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Politique

FARBA SENGHOR À PROPOS DE SES MÉDIATIONS : “ J’AI TOUJOURS INFORMÉ LES MINISTRES CONCERNÉS”

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FARBA SENGHOR À PROPOS DE SES MÉDIATIONS : “ J’AI TOUJOURS INFORMÉ LES MINISTRES CONCERNÉS”

Farba Senghor est formel : il y aura d’autres défections dans les rangs des organisateurs des Assises. Le chargé de la propagande du Parti démocratique sénégalais (Pds, au pouvoir) et ministre de l’Artisanat et des Transports aériens était l’invité de notre Rédaction. Durant ce face-à-face avec les membres de la Rédaction du Soleil, Farba Senghor a abordé plusieurs points saillants de l’actualité nationale et de la vie politique. Retour au bercail d’anciens libéraux ; situation de l’Asecna ; médiation dans la crise scolaire ; Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), etc.

Le Sénégal envisage de se retirer de l’Asecna. Quelle assurance le ministre donne-t-il aux usagers de l’aéroport Léopold Sédar Senghor sur la reprise en main, par notre pays, de la gestion des aéroports nationaux ?

Je précise que pour le moment, on ne peut pas parler de retrait du Sénégal de l’Asecna. Au mois de novembre dernier, le Sénégal avait posé deux actes majeurs. Il avait lancé un préavis de départ de l’Asecna dans les six mois. Il y a eu, par la suite, à la demande du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, une suspension de ce préavis.

Le deuxième acte majeur était de lancer un préavis pour dénoncer le contrat particulier qui liait le Sénégal à l’Asecna : la gestion des activités aéronautiques nationales. Depuis le 10 mai 2008, le Sénégal a totalement récupéré la gestion technique et commerciale de l’aéroport. Les ressources générées par ces activités aéronautiques nationales ont été de l’ordre de 26 milliards Cfa en 2007.

Nous espérons dépasser largement les 30 milliards Cfa cette année, puisqu’il y a une progression de 7,5% par an, et nous avons également revalorisé les ressources extra-aéronautiques. Ce qui fait que nous allons dépasser largement 30 milliards Cfa cette année.

Sur le plan technique, le Sénégal est outillé. Toutes les installations de l’Asecna se trouvent au Sénégal et ont été investies à partir des ressources du Sénégal. En 1960, lorsque les pays africains ont pris leur indépendance, nous avons naturellement récupéré les équipements sur place. Donc, rien n’empêcherait le Sénégal de récupérer toutes les installations sur place. Nous avons des Sénégalais qui ont été formés à Dakar et qui occupent, dans le monde du système aéronautique, des places de choix. En dehors de cela, nous avons des Sénégalais qui sont bien formés et qui sont de notre côté puisque comprenant les enjeux. Nous avons 600 agents dans les activités aéronautiques nationales. J’ai rappelé l’ensemble des travailleurs qui ont pris leur retraite à l’Asecna, qui n’ont pas encore 60 ans révolus et qui étaient dans la Fonction publique.

Parmi le nombre d’agents en service à l’aéroport, ceux qui, sur le plan technique, peuvent paralyser le secteur sont au nombre de 45. Or, nous avons déjà recruté 55 agents qui sont prêts à les suppléer. Je dois vous affirmer que les agents de l’Asecna n’ont aucun moyen d’aller en grève ou de paralyser l’aéroport. D’ailleurs, je leur lance un défi : s’ils peuvent aller en grève, qu’ils le fassent !

Leur préavis de grève n’est pas valable dans la mesure où il n’y a pas eu une période de conciliation. L’autorité administrative n’a pas été saisie. Une grève à travers ce préavis entraînerait des sanctions sévères.

Sur le plan technique, les agents n’ont aucun moyen d’aller en grève. Parce que j’ai quadrillé l’aéroport sur le plan sécuritaire. J’ai doublé tous les postes qui existent. Les agents qui iraient en grève, qu’ils appartiennent à l’Asecna ou non, n’entreraient plus à l’aéroport. Ce sera définitif. Je leur retirerai leur autorisation d’entrée à l’aéroport.

Pourquoi avez-vous menacé de déclarer persona non grata le Directeur général de l’Asecna ?

