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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

[ V I D E O ] - INTERVIEW avec Me Abdoulaye Wade sur France 24

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[ V I D E O ] - INTERVIEW avec Me Abdoulaye Wade sur France 24

 

NOTE : Seneweb s'excuse de la qualité sonore parfois défectueuse de la video.  Nous vous présentons toutes nos excuses. Bonne écoute!

 

Bienvenue sur France 24, pour cette nouvelle édition du Talk de Paris. Cette semaine, l'Europe a rendez-vous avec l'Afrique ! Elle a rendez-vous à Lisbonne, au Portugal, pour un sommet où doit être signé un « partenariat stratégique » entre les deux continents. Notre invité est l'une des grandes voix africaines, le Président du Sénégal, maître Abdoulaye Wade, 81 ans, héros de l'une des très rares alternances pacifiques en Afrique. Il vient d'ailleurs d'être réélu à la Présidence. On le surnomme « le pharaon », ou « le renard », c'est un leader charismatique, qui a pris la tête d'une révolution libérale en mettant fin au règne de Léopold Sédar Senghor et d'Abdou Diouf.

 Bonjour, Monsieur le Président.


Abdoulaye WADE


Bonjour.


Ulysse GOSSET


Je vous remercie d'être ici avec nous dans ce studio de France 24, particulièrement parce que c'est pour France 24 un anniversaire : le premier. France 24 souffle sa première bougie et j'aimerais vous demander ce que cela change pour les Africains. Avant il y avait BBC World, CNN International, Al Jezira, et maintenant il y a une petite voix, qui vient de Paris. Qu'est-ce que cela représente, France 24, pour les Africains, aujourd'hui ?

Abdoulaye WADE

D'abord, c'est une chaîne française. Ensuite, les derniers sondages montrent que cette chaîne est la première de toutes les chaînes au Sénégal, ce dont je me réjouis. Pour les Africains c'est la possibilité d'avoir des informations qui correspondent beaucoup plus à notre culture, d'abord parce que nous sommes francophones, et bien sûr il y a la variété, il y a le style, un tas de choses qui font que cette chaîne est une chaîne assez particulière, qui est très aimée au Sénégal et dans toute l'Afrique.


Ulysse GOSSET


Aujourd'hui, Monsieur le Président, vous êtes un président en colère. Vous allez donc aller à Lisbonne mais vous n'êtes pas content parce que vous estimez que l'alliance Europe-Afrique est en crise et vous refusez actuellement de signer les nouveaux accords de partenariat parce que vous considérez qu'ils sont dangereux, notamment pour le Sénégal. Pourquoi cette colère aujourd'hui ?


Abdoulaye WADE


Non seulement pour le Sénégal mais pour toute l'Afrique, parce qu'on nous propose, en quelque sorte, à terme, le libre-échange. Un pays sous-développé, qui ne peut même pas exporter rapidement, ne peut pas entrer en libre-échange avec un pays développé qui a toutes les ressources et qui peut augmenter sa production très, très rapidement. La première conséquence, si on faisait cela, serait que nous perdrions les recettes sur l'entrée des produits européens en Afrique. Cela représente, selon les pays africains, entre 30 et 70 % de nos recettes d'exportations. Et on ne nous dit pas comment ce sera compensé. Et même si on le compensait financièrement, cela ne compenserait pas les pertes économiques, car si l'on instaure une zone de libre-échange, la plupart de nos industries, qui ne peuvent pas tenir la concurrence face aux industries européennes, vont disparaître.


Ce que je dis, c'est que nous sommes tous d'accord pour nous allier à l'Europe, c'est là toute l'Histoire de l'Europe et de l'Afrique, mais la manière employée est dépassée. Les premiers accords de Lomé, les accords de Yaoundé, les accords de Cotonou, etc. étaient des documents confus et on nous a dit « discutez et signez ! » alors on apporte quelques modifications, on ne peut nous passer une camisole de force, ça ne marche pas ! Il faut ajuster ici et là. Ce que je demande, c'est simplement qu'on se mette autour d'une table et qu'on dise : « Nous voulons coopérer ? - Oui », « Comment on va s'y prendre ? », « Qu'est-ce qu'on fait ? ». Et là nous avons des solutions qui peuvent être acceptées d'un côté et de l'autre, mais le système actuel ne marche pas.

Ulysse GOSSET

Mais à Bruxelles ont dit quand même qu'on vous donne un peu de temps, puisqu'il y a des délais qui sont prévus de 10, 15 ans, même 25 ans avant que les accords n'entrent vraiment en application.

Abdoulaye WADE

Oui, mais vous savez, depuis quelque temps on raconte beaucoup de choses qui ne sont pas dans les accords, alors comment dire aujourd'hui - ça me paraît irrationnel ! « Vous allez passer des accords avec des conditions suspensives qui n'interviendront que dans 15 ans ou dans 25 ans ». Qui sait comment sera le monde dans 15 ans ou 25 ans ? Je pense qu'il faut quand même être un peu plus sérieux.

