Le limogeage du ministre délégué auprès du ministre de l'Économie et des finances, chargé du budget, aurait des soubassements politiques, contrairement à la thèse du dérapage budgétaire avancée par certains. En tout cas, c’est la conviction "ferme" de l'Économiste Ibrahima Sène du Parti de l’Indépendance du Travail (P.i.t.) dirigé par Amath Dansokho.
Dans sa réaction recueillie par "Le Matin", M. Sène pense que Ibrahima Sarr n’a fait que subir les frais de son refus de prendre les mesures relatives aux sanctions fiscales que l'État a voulu exercer sur certains organes de presse. «Le ministre du budget a refusé d’exécuter des instructions politiques émanant d’un parti politique». «On lui reproche d’être mou avec le Trésor qui a refusé de servir de bras armé au pouvoir dans sa volonté de s’attaquer à la presse privée», avance le camarade de Dansokho. Sur un autre plan, il a laissé entendre que les renseignements sur les dérapages budgétaires fournis par Ibrahima Sarr au représentant du Fmi y sont aussi pour quelque chose.
Mais, dans son analyse, notre interlocuteur présente le désormais ancien ministre du Budget comme l’agneau du sacrifice. «Si la période incriminée remonte à 2005-2006, ce n’est pas Ibrahima Sarr qui a installé la pratique de décaissement sans couverture budgétaire. Il n’y est pour rien. Donc, ce sont Macky Sall (ancien Premier ministre) et Hadjibou Soumaré (ancien ministre du Budget) qui sont concernés dans cette affaire-là», martèle-t-il. Pour toutes ces raisons, M. Ibrahima Sène soutient mordicus que Ibrahima Sarr a été sanctionné pour des «raisons politiques». Se prononçant sur les demandes d’explication par écrit fournies à certains départements ministériels sur des dépenses effectuées sans autorisation du Parlement, le spécialiste des questions de Finances du Pit pense que le président Wade est en train de jouer à la « comédie ».
Pour lui, on ne peut pas concevoir que le gouvernement traîne des dépassements budgétaires depuis 2003 et qu’on ne parvient à les déceler que quelques années après. Selon lui, la note d’explication adressée à des ministères concernés pour justification des dépenses non budgétisées n’est qu'un simulacre. «Wade lui-même n’est pas dans la transparence», lance M. Sène, avant d’indiquer que «le gouvernement a atteint les limites». L’alternative, à l’en croire, est que, soit le gouvernement réduit drastiquement son train de vie, soit le Sénégal reste asphyxié par les bailleurs.
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