J’ai demandé qu’on poursuive les grévistes pour traîtrise. Parce qu’ils sont en collusion avec le Directeur général de l’Asecna. Ils ont fait une haute trahison à leur pays. C’est la raison pour laquelle, sur la base des manœuvres que nous avons notées du côté du Directeur général, j’ai dit que le Sénégal le déclarerait persona non grata s’il y a le moindre mouvement de grève sur la plate-forme.

D’une part, nous retenons quelques mots dans vos propos : quadriller, doubler des postes, etc. D’autre part, il y a la conciliation, comme c’est le cas dans le secteur de l’Education. C’est quoi la méthode Farba Senghor dans un tel contexte ?

Ma méthode est très simple. Je suis peut-être très critiqué, mais ceux qui me critiquent sont dépassés. Car la méthode que j’utilise, c’est l’ancienne méthode de gestion de la Fonction publique que nous avons héritée de la France : la gestion hiérarchique de l’administration. Actuellement, nous sommes dans une nouvelle dynamique. C’est une méthode hiérarchico-fonctionnelle qui est valable dans certains pays d’Europe tels que l’Italie et les Etats-Unis. Cette méthode allie les rapports vertical et horizontal pour mieux se faire comprendre. En ce qui concerne l’Asecna, il s’agit d’un acte de souveraineté. Et il me revient, en tant que représentant de l’Etat et de l’autorité, de défendre cet acte de souveraineté.

Et tous les Sénégalais devraient, par patriotisme, se mettre de notre côté pour défendre cet acte de souveraineté. Il n’y a aucune conciliation possible sur cette question, d’autant que la redevance que nous avons reprise de l’Asecna relève de la souveraineté du Sénégal. Le Sénégal a décidé, une fois pour toute, de reprendre toutes les activités aéronautiques nationales au sol et de percevoir les redevances. Cette question n’est pas un problème syndical. Si les travailleurs de l’Asecna revendiquaient l’amélioration de leurs conditions de travail, de leurs revenus, du dialogue entre l’Etat et les syndicalistes, je serais naturellement conciliant comme je l’ai fait en ce qui concerne l’Intersyndicale des enseignants qui revendique la revalorisation de la fonction enseignante. Ce que je trouve légitime. C’est pourquoi j’ai totalement épousé la revendication des enseignants, et c’est la raison pour laquelle je me suis fait leur avocat auprès de mon gouvernement pour obtenir une conciliation.

Ne pensez-vous pas que le Sénégal court des risques en quittant l’Asecna ?

Il n’y aura aucun manque à gagner parce qu’on récupère de l’argent. Ce qui veut dire que, même si, par extraordinaire, on se retirait et que l’Asecna nous balance tous les Sénégalais, on serait en mesure de payer tout le monde avec les 9 milliards Cfa et de garder 22 milliards qui serviraient à investir dans plusieurs domaines. La deuxième chose, c’est qu’il n’y a aucun risque parce que tous les moyens et instruments sont sur le territoire national, et qu’à l’indépendance, lorsque certains pays ont renvoyé le colonisateur, ils ont naturellement récupéré tout ce qui a été construit sur leur pays. Si on devait récupérer toutes les activités de l’Asecna, on aurait suffisamment de moyens pour le faire. Il y a beaucoup de pays qui sont prêts à nous accompagner.

Ce que les gens veulent nous faire comprendre est totalement faux. Le Cap Vert est indépendant en 1975. Ce pays a les meilleures installations en Afrique de l’Ouest et nous concurrence au niveau de la Fir océanique. Depuis que le Cap Vert est indépendant, c’est une bataille diplomatique entre le Sénégal et ce pays pour garder la Fir océanique. Il s’agit d’y mettre les moyens pour garantir la sécurité aérienne sur l’ensemble de nos Fir.

Si le Cap Vert, qui a peu de moyens et est indépendant après nous, est en mesure de s’occuper correctement de sa sécurité aérienne et de nous concurrencer, c’est parce qu’il y a de la volonté à ce niveau. L’Espagne et la France sont prêtes à nous appuyer. Il n’y a aucun problème. Ce qu’il faut dire, c’est que le Sénégal a toutes les compétences requises et les moyens financiers pour gérer son espace aérien. On récupérerait les 40 ou 50 milliards Cfa représentant nos redevances de survol du territoire national. Sur cet argent, le Sénégal n’a aucun franc. Est-ce que vous jugez normal que nous mettions à notre disposition la surveillance de notre espace aérien et que l’Asecna en tire 47 à 50 milliards, alors que le Sénégal n’obtient rien du tout.

