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Politique

Fêter, toujours fêter, encore fêter

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Fêter, toujours fêter, encore fêter

Le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, vient d’être porté triomphalement à la magistrature suprême, au soir de l’élection présidentielle du 25 février 2007, pour un mandat de cinq ans, faisant ainsi la nique aux pronostics des analystes et autres observateurs de la scène politique qui tablaient sur l’inéluctabilité d’un second tour.

Demain, mardi 3 avril, il va prêter serment devant un aréopage de chefs d’Etat africains et de hautes personnalités venues d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ils assisteront dans un stade plein comme un œuf à l’intronisation de Wade II. Pour magnifier l’événement, ce jour, veille de la fête de l’indépendance, a été décrété chômé et payé. Et comme, cela ne suffit pas, Wade II en remet une couche en décrétant le jeudi 5 avril jour de repos, avec la possibilité laissée à chacun de faire le pont pour boucler rondement cette semaine de toutes les folies. Et puisque la semaine suivante s’ouvre sur un lundi de Pâques, férié, les bureaux ne seront réinvestis que le mardi 10 avril. Le deuxième mandat de Wade prendra ainsi son envol sur une semaine entière, chômée et payée. Quelle logique travaille toute cette bamboula ? Le contexte et la feuille de route du candidat élu sont pourtant on ne peut plus limpides. Boucler les chantiers entamés et trouver des solutions aux maux qui gangrènent la société sénégalaise.

« Travailler, toujours travailler, encore travailler », ce slogan naguère prisé aux premières heures de l’alternance a depuis pris du plomb dans l’aile. On en est maintenant à fêter, toujours fêter, encore fêter.

Pourquoi travailler du reste si l’on sait que le chef de l’Etat se targue d’avoir tissé un important et performant réseau d’amitié capable de déverser d’importantes sommes d’argent sur le pays. Ainsi feint-il de croire que cela peut palier le déficit d’efforts internes. A bien y regarder, les nouvelles autorités ne semblent pas stresser par les défis qui se dessinent.

Il suffit pour s’en convaincre de remarquer qu’en lieu et place du rendez-vous attendu pour la prise en charge de la demande sociale, est servi dans les allées du pouvoir un grand bavardage qui prend de plus en plus les allures de « robinets bagarres », faits d’invectives, d’insultes, de procès d’intention. Elles annoncent la mise en perspective de l’après-wade du fait de l’accent mis sur la question du dauphinat. Fraîchement élu, le chef de l’Etat a lui-même sonné la charge en dressant le profil de son successeur. Jurant sous tous les cieux que celui qui le remplacera ne sera pas Idrissa Seck. En se démarquant du fils d’emprunt aujourd’hui relégué au rang de paria, il a ainsi tracé les sillons dans lesquels s’ensemencent toutes les supputations.

Pendant ce temps, le pays croule sous les urgences. Une fois de plus les étudiants sont descendus dans la rue pour réclamer le paiement de leurs bourses. L’Intersyndicale enseignante déroule son plan d’action. Les travailleurs d’Air Sénégal sont revenus de longues journées de grève qui avaient bloqué des passagers qui, pour diverses raisons, devaient se rendre dans la sous-région et en Europe. Les oiseaux granivores ont annihilé les efforts des riziculteurs de la vallée, occasionnant des pertes énormes à leurs efforts. Le paludisme continue de tuer les enfants, les vieillards et les femmes. Près de 50 ans après l’indépendance, il plastronne avec insolence à la première place des causes de mortalité et de morbidité. Le choléra poursuit sa chevauchée fantastique avec sa cohorte de morts. Il s’y ajoute tous ces archaïsmes mortifères repérables dans ces jeunes filles à peine pubères qui se suicident d’atroces manières en ingurgitant des insecticides, en se jetant dans un puits ou en se pendant haut et court du fait de parents qui les obligent à se marier de force. Les mariages précoces continuent de faire des ravages au plan sanitaire, mettant en péril la vie de fillettes à peine sorties des langes, à la merci d’hommes cupides et bedonnants.

Faut-il continuer cette nomenclature ? Que non, il y a simplement à s’étonner que les réponses servies prennent l’allure de priorités désarmantes qui font croire à un pays de cocagne. Il faut y ajouter des galéjades qui, à l’instar des déclarations de soutien de l’Union des jeunesses travaillistes (Ujtl) d’Oussouye à une éventuelle candidature de Karim Wade à la succession de son père rendue publique lundi 26 mars, hallucinent. Comble de paradoxe, elles proviennent d’une région malmenée par l’irrédentisme, bousculée par l’enfouissement de mines antipersonnel, qui obligent beaucoup d’exploitants à délaisser leurs rizières. Pour amuser la galerie, d’autres s’évertuent à dresser le listing des prétendants sortis de leurs imaginations débordantes. A croire que la dévolution du pouvoir peine à prendre le chemin démocratique sorti des élections transparentes et régulières. La voie royale serait-elle alors celle de la décision impériale d’un souverain solitaire, omnipotent et omniscient ? Empêtré dans de tels débats, le Sénégal aura du mal à se hisser au niveau des pays sérieux qui patiemment, obstinément, à l’instar du laboureur de La Fontaine, sont en train de bâtir leur avenir en prenant à bras le corps les problèmes qui les assaillent. A ce titre, le Burkina Faso si proche, le Mali, la Mauritanie qui vient de réussir sa transition démocratique nous interpellent.

Mais bon, faut croire que les Sénégalais préfèrent se laisser enivrer par les effluves euphorisants de la tchatche qui éloigne du tête-à-tête avec les problèmes à solutionner obligatoirement.

Les défis sont pourtant là, énormes, bavards comme des urgences signalées. A côté on préfère définir des priorités autres, politiciennes et stériles, au regard des solutions à apporter. Assurément l’heure n’est pas à la fête.



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