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Politique

Guerre de leadership entre Abdoulaye Baldé et Karim Wade : Le président fait le choix de sa raison

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Guerre de leadership entre Abdoulaye Baldé et Karim Wade : Le président fait le choix de sa raison

Les éléments d’une bataille -d’une guerre- féroce sont déjà sur la place publique. L’ambiance malsaine qui règne dans les rangs de la «Génération du concret» préfigure la chute prochaine d’un troisième calibre de la galaxie présidentielle candidat non déclaré à une part de succession. Entre Karim Wade et Abdoulaye Baldé, le président de la République choisit son fils dont on se demande encore ce qu’il sait faire par lui-même et de lui-même.

Le Président Wade ne paraît pas singulièrement avisé quand il s’agit de tirer des leçons de l’histoire. Huit ans après son arrivée au pouvoir, il a réussi l’exploit d’approfondir à grande échelle les facteurs de détestation qui ont catapulté les socialistes au purgatoire de l’opposition. Sa gouvernance est plus que problématique : elle est monstrueuse à bien des égards. Que le pays aille mal ou que les populations soient écrasées par le coût de la vie et l’inconfort, que l’impunité et la grande corruption, décriées par la Cour des comptes, soient acceptées comme des comportements normaux, le président de la République s’en moque et ose même vilipender les magistrats de ladite juridiction. En clair, il joue la carte de l’égoïsme. Il sait se servir de l’histoire au besoin.


Alors, les bisbilles latentes entre son fils et le secrétaire général de la Présidence interpellent toute son attention. C’est en cela que la guerre «fraternelle» au sommet qui l’a opposé à Idrissa Seck reste, pour lui, un repère naturellement tragique inscrit dans toute prospective liée au schéma de dévolution du pouvoir. On est au cœur d’un paramètre du post-wadisme. La succession et les obstacles à sa concrétisation sont devenus une réalité capitale chez les Wade. Baptisés Dupont & Demba autant pour leur duo à travers l’Anoci et la «Génération du concret» qu’eu égard à leur différence dermique, Karim Wade et Abdoulaye Baldé devront se partager, un jour, les mécomptes de leurs fameux chantiers. Mais pour l’instant, ils se battront dans un combat arbitré par un juge très partial : Me Wade.


Les deux hommes auraient pu, pourtant, se compléter dans un ticket de type américain, en leader et colistier. Mais le choix du président de la République paraît sans appel, malgré le semblant de mystère qui entoure ses intentions : le pays doit être à son fils, d’une manière ou d’une autre. A ses yeux, laisser se développer, ici et maintenant, une autre dualité d’une autre nature serait le pire des scénarios pour son rejeton.

L’illusion d’un pouvoir partagE
A l’origine, le secrétaire général de la Présidence ne devait être qu’une officine ambulante chargée d’accompagner les petits pas du novice Wade entre les méandres de la bureaucratie sénégalaise, de la gestion et de la politique. Malheureusement pour le président, Baldé s’est laissé aguicher, lui aussi, par des ambitions politiques trop évidentes aujourd’hui. Or, le pouvoir est indivisible, il s’exerce dans une illusion de partage qui ne trompe que les grands benêts. Ce que Me Wade a combattu de manière très officieuse chez Idrissa Seck et Macky Sall, ce fut précisément une part d’ambitions nées au travers de leurs fonctions d’Etat. Le président est généreux et prévenant pour sa progéniture : ce qu’il a détesté pour lui-même, il l’abhorre pour son fils. Baldé est devenu gênant et même dangereux pour la famille. Pendant plusieurs années, il a appris à être aux côtés de Karim Wade, notamment en tant que Directeur exécutif de l’Anoci. Un dossier chaud dont la gestion technique et financière n’a pas encore révélé tous ses secrets tortueux. Son implication directe et quotidienne dans le fonctionnement de l’Etat, permise par la station stratégique qu’a été pour lui le secrétariat général de la Présidence de la République, le met en situation d’être à la fois une menace et une victime potentielles pour les Wade, s’il est avéré qu’il n’entre plus dans un schéma distributif des pouvoirs.