Selon les normes de l’Oaci, les Etats sont garants de la sécurité aérienne de leurs espaces et non les institutions et sous-ensembles comme l’Asecna. L’Asecna ne représente rien du tout dans le cadre du système international. Lors de la grande bataille diplomatique entre le Sénégal et le Cap Vert pour la récupération de la Fir océanique, le président de l’Oaci d’alors, qui est actuellement le président d’honneur, a dit que c’est le Sénégal qui est responsable de la Fir et qu’elle lui a été confiée. Il a aussi dit que l’Asecna n’était qu’un assistant du Sénégal. L’année dernière, j’ai participé à une réunion de l’Oaci et l’Asecna était invitée comme observateur. L’Asecna n’a pas de titre lui permettant de participer aux réunions de l’Oaci.

Il y a une campagne qui est organisée pour faire peur à la sécurité du Sénégal. C’est pourquoi j’ai réuni le service de sécurité et de renseignement de l’aéroport pour les mettre en garde contre des faux bulletins qui étaient confectionnés en faveur de l’Asecna et envoyés quotidiennement à la Présidence pour faire peur et influer sur la décision du président et du Premier ministre.

Tous les jours, en effet, il y avait des bulletins de renseignement disant que si le Sénégal sort, il y aura blocage. Ils ne sont pas capables de faire le moindre mouvement de grève à Dakar. Celui qui n’est pas capable de faire le moindre mouvement de grève, comment peut-il paralyser le Sénégal ? Tout ce qu’on raconte c’est du faux ! Moi, je les attends. Vraiment, s’ils sont capables d’aller en grève, ils n’ont qu’à le faire.

Ne trouvez-vous pas paradoxal de voir le Sénégal, qui a un président panafricaniste, quitter une institution régionale comme l’Asecna ?

Il y a deux choses en ce qui concerne l’Asecna. D’abord la question de la souveraineté nationale qui incombe au président de la République. C’est à lui de défendre tout ce qui est relatif à la sauvegarde de la souveraineté nationale. Il y a, d’autre part, la question de l’intégration africaine qui veut que les pays appartenant à la sous-région ou à l’Afrique s’associent pour mener des politiques qui ont une dimension générale, régionale ou africaine. Le Sénégal est l’un des plus grands pourvoyeurs de ressources de l’Asecna avec 78 milliards Cfa par an sur les 150 milliards.

Or, nous souffrons énormément de l’absence de vision de la direction de l’Asecna et du manque d’investissement au Sénégal qui est le principal pourvoyeur de ressources. Nous avons noté et avec les travailleurs de l’Asecna, en premier lieu le syndicat des aiguilleurs du Sénégal, qu’il y a un déficit criard de moyens de visualisation. Ce qui fait que nous perdons de vue les avions sur l’océan ou sur notre espace aérien. Il y a aussi des moyens obsolètes de communication avec des fréquences qui crépitent. Il y a également l’absence de moyens destinés à la formation et une mauvaise formation.

Le Sénégal a été obligé de faire former des contrôleurs par l’Armée sénégalaise. Huit de ces derniers ont été obligés par l’Asecna de démissionner de l’Armée. Mais, après, ils n’ont pas été utilisés à bon escient. Il y a également le cas de 15 contrôleurs formés, mais faute d’être employés par l’Asecna, ils ont perdu leur qualification. L’organe de supervision de la navigation mondiale, l’Oaci, recommande au Sénégal de les requalifier. Il y a également une dizaine d’agents qui ont une formation diplômante et qui, depuis des années, malheureusement, n’ont pas pu exercer et n’ont donc pas de qualification et d’expérience.

Les préoccupations du Sénégal sont fondées. Et l’Asecna ne veut donner aucune réponse. Pensez-vous que nous devons sacrifier les intérêts de la nation du Sénégal pour les besoins d’une solidarité africaine ? Nous sommes jugés d’abord à partir des actions que nous menons au Sénégal et de la réponse que nous donnons à la demande des Sénégalais. C’est la raison pour laquelle nous avons opté d’abord pour résoudre « l’équation demande Sénégal avant de résoudre l’équation demande africaine ».

