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Politique

IBRAHIMA SENE DU PIT, MEMBRE DE LA CSA : Les militants de Rewmi et ceux de l’Apr sont de la mouvance présidentielle»

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IBRAHIMA SENE DU PIT, MEMBRE DE LA CSA : Les militants de Rewmi et ceux de l’Apr sont de la mouvance présidentielle»

Revenant largement sur la fête du 1er Mai dernier, Ibrahima Sène du Pit, membre du Bureau exécutif de la Confédération des syndicats autonomes (Csa), soutient que le pouvoir à vaciller sous l’élan unitaire du monde du travail à cette occasion. Et que le régime en place ne peut pas digérer le fait qu’il a reçu la gifle de sa vie en tentant de discréditer le mouvement syndical. Dans cet entretien, M. Sène tire également sur les dirigeants syndicaux véreux non sans saluer la démarche saine de la base du mouvement syndical. L’affaire des 20 milliards FCfa de commission de Sudatel, transférés via «la banque offshore de Karim Wade» au Soudan, a intéressé Ibrahima Sène qui prévient que Karim, pour avoir semé une confusion inacceptable d’intérêts publics et d’intérêts privés, doit rendre le tablier et répondre à la justice.


On remarque que le 1er Mai dernier a été révélateur de beaucoup de choses dans le mouvement syndical sénégalais. Est-ce que vous ne pensez pas qu’on est dans une situation nouvelle avec une dislocation du mouvement syndical et que c’est finalement le pouvoir qui a eu raison sur le syndicalisme ?

Mais, je me demande en quoi la voix de Wade a porté plus que celle des syndicalistes. En fait, le 1er Mai de cette année est historique. C’est la première fois que les mouvements syndicaux au Sénégal, ensemble, ont posé sur la table une revendication cruciale : «Ne touche pas au Contrat à durée indéterminée (Cdi).» Cela, à tel point que le pouvoir était obligé de faire des reculades.

Est-ce que le pouvoir n’a pas fait exprès de poser le problème des Contrats à durée déterminée (Cdd) pour évacuer les autres questions importantes ?

Ne vous trompez pas. Le pouvoir a pris des engagements clairs et nets auprès du Fmi dans une feuille de route pour procéder à la révision du Code du travail. C’est la levée de bouclier du mouvement syndical qui a changé la donne. Wade pensait avoir maîtrisé le mouvement syndical pour faire passer tout ce qu’il veut. Mais là, il a vu tout le front syndical se retrouver contre toutes ses initiatives, menaçant ainsi d’aller en grève général s’il touchait au Cdi. Au contraire, le 1er Mai a montré, pour la première fois, sur les questions touchant véritablement le mouvement syndical, le pouvoir a reculé.

Beaucoup de choses semblent changer. On ne parle, aujourd’hui, dans le mouvement syndical que de l’argent, du partage du butin, des 600 millions FCfa qui sont passés par-là, etc... N’est-ce pas là des questions qui paralysent le mouvement syndical ?

Encore une fois, ce sont des questions très sérieuses sur lesquelles le mouvement syndical est obligé de se battre contre des dirigeants véreux. N’oubliez pas que du temps des Madia Diop, c’était la participation responsable. Ils avaient des postes de ministres, des postes de vice-présidents de l’Assemblée nationale.

Le pouvoir de Wade ne peut pas digérer le fait qu’il a reçu la gifle de sa vie, à tel point que le chef de l’Etat dit que ce n’est pas lui qui a demandé de passer du Cdi au Cdd, mais ce sont les bailleurs qui l’ont demandé. C’est vrai, ce sont les bailleurs qui l’ont demandé et il a souscrit à cette demande. Il faudra être juste vis-à-vis du mouvement syndical. Il y a des dirigeants véreux, mais la base du mouvement syndical est saine.

Que dites-vous de la candidature de Macky Sall à l’élection présidentielle 2012 et qui sort de la dynamique de Benno ?

Dans cette affaire, c’est Macky Sall qui perd par rapport à sa soumission à Moustapha Cissé Lô. Il n’est de secret pour personne que Moustapha Cissé Lô a toujours été contre l’appartenance de Macky à Benno. Par contre, dans l’Apr, il y a des gens qui sont pour. Macky Sall a capitulé devant les exigences de Moustapha Cissé Lô qui lui disait : «Ou tu es candidat sous ta propre bannière, ou je te quitte.» Ce qui est très grave, Macky a tellement capitulé devant Moustapha Cissé Lô qu’il l’a empêché de rencontrer ses militants à Mbacké. Quelle pression Moustapha Cissé Lô exerce-t-il sur Macky ? Actuellement, M. Lô est en train de faire le jeu du pouvoir.

Est-ce que Macky n’avait pas, lui-même, envie de poser sa candidature ?

S’il avait envie d’y aller, à mon avis, il ne devait pas donner l’impression qu’il a capitulé devant Moustapha Cissé Lô. Les militants de Rewmi et ceux de l’Apr sont des militants de la mouvance présidentielle. Ces gens ne connaissent que des intérêts. Ce ne sont pas des militants engagés par conviction ou par idéologie. Ce sont des militants qui vont là où il y a l’argent. Et voilà pourquoi c’est Macky, dans cette compétition pour l’électorat du Pds, qui risque de perdre. Tant que Macky est avec Benno, Wade aura besoin de Moustapha Cissé Lô pour qu’il le fasse sortir de cette coalition. La stratégie de M. Lô est qu’il travaille pour Wade.

Va-t-on ainsi vers l’éclatement de Benno ?

