Invité du « Jury du Dimanche » sur iRadio, l’ancien magistrat Ibrahima Hamidou Dème s’est exprimé sur la tentative de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall. Selon lui, « la majorité parlementaire actuelle agit avec précipitation, au détriment du respect des procédures juridiques ».
Pour l’ancien juge, la volonté de poursuivre Macky Sall met en lumière de graves lacunes dans l’architecture juridique sénégalaise. « Il est très difficile, voire quasi impossible, de poursuivre un ancien chef d’État, car notre système souffre d’un vide juridique », a-t-il expliqué. Il a souligné que la Constitution sénégalaise limite la justiciabilité du président à des faits de haute trahison, une infraction « ni définie ni assortie de peines », créant ainsi une immunité de fait.
Ibrahima Dème a également critiqué la qualité de la loi interprétative récemment adoptée par l’Assemblée nationale, la qualifiant de « chaos sur le plan législatif ». « Il faut condamner ce charabia juridique dans l’exposé des motifs », a-t-il déclaré. Selon lui, tant cette loi que la tentative de mise en accusation de Macky Sall témoignent d’un manque de rigueur et d’une précipitation nuisible.
Au-delà des aspects juridiques, l’ancien magistrat a déploré « la persistance de la bipolarisation politique entre les camps de l’ex-majorité Benno Bokk Yakaar et celui du PASTEF ». « Cette bipolarisation, entretenue des deux côtés, nuit à notre démocratie », a-t-il affirmé, appelant à ouvrir l’espace politique à d’autres voix et figures.
Interrogé sur sa participation au dialogue national prévu dans un mois, Ibrahima Dème s’est montré sceptique. Pour lui, un véritable dialogue nécessite un climat de confiance, aujourd’hui altéré par « l’attitude clivante des gouvernants ». Il a insisté sur la nécessité de définir clairement les objectifs du dialogue et de les discuter en amont avec toutes les parties prenantes.
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