GUERRE DE SUCCESSION AU SOMMET DE L'ETAT L'ENIGME IDY !

Aussi surprenant que cela puisse paraître, Idrissa Seck est en passe de redevenir une pièce maîtresse du puzzle politique qui gravite autour du président Abdoulaye Wade. Ce dernier en est conscient et selon des confidences de certains de ses proches, il réfléchit actuellement sur un schéma qui pourrait le réconcilier définitivement avec le maire de Thiès. Face à un Macky Sall très affaibli et un Karim Wade certes ambitieux, mais politiquement et populairement sous outillé, Me Wade est dans l’obligation de composer à nouveau avec son ancien bras droit Idrissa Seck.

Ses irréductibles adversaires ont beau le peindre sous les habits d’un voleur, d’un champion de la tortuosité et d’un homme arrogant et cassant. Mais Idrissa Seck reste stoïque et ressemble au phoenix qui renaît de ses cendres. Après sa défaite lors de la dernière présidentielle et son erreur du boycott des législatives qui auraient pu sceller son sort, l’ancien Premier ministre est aujourd’hui au cœur de toutes les conversations du Palais. Des proches du président de la République, agacés par la tournure de la confrontation, par lieutenants interposés, entre Macky Sall et Karim Wade, sont aujourd’hui persuadés que l’édile de la capitale du rail a un rôle à jouer dans la succession de Wade. Et pour étayer leur argumentaire, nos sources font état du scepticisme du  Président quant à la capacité de son fils de plonger dans la « fosse aux lions » des politiques . A en croire nos interlocuteurs, Me Wade reconnaît à Karim des qualités de travailleur et de patriote. « Mais il sait que le président de l’Anoci n’est pas une bête politique et que pour se lancer dans la course, il lui faut une solide légitimité politique et historique », confient des sources  proches du Président. Qui plus est, Me Wade est convaincu que Macky Sall vit ses derniers jours en tant que numéro deux du Pds et peut être même en tant que président de l’Assemblée nationale. Sur cette question une source politiquement et intellectuellement crédible pense que le président de la République est obligé de « liquider » le maire de Fatick, pour « rassurer » Idrissa Seck. « En supprimant le poste de numéro deux du Pds, il donnerait des gages à son ancien Premier ministre qui souhaite bien revenir au Pds mais qui ne veut pas se ranger derrière Macky Sall », explique notre confrère. Par ailleurs, les récentes sorties du colonel Malick Cissé et de Souleymane Ndéné Ndiaye (un des faucons du palais qui a le plus combattu Idrissa Seck), laissent entrevoir une volonté manifeste de la « garde rapprochée » de Wade de lâcher du lest face à un adversaire qui s’emmure dans le silence, mais qui conserve toute sa capacité de nuisance et une bonne partie de son électorat. Car, ne l’oublions pas, lors de la présidentielle de février dernier, le maire de Thiès est arrivé deuxième, derrière le candidat Abdoulaye  Wade.

ANALYSE : Silence tactique 

Alors que la situation nationale est actuellement  des plus troubles, des plus agitées, avec un front socio-politique de plus en plus dans une grande ébullition, guerre de succession au sommet de l’Etat avec les  troubles intralibéraux comme effets collatéraux, « douche écossaise » pour ne pas dire flambée des prix de denrées de première nécessité,  secteur éducatif agité, « boucan » fait par l’opposition autour de la nécessité des assises nationales…Idrissa Seck, depuis son retour au pays après un séjour de sept mois en  France et le staff de Rewmi, s’emmurent toujours, en effet, dans un grand mutisme. Un mutisme bien calculé. Pourtant, les choses avaient semblé aller vite depuis que les principaux lieutenants du leader de Rewmi avec à leur tête Oumar Sarr avaient été  « reçus » par le Président  Wade pour  « arrondir »   les angles. Le Président ne s’était pas en effet empêché de mettre « du piment » dans ce « lavage à grande eau » du linge sale   en famille libérale. N’empêche, ces « vérités crues » du numéro un du Pds dites  à des « enfants égarés » venus  faire en quelque sorte amende honorable n’avaient nullement, au lendemain de ces « retrouvailles » entamé le désir manifeste du premier responsable de Rewmi, Idrissa Seck lui-même, de « rentrer à la maison ».Conscient, sans aucun doute, comme on l’a avoué dans certains milieux influents de Rewmi, que dans cette bataille actuelle  intralibérale pour la succession à la tête de l’Etat, la chance de gagner, pour Idrissa Seck comme pour tout autre dinosaure libéral, était plus grande « en étant dans et non en dehors de la famille ». Les choses ont vite évolué pour déboucher sur ce fameux congrès de Rufisque à l’issue duquel il avait été unanimement  donné mandat à Idrissa Seck de discuter des modalités de retrouvailles avec Wade et le Pds. Mais il faut dire que depuis lors, les choses n’ont pas beaucoup avancé.  Si du côté de Rewmi on explique cette « situation inconfortable »  en en imputant la responsabilité au Président Wade  en avançant le fait que c’est  lui  qui traîne les pieds pour avoir  conditionné  la question des retrouvailles de la grande famille libérale à une délibération du comité directeur du Pds. Chez certains libéraux « la relative hésitation-tergiversation de Wade  à formaliser le retour de Idrissa Seck au sein du Pds est dûe essentiellement aux ambitions » de ce dernier. Car si ce retour devait se faire sans conditions, signale t-on, il aurait été réintégré à la faveur de la clémence qu’appelle la célébration de la fête de la Korité. Et là,  soulignent certains libéraux, ce sont les ambitions présidentielles du leader de Rewmi pour …2012 qui posent problème. Surtout que Karim Wade n’est pas encore radical dans le choix de son avenir politique même si on lui prête les mêmes visées que le leader de Rewmi pour la même période de 2012.

C’est donc dire qu’au  sein de Rewmi c’est une « atmosphère d’attentisme » qui prévaut. Un attentisme toutefois synonyme de « silence tactique ». Puisque le leader de Rewmi est en parfaite intelligence avec son staff pour observer la situation déliquescente qui prévaut au Pds actuellement. Le calcul est en vérité ici d’exploiter toutes les opportunités qui s’offriront et qui seront des brèches ouvertes par la guéguerre au sein du Pds. En somme Idrissa Seck est en train de réétudier ses plans pour la succession  du Président Wade à la tête de l’Exécutif  et si les circonstances le recommandent, il n’exclut pas de réintégrer  le Pds pour parvenir à ses fins.  Et contrairement à ce qu’on croit, Idrissa Seck et ses proches collaborateurs sont en train de concocter un plan d’actions qui a pour point focal le développement d’alliances stratégiques  et opportunes avec les partis autres que ceux affiliés à la mouvance présidentielle, d’une part et au front Siggil Sénégal d’autre part. Et dans ce jeu d’alliances, les Rewmistes n’écartent pas que des pro-Macky Sall devenus martyrs viennent s’allier à eux. Mamadou Diagne Fada tout comme Jean Paul Dias sont aussi dans leur collimateur. Une feuille de route qui pourrait être déroulée après les élections locales de 2008. Objectif recherché :être la nouvelle locomotive de l’opposition dite significative.