C’est donc à partir des tares de Dupont que Wade intensifie la guérilla ouverte contre Demba. Toutes choses étant égales par ailleurs, on peut considérer que les tares supposées de Karim Wade paraissent la force présomptive de Abdoulaye Baldé. Le premier n’est pas strictement sénégalais, il possède aussi la nationalité française. Sa peau métissée le rapproche psychologiquement de l’étranger en vadrouille, ce qui ne le rend pas immédiatement «consommable» au niveau local où les populations attachent, en général, une importance symbolique très forte aux origines des postulants aux fonctions suprêmes. Son incapacité à trouver un moyen direct de se faire accepter des Sénégalais, en lieu et place des chargés de missions délégués dans les cérémonies religieuses, mais plus fondamentalement les doutes justes et justifiés sur son inaptitude publique à parler le wolof ou une autre langue nationale, expriment mieux que tout les appréhensions qui bloquent son explosion. Karim Wade peut gagner l’estime de Sénégalais par ses actions médiates de type social ou religieux, il lui faut un peu plus d’opiniâtreté et de hardiesse, un peu moins de fixation sur le phénomène argent, pour parvenir au dessein que père, spin doctors et oracles, lui prédisent. Un jour ou l’autre, le débat se posera sur son (in)capacité à investir le terrain politique. Là où, justement, son jumeau a commencé à exceller.

Parametres culturels
Abdoulaye Baldé est un piètre orateur, sans charisme ni grande expérience politique et n’a pu triompher de l’opposition aux législatives de juin 2007 que grâce au concours de l’appareil du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de l’inépuisable robinet à milliards de francs Cfa qui coule au Palais de la République. Mais, il est allé au charbon malgré tout. Il a osé là où l’autre cultive l’attentisme. Alors, forcément, on se demande à bon droit ce que Karim Wade sait réellement faire par lui-même et de lui-même. Haut fonctionnaire, Inspecteur général d’Etat, Docteur en Droit public, diplômé de la promotion Erasme de l’Ecole nationale d’administration (Ena) de Paris et tutti quanti selon ce qu’en dit son curriculum vitae, Abdoulaye Baldé présente un parcours universitaire et professionnel en contraste avec celui, évasif, que l’hagiographie officielle de la République a dressé pour le fils du président. Il est vrai que les diplômes ne valent pas toujours l’aura qu’on leur prête, mais il n’y a rien de pire que le mystère et l’opacité embrouillés dans un portrait-robot que l’on voudrait faire passer à coups de ruse.


Parler du local Baldé, maîtrisant au moins le diola, le wolof et peut-être d’autres langues nationales, beau-fils du khalife général des Mourides, bourgeois à deux femmes, d’un côté, et de l’autre Karim, un mystérieux métis replié dans son cocon et qu’on meurt d’envie de mieux connaître, ce n’est pas tomber dans un culturalisme de type raciste. C’est simplement, et sans hypocrisie, poser, dans le cadre de batailles politiques annoncées, des paramètres sociaux qui, au-delà des arcanes de la corruption dont les politiques sont capables, représentent des facteurs d’appréciation pour une bonne partie des Sénégalais.


En bon psychologue de nos mentalités, le Président Wade sait tout cela pour ne pas protéger son fils en l’accompagnant pas à pas. C’est pourquoi il s’énerve si vite quand il est fait référence à la succession. Comme à Lyon, mardi dernier. Quant à Abdoulaye Baldé, et en attendant le pire, il peut se poser quelques questions à l’approche des élections locales de mars 2009. La mairie de Ziguinchor n’est pas encore dans la poche. Entre les énigmes d’un Corbeau qui ne lui voudrait que du mal et les prérogatives essentielles d’une fonction stratégique qui lui ont été retirées comme l’a révélé nos confrères de L’Observateur dans leur édition du jeudi 20 novembre (contrôle sur : l’Inspection générale d’Etat, le Contrôle financier, la Commission nationale des contrats de l’administration, le Bureau anti-corruption), le début des épreuves n’est plus très loin pour celui qui disait naguère avoir l’entière confiance du président de la République.



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