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Politique

Interview Serigne Mbacké Ndiaye «Je ne vois pas pourquoi Wade et Idy ne devraient pas se retrouver»

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Interview Serigne Mbacké Ndiaye «Je ne vois pas pourquoi Wade et Idy ne devraient pas se retrouver»
Il est membre du bureau politique du Parti de la réforme (Pr), et chargé des relations avec les partis politiques. Il a été à un moment donné, un pion central dans les négociations entre Wade et Idy. Malgré la sortie de Wade contre Idy, qui garde pour le moment le silence, l’homme est convaincu qu’il peut encore y avoir des retrouvailles entre les deux hommes. Il revient aussi sur les raisons de la défaite de l’opposition, qu’il a fréquentée pendant un bon moment. Tout dans cette interview.

Vous faites partie des personnes qui à un moment donné, avaient joué un rôle dans le différend entre Wade et Idy ; au vu des dernières révélations, quel commentaire pouvez-vous faire à ce sujet ?

Rien ne me surprend ; dans la mesure où j’essaie à tout moment de savoir raison garder. Idrissa et Abdoulaye Wade ont cheminé pendant longtemps. J’ai connu Idrissa Seck au Pds, alors que j’étais responsable les jeunes libéraux de Thiès. Il venait tout fraîchement d’arriver dans le parti. Comme je connais également Me Wade. Et quand j’ai eu l’initiative, sans qu’on me demande d’aller voir le Président et Idrissa Seck, d’engager une discussion à ce niveau-là, je ne voulais même pas savoir ce qu’il y avait réellement entre Wade et Idrissa Seck. Ça ne m’intéressait pas. Ce qui était important pour moi à l’époque, c’était qu’il sorte de prison, qu’il y ait la paix et la sérénité dans le pays. Qu’ils puissent se retrouver et travailler pour notre pays. Aujourd’hui, je suis exactement sur les mêmes positions. Je ne désespère pas de les voir uni pour l’intérêt supérieur de la nation. Quel que soit ce qui se dit, quel que soit ce qui se passe, les retrouvailles entre tous les libéraux vont s’opérer.

Etes-vous prêt à reprendre votre bâton de pèlerin?

Je suis prêt et disposé à le faire. Dieu ne va jamais descendre sur terre pour nous confier telle ou telle mission. Je connais les potentialités que j’ai, parce que ce sont mes aînés qui sont dans la scène politique. J’ai aujourd’hui la possibilité, tous les jours, de voir tous les leaders politiques, qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir. Tout le monde le sait : Tanor est mon grand frère et c’est mon ami. J’ai les mêmes relations avec Moustapha Niasse, Idrissa Seck est mon ami, Wade est plus qu’un père pour moi. Si j’ai ces potentialités-là, j’ai une mission dans ce pays : arrondir les angles, mettre les uns à côté des autres, au lieu de mettre l’un face à l’autre. Parce que nos modestes personnes n’ont aucune espèce d’importance. Ce qui est important pour moi c’est le pays. Les hommes passent, mais notre pays demeure. Je voudrais que demain, on dise au moins que d’une manière très modeste, j’ai eu à contribuer à ramener la paix et la sérénité dans ce pays.

Même après ce que Me Wade a dit ?

J’estime que s’il y a des choses qui se sont passées entre Wade et Idy, l’important est qu’ils se sont rencontrés à quatre reprises, le mois dernier, et personne ne sait ce qu’ils se sont dit. C’est une cuisine interne. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il y ait la paix et la sérénité dans ce pays. Je continue à dire ce que je disais et je continue à faire ce que je faisais. Il faudrait que les uns et les autres puissent se retrouver et taire les querelles qui n’ont aucune importance pour notre pays. On a besoin de travailler. Il faut que les gens se mettent définitivement au travail. On ne peut pas travailler au moment où les gens se tirent dessus. Raison pour laquelle, les gens doivent revenir définitivement à la raison. Je ne désespère pas. Ce matin, j’en discutais avec un ami, et je lui disais que je ne vois pas pourquoi Wade et Idrissa Seck ne devraient pas se retrouver. Je ne vois aucune entrave à ça. Ils peuvent effectivement se retrouver et continuer à travailler ensemble. S’ils se réclament tous du libéralisme.