Vous avez été le premier responsable libéral à menacer de vos foudres les participants aux Assises. Comment analysez-vous le déroulement de ces rencontres ?

Il ne s’agit pas d’Assises nationales, mais d’assises organisées par une minorité qui a obtenu 23 % des suffrages des Sénégalais lors de la dernière présidentielle. Les participants ne sont pas représentatifs de l’Etat du Sénégal. Maintenant, la question que j’ai posée dernièrement est un problème d’honnêteté intellectuelle. Comme je suis très proche du président de la République, j’ai assisté, à plusieurs reprises, à des rencontres entre le président et des personnalités, des associations qui n’hésitent pas à venir dire au président qu’elles se sont trompées. C’est donc pour éviter que de tels cas se présentent, avec des personnalités importantes, des marabouts ou d’autres qui viennent dire au président qu’ils regrettent leurs actes.

J’ai voulu être clair. Ces assises sont des moments de décompte de ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Toutes les personnes qui se présenteraient à ces assises sont contre le président de la République, son gouvernement et sa politique. S’il en est ainsi, tous ceux qui n’épousent pas la position qui est affichée par les organisateurs de ces assises doivent normalement s’abstenir d’y participer.

Quels commentaires faites-vous des défections de Baïdy Agne et Babacar Ndiaye ?

Je savais qu’il y aura ces défections. En fait, beaucoup de personnes, généralement au Sénégal, se laissent entraîner dans des dynamiques qu’elles ne maîtrisent pas. C’est ce qui s’est passé. Toutes les personnes qui ont suivi les récentes déclarations de Amadou Mahtar Mbow et même des hommes politiques comme Ousmane Tanor Dieng, Aminata Mbengue Ndiaye et Abdoulaye Bathily savent parfaitement qu’il s’agit d’une question éminemment politique, que les Assises ne sont pas neutres. Au fur et à mesure qu’on avance, il y a une clarification qui va se faire. De plus en plus, les personnes sont averties. Et toute personne avertie prend naturellement ses responsabilités. C’est ce qu’on est en train d’observer avec le départ de Babacar Ndiaye. Il y aura encore d’autres défections. Si une personnalité sénégalaise, après tant d’années passées à l’extérieur, glane une expérience, normalement, elle devrait venir dire au président de la République que je me mets à votre disposition pour que le Sénégal bénéficie de mon expertise. Mais, faire le contraire, c’est se présenter en tant qu’opposant. C’est ce que Babacar Ndiaye allait faire en participant aux Assises. De toute façon, nous ne sommes pas à la première défection. Et d’autres vont suivre, d’autant plus que si vous suivez Amadou Mahtar Mbow, il est en train de faire une quête financière à l’extérieur. Si on va plus loin, on peut dire qu’il fait une quête pour la subversion. L’objectif des Assises est de faire partir Abdoulaye Wade ; et si on fait la quête pour ces Assises, on le fait pour renverser le président Abdoulaye Wade. Ces personnes devraient normalement répondre de tels actes civiques.

Ce qui me paraît extrêmement dangereux, c’est de convoquer ces assises et de faire croire à l’étranger que le président de la République est en minorité ou en difficulté. C’est cela ma lecture des assises. C’est pour combattre cette perception négative et fausse du président Wade et de son gouvernement que je me suis mis au-devant pour éclairer le peuple sénégalais, les ambassadeurs. Mon intervention a au moins eu le mérite de faire réfléchir plus d’un pour savoir si ces assises constituaient un acte politique ou neutre. Tous les Sénégalais savent que, vu la tournure des assises, qu’elles ne sont pas neutres, mais politiques. A un acte politique, il faut une réponse politique et nous sommes en train de donner à ces assises une réponse politique

Que pensez-vous des différents déficits que le Sénégal connaît actuellement ?

