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Politique

FIGURE EMBLEMATIQUE : Me Wade nommé patron honoraire de l’Internationale libérale

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FIGURE EMBLEMATIQUE : Me Wade nommé patron honoraire de l’Internationale libérale

 

Symbole d’une Afrique ayant choisi la voie des urnes plutôt que celle des armes, Me Abdoulaye Wade a été élevé à la dignité de figure emblématique de l’Internationale libérale. L’intervention du nouveau Patron honoraire de l’IL était très attendue. Cette allocution a été saluée par un standing ovation.

L’avion qui se rapproche du sol, en perdant de plus en plus de l’altitude, nous rapproche aussi de quelques pages d’histoire importantes. La date mémorable du 8 mai 2007 a associé protestants et catholiques dans un même gouvernement. Une renaissance pour les institutions de l’Irlande du Nord. Une image a fait le tour du monde, deux mois plus tôt : le révérend Ian Paisley, chef du Parti unioniste démocrate (Dup), à la même table que le dirigeant du Sinn Féin, Gerry Adams, pour la première fois, le 26 mars 2007. Belfast, de l’irlandais « Béal Feirste » (l’embouchure de la Farset), est célèbre pour ses collines, une sorte de ceinture naturelle ouverte : le Black Moutain et le Cavehill. Nichée dans la province d’Ulster, ville est une cité riche en symboles. Aux côtés de ruines des fortifications, reste ouverte une page d’histoire : c’est ici que le Titanic, le plus grand paquebot de croisière du monde, a été construit par les chantiers navals Harland and Wolff, entre 1909 et 1911. C’est ici aussi, près d’un siècle plus tard, qu’émerge encore la vitalité de la pensée libérale. Sous un soleil peu agressif, plus de cent partis libéraux démocratiques de l’Afrique, de l’Asie, de l’Europe, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique Latine et du Moyen-Orient se penchent, du 15 au 17 mai, sur le thème « Our shared future » (notre avenir commun). Partage d’une doctrine. Partage d’une vision. Partage d’une action souvent présentée comme hideuse (voir les extraits de l’allocution du président Wade), mais ô combien humaniste ! Cette action se décline en termes de terrorisme, de migration globale, de changement de climat, de prévention de conflit, des Sources innovatrices d’énergie, etc. Il y a donc matière à réfléchir, grâce à l’hospitalité du Parti d’Alliance d’Irlande du Nord, hôte de ce congrès. Sur ces terres, le discours du président Wade est très attendu. Il rappelle une chose essentielle à ses yeux : « Nous voici donc de retour sur la terre des grandes conquêtes démocratiques et des plus éminents penseurs libéraux : de John Locke à Adam Smith, en passant par Hume, John Stuart Mill et, plus tard, mon maître John Maynard Keynes. » Il poursuit : « Tous, au fil des siècles, ils ont réussi à faire du libéralisme le parti de la Magna Carta ; un corps de pensée cohérente, un mouvement dynamique, englobant tous les domaines de l’action humaine, notamment la politique, les droits de l’homme, l’économie, l’éthique, etc. Comme toute doctrine ou corps d’idées, le libéralisme a subi les influences des différentes révolutions qui ont secoué le monde (la révolution anglaise, la révolution américaine de 1778 et la révolution française de 1789). »

Les grands hommes, l’histoire du Libéralisme en a connus. Le présent de cette doctrine aussi, souligneront les participants. Pour services rendus, les cent partis prenant part à ce congrès ont élevé le président Wade au grade de Patron honoraire de l’Internationale libérale. Un grade qui va au-delà de la dignité de président. Me Wade est, à ce titre, la figure emblématique de l’Internationale libérale. Sa stature d’homme d’Etat a été saluée par tous les intervenants, particulièrement Lord John Alderice, le président de l’Internationale libérale. Le discours est accueilli par un standing ovation. La longue marche vers le pouvoir est remise au goût du jour dans un contexte africain, à l’époque trouble dès qu’il s’agissait de course au pouvoir. Me Wade a toujours eu le sentiment d’avoir remporté les élections. Mais il s’est toujours gardé de « marcher sur des cadavres » pour s’installer au palais.