Ulysse GOSSET

Mais vous savez que certains pays sont prêts à signer, notamment en Afrique australe, en Afrique de l'est, il y a déjà eu des pays signataires.

Abdoulaye WADE

Il paraît, il paraît, mais chaque pays se détermine librement, et nous verrons bien qui a raison et qui a tort. En tout cas au Sénégal nous ne signerons pas et nous sommes nombreux. Vous comprenez…

Ulysse GOSSET

Il y a une vingtaine de pays qui ne veulent pas signer.

Abdoulaye WADE

L'Union européenne, au lieu de discuter avec l'Union africaine - parallélisme des formes - discute avec nos cinq sous-régions. Et comme ça ne marche pas, elle discute maintenant avec les pays. Ce n'est pas régulier… Alors ils veulent discuter avec moi, ils discutent avec la Côte d'Ivoire, etc. tout ça me paraît improvisé. Vous savez, ce sont de bons amis, à l'Union européenne, ce sont de très bons amis, libéraux, par dessus le marché, mais cette fois-ci, vraiment, je pense qu'ils s'y prennent mal. Ils disent : « Il faut signer avant le 31 décembre, sinon le ciel va nous tomber sur la tête ». Non, le ciel ne nous tombera pas sur la tête du tout.

Ulysse GOSSET

Qu'est-ce que vous allez dire à Nicolas Sarkozy, sur ces accords en particulier ?

Abdoulaye WADE

Vous savez, Nicolas Sarkozy, il sait bien ce que j'ait dit, je crois que nous sommes d'accord. Il ne m'a pas dit qu'il était d'accord avec moi, mais…

Ulysse GOSSET

Mais là-dessus, allez-vous lui demander d'intervenir auprès de Bruxelles ?

Abdoulaye WADE

Non, non, absolument pas. Qu'on discute. Vous savez, d'ici au 31 décembre, si on commence à discuter, peut-être qu'on arrivera au moins aux principes d'un accord. Mais tel quel, si la Côte d'Ivoire veut s'engager, elle est libre, elle peut y aller. Mais il faut comprendre que la Côte d'Ivoire est dans une situation particulière, elle exporte du cacao et du café vers l'Europe et si elle ne signe pas, à partir du 1er janvier, on va lui mettre des droits de douane à l'entrée du marché européen qui peuvent aller jusqu'à 50 ou 70 %.

Ulysse GOSSET

Il y a quand même un argument qui est important, Monsieur le Président, c'est qu'on dit à Bruxelles que si ces accords étaient validés, alors il y aurait pour la première fois une possibilité de commerce sud-sud, plus seulement entre les riches et les pauvres, mais entre les Africains.

Abdoulaye WADE

Alors là, je ne suis pas du tout d'accord. On commence par cloisonner l'Afrique et ensuite on va nous dire qu'il faut une intégration. Sud-sud avec qui ? Avec les ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) ?. Nous on a rien à voir avec les ACP, ça c'est la première erreur qu'on a faite. Au lieu de négocier avec l'Afrique, on négocie avec toute la planète, les Caraïbes, le Pacifique et si l'Europe avait des intérêts sur la lune, on aurait mis aussi la lune ? Non, les accords ne facilitent pas l'intégration africaine. Ça c'est moi qui le dit et je suis économiste !

Ulysse GOSSET

Et vous dites : « Attention, danger », parce que si l'Europe ne s'entend pas avec nous, d'autres le feront et notamment les Chinois.

Abdoulaye WADE

Mais ls sont déjà là, bien sûr ! Mais le fond du problème, il faut bien le dire, qu'est-ce que c'est ? Pourquoi l'Europe se précipite à vouloir détruire les barrières douanières ? C'est parce que ses produits ne sont plus concurrentiels en Afrique. Les produits européens se placent de plus en plus difficilement. L'automobile : qui achète encore une automobile européenne alors que vous pouvez avoir deux automobiles chinoises ou indiennes pour le même prix ? C'est cela, le vrai problème. Alors, au lieu d'affronter la Chine et l'Inde sur le plan économique, c'est-à-dire sur le plan du prix, sur le plan de la concurrence, on l'affronte en disant à nous : « Il faut supprimer des droits de douane ». Moi je pense qu'il faut que les industries européennes qui exportent vers l'Afrique se délocalisent vers l'Afrique. Je l'ai déjà dit à l'Université d'Assas. En produisant en Afrique, ils ont le bénéfice de la main d'œuvre qui n'est pas très chère - certes, un peu plus chère que la Chine - mais pour les produits chinois ils paieront le prix du transport donc là, au moins, il peut y avoir une concurrence. Sans cela, l'Europe aura de plus en plus de mal à exporter vers l'Afrique.

Il y a un français qui investit dans le sucre. C'est le seul producteur qui investit dans le sucre au Sénégal. J'ai lancé un appel pour la production de biocarburants : il s'est lancé là-dedans. Il a commandé une usine, il m'a demandé de venir l'inaugurer, vendredi dernier. J'y suis allée et j'ai regardé : il y avait des Indiens, c'était une usine indienne. C'est un français qui a commandé une usine en Inde. Pas en France, ni en Allemagne, mais en Inde. Je pense qu'il serait temps d'ouvrir un peu les yeux et de comprendre que l'économie, c'est la concurrence.