Quelle lecture faites-vous de la défaite de l’opposition, vous qui avez été, pendant un moment, membre de cette opposition ?

Cette défaite était prévisible. Dans la mesure où les Sénégalais s’attendaient à un signal fort de l’opposition. Une unité sincère, un programme cohérent, des hommes déterminés à aller à l’assaut du pouvoir. Une opposition ayant tiré définitivement les leçons de son échec, (je parle du Parti socialiste (Ps) et de ses ramifications). Le peuple sénégalais s’attendait à un signal fort, qui n’est pas venu. Au moment où cette opposition était là à Dakar dans les salons en train de discuter de tout et de rien, à sortir des communiqués, le pouvoir était sur le terrain. Et d’une manière ou d’un autre, le Pds était en train de réaliser un certain nombre de choses. En termes de réalisations, le candidat sortant a posé des actes qui avaient une signification réelle chez les populations. Ce sont les infrastructures. On ne peut pas parler de développement dans un pays tant qu’on n’a pas réglé la question des infrastructures. Quand j’entends des leaders et pas des moindres, dire qu’on ne mange pas des routes, les routes ne nourrissent pas les populations, c’est malheureux d’entendre des hommes qui aspirent à diriger ce pays, tenir de tels propos. Je donne l’exemple de la ménagère qui quitte Yoff le matin pour venir vendre son poisson à Sandaga le matin. Si elle n’a pas de routes praticables, elle quitte à six heures du matin pour arriver à Sandaga à midi. Si la question de la mobilité urbaine est réglée, elle met cinq minutes pour arriver à Sandaga. C’est valable également pour l’investisseur qui fait cinq heures entre Paris et Dakar, et qui met deux heures à trois heures pour quitter l’aéroport de Dakar et venir à l’hôtel Terranga. Donc la question de la mobilité urbaine est essentielle… Il y a un fossé entre la mentalité des Sénégalais qui sont à Dakar et ceux de l’intérieur. Président Wade essayait de faire bouger les choses, avec des difficultés certes, mais il y avait une volonté réelle. Contrairement à ce qui a été dit, la défaite de l’opposition n’est pas surprenante. Je vous ramène à plusieurs sorties de mon ami et frère Amath Dansokho. Qui disait que si l’opposition va aux élections dans ces conditions-là, elle va être laminée. Il le disait parce que pour lui, et tout le monde était d’accord, il fallait régler la question de l’unité de l’opposition. Et il fallait donner un signal fort aux Sénégalais. Tous les partis ne peuvent pas dire qu’ils sont contre Wade, veulent travailler pour le pays, sans pouvoir s’entendre. Il y a le processus électoral, que l’opposition n’a pas suivi du début à la fin. Depuis les inscriptions sur les listes électorales, jusqu’à la publication, l’opposition n’a pas suivi. Dans ces conditions, l’opposition savait qu’elle s’engageait dans des élections qu’elle allait perdre. Maintenant ce qu’elle ne savait pas c’était l’ampleur du score. La défaite était programmée, parce qu’une élection, c’est un processus qu’il faut suivre du début à la fin.

Quand est-ce que Amath Dansokho a eu à tenir de tels propos ?

Dans nos réunions quotidiennes. Il l’a dit en privé et en public. Il a toujours dit, il a insisté. Et vous êtes d’accord avec moi qu’il s’est battu jusqu’à la dernière minute pour qu’il y ait un candidat de l’opposition. Est-ce qu’il avait raison ou pas, je n’en sais rien du tout. Ce qui est vrai c’est que l’opposition issue des flancs du Parti socialiste a manqué de courage. Parce qu’au lendemain de la défaite du Ps, avant de se retrouver dans une alliance, Cpc d’abord, ensuite Cpa, il fallait évacuer un certain nombre de choses. Parce que si on dit les choses telles qu’elles se présentent, les militants du Ps n’ont jamais pardonné à Moustapha Niasse la défaite de l’an 2000. Moustapha Niasse avait ses raisons de se comporter ainsi, mais j’estime que courageusement les gens devaient vider ce contentieux. Il est là et constitue une difficulté pour qu’il y ait une unité.

