IDY ET L’ATTEINTE A LA SÛRETE DE L’ETAT : Les deux documents qui ont brouillé les pistes

Deux documents, l’un sur le fonctionnement de notre armée et l’autre sur la stratégie de conquête du Pouvoir ont conduit, entre autres, à l’accusation, puis l’inculpation de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, pour atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale. Or, ces deux documents saisis chez Mbaye Coulibaly, ancien conseiller à la Primature, avaient servi uniquement à la rédaction du discours de politique générale de l’ancien Pm ! Le dossier Seck bégaye, aussi bien au niveau de la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. Et l’audition, le 16 janvier prochain, du gendarme Huchard fait rire les avocats de l’ancien Pm qui se sont enveloppés dans un silence bavard.

Deux documents saisis dans la maison de Mbaye Coulibaly, ancien conseiller de Idy alors Pm, ont servi de prétexte pour asseoir le délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale formulé contre l’ancien Pm Idrissa Seck. Il s’agit d’un document sur la stratégie de conquête du pouvoir et d’un autre sur le fonctionnement de l’Armée nationale. Au vu de ces documents, les autorités judiciaires avaient pensé que l’ancien Premier ministre réfléchissait sur un éventuel renversement du pouvoir de Me Wade, pour ne pas dire un coup d’Etat. Deux éléments viendront semer le doute : la déclaration de la dame Marie Ndiaye selon laquelle, Coumba Ngouye Thiam (inculpée pour complicité puis libérée) avait distribué des armes à des jeunes et la visite nocturne chez Idy de colonels de l’armée nationale. Or, ces prétendues armes ne seront jamais découvertes malgré les perquisitions de la Division des investigations criminelles (Dic) et les interrogatoires tous azimuts à Thiès comme à Dakar. En fait, les deux documents trouvés chez Mbaye Coulibaly ont tout simplement servi à la rédaction du discours de politique générale de Idrissa Seck prononcé à l’Assemblée nationale.

Sous le sceau de l’anonymat, un avocat de l’ex-Pm explique : « Mbaye Coulibaly était conseiller de Idrissa Seck à la Primature. Lors de la rédaction du discours de Politique générale, Idy avait confié à chacun de ses collaborateurs une tâche, et c’est dans ce cadre que les documents portant sur le fonctionnement de l’Armée et la stratégie de conquête du Pouvoir se sont trouvés entre les mains de Mbaye Coulibaly ». Cette même explication, Idy la fournira aux enquêteurs. En dehors de cela, « aucune preuve matérielle ne justifie le délit d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale » formulé contre l’ancien Pm et ses proches qui ont été tous libérés. Si le dossier d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale se révèle vide, il semble aussi qu’au niveau de la commission d’instruction de la Haute Cour de Justice, on quitte de plus en plus l’affaire des chantiers de Thiès pour...l’affaire des fonds politiques. En effet, comme nous l’annoncions, Victor Kantoussan, garde du corps de Karim Wade, le gendarme Huchard et un administrateur de la Cbao seront entendus par l’équipe de Cheikh Tidiane Diakhaté. De sources sûres, les auditions auront lieu les 16 et 17 janvier prochains et c’est le gendarme Huchard qui va ouvrir le bal. Si tout ce beau monde est convoqué à titre de témoins, c’est que durant son audition sur le fond, l’ancien Pm avait affirmé d’une part, que le prêt de deux milliards avait été négocié avec la Cbao par Karim Wade mais aussi, d’autre part que c’est le garde du corps de ce dernier qui retirait l’argent des fonds politiques pour le remettre à son patron. Il citera entre autres un chèque de 600 millions que nous avions publié. Du côté des avocats de Idy, on rit de ces auditions : « si nous nous taisons, c’est parce que nous avons remarqué qu’on a quitté le dossier des chantiers de Thiès pour celui des fonds politiques. On cherche sans doute une porte de sortie honorable et comme on n’humilie pas ses adversaires... . »