Il faut dire que nous nous situons dans une zone climatique, le Sahel, qui ne présente pas toutes les conditions de productions normales. Nous devons faire face aux aléas climatiques. Ce qui fait que la production céréalière du Sénégal dépend de la nature de l’hivernage. Si l’hivernage est pluvieux et normal, nous avons une bonne production. Si c’est le cas contraire, nous aurons une mauvaise production. Cette question est structurelle. Et le président Wade donne une réponse en changeant complètement la politique que nous avions trouvée, laquelle était une politique de consommation, en une politique de production.

Cette politique de production se fait avec l’aménagement de la Vallée dans le cadre de la Goana pour une production beaucoup plus importante ciblant les différentes espèces végétales telles que le riz, le maïs et le mil, etc. Cela veut dire que le président Wade, face à ces situations de déficit, essaie d’apporter une solution appropriée. De même, tous les déficits budgétaires et autres que nous connaissons entrent dans ce contexte et ce schéma. Pendant longtemps, le Sénégal n’a pas su maîtriser la production. A mon avis, avec les différents programmes que le président met en œuvre, le Sénégal va gérer la situation en se donnant les moyens de combler les gaps.

Vous avez agi en solo pour résoudre la crise scolaire. La solidarité gouvernementale n’a-t-elle pas été écornée ?

Il est faux de dire que je n’ai pas impliqué les ministres concernés. J’ai impliqué tout le monde. D’abord la première médiation réussie, c’est à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Ucad qui regroupe 25.000 étudiants. Pendant plusieurs semaines de grève, j’ai été saisi par les étudiants par personnes interposées.

J’ai aussitôt saisi le ministre Sourang pour lui dire que j’ai été contacté, et face à une situation, quelle doit être la position à tenir. Sourang lui-même m’a répondu que ceux qui sont allés en grève constituent la minorité et qu’il a obtenu de la majorité que le mot d’ordre sera levé dans 48 heures. Le scénario a duré pendant presque une ou deux semaines. J’ai également averti le Premier ministre de cette demande pressante. Mais, quand l’affaire a atteint un niveau où nous nous acheminions vers une année blanche, c’est à ce moment que je suis intervenu et obtenu l’arrêt de la grève qui est salutaire pour tout le monde. Le deuxième cas que j’ai réglé est la grève à l’Ecole supérieure polytechnique de l’Université de Thiès. La section Saes de l’Ecole polytechnique de Thiès m’avait, en effet, saisi par lettre en me demandant d’intervenir parce que les étudiants sont en grève depuis plusieurs semaines et qu’ils allaient vers une année blanche. J’ai écrit aussitôt au ministre de l’Education, Moustapha Sourang, en lui transmettant la lettre et en lui demandant la conduite à tenir. Cette même lettre a été adressée au Premier ministre et au président de la République. C’est également après plusieurs attentes sans réponse que j’ai été obligé de saisir le gouverneur de la région, le recteur de l’Université de Thiès, le directeur de l’Ecole polytechnique pour aller un samedi à Thiès, discuter avec le Saes. C’est à ce moment que les étudiants sont venus volontairement participer à la rencontre. C’est faux de dire que je n’ai pas impliqué les autorités concernées. Le troisième cas, c’est celui de l’Intersyndicale des enseignants. Au moment où j’allais à Thiès, le responsable syndical du Sudes, Mamadou Diouf, m’a appelé pour me dire qu’il souhaitait ma médiation pour régler le problème. Il est même venu à plusieurs reprises dans mon bureau pour être reçu. J’ai aussitôt saisi le ministre de l’Education et le Premier ministre pour leur dire que certains syndicalistes demandent que je me saisisse du problème. Là aussi, il m’a été demandé d’attendre. Plus tard, j’ai reçu par personnes interposées, une demande de Mamadou Diop Castro.

Marième Sakho Dansokho m’a également dit que la question de mon intervention a été posée. Il est faux de dire que j’ai agi seul. Je suis dans un gouvernement qui est dirigé par un Premier ministre, nommé par le président de la République élu par le peuple sénégalais, sur la base d’un suffrage que mon parti, le Pds, a demandé aux Sénégalais. Je ne resterai pas les bras croisés face à une certaine situation qui peut empirer et, demain, avoir une conséquence néfaste sur l’électorat de notre parti. C’est la raison pour laquelle j’ai dit au président de la République que je m’engage pour la défense de notre parti en m’immisçant dans certains dossiers. Il est faux de dire que cela ne me regarde pas. Il y a une co-responsabilité. Face à la solidarité gouvernementale, je veux la co-responsabilité. Nous sommes tous responsables. S’il faut partir demain, c’est nous tous qui allons partir. Je ne vais pas me fier à ce que dit un ministre qui, peut- être, ne fait pas partie de mon parti, pour perdre le pouvoir. Je suis dans l’obligation de défendre le parti, la politique du parti, du chef de l’Etat. C’est simple, il s’agit de répondre aux aspirations et demandes du peuple sénégalais pour rester là. Nous voulons rester là pendant 40 ans.