Ulysse GOSSET

On voit en tout cas, Monsieur le Président, que vos talents de tribun et d'avocat sont toujours là. Je vous propose justement de revenir sur votre parcours politique, un long parcours, avec ce portrait qui a été réalisé par l'un des journalistes de France 24, Nicolas Germain.

Ulysse GOSSET

Aujourd'hui, Monsieur le Président, à 81 ans, est-ce que vous avez un dauphin ?

Abdoulaye WADE

Non, pas encore. Je le cherche.

Ulysse GOSSET

Vous le cherchez, ce ne serait pas votre fils, par hasard ?

Abdoulaye WADE

Absolument pas. Peut-être. Je n'en sais rien, en tout cas je ne l'ai pas trouvé.

Ulysse GOSSET

Peut-être pas, vous avez dit.

Abdoulaye WADE

Non, j'ai dit « peut-être », parce que c'est un citoyen sénégalais comme un autre : s'il veut se présenter aux élections, il peut le faire, mais ce ne sera pas en tant que mon dauphin. Au moment où je parle, je n'ai encore pas de dauphin.

Ulysse GOSSET

Mais si votre fils devenait président, ce serait quand même une transition moins démocratique que celle que vous avez vécue, vous. Ce serait une dynastie.

Abdoulaye WADE

Ecoutez, il ne serait pas le premier fils de président à être président, comme le Président Bush et tant d'autres… Mais en tout cas, au moment où je vous parle aujourd'hui, ce n'est pas mon option. Ce n'est pas de mettre mon fils à la place. Au demeurant je ne « mettrai » pas quelqu'un, j'organiserai des élections libres après une campagne libre, avec toutes les garanties au plan international, et que le meilleur gagne.

Ulysse GOSSET

Vous avez 81 ans et beaucoup se demandent quel est le secret de votre longévité. Est-ce qu'il y a une formule Wade ?

Abdoulaye WADE

C'est d'abord l'hérédité. Mon père, ma grand-mère ont vécu plus de 100 ans, déjà. Mon père, qui a fait la Guerre de 14, comme vous le savez. Mais ensuite, j'ai une femme qui veille sur moi…

Ulysse GOSSET

Une française !

Abdoulaye WADE

Pas de cholestérol, pas de sucre, c'est déjà quand même un élément. Et puis je fais de la gymnastique deux fois par semaine.

Ulysse GOSSET

Alors je vois que vous êtes en bonne forme, mais quand même, il y a beaucoup de rumeurs au Sénégal. Je vous propose d'écouter une question qui nous est arrivée par webcam.

Question

M. le Président, du temps où vous étiez opposant au Président Abdou Diouf, vous prôniez la publication des bulletins de santé du Président de la République. On se rappelle qu'à la veille de l'échéance présidentielle de 2000, vous avez pris l'initiative de publier votre bulletin de santé et vous promettiez aussi de le faire régulièrement une fois installé au pouvoir. Seulement, nous constatons que depuis lors, vous n'avez pas satisfait à une telle promesse, alors que le pays bruit de rumeurs sur votre santé. Que pouvez-vous dire pour rassurer les citoyens, mais aussi, qu'est-ce qui vous empêche de publier votre bulletin de santé pour tuer la rumeur une bonne fois pour toutes ?

Abdoulaye WADE

Simplement parce que, pour les Sénégalais qui me voient tous les jours, il n'y a pas de meilleur bulletin de santé que ça.

Ulysse GOSSET

Mais le Président Bush publie son bulletin de santé, le Président Sarkozy, et vous ?

Abdoulaye WADE

Ça ne me dérange pas. Je les publie et après cela donne lieu à des commentaires, on a vu des spécialistes de ceci ou de cela. Moi, je me porte bien. Je n'ai pas de diabète, je n'ai pas de problème de cœur, je n'ai pas de problème d'artères, je n'ai pas de problème de cerveau…

Ulysse GOSSET

Mais pourquoi ne pas le publier, alors ?

Abdoulaye WADE

Mais je peux le faire. Je peux le publier. Je peux même demander à ce qu'on fasse le choix du médecin, mais ensuite il ne faut pas contester. Je suis prêt avec ce monsieur là, qui est à la tête de l'opposition la plus hostile au Président de la République, qui m'entend, on choisit, ou il choisit son médecin ou son hôpital, j'irai là-bas me faire examiner, mais alors après, qu'on ne me parle plus de ça pendant 10 ans ou pendant 15 ans.

Ulysse GOSSET

Moi je vois que vous êtes en bonne forme puisque vous avez le temps, en plus de vos activités de président, d'écrire une somme mathématique impressionnante, 850 pages, ça s'appelle Les mathématiques de l'analyse économique moderne. Et on sait que vous êtes, en plus, l'auteur de la formule miracle dite la « formule Wade », qui s'affiche sur notre écran, une formule qui est une façon de mieux répartir la manne du pétrole aux pays africains. (Pt - 29) Qt = St. Ce sont des chiffres auxquels je ne comprends rien, mais vous avez une façon exceptionnelle d'être à la fois président et mathématicien. Comment faites-vous ?