En apôtre de la paix et porteur des idées du Libéralisme, il invite tous les leaders africains à aider le Zimbabwe à dépasser les divergences nées de la présidentielle. Le Sénégal, souligne-t-il, a travaillé à la venue de Morgan Tsvangirai à Belfast. Il s’en expliquera à la conférence de presse. « J’étais très préoccupé par l’attitude que Morgan Tsvangirai adopterait à la publication des résultats de l’élection. Si les deux (ndlr, Mugabe et Tsvangirai) s’étaient déclarés vainqueurs, il y aurait eu un bain de sang dans ce pays. Morgan Tsvangirai a fait preuve de beaucoup de maturité. » Me Wade revendique aussi son amitié pour Mugabe. « Mugabe est un ami. Il est un héros de la lutte pour la libération. Toutefois, je n’aurais pas exactement agi comme lui. Je ne cautionne pas tous ses actes », précise-t-il. Auparavant, il a rendu un hommage à Bhutto, « femme musulmane, libérale, combattante », assassinée en décembre dernier, « alors qu’elle était en plein combat pour la démocratie, dans son pays ».

Me Wade fait un retour remarqué dans ces congrès de l’IL après un intermède pendant lequel Lamine Bâ conduisait la délégation. C’était le cas, l’année dernière, en Allemagne. M. Bâ est présent à Belfast aux côtés de Hamidou Dia, le Pr. Iba Der Thiam, Mme Aminata Tall, Modou Diagne Fada, Aliou Sow et votre serviteur.

Me WADE CONFIRME A BELFAST : “Une femme pressentie pour être président du Conseil économique et social”

« Le Libéralisme n’est pas ce monstre hideux qui dévore les faibles », a souligné le Secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds), dans son allocution à la réunion de l’Internationale libérale à Belfast. Ce visage est aussi celle d’une femme libérée des pesanteurs qui la confinaient aux seconds rôles. Après une femme Premier ministre, la parité et l’augmentation du nombre de filles à l’école, Me Wade confirme : « Une femme pressentie pour être président du Conseil économique et social ». En plus de cela, il fait le tour d’horizon du libéralisme appliqué au Sénégal et à l’Afrique, dans un contexte mondial qui ne fait pas de cadeau aux Etats dits les moins favorisés. Morceaux choisis.

Une grande ambition pour l’éducation et les femmes

« ...Nous avons bâti notre politique d’éducation à laquelle nous consacrons 40% du Budget de l’Etat, exemple peut-être unique au monde, l’investissement massif sur l’enfant et sur la femme à la place des préjugés archaïques qui en faisaient une sorte de propriété de l’homme (...) Une femme Premier ministre au début de mon mandat, aujourd’hui la parité absolue hommes/femmes sur la liste proportionnelle des élections à l’Assemblée nationale, 40% de femmes au Sénat, une femme pressentie pour être président du Conseil économique et social dont la loi d’institution est en cours de vote. A l’école primaire, il y a même un peu plus de filles que de garçons ! »

Eradiquer la pauvreté et non l’atténuer

« ... Nous nous faisons le devoir d’éradiquer la pauvreté de notre société au lieu de nous contenter de l’atténuer. Pour nous, la pauvreté ne se définit pas par un revenu inférieur à deux dollars par jour (environ 830 francs Cfa, ndlr), mais se définit par rapport à la condition humaine. Pour nous, la pauvreté est un ensemble de manques, de privations, « a cluster of fundamental needs » : manque d’un toit sain, manque d’une nourriture saine, manque d’eau potable, non accès aux soins de santé, non accès des enfants à l’éducation, non accès à un environnement sain.

Un toit pour la vie

« Sur la base du principe une famille, un toit, nous construisons des maisons, peut-être les moins chères d’Afrique, car, avec 70 dollars par mois, un père de famille peut être propriétaire d’une maison assez avenante sans apport personnel et payer en 15 ou 20 ans ! La Cité offre l’essentiel des manques : eau potable, dispensaires, écoles, environnement sain, etc. »

Effets des options sénégalaises sur le reste de l’Afrique

« Notre lutte pour l’implantation du libéralisme au Sénégal et en Afrique a eu trois séries de conséquences : l’érosion progressive de l’hégémonie des partis uniques de droit ou de fait qui régissaient toute l’Afrique (...) l’émergence de la démocratie qui a été une conséquence de notre lutte pour le libéralisme au Sénégal (et) l’adoption progressive de l’économie de marché à la place de l’économie d’Etat. Nous avons été à la base de l’économie de marché à la place des plans dirigistes introduits en Afrique dès le début de l’indépendance. A notre arrivée au pouvoir, nous avons appliqué l’idée selon laquelle le développement et la croissance, même s’ils doivent être organisés par l’Etat, sont d’abord l’œuvre des hommes et des femmes libres. »