On ne vous entend pas tellement dans le secteur de l’Artisanat. Comment se présente la situation de ce secteur ?

Je suis en train de travailler dans le calme. Les mouvements d’humeur de certains artisans ont été calmés depuis très longtemps parce que, comme le dit le président de la République, l’artisan doit être le moteur de la production du Sénégal. L’ensemble des petits métiers appartient à l’artisanat. Je suis en train de les organiser, la production aussi. Je suis en train de créer un fonds d’appui aux métiers de l’artisanat. Ce fonds devrait permettre la promotion de la production artisanale.

Nous sommes à quelques mois des élections locales. Serez-vous candidat à la mairie de Dakar ou du Plateau ?

Le moment n’est pas encore arrivé. Je ne voudrais pas heurter mon ami Pape Diop ; mais pour la mairie du Plateau, cela va sans dire d’autant que Fadel Gaye, d’après les informations fournies par la presse, en a fait une mauvaise gestion, une gestion gabegique et familiale. Je pense qu’il s’abstiendra de se présenter. Je pense aussi que le Plateau est entre mes mains. Pour le reste, je verrai avec mon ami Pape Diop. Fadel est un frère de parti, c’est pourquoi je pense qu’il doit céder sa place, parce qu’il a commis une mauvaise gestion.

Quelle appréciation faites-vous des retrouvailles de la grande famille libérale ?

Le Pds est en train de prendre de l’aile. Les questions des assises organisées par l’opposition, ou les autres problèmes ont permis au parti de se déployer à travers le Sénégal. Cela veut dire que nous avons un parti très fort. Le président disait que son parti est peut-être un caïman qui dort, mais quand il se soulève, personne ne peut le retenir. Ce qui est en train de se faire. C’est un parti très fort qui attire ceux qui étaient partis. Ils se sont rendus compte que le seul parti capable de gérer le pays et de le conduire à bon port, c’est le parti qu’ils ont abandonné. C’est pourquoi tout le monde revient. Ce qui est important à dire, c’est qu’il y a un noyau dur qui s’est formé dans le parti. Que les autres viennent pour occuper la périphérie, cela ne me gène pas. D’ailleurs, je crois qu’ils n’ont pas de prétentions pour occuper les premières positions, parce qu’il y a un noyau qui s’est formé et qui gère bien le parti. Je ne les sous-estime pas, mais je pense qu’ils n’ont plus la représentativité qu’ils avaient et qu’ils n’ont pas aussi celle qu’ils s’attendaient. Donc, la seule solution qui s’offre à eux, c’est de revenir à leur parti d’origine.

Et le cas Idrissa Seck ?

Ce qui me surprend, c’est que les journalistes ne sont intéressés que par le cas Idrissa Seck. Je voudrais demander aux journalistes pourquoi Idrissa Seck leur pose tant problème ? Quand je disais que les retrouvailles n’étaient pas possibles, les journalistes s’entêtaient pour dire chaque jour qu’Idrissa Seck est en négociation avec Me Wade. Ils veulent que leur souhait devienne une réalité. Ce qu’on voit dans la presse, c’est qu’on déforme l’information. On veut nous faire croire qu’Idrissa Seck doit négocier avec le président. A mon avis, Idrissa Seck est le passé, il ne se redressa pas politiquement. Quel que soit ce qui arrivera. Même si Me Wade le ramène dans le parti. C’est un homme terminé politiquement. Depuis 4 ans, je donne la même réponse et personne ne veut m’entendre. Chaque semaine, les gens concoctent des rendez-vous à Paris, Dakar, Poponguine, Gossas ou ailleurs. Finalement, je ne comprends pas. Les gens ne pourront pas me rectifier parce que c’est la politique qui l’avait créé et la politique l’a éliminé.