Abdoulaye WADE

Ecoutez, j'ai étudié les mathématiques, j'ai étudié la physique, j'ai étudié toutes ces sciences, tout simplement. Je sortais d'une salle d'examen, je rentrais dans une autre. J'ai une soif de la connaissance.

Ulysse GOSSET

Et vous croyez vraiment qu'on peut trouver une formule magique pour répartir la manne du pétrole ?

Abdoulaye WADE

Cette formule, oui, parce qu'elle met en présence trois grandeurs : le surprofit des pétroliers, quelques milliards de dollars ; ce que gagnent les pays qui exportent le pétrole, qui ont une rente et ne produisent rien, le pétrole se trouve dans leur sol alors que le pétrolier lui-même il a investi ; et nous les pays qui importons du pétrole, la surcharge que nous supportons, sans pouvoir rien faire, qui s'exprime en termes de milliards, aussi.

L'avantage de cette formule est de mettre tout ça ensemble. Elle dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, quelque part. Alors, cette formule je l'ai proposée en disant aux pétroliers que le coût de production du pétrole est de 6 ou 7 dollars mais là j'ai pris 29 dollars, c'est-à-dire que les 20 dollars de plus je leur en fait cadeau. mais pour tout le reste, c'est un superprofit alors je demande qu'on établisse un lien entre le surprofit du pétrole et la lutte contre la pauvreté.

Ulysse GOSSET

Vous demandez, en fait, qu'on partage les profits du pétrole.

Abdoulaye WADE

Dans la lutte contre la pauvreté.

Ulysse GOSSET

C'est réaliste, ou pas ?

Abdoulaye WADE

Dans la lutte contre la pauvreté. Je crois que les pétroliers que j'ai rencontrés à Washington au cours d'un séminaire organisé par l'Institut d'études stratégiques internationales - il y avait des pétroliers, des gens de la Banque mondiale, des professeurs d'université - n'ont pas contesté. Ils m'ont simplement dit : « Nous avons un problème, en Afrique, on détourne l'argent, alors si on donne de l'argent, etc. », alors je leur ait dit : « Ne vous en faites pas, gardez l'argent chez vous, il ne sera pas détourné, mais nous vous indiquerons les projets que vous devrez exécuter et vous les exécuterez avec nous. » Et aujourd'hui je suis en discussion avec les pétroliers de Houston, qui m'ont invité à aller les voir là-bas.

Ulysse GOSSET

En tout cas vous êtes un président qui a des solutions pour l'Afrique. Je vous propose de continuer ce débat passionnant avec vous, Monsieur le Président. Pour l'instant nous regardons ensemble le journal de France 24 et nous nous retrouvons dans quelques minutes.

Fin de la première partie.




Ulysse GOSSET

Retour sur le plateau du Talk de Paris avec notre invité, le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade. Monsieur le Président, une question cruciale : la société sénégalaise. Il semble qu'il y ait un certain désenchantement au Sénégal, il semble - on l'a vu récemment - qu'il y ait un certain ras-le-bol, un mécontentement, une angoisse face au chômage, face à la hausse des prix du pétrole. Il y a même eu des incidents très sérieux, on a parlé d'émeutes, sur le marché de Dakar. Comment va le Sénégal aujourd'hui ?

Abdoulaye WADE

Le Sénégal va très bien, très bien. Vous faites allusion aux manifestations qui ont eu lieu il y a quelques jours parce que Dakar est envahie par des marchants ambulants, ce qui donne lieu à un spectacle qu'on ne peut pas laisser durer très longtemps. J'ai pris la parole pour dire qu'il fallait arrêter de construire sur les trottoirs et sur la chaussée. J'ai parlé de ça, pas des marchands ambulants. Ces marchands ambulants ils ont voté pour moi, tout le monde sait que ce sont même des militants de mon parti.

Ulysse GOSSET

Et donc là, ils n'étaient pas contents.

Abdoulaye WADE

Non, ils n'étaient pas contents parce que mes instructions ont été mal interprétées. On s'est jeté sur ces marchands ambulants qui vivent de ce commerce, malgré tout, à la veille de la Tabaski, du Nouvel an, alors que moi je faisais allusion à des personnes qui disent avoir des relations haut placées et qui disent : « Moi, j'ai des relations à la Présidence et donc je construis mon échoppe sur le trottoir ou sur la chaussée ». Je faisais allusion à ça. Du reste, ces garçons ont fait des déclarations à la radio et à la télévision pour dire qu'eux n'avaient jamais rien cassé, mais qu'ils ont été infiltrés par d'autres groupes, et nous savons d'ailleurs par qui.

Ulysse GOSSET

Est-ce que ce n'est pas, tout de même, un symptôme de désenchantement ?