Les APE et l’Europe

« Nous avons demandé la révision profonde des APE, Accords de partenariat économique avec l’Union européenne, qui risquent de détruire nos industries naissantes et faibles si on nous impose la suppression de toutes les barrières douanières, sans compter que nos budgets largement alimentés par les droits de douane vont connaître des réductions drastiques qui vont conduire à la suppression de certaines dépenses sociales. »

La Wade Formula, la méthode et les attentes

« La flambée des prix du baril et ses conséquences m’ont amené à proposer une formule, la Wade Formula, à la 62e Assemblée générale des Nations Unies qui permet de saisir ensemble trois réalités : les superprofits des compagnies pétrolières qui retirent de l’Afrique chaque année des centaines de millions de dollars en laissant la pauvreté derrière. Je leur propose une participation volontaire à l’alimentation d’un fonds de lutte contre la pauvreté... Au début, je n’ai pas été entendu, mais, aujourd’hui, j’enregistre avec satisfaction la position de la Banque mondiale qui envisage très sérieusement la question de la surcharge des pays africains non producteurs de pétrole et celle du président Sarkozy qui propose une taxe sur les superprofits pétroliers en vue de la lutte contre la pauvreté. »

La crise alimentaire mondiale

« Nous avons lancé la Goana, Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance qui vise l’objectif de l’autosuffisance alimentaire. Notre pays, en effet, importe chaque année 600.000 tonnes de riz, denrée introduite par le colonisateur au 19e siècle et qui est devenue l’alimentation de base des Sénégalais. »

Pourquoi l’Inde et la Chine...

« L’Afrique a engagé une vaste coopération avec l’Inde et la Chine qui offrent des conditions autrement plus avantageuses : crédits concessionnels à très long terme, réactions rapides et efficaces. Dans mon pays, le marché étant faussé par les pays développés qui, ainsi que je l’ai dit, subventionnent largement leurs produits agricoles, nous sommes obligés de subventionner à notre tour les consommateurs. »

Bassins de rétention

« La lutte de l’Afrique en faveur de l’environnement se traduit aujourd’hui par notre engagement à construire la Grande muraille verte de Dakar à Djibouti, le long du Sahel, pour limiter l’extension du désert et rééquilibrer l’atmosphère dégradée par le saccage des forêts tropicales. Parallèlement, les bailleurs de fonds ont adopté le modèle sénégalais des bassins de rétention qui recueillent auprès de chaque ville une partie des milliards de tonnes d’eau qui tombent chaque hivernage et disparaissent par infiltration dans le sol ou vers la mer. Le bassin de rétention permet au village de cultiver toute l’année pour la production maraîchère destinée aux marchés locaux ou à l’exportation. Nous en avons réalisé environ 250 au coût unitaire de $140.000 environ. »

La tolérance comme vertu

« En bons musulmans, nous avons toujours porté un plaidoyer vibrant pour changer la perception qu’un certain Occident a de l’slam. Mais aussi, en libéral convaincu, je n’ai jamais hésité à éclairer nos frères en Islam sur les valeurs fondamentales de liberté, tolérance, paix et de solidarité qui permettent de placer l’individu et la dignité humaine au-dessus de tout le reste. »

Nouvelles exigences

« Le libéralisme a toujours combattu, par la plume de ses penseurs et l’action de ses hommes politiques toutes les formes d’agression contre la dignité humaine et la souveraineté des peuples. Le Libéralisme n’est pas ce monstre hideux qui dévore les faibles. Il est plutôt fondamentalement humain et social, car c’est une morale individuelle inspirée par une philosophie de vie en société faite de tolérance et d’humanisme. C’est pourquoi nous devons réadapter notre pensée aux exigences actuelles du monde. Le marché mondial vit un dérèglement extrêmement dangereux. Au plan social, tous les efforts fournis par les gouvernements pour réduire la pauvreté ou l’éradiquer seront anéantis ».

De notre envoyé spécial à Belfast (Irlande du Nord), Mamadou SEYE



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