspirer des politiques qui se sont certes révélées plus ou moins opportunes. Mais nous, nous prêchons une vraie culture du développement, et les spéculations idéologiques ne peuvent pas apporter grand chose à ce pragmatisme.
Quand vous dites que vous êtes d'obédience purement citoyenne, cela veut dire que le citoyen en tant que tel est au cœur de votre politique. Mais ce citoyen, tel que vous l'envisagez, existe-t-il réellement ? Si oui, quels sont les attributs auxquels on le reconnaît ?
Non, ce citoyen n'existe pas ; mais il est à inventer. Nos dirigeants ont jusque-là omis de formater la conscience citoyenne du peuple. Et le concept « Nitté » qui accompagne notre sigle est caractéristique de l'importance que nous accordons à ce chantier essentiel qui devra consister à reloger l'homme sénégalais au cœur de ses valeurs intrinsèques. On peut légitimement se demander si les valeurs essentielles du citoyen ont disparu, la faute à qui ? Et moi je répondrai : la faute à la colonisation. Par l'école et par la religion, les colons ont eu à aliéner nos populations…La citoyenneté, telle qu'elle a été conçue depuis Athènes, n'a qu'une réalité théorique chez nous. Regardez la télé, lisez les journaux, regardez ce qui se passe autour de vous, dans la rue, et vous vous rendez vite compte que nous sommes arrivés à un stade inquiétant d'incivisme. Le respect de la chose publique et des institutions, c'est ce qui manque le plus. C'est un aboutissement logique, puisque nous n'avons pas investi sur l'homme. Le combat de Senghor par exemple, c'était de prolonger sur le terrain politique son combat pour l'affirmation d'une identité noire, et on sait que ce défi transcendait le cadre étroit des considérations nationalistes. Abdou Diouf, une fois au pouvoir, a dû faire face à des défis essentiellement économiques. Les dures réalités conjoncturelles (crise du pétrole, détérioration des termes de l'échange, ajustement structurel…) qui prenaient son régime par la gorge ont condamné le peuple à consentir des efforts qui ont permis d'assainir les finances publiques. Et c'est avec ces seuls acquis que nous avons débarqué dans l'Alternance…
L'Alternance justement, parlons-en. Que vous inspire le régime libéral et ses acteurs ?
C'est vrai que les gens crient beaucoup au scandale pour décrier certaines orientations économiques de Me Wade. Dans le cas d'espèce, j'ai souvent envie de leur rappeler qu'ils ont choisi un homme, c'est vrai, mais en le choisissant, ils ont aussi choisi un programme, et ce programme-là, ne l'oublions pas, est d'ordre libéral .
Vous parlez d'une nécessité d'assainir les mœurs politiques que vous qualifiez presque d'immondes. Comment comptez-vous vous y prendre si jamais des responsabilités institutionnelles vous étaient conférées ?
La politique en soi est noble. Mais dans notre façon de la pratiquer, il y a de terribles zones d'ombre. Aujourd'hui, il est indéniable que le peuple a une aversion chronique vis-à-vis de la politique parce que le champ politique est infesté de têtes brûlées qui placent la démarche mercantiliste et les intérêts personnels au centre de leurs activités politiques. Ne parlons pas maintenant de cette animosité pathologique qui inspire les moindres agissements de nos acteurs politiques. Pour tout dire, c'est la compréhension que ces gens-là ont de la politique qui est d'une dangerosité alarmante. La politique ne doit pas se limiter seulement à la conquête et à la conservation du pouvoir. La politique, c'est dans les actes que nous posons chaque jour. Elle doit être un exercice permanent de vérité par rapport à soi et par rapport aux autres. La politique que nous proposons, nous, entend trouver son ancrage dans les valeurs fondamentales de notre civilisation avec ses piliers que sont le ngor, le djom, le kersa, le soutoura, téranga etc. Figurez-vous qu'au Sénégal il y a maintenant près de cent partis. Dont l'écrasante majorité n'a pas de projet de société. Et au lieu d'essayer de s'affirmer de façon pratique en proposant des programmes originaux, ils se mettent en coalition pour subsister. Ce n'est pas très courageux et original, ça !

Depuis les indépendances, on assiste à une opération de séduction des partis au pouvoir vis-à-vis des intellectuels. Et cela a souvent marché. Aujourd'hui, beaucoup d'intellectuels, parmi les plus brillants et les plus pessimistes vis-à-vis du jeu politique sont devenus des inféodés du pouvoir. Que pensez-vous de cet état de fait ?

Moi je vais vous dire une chose : ce son, en réalité les intellectuels, en tout cas ceux qui se considèrent comme tels, qui ont mis nos pays en Afrique, à genoux. Mais oui ! parce qu'ils ont voulu superposer à nos valeurs des réalités que leur a inculqué l'Occident et qu'ils ont importées de façon éhontée. De toute façon, ils n'étaient pas partis pour jouer leur rôle, puisque pour régler un problème, il faut avoir le courage de se laisser absorber par les contingences, les tenants et les aboutissants de ce problème. Hélas, il y a très peu d'entre eux qui aient eu à assumer cette noble proximité avec le vulgum pecus. Leur dignité était d'emblée réduite en poussière entre les tenailles de l'altérité et de l'aliénation.

Ces temps-ci, vous avez souvent eu à faire des sorties médiatiques. Et en vous écoutant, on aura retenu que vous avez une opinion plus ou moins généreuse vis-à-vis de l'homme Wade et de sa façon d'exercer le pouvoir…

Le président Wade a été élu et bien élu. Nous, dans notre parti, nous avons dit que nous faisons ce qu'on appelle de l'accompagnement citoyen. Le Sénégal, jusqu'à preuve du contraire, est une nation à bâtir. Et pour ce faire, il faudrait que l'on commence par respecter les institutions dont nous nous sommes dotés. Wade est un homme qui a son style. Il ne m'a jamais reçu, la précision est d'importance, nous nous sommes seulement côtoyés dans le cadre de la CAP 21. Ce que l'on retiendra forcément de lui, c'est que c'est un véritable négro-africain. Il aime son pays et son continent. L'homme Wade est bon. Comme Diouf fut bon. Comme Senghor fut bon. Chacun à sa manière…Il ne faudrait pas qu'on se refuse d'être fier de nos dirigeants. Pour le cas de Wade, l'histoire retiendra qu'il y a eu un homme qui, pendant 26 ans, s'est mis à s'opposer. Ce n'est pas rien ça quand on sait ce que représente le temps en politique. La CA 2000, on se souvient du rôle de cette instance : Wade a été cueilli en France pour être mis devant. Lui-même n'y pouvait rien puisqu'on était arrivé en un certain moment où il était lui-même la solution du Sénégal…Wade est bon. C'est son entourage qui pose problème. Ce sont de nouveaux riches qui ont d'autres comportements qui ne servent pas en réalité…



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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