Abdoulaye WADE

Je ne crois pas. Vous savez, je suis toujours en état de grâce, c'est ça qui est extraordinaire au Sénégal. Venez faire un reportage au Sénégal et vous verrez que le miracle c'est ça. Le Sénégal est un pays bien géré, équilibré au plan macroéconomique. J'ai été félicité par le Directeur général sortant du FMI, qui a tenu à parler devant les médias, ce qu'il ne fait pas souvent, pour faire le point sur la situation du Sénégal et pour féliciter le gouvernement sénégalais. Parce que le Sénégal est dirigé par un économiste. On ne m'apprend pas à respecter les équilibres macroéconomiques. L'argent : le Sénégal est un pays pauvre, nous ne produisons que l'arachide et un peu de poisson…

Ulysse GOSSET

Un pays sans pétrole…

Abdoulaye WADE

Mais je sais où trouver l'argent. La preuve, quand vous venez au Sénégal vous trouvez maintenant les meilleures routes d'Afrique. Dakar est une capitale qui se construit, amenez votre caméra et vous pourrez le montrer. J'ai réussi sur le plan économique, j'ai réussi à créer des emplois mais le désastre que j'ai trouvé était d'une ampleur telle qu'on ne peut pas régler ça en un jour.

Ulysse GOSSET

Nous avons justement une question sur ces accords passés avec le FMI. Ecoutons ensemble.

Question

Monsieur le Président, il y a quelques semaines le Sénégal a présenté un programme extrêmement important auprès des administrations du Fonds monétaire international. Il s'agit d'un programme qui doit accompagner le développement, la croissance dans votre pays. C'est un programme extrêmement ambitieux, qui comporte une remise en ordre des finances publiques à travers, en particulier, la réduction du déficit budgétaire et la suppression des arriérés envers les entreprises. C'est une feuille de route excellente, qui doit placer le Sénégal sur la voie de l'émergence. Comment envisagez-vous de le mettre en œuvre tout en préservant la stabilité sociale dans votre pays ?

Abdoulaye WADE

Dans ce que j'ai fait jusqu'à présent, le FMI me félicite, la Banque mondiale me félicite, l'Union européenne me félicite, donc je crois que c'est l'essentiel. D'ailleurs, avec le FMI nous sommes arrivés depuis l'année dernière à ce qu'on appelle le « point d'achèvement » du programme. Autrement dit : nous avons tellement bien exécuté le programme du FMI, c'est-à-dire qu'aujourd'hui je pourrais dire « Merci messieurs, nous avons terminé », mais nous avons choisi de rester avec le FMI, pour qu'il nous donne des conseils. Maintenant nous avons un programme sans déboursement, mais ils ont pensé qu'avec tous les efforts que l'on avait fait, il fallait continuer quand même à financer notre économie. Nous ferons ce que nous avons fait jusqu'à maintenant : diriger le pays de manière rationnelle et surtout mettre en scène le secteur privé. Le secteur privé est encore faible, il manque d'opportunités. Je lance des projets, je fais des projets et après j'appelle le secteur privé. Souvent, l'Etat est porteur de parts, mais ça c'est parce que je suis un économiste.

Ulysse GOSSET

Vous avez jusqu'à 2012 pour réussir. Il y a un autre président qui s'en va, en 2008, c'est le Président Bush et nous avons réalisé pour France 24, avec le quotidien International Herald Tribune et, grâce à notre partenaire, l'institut de sondage Harris Poll, un grand sondage dans toute l'Europe et aux Etats-Unis pour savoir quel était, du point de vue des sondés, le bilan de Georges Bush. Je vous propose de le découvrir ensemble.

Diffusion du reportage.

Ulysse GOSSET

Baisse d'influence de l'Amérique dans le monde. Quelle est votre réaction face à ce sondage de Harris Interactive ?

Abdoulaye WADE

D'abord, tout le monde sait que le Président Bush est un ami. Ce n'est pas parce qu'il est en baisse dans les sondages que je vais dire le contraire.

Ulysse GOSSET

Non mais c'est la baisse d'influence de l'Amérique qui est en question…

Abdoulaye WADE

Oui, mais c'est important et je parle ici pour tout le monde. Je constate malheureusement la dégradation de sa cote, en raison de la politique qu'il a faite aux Etats-Unis. Je dois dire aussi que malgré les rapports que nous avons, ils n'a rien fait de spécial pour le Sénégal. Il y a seulement une coopération ordinaire avec les Etats-Unis, il n'y a rien d'exceptionnel comme il l'a fait avec certains autres pays. Je pense que c'est un peu la loi de la politique : ça monte, ça descend, malheureusement sa cote baisse.

Ulysse GOSSET

Mais il y a un déclin de l'Amérique, que vous ressentez aussi en Afrique ?

