Attaqué de toutes parts par ses «frères» libéraux qui lui reprochent d’être à la solde de l’ex-Pm Idrissa Seck, le maire de Dakar, Pape Diop, a brisé le silence, mercredi, pour faire le procès des faucons de la Présidence. Sans les citer, M. Diop leur a servi un réquisitoire salé, pimenté par Macky Sall. Ainsi, sonnent-ils la fin des complots et autres coups bas.
Les vives attaques personnelles et inter-personnelles, qui font école entre les responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds), semblent dégoûter le président de l’Assemblée nationale, par ailleurs maire de Dakar, Pape Diop. Cela, au point qu’il sorte de son mutisme habituel pour donner une bonne raclée aux faucons qui rôdent autour du président de la République, Me Abdoulaye Wade. En effet, vendredi dernier, lors de la réunion de préparation de l’accueil de Me Wade, Pape Diop a asséné ses vérités et appelé les «calomniateurs» à la raison et à la retenue. Sur un ton ferme, signe de sa détermination à siffler la fin de l’anarchie et de l’infamie, Pape Diop martèle : «Nous devons nous départir de certaines bassesses, afin de nous unir en vue de la préparation des prochaines échéances électorales. Nous ne devons avoir qu’un seul adversaire qui est l’opposition. D’ailleurs, si l’on est arrivé à ce que l’opposition s’active sur le terrain et nous titille, c’est parce qu’en notre sein, nous ne jouons pas franc-jeu.»
Ces mots, qui ont résonné dans la salle de conférence du 9e étage du Building administratif, ont dopé les militants et autres responsables présents au regard de la salve d’applaudissements nourris qui ont accompagné le discours de l’édile de Dakar. Ainsi, pour mieux donner une portée à ses vérités, Diop se débarrasse de ses lunettes et corse son discours : «Il faut repérer ceux qui versent dans la médisance et les mettre à l’écart. Il faut les extirper de nos rangs. Je trouve ridicule que certains responsables tiennent des réunions secrètes pour s’attaquer à d’autres par des canaux de presse. Ça suffit !» A peine a-t-il terminé sa phrase que le Premier ministre, Macky Sall, assis à ses côtés, hoche la tête en signe d’approbation ; au même moment, le ministre du Tourisme, Ousmane Masseck Ndiaye, claquait les mains.
Et le président de l’Assemblée nationale de continuer son réquisitoire pour constater amèrement : «Le Pds souffre des crocs-en-jambe que les responsables se donnent.» Faisant allusion à ceux qui lui reprochent d’être très proche du maire de Thiès, Idrissa Seck, M. Diop se désole de ce genre de discours. «On se plaît à coller des étiquettes à certaines personnes pour dire qu’un tel est avec celui-ci et autre soutient celui-là ; c’est ridicule et insensé. Pire, on se salit et s’attaque alors que notre seul objectif doit être de resserrer les rangs pour soutenir le président de la République. Nous lui devons toute la considération qui nous est accordée par les Sénégalais. C’est à lui seul que revient ce que nous sommes.» Par conséquent, en déduit Pape Diop, «nous avons l’obligation de l’accompagner dans la mesure où notre promotion dépend de la sienne. C’est le seul combat qui vaille».
Par ces comportements inter-libéraux, le maire de Dakar reste convaincu que «le Pds est en train de saper ses acquis». Et d’ajouter : «Nous avons réalisé, en six ans ; ce que le régime antérieur n’a pu faire en quarante ans. Et cela, nous le devons à la différence qu’il y a entre le Pds et les autres formations politiques.» «Au Pds, nous avons la chance d’avoir un leader et un guide à qui l’on doit obéir. En effet, ses choix doivent être respectés. Nous avons l’obligation de soutenir ceux qu’il a choisis au lieu de les dénigrer et leur faire la guerre», estime-t-il.
Selon Pape Diop, la mobilisation pour l’accueil de Me Wade devrait constituer le point de départ d’une collaboration saine et sincère entre les militants et les responsables libéraux. Profitant de la brèche qui lui est ouverte, le Premier ministre, Macky Sall, plaide pour «la concorde au sein du parti» car, fait-il remarquer, «les querelles intestines ne tiennent sur rien et ne profitent à personne».
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