Interdiction de la marche de l’opposition : La police vide les casernes - La France met en garde ses ressortissants

ALERTE GENERALE - Plus de cinq cents policiers et autant de grenades dans la rue : De gros moyens pour réprimer

Dakar va se réveiller ce matin avec une gueule… rouge. Plus de cinq cents éléments du Groupement mobile d’intervention ont été mobilisés pour mater de l’opposant aujourd’hui. A moins que l’opposition ne revienne sur sa décision de marcher coûte que coûte. Le ministère de l’Intérieur a déployé les gros moyens à cet effet.

Risques de troubles à l’ordre public. C’est le motif invoqué par le préfet de Dakar pour interdire la marche, aujourd’hui, de l’opposition pour le respect du calendrier électoral. Un faux alibi ! Car le dispositif mis en place par la Police, dont les responsables se sont réunies jusque tard dans la nuit d’hier, permet d’encadrer à bien des égards la manifestation des opposants. Au ministère de l’Intérieur, c’est la grosse artillerie qui a été mobilisée : c’est l’alerte générale ! Autant dans les commissariats qu’au niveau du groupement mobile d’intervention (Gmi). «Toutes les compagnies du Gmi de Dakar, de même que les commissariats de Dakar ont été mobilisés», apprend-on.

En effet, toute la journée d’hier, le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, le Directeur de la Sûreté nationale, Léopold Diouf et les autres responsables de la Police n’ont cessé de se concerter pour retenir la conduite à tenir. Au départ, ils ont travaillé sur deux tableaux : en cas d’autorisation et en cas d’interdiction, avec la décision ferme de déployer la grosse artillerie quelle que soit l’option retenue. Ce sera le branle-bas dans l’après-midi. Le deuxième cas de figure est retenu. C’est alors que le colonel Sène sera chargé de veiller au respect non pas du calendrier électoral, mais de celui de l’interdiction du préfet de Dakar. Donc on sort les grands moyens.

Ainsi, ce seront trois centaines de Gmi qui vont jalonner les rues de Dakar ce matin. Ils seront renforcer par près de deux autres qui ont été convoyés hier depuis Thiès. Rien que pour mater les opposants. Et ce n’est pas pour cela seulement que le colonel Sène, qui va diriger les opérations aujourd’hui, avait convoqué hier ses commandants de compagnies. En plus des consignes, il y a eu les dotations de carburant, et de grenades (plus de cinq cents unités ont été mis à la disposition des forces de l’ordre). Ces hommes du Colonel Sène et leur arsenal de guerre seront placés dès 7 heures du matin sur différentes artères de Dakar. Vingt-deux (22) points ont été retenus pour être jalonnés par ces hommes qui n’ont qu’un seul ordre à exécuter : disperser tout attroupement, mater les récalcitrants. Et quand on sait que ces éléments sont debout dès les coups de 5 heures, on peut bien craindre que : «Dakar sera rouge.» Des brassards, des bérets ou du sang ? On en a rien à cirer à la place Washington.

MISE EN GARDE AUX FRANÇAIS

Ce qui est sûr, c’est que l’option de réprimer cette marche est manifeste. Une décision qui a été prise en mi-journée, hier. Car selon certaines informations, il était question, en début de matinée, hier que la marche soit autorisée. Ce qui explique que les responsables de la police aient eu à définir les dispositifs nécessaires pour encadrer la manifestation de l’opposition. D’ailleurs, c’est fort de cette information, qu’au niveau de l’ambassade de France, on a tenu à mettre en garde les ressortissants français. Un message, d’une «haute importance» leur a été envoyé bien avant midi pour leur demander d’éviter ce samedi, le secteur qui part de la Rts au ministère de l’Intérieur, sur conseil de la sécurité intérieure de l’ambassade de France.

En fait l’équipe de son excellence André Parant a été informée hier, vers 10 heures «que la manifestation de l’opposition demain samedi 27 janvier 2006 vient d’être autorisée». Aussi précise-t-on aux Français que cette manifestation «elle se déroulera de 9h à 12h 20». «Elle partira des bâtiments de la Rts (Place de Sfax) et s’achèvera devant le ministère de l’Intérieur (place de Washington).» En outre poursuit-on à l’attention des Français que «beaucoup de participants sont attendus et la police mettra les gros moyens. Ce secteur est donc à éviter».