Abdoulaye WADE

Non, il n'y a pas de déclin de l'Amérique, je crois que c'est un peu stationnaire. Par moment on a dit : « Le Président Wade favorise les Américains au détriment de l'Europe et des Français ». C'est faux : les Américains n'investissent pas en Afrique, ils investissent aux Etats-Unis, toute chose restant égale par ailleurs, ils investissent relativement plus aux Etats-Unis qu'ailleurs. L'aide américaine se poursuit normalement, mais ce n'est pas du tout l'aide exceptionnelle que nous recevons de l'Union européenne ou de la France. Ce n'est pas sur le même plan.

Ulysse GOSSET

Deuxième aspect de cette élection américaine : pour la première fois, on va peut-être voir une femme arriver à la Maison Blanche ou même, peut-être, un Noir, en la personne de Barack Obama. Je vous propose de regarder ensemble à nouveau ce sondage de Harris Interactive, qui va être publié par l'International Herald Tribune et par France 24, un sondage commenté par Pierre Ludovic Viola.

Diffusion du reportage.


Ulysse GOSSET

Votre réaction, Monsieur le Président ? On voit que les Européens sont plus favorables à l'élection d'une femme que les Américains eux-mêmes, et surtout aussi pour les Noirs il y a encore plus de résistance aux Etats-Unis.

Abdoulaye WADE

Je crois que c'est important mais il ne faut quand même pas exagérer. Condoleezza Rice est noire, mais elle n'a rien fait d'extraordinaire pour les Noirs. L'Américain est américain, qu'il soit blanc, jaune ou rouge, il faut partir de là…

Ulysse GOSSET

Votre réaction à ce sondage sur la perspective de voir une femme à la Maison Blanche ?

Abdoulaye WADE

Moi je me réjouirais vraiment de voir une femme à la tête des Etats-Unis, car je fais la promotion des femmes. Dès que j'ai été élu, j'ai nommé une femme Premier ministre et dans quelques jours il pourrait y avoir au Sénégal quelques changements en ce sens au niveau des grandes institutions de l'Etat. Ensuite c'est grâce à un amendement que j'ai présenté qu'il y a quatre femmes et quatre hommes au niveau de l'Union africaine pour diriger l'Union. Et en ce moment on cherche une personne pour diriger la Commission de l'Union africaine, ce qui correspond à un gouvernement de l'Afrique, et jusqu'à aujourd'hui j'ai soutenu une femme, donc je me réjouirais qu'une femme soit à la tête des Etats-Unis.

Ulysse GOSSET

Vous annoncez donc qu'une femme va être promue à de hautes fonctions au Sénégal, vous disiez ?

Abdoulaye WADE

Absolument.

Ulysse GOSSET

Dans quel poste ?

Abdoulaye WADE

(rires) Vous le verrez bientôt.

Ulysse GOSSET

A l'Assemblée nationale… ?

Abdoulaye WADE

Je ne sais pas, je ne peux pas vous le dire. (rires) Mais ça se pourrait.

Ulysse GOSSET

Le deuxième aspect serait de voir un Noir à la Maison Blanche pour la première fois dans l'Histoire des Etats-Unis.

Abdoulaye WADE

Alors c'est là que je voulais dire que, noir ou blanc, ce n'est pas ce qu'il y a de plus décisif. Condoleezza Rice est noire, j'ai d'excellentes relations avec elle, mais il ne faut pas s'attendre à des miracles. Je suis panafricaniste, pour les relations entre l'Afrique et la diaspora, mais elle ne s'est pas particulièrement manifestée dans ce domaine là.

Ulysse GOSSET

Mais quand même, un Noir à la Maison Blanche, pour vous qui êtes africain, ce serait un interlocuteur…

Abdoulaye WADE

Ce serait une révolution.

Ulysse GOSSET

Ce serait une révolution, vous dites.

Abdoulaye WADE

Oui, ce serait une révolution, ce serait très bien. Et d'ailleurs les sondages aux Etats-Unis montrent qu'il y a quelque chose que les gens comprennent très mal. C'est que finalement, comme je l'ai dit il y a plusieurs années, au vingt-et-unième siècle, ce qui sera important, ce ne sera pas la couleur de la peau, mais l'expertise, la compétence, la rapidité et la vitesse. C'est ce qu'ils sont en train de faire aux Etats-Unis et moi ça ne me surprendrait pas. Ce serait une excellente chose.

Par ailleurs je fais la promotion des femmes et vous savez pourquoi ? Parce qu'une femme aiderait les femmes, qui sont en retrait, car les femmes étaient très en retard par rapport aux hommes. Le Libéria a une présidente et je peux vous assurer qu'elle tient bien sa place parmi les chefs d'Etat.

Ulysse GOSSET

Une autre affaire qui a beaucoup marqué les esprits en Afrique et en Europe, celle du Tchad, où une organisation humanitaire, l'arche de Zoé, a eu des pratiques qui ont été condamnées. D'ailleurs ses responsables sont maintenant en prison, dans l'attente d'être jugés. Quelle a été votre réaction à ce que l'on appelé « les dérives de l'humanitaire » ?