2) Que vous inspire le déterrement de certains dossiers sales de leaders de l’opposition ?

Par nature, je suis un homme optimiste. Je vois toujours les choses du bon côté. Et Me Wade a subi une déformation professionnelle. En sa double qualité d’avocat et d’enseignant, il veut toujours convaincre son monde ; et en cherchant à convaincre son monde, il va jusqu’au moindre détail. Ce que j’appelle la broderie dans son discours. Qui n’a rien à voir avec l’essentiel de ce discours. Le Président a dit, «il ne faut pas qu’un leader soit arrêté». En précisant qu’il n’est pas maître de la justice, ce qui le concerne c’est entre l’exécutif et le procureur, mais il n’est pas maître devant le juge. Donc première affirmation, il ne veut pas qu’un leader politique soit arrêté. Si cette question est réglée, les autres leaders ont intérêt à clarifier cette affaire. L’homme politique n’a pas peur d’une condamnation par le tribunal. Mais de la condamnation par l’opinion. C’est mauvais pour un homme tout court, mais c’est davantage mauvais pour un homme politique. Donc eux-mêmes ont intérêt que les choses soient tirées au clair. D’ailleurs, avant cette élection de 2007, il y a même certains leaders de l’opposition qui voulaient aller avec mon ami et frère Idrissa Seck, qui disaient souvent qu’il faut qu’on clarifie un certain nombre de choses. Alors,la première proposition de Wade c’est qu’on n’emprisonne personne. Mais il a aussi renouvelé son appel au dialogue politique. Malgré la victoire, il tend la main à tout le monde et c’est devenu une obsession pour lui. Durant l’année 2006, il m’a reçu une trentaine de fois. Et à chaque fois il était question du dialogue. Il a fait vraiment toutes les propositions imaginables, pour que les gens puissent discuter avec lui et arriver à des solutions consensuelles. A partir de ce moment, je crois que nous sommes tous interpellés, partis politiques, chefs religieux, organisations de la société civile, pour qu’on puisse voir comment mettre en forme cette idée de Wade. Parce qu’à plusieurs reprises quand il lançait un appel à l’opposition, il y a tout le temps eu des problèmes. Soit c’est Amath Dansokho qui est menacé d’arrestation, soit c’est Mamadou Sène, ensuite c’est Jean Paul Dias. Finalement, les gens ont dit à sept mois des élections : qu’est-ce qu’il faut lui dire ? Maintenant que les élections sont derrière nous, c’est le moment. En tout cas, je prendrai des initiatives pour aller discuter avec les uns et les autres. Toutes les personnalités capables d’aider à ces retrouvailles-là, qu’on puisse discuter autour d’une table et voire ce qu’il y a de bon à faire pour ce pays. A l’approche des prochaines élections, les gens reprendront leurs initiatives. Me Wade l’a souvent fait. A l’approche des élections, il quittait pour affronter Abdou Diouf. Ce qui est important ce sont les retrouvailles et j’invite tous les Sénégalais à travailler autour de ça.

Les perspectives du Parti de la réforme ?

D’abord, nous avons participé activement et parfois de manière très discrète à la réélection de Wade. Vous aurez remarqué que notre leader Abdourahim Agne était très effacé pendant cette campagne. On l’a rarement vu aux côtés de Me Wade. Et pourtant il a passé toute la campagne sur le terrain. Au-delà de ce que faisait le Président, il avait des contacts avec certains notables de ce pays, ceux qu’on appelle les grands électeurs, qui sont souvent ses parents de la communauté hal-pular. Il a fait presque toutes les régions du pays. J’ai été avec lui à Thiès. Maintenant, nous avons un parti qui a de l’avenir. L’avenir du Pr c’est comme celui de tous les autres partis : la conquête du pouvoir. Ça passe par beaucoup de ramifications. L’essentiel pour nous, c’est que notre parti est en train de s’implanter davantage, d’élargir ses bases, de densifier le recrutement des militants. Ce qui fait que nous allons vers des législatives où nous serons encore avec le Pds, parce que nous avons discuté dans ce sens-là. Et ensuite nous irons aux élections locales. Le Parti de la réforme a pris son envol et s’organise au plan national comme international.




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