Si Benno ne s’entend pas, c’est elle qui perd, comme la Cpa avait perdu en 2007. Mais aujourd’hui, la forte tendance est d’aller ensemble dans Benno. Il y a beaucoup plus de chances d’aller vers une candidature unique, dans le cadre d’une transition, que la dispersion des pôles les plus significatifs. Mais aujourd’hui, il y a des discours inquiétants que l’on entend ça et là. Des responsables de premier rang au Parti socialiste (Ps) qui se disputent sur le mode de désignation du candidat de ce parti. Pourquoi s’entredéchirer si on veut réellement aller ensemble avec d’autres autour d’une candidature unique ? Cela pose problème. Mais, je crois que la lucidité va prendre le dessus, parce que la dispersion des forces va favoriser Wade. Si Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse ou Macky Sall perdent les élections prochaines, leur avenir politique serait hypothéqué. Je reste convaincu que nous aurons un candidat d’union autour des forces les plus significatives de Benno, en concertation avec nos partenaires de la société civile.

On assiste, de plus en plus, à un foisonnement d’organisations de la société civile, notamment avec le lancement de manifestes comme celui de Serigne Mansour Sy Djamil et, dernièrement, celui de Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères.

Vous savez, le baromètre le plus pertinent sur l’état de maturité de la démocratie, c’est quand la société civile s’engage de manière organisée dans la lutte politique pour les conquêtes des libertés démocratiques. Encore une fois, les partis politiques n’ont pas le monopole de l’expression du suffrage. Ils concourent à l’expression du suffrage. Et tous les citoyens, surtout organisés dans la société civile, sont au même titre que les partis politiques, responsables de l’état d’expression du suffrage du peuple. Ils ne doivent plus laisser les partis politiques décider de comment organiser l’expression du suffrage. Ils ne sont pas des arbitres entre partis politiques. Ils ont leur mot à dire. Ce sont des citoyens «pleins et entiers», comme on dit. Il est temps qu’on voit la société civile assumer des responsabilités dans ce sens-là. Les Discours de Djamil, de Youssou Ndour et de Gadio recoupent totalement la position de Benno Siggil Senegaal. Cela veut dire créer les conditions d’un contrôle citoyen sur les élus et sur l’administration. Quand des gens de la société civile s’organisent et combattent de la même façon que les partis politiques, particulièrement ceux de Benno, cela élargie le champ de la lutte des forces démocratiques.

Par rapport à la souveraineté économique et alimentaire, quelle est la position de ces nouveaux mouvements citoyens ?

J’ai lu et relu le texte du manifeste de Cheikh Tidiane Gadio, silence radio sur la problématique de la souveraineté économique et alimentaire. Il fait l’impasse de cette question. Sur ce point, la mouvance de Gadio diffère de Benno. Ce qui différencie aussi Gadio de la mouvance présidentielle, c’est ce qu’il a en commun avec Benno sur les réformes institutionnelles et politiques. Or, sur la problématique de la souveraineté économique et alimentaire, les mouvements de Serigne Mansour Sy Djamil, de Youssou Ndour et Bara Tall, l’ont posée très clairement. En des termes très explicites, elles ont dit : «Ce qui retarde l’Afrique, c’est que l’essentiel des ressources du continent se trouve entre les mains des étrangers. Et que, tant que c’est comme ça, l’Afrique ne s’en sortira pas.» Ces mouvements posent fondamentalement le recouvrement de la souveraineté économique du pays. Avec les mouvements de Djamil, Youssou Ndour et Bara Tall, Benno a en commun les réformes institutionnelles et politiques, et la nécessité de recouvrer la souveraineté économique et alimentaire.

Par rapport au cas Karim Wade, que son père voudrait positionner et au scénario du 2nd tour de la présidentielle que le pouvoir tenterait d’éliminer, est-ce que vous n’êtes pas un peu dans la paranoïa ?

Pour le cas de Karim Wade, personne ne m’a jamais entendu parler de lui. Jusqu’ici, Karim n’était pas le problème. Le problème c’est son père et ce qu’il fait. Quand j’accepte aujourd’hui de parler de Karim Wade, c’est parce que ce qui s’est passé avec Sudatel pose véritablement le problème de Karim et sa responsabilité pleine et entière. Les Soudanais disent que Karim a une banque offshore à Dubaï. Le pouvoir et Karim, lui-même, ne l’ont pas démenti. Jusqu’à preuve du contraire, Karim possède une banque offshore. Or, tout le monde sait que c’est lui le ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale. Un ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale qui possède en privé une banque offshore, c’est un mélange, une confusion inacceptable d’intérêts publics et d’intérêts privés. Rien que pour ça, Karim Wade doit rendre le tablier. Dans ce scandale de Sudatel, tout le monde est informé que les 20 milliards FCfa de commission de Sudatel ont été enlevés pour aller payer des primes à des intermédiaires, via la banque offshore de Karim Wade. Qu’on prenne l’argent public, qu’on exporte du capital national via sa banque, Karim est disqualifié, par ces deux faits, à exercer une fonction publique. Il doit rendre le tablier et se mettre à la disposition de la justice. Pourquoi ? En acceptant que l’argent de Sudatel transite par sa banque pour être distribué à des non-Sénégalais, Karim Wade se fait complice de transfert illicite d’argent. Il faut qu’il réponde de ça ou qu’il donne des preuves claires aux Soudanais qui l’accusent.

Jusqu’où comptez-vous aller dans cette affaire Karim ?

Nous poserons la question au niveau de Benno pour faire face à ce cas. Il est inacceptable de laisser la confusion d’intérêts publics et d’intérêts privés au sommet de l’Etat. Et mieux, il est inacceptable qu’une autorité publique cautionne l’exportation de capitaux hors du Sénégal de manière illicite à travers une banque offshore de paradis fiscaux.



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