Abdoulaye WADE

Tout d'abord, il faut savoir que, dès le départ, j'ai été saisi par le Président d'Espagne, M. Zapatero qui, connaissant mes relations avec le Président du Tchad, m'a demandé d'intervenir pour faire libérer les Espagnols. Je ne dis pas que c'est moi qui les ai fait libérer mais en tout cas j'ai saisi le Président Déby qui m'a dit : « Ne t'en fais pas, on fait les enquêtes et on les libère ». Et il y a eu l'intervention de la France et c'est tout ça qui a concouru à les libérer.

Dans cette affaire-là, quelle est la vérité ? On ne sait pas. On ne sait pas si ce sont des négriers modernes ou si ce sont des farfelus qui se sont dit : « Les enfants sont malheureux, on va les prendre pour les placer quelque part », ou peut-être : « On les prend pour les vendre », parce qu'il y a encore un trafic d'enfants. Mais on ne sait pas. Je crois que quand le Tchad aura publié les résultats de l'enquête on pourra se faire une idée. Quoiqu'il en soit, même avec les meilleures intentions du monde, on ne va pas dans un pays pour prendre des enfants et les mettre clandestinement dans un avion sans avertir les autorités du pays. C'est inacceptable.

Ulysse GOSSET

Alors, à propos du Darfour puisque nous en sommes tout proches, est-ce que vous soutenez la perspective d'une force interafricaine, une force de paix, au Darfour ?

Abdoulaye WADE

Oui, je suis là-dedans depuis le départ.

Ulysse GOSSET

Et vous maintenez vos soldats.

Abdoulaye WADE

Chaque fois qu'il y a eu des difficultés entre le Conseil de sécurité et le Soudan, c'est moi que le Président Bush appelle, pour dire : « Je vous demande si vous pourriez voir ça, avec vos collègues, etc. ». Je suis en plein dedans. Je suis ami du Président du Soudan et j'ai toujours été pour la force hybride, mais il y a des difficultés car le Président a aussi des inquiétudes. Il dit : « Je ne veux pas des Népalais, je ne veux pas des Thaïlandais, moi je veux soit des Africains, soit des ressortissants des pays islamiques. » Et pourquoi on ne prend pas dans les pays islamiques ? Il y a 1,25 milliards de musulmans dans le monde, pourquoi aller toujours au contraire de ce qu'il veut ? Je pense qu'il ne faut pas lui imposer. Maintenant, il est contre les Chinois. Les Chinois viennent simplement en assistants techniques, en experts.

Ulysse GOSSET

Vous pensez qu'on va mettre un terme à cette crise du Darfour ?

Abdoulaye WADE

Moi je le crois. A un moment donné, je ne m'étais pas découragé, mais je m'étais retiré. J'ai fait beaucoup d'efforts avec lui, je suis allé le voir, nous avons discuté de long en large et il m'a dit un jour : « Si je devais faire ça, je préférerait démissionner ». Bon. Mais finalement il a fait quelques pas. Donc il fait quelques pas. C'est difficile. Moi je pense qu'avec un peu de patience - aujourd'hui je suis plus optimiste - avec un peu de patience on doit y arriver. Mais il ne faut pas fixer de date comme « le 15 janvier il faut que toute la force soit là », non. Je pense qu'avec le Président du Soudan, il faut un peu de souplesse. Je pense que les choses vont un peu mieux puisqu'il a accepté les troupes des Nations unies. Il a accepté les troupes des Nations unies, c'est ça qui est extraordinaire. Au dernier moment, vous savez ce qui s'est passé, une fois qu'il avait accepté ? Il y a eu le problème du béret. Le problème du béret parce qu'il a dit qu'il voulait pas du béret. On lui a donc parlé pour lui faire accepter le béret des Nations unies, le béret bleu des Nations unies. Alors le résultat final c'était que les troupes des Nations unies portent le béret bleu et les troupes africaines portent le béret vert de l'Afrique. Donc il y a de petites choses comme ça qui peuvent surgir où, quand même, entre Africains, nous pouvons faire quelque chose. Je suis relativement optimiste.

Ulysse GOSSET

Revenons un instant au Sénégal où, vous le savez, il y a toujours cette volonté de dialogue entre vous, le Président réélu et l'opposition. Je vous propose d'écouter une nouvelle question qui nous est parvenue grâce à l'un de nos téléspectateurs par webcam.

Question

Sémou Pathé Gueye

Monsieur le Président, vous avez souvent dit, à l'intérieur du pays comme à l'extérieur, que vous étiez un homme de dialogue. Alors, je voudrais savoir pourquoi, jusqu'à présent, vous avez refusé de donner suite à la proposition de l'opposition d'aller vers des assises nationales qui seraient ouvertes à tout le monde, y compris à votre gouvernement. Est-ce vous ne pensez pas que ce refus d'aller aux assises est en contradiction avec votre volonté, déclarée du moins, de dialoguer avec tout le monde pour l'intérêt du pays ?