Vous vous illustrez dans de beaucoup de dossiers en dehors de votre ministère. N’avez-vous souvent pas le sentiment d’être à l’étroit ?

Je ne suis pas à l’étroit. Je suis un ministre simple, il y a le Premier ministre, des ministres d’Etat, mais cela ne m’a pas empêché d’appuyer le président. Ce n’est pas une ingérence gratuite, il s’agit de combler un vide. C’est une vision. Il s’agit de permettre au chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, d’assumer ses fonctions telles que déclinées par ceux qui l’ont élu. Ce ne sont pas des interventions intempestives pour intervenir dans d’autres domaines. Je me sens mieux ainsi quand on me le permet, s’il y a une défaillance notoire, d’aller intervenir. Je n’interviens pas dans des secteurs qui fonctionnent bien. On me parle toujours du cas des ordures. On était dans une situation où Dakar était jonché d’ordures et qu’il n’y avait plus de possibilités.

Je me suis dit que la seule solution, c’est d’appeler tous les Dakarois et les bonnes volontés à enlever les ordures. Parce que les Dakarois ont confiance en moi. Quand j’ai fait l’appel, ils sont venus. Des actions comme cela, le ministre en question devrait en prendre dans le bons sens. Dans le cas de Sourang, s’il avait accepté à la première intervention que je vienne avec lui conduire la délégation des étudiants, je l’aurais fait humblement. C’est lui qui aurait tout récolté. Mais, les gens lui ont dit qu’il n’est pas normal que Farba intervienne parce que ce n’est pas son domaine. Finalement, il a refusé mon intervention, et n’a pas pu régler la question et deux autres. Ce qui fait que cela devient grave et voilà la conséquence. Mes frères ministres doivent être réalistes parce que nous sommes en Afrique. Nous sommes dans un gouvernement et nous devons changer la manière de gouvernement de l’Occident. Nous sommes en Afrique et nous avons des valeurs que nous devons intégrer dans notre méthode de gestion. J’ai reçu l’enseignement de ceux qui ont révolutionné l’administration italienne. Ce sont eux qui ont créé cette méthode hiérarchico-fonctionnelle qui permet à tout agent, chef d’entreprise ou directeur, à partir du point où il se trouve, d’intervenir pour que les questions soient réglées. Leurs enseignements veulent que la composante relation soit intégrée dans la gestion des ressources humaines.

Il y a deux composantes. Le comportement instrumental, les tâches, et le comportement relationnel. Mais, nos valeurs africaines sont basées sur les relations. Pourquoi donc ne pas jouer sur ces relations pour permettre à l’administration de fonctionner. La perception actuelle de l’administration est différente de celle occidentale qui veut que l’administration exerce son travail de routine tous les jours avec ses difficultés qui sont liées aux procédures habituelles. La nouvelle vision veut qu’on ait une administration qui se juge sur la base de la performance, de l’efficacité. Toute administration qui n’est pas efficiente ne peut pas répondre aux besoins des administrés. Ce que je suis en train de faire, c’est démontrer que l’administration efficiente qui est capable de répondre aux besoins des populations est en mesure de pérenniser un pouvoir. Tout maire qui répond aux besoins des populations tous les jours sera élu demain. De même qu’un ministre. Je vise la performance et l’efficacité.

En réponse au déficit vivrier, le président a lancé la Goana. Ce projet peut-il être la solution ?

Le président de la République donne une réponse à deux grandes questions : l’introduction des biocarburants et la question des stocks alimentaires. Pour faire face, il faut produire massivement sur place pour éviter d’importer les stocks de sécurité. Il nous faut également, nous Africains non producteurs de pétrole, faire un choix qui nous permet de produire assez de céréales et des structures de biocarburant. Donc, allier les deux. C’est ce que le président est en train de matérialiser avec cette Goana. Ce retour vers la terre qu’il avait déjà commencé avec le plan Reva.

Mais est-ce que cette ruée vers les terres ne va pas créer un problème foncier ?

