L’homme a-t-il changé ? Vient-il simplement de découvrir les turpitudes du clan qui l’enfanta, le couva bien au chaud pendant si longtemps en le portant au pouvoir un soir du 19 mars 2000 avant de la bannir pour fait de dualité au sommet dont on l’accusa à tort ou à raison d’avoir été à l’origine ? Le 23 septembre dernier, il s’est présenté aux Sénégalais et aux Sénégalaises en homme neuf par le biais de son dada, les Cd, divorçant même, «momentanément ?» avec son parler «messianique» à forte connotation coranique dans un discours qui se veut rédempteur. Même si le choix de la date, la veille du ramadan, période pendant laquelle, le prophète des musulmans, Mohamed avait livré la fameuse bataille de Badr qui vit les oiseaux-anges guerriers se battre à ses côtés et lui offrir la victoire sur les «mécréants», n’est certainement pas fortuit. Il a signifié ainsi qu’il ne partageait ni l’immixtion de la famille dans les affaires de l’Etat, ni la fameuse loi Ezzan, encore moins les promesses «farfelues» et les projets pharaoniques.
On peut bien s’en étonner. Nul ne l’avait entendu quand il était aux affaires, s’offusquer publiquement des tares et manquements ainsi décriés. Qui par ailleurs, a théorisé le premier la transhumance ? Qui a usé des audits post-alternance ? Qui a aidé fortement à la défenestration des «compagnons» de la belle aventure de février-mars 2000 ?
Moustapha Niasse, le premier Premier ministre post-alternance, renvoyé dans l’opposition avec sa famille politique. Abdoulaye Bathily, le «théoricien» de la candidature unique, obligé de revoir à la baisse ses ambitions de la mise en place d’un directoire unifié de l’Alternance avant d’être poussé à la sortie. Qui s’en est vivement pris à Landing Savané qui a semblé développer lui, une résistance payante ? Madior Boye, la «société civile» de Premier ministre, remerciée tout autant que son frère, le recteur de l’université Cheikh Anta Diop, Kader Boye. Amath Dansokho, le compagnon de toujours. Qui a durement sévi en envoyant tâter de la rudesse des geôles, Aziz Tall de la Lonase, Mbaye Diouf le cheminot-politicien devenu bleu entre temps, Khady Diagne de la Sodida ? La liste n’est pas exhaustive. Les Sénégalais pardonnent, mais ne sont pas amnésiques.
Mais passons. Si Idy véhicule l’image d’un homme compétent, il n’en demeure pas moins que par moments, il donne l’impression d’être suffisant et même arrogant. N’a-t-il pas déclaré qu’il est immensément riche ? Chose qu’intellectuellement on pourrait comprendre, mais qui culturellement et socialement est difficilement admissible sous nos tropiques où la solidarité dans la discrétion permet à la richesse ou en l’enrichissement subite de certains de se concevoir sans heurter outre mesure. Comment comprendre que dans un régime démocratique, on s’adresse à ses concitoyens en s’attribuant la fonction de «quasi-président » alors que le suffrage universel avait donné ses faveurs au Chef de l’Etat qui l’a nommé à ses différentes fonctions ? Ne justifie-t-il pas à posteriori les accusations de ses contempteurs sur la dualité à la tête de l’Etat quand il était aux affaires.
Il convient de donner tout son sens à cette dualité. Elle ne se réduit pas à un discours convenu sur la double face d’une communication-séduction. En réalité, elle relèverait d’un particularisme exacerbé de quelqu’un qui se veut le messie. Le peuple sénégalais a cependant ses coutumes propres et un destin qui, du simple point de vue historique, se veut regardant. S’étant approprié son destin qu’il veut présidentiel, Idrissa Seck devra convaincre avant d’être consacré.
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