Abdoulaye WADE

M. Sémou, il s'agit de savoir si vous parlez de dialogue ou si vous parlez de conférence nationale, comme cela s'est passé au Bénin. De conférence nationale, il n'en est pas question. Le Sénégal a voté il y a quelques mois, il n'y a pas de meilleure tribune de dialogue que celle-là. Avant ces élections, pendant deux ans, on a fait de la campagne électorale. On a fait des réunions, chaque candidat est allé un peu partout et vous voulez encore qu'on recommence à faire des assises nationales ? On travaille, nous on travaille…

Ulysse GOSSET

Donc dialogue oui, mais pas d'assises nationales…

Abdoulaye WADE

C'est fini ça, les assises nationales, c'est fini, c'est terminé. Maintenant, s'agissant du dialogue avec les partis politiques, effectivement je suis un homme de dialogue, je voulais les rencontrer. Mais le lendemain des élections, ils ont déclaré qu'ils ne me reconnaissaient pas comme Président. J'ai dit : « C'est très bien, moi aussi je vous ignore ». Et nous en sommes là, je les ai ignorés. Après les présidentielles, aux législatives et jusqu'à présent. Alors ils me disent : « Oui, on vous reconnaît puisqu'on vous a écrit une lettre en écrivant Monsieur le Président ». J'ai dit : « Oui mais ça c'est entre vous et moi, mais vis-à-vis de l'opinion… »

Ulysse GOSSET

Donc, comment on fait pour sortir de la crise ?

Abdoulaye WADE

Non, on sortira de la crise. Tout simplement parce que j'avais un terme. Je l'ai indiqué au Président Sarkozy, qui m'a demandé si j'allais dialoguer avec l'opposition. J'ai dit : « Oui, quand j'aurai terminé de mettre toutes les institutions en place ». Il en a reçu une, c'est le Conseil économique et social. La loi a été votée, dans quelques mois le Conseil sera en place. Toutes les instances républicaines seront en place. Alors, à ce moment-là, je les inviterai à dialoguer.

Ulysse GOSSET

Dernière question, Monsieur le Président : le sommet de Lisbonne. Le Président Mugabe vient au sommet, mais le Premier ministre britannique n'y va pas. Gordon Brown déclare forfait. C'est une erreur de sa part ?

Abdoulaye WADE

C'est une erreur, à mon avis. Moi, je reviens du Zimbabwe. J'avais pour idée depuis longtemps d'y aller, mais j'ai profité de l'occasion, à la veille du sommet de Lisbonne, pour y aller et pour discuter avec Mugabe, pour découvrir en fait, d'abord, que tout ce qu'on raconte sur le Zimbabwe est faux. D'abord, le Zimbabwe n'est pas un pays qui s'effondre, il n'y a pas la famine…

Ulysse GOSSET

Mais ce n'est pas une démocratie quand même…

Abdoulaye WADE

Absolument pas, absolument pas. Le Président Mugabe est solide là où il est.

Ulysse GOSSET

Donc il faut dialoguer avec lui…

Abdoulaye WADE

Oui, on peut. Donc moi, je suis allé là-bas d'abord pour voir la réalité. Ce n'est pas du tout ce que j'imaginais ou ce qu'on raconte ici. Et ensuite parce que j'ai constaté que cet homme n'a pas été aidé par les autres chefs d'Etat africains. On ne parle que du dialogue entre lui et l'opposition (il y a un problème, effectivement), qui aujourd'hui est potentiellement terminé parce qu'ils se sont mis à discuter, ils sont d'accord sur la constitution, ils sont d'accord même sur la loi électorale. Donc on va vers des élections l'année prochaine, c'est terminé. Mais les chefs d'Etat africains ne se sont jamais préoccupés de rechercher un dialogue entre le Zimbabwe et l'Angleterre. Moi j'y suis allé pour ça. Mugabe est tout à fait disposé à le faire. Moi, revenu de ma mission, j'ai écrit au Président de l'Union africaine en lui disant de prendre les choses en main, de mettre en place une Commission de cinq chefs d'Etat pour établir des relations avec l'Angleterre et discuter. C'est le problème du dédommagement des colons et je pense que Monsieur Brown a commis une erreur. Même s'il a commis une erreur, moi je lui tendais la perche, je lui donne l'occasion. Après mon passage au Zimbabwe, j'ai lancé l'idée d'une Commission, j'ai voulu aller le voir pour lui dire, maintenant, les conditions du dialogue sont ouvertes. En mon nom personnel et au nom de l'Afrique, venez à Lisbonne parce vous êtes isolé. Les Africains ont dit : « Si Mugabe n'y va pas, on n'y va pas ». Le Portugal tient à son sommet, les Européens ne sont pas avec vous puisqu'ils seront à Lisbonne, donc ne restez pas isolé. J'espère qu'il m'entend grâce à cette émission pour changer d'avis et venir à Lisbonne.

Ulysse GOSSET

Monsieur le Président, ce sera la mot de la fin. Merci encore d'avoir participé à cette émission exceptionnelle, puisque je vous rappelle que c'est le premier anniversaire de France 24. France 24 souffle sa première bougie. Merci et rendez-vous la semaine prochaine pour une nouvelle édition du Talk de Paris.


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