C’est possible, parce que tout le monde n’a pas la même intention. J’ai senti qu’il y a des Sénégalais qui se précipitent vers les terres non pas pour produire, mais faire main basse sur ces terres. Donc, le gouvernement doit faire attention dans l’octroi des terres, leur répartition et utilisation. En réalité, on n’a pas beaucoup d’espace. L’utilisation rationnelle de nos terres est une condition sine qua non pour la réussite de la Goana. Mais, s’il y a une bonne gestion et utilisation des terres, il n’y aura pas de questions foncières à l’encontre de la politique du chef de l’Etat. C’est bien de sensibiliser les autorités sur la gestion foncière qui est fondamentale dans cette ruée vers l’agriculture. Le gouvernement doit canaliser les personnes qui vont s’engager dans ce programme et contrôler l’usage des terres.

Après la réussite de votre médiation, un citoyen sénégalais a dit que Farba Senghor était jusque-là un véritable « élément hors du commun », mais il devient un « super élément » . Que pensez-vous de cette appréciation ?

Je vais vous dire d’où vient cette appellation « hors du commun ». J’étais à l’école d’administration en Italie. Lors de l’examen de sortie, dans le rapport du jury, il était dit que Farba Senghor est un élément exceptionnel qui a une capacité et une vivacité intellectuelles hors du commun et que, dans l’avenir, il allait gravir des échelons dans sa vie et sa carrière. L’année dernière, l’ambassadeur Cheikh Sadibou Fall et moi, nous sommes rendus à l’école d’Administration de Rome. Le directeur a dit à l’ambassadeur que le ministre Farba Senghor constituait une fierté pour l’Ecole d’administration italienne et pour l’Italie elle-même parce que ce « que nous avons dit il y a 20 ans est en train de se réaliser ». Ensuite, j’ai dit que j’étais formé par ceux qui ont révolutionné l’administration italienne. Ensuite, j’ai grandi sous l’ombre de Me Abdoulaye Wade que j’ai appris à connaître et à bien connaître. Je suis également sorti de l’école Abdoulaye Wade et un pur produit de cette école. Ce qui ne serait pas normal, c’est que je ne puisse pas utiliser tous ces atouts pour être efficace. Mais, véritablement, que je réussisse, c’est la logique. Il n’y a aucun hasard, ni tâtonnement sur ce que je suis en train de faire. C’est un plus un égal deux. Je m’attelle à travailler pour permettre au président de répondre efficacement à l’attente du peuple sénégalais.

On vous a vu sur beaucoup de crises et presque sur beaucoup de questions. Est-ce que le ministre Farba Senghor a un temps pour lui ?

J’ai été modelé au moule Abdoulaye Wade. J’ai été, pendant 5 ans, son conseiller technique. Je passais toute la journée, de 8 heures jusqu’à 2 heures du matin, même 4 heures du matin, à travailler avec le président Wade. J’ai appris beaucoup de choses de lui, son endurance, sa persévérance, sa perspicacité. J’ai appris tous cela auprès du président Wade, ce qui fait qu’avant d’être ministre, j’étais capable de faire comme lui. C’est ce que je suis en train de dérouler. Travailler jusqu’à 4 heures du matin ne me dérange pas. J’ai travaillé jusqu’à 4 heures, le matin je suis parti à Podor, je suis arrivé à Dakar à 21 heures, ensuite j’ai foncé sur Thiès et je suis resté jusqu’à 4 heures du matin. Le lendemain matin, je suis parti à Kaolack et me voilà ici aujourd’hui.

Est-ce qu’il vous arrive d’essuyer les humeurs du président ?

Je suis très fermé dès fois, et le président me dit : Farba, « toi, tu ne ris même pas si on te fait des compliments ». Je suis toujours sérieux avec lui, parce que j’essaie toujours d’apprendre. C’est différent des autres. Quand je suis près du président, c’est comme un élève devant son maître ou un fils devant son père qui l’écoute minutieusement pour apprendre. Je sais que le président Wade ne sort jamais un mot anodin de sa bouche. J’essaie d’analyser tous ces paroles et gestes. Je ne perds pas mon temps avec lui. On dit souvent que je vois Me Wade avant de me prononcer. Je ne le vois pas. Mais, il y a peut-être une transmission télépathique de tout ce qu’il conçoit pour que je le sorte.

Oumar NDIAYE et Babacar DIONE (avec la Rédaction)



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