Issa Thioro GUEYE : « Le prochain président ne doit pas dépasser 50 ans»

Le président du Mouvement Beug Sénégal (BS-BESSAL) nous a accordés une interview sur la vie politique nationale et sur les objectifs de son Mouvements. Juste rappeler qu’Issa Gueye est un journaliste et un consultant en communication, spécialiste en science de la formation. Entretien…

Monsieur Issa Thioro Gueye pourquoi vous avez en tant que journaliste décidé de descendre dans l'arène politique ? 

Ce n’est pas le journaliste qui descend dans l’arène politique. C’est plutôt un citoyen qui a plusieurs casquettes qui fait la promotion de la démocratie citoyenne après avoir constaté la débâcle de la démocratie politique dans notre pays. Il s’agit pour nous, membres du mouvement Beug Sénégal, d’insister plus sur le social et l’économie que sur la politique qui, comme tout le monde le sait, est frappée par l’usure et l’incapacité de ses tenants à apporter des solutions aussi bien sur le plan social que sur le plan économique. Cela ne veut pas dire que le mouvement lutte pour la suppression et/ou pour la disparition des partis politiques. Loin de là… La lecture que nous avons et faisons de l’avènement remarqué des mouvements citoyens dans le champ démocratique est non politique. Même si tout se dit politique au Sénégal, c’est que les mouvements dits citoyens viennent compléter les partis politiques qui, à eux seuls, ne sauraient faire la démocratie. C’est la raison pour laquelle nous avons théorisé autour de l’idée de « démocratie totale », pleine et entière. En effet, ce qu’il y a lieu de retenir c’est la citoyenneté que nous essayons de mettre en avant et ce, par rapport aux politiques traditionnels qui excellent dans la polémique le plus clair du temps au lieu d’apporter des solutions au vécu des populations. De plus en plus, on l’a remarqué : la revendication sociale et économique n’est pas portée par les politiques mais par les populations elles-mêmes. Autant je suis un journaliste et un consultant en communication, autant je suis un spécialiste en science de la formation et un expert en mise en marché qui s’active dans l’identification de marchés porteurs et le positionnement des produits sur lesdits marchés en passant par des approches hautement professionnelles comme le benchmarking, le matching entre autres ainsi que par la diffusion de l’information commerciale auprès de cibles bien définies. C’est dire que j’ai plusieurs casquettes sans compter mon implication et ma représentation dans les mouvements associatifs. Parce que je suis  le vice-président du seul club d’élite de la ville de Rufisque qui est l’ASC Yakaar et membre du Conseil d’Administration de la Ligue sénégalaise de football professionnel. Somme toute, ce n’est pas un journaliste qui descend dans l’arène politique mais un serviteur de son peuple qui voudrait s’affirmer dans l’espace démocratique au moyen de sa littérature et de ses convictions à partager et à faire partager pour un Sénégal éclairé.

Bessal veut dire quoi? 

«Beug Sénégal» : B (beug) et S (Sénégal) et la contraction donne «BS » qui phonétiquement renvoie à la nouveauté qui signifie en Wolof «bess». C’est pourquoi mon cri de guerre est «Bessal» et le tout donne : «Beug Sénégal (Bs-Sessal).

Que vous inspire ce débat sur la candidature du Président Wade?

C’est un débat à trancher par le Conseil Constitutionnel certes. Or, les politiques ont déjà fini de dire leur droit. Ce que je trouve regrettable dans une démocratie. Pour le Mouvement BS-BESSAL qui se soucie bien des conséquences qui pourraient naître de la polémique autour de la candidature du président Wade, le débat n’est pas l’attente de ce qui sera décidé par le Conseil Constitutionnel mais bien dans le sacrifice que nous devrons consentir afin de sauver le Sénégal d’un possible « imbroglio constitutionnel ». Aujourd’hui, tout le monde peut dire qu’il n’y aura pas de problème ou d’impasse mais si le problème intervient à l’avenir il faut que ceux-là qui ont préféré regarder ailleurs l’assument. Les recommandations et/ou propositions du mouvement ne sont pas de nature à fausser le jeu démocratique ou encore à chambouler le calendrier électoral mais consistent à attirer l’attention des uns et des autres sur le règlement définitif de tous les problèmes dits institutionnels ainsi que sur le toilettage de toutes les confusions notées autour de la constitution. Nous estimons qu’après Wade, plus personne ne devrait s’employer à avoir un mandat de réparation ou de redressement mais un mandat de développement axé sur le social et l’économie.

Récemment un internaute a réagi par rapport à votre déclaration. Comment trouvez-vous sa sortie?
 
En ma qualité de coordonnateur du Mouvement BS-BESSAL, je voudrais féliciter celle ou celui qui a bien voulu réagir suite aux propositions du mouvement et dire que ce qui importe pour le mouvement c'est le débat d'idées et non la polémique. Je voudrais aussi réaffirmer que dans le débat chacun doit porter sa vision si tant et que cela doit se faire dans la cordialité.

Ne pensez vous pas qu'il a raison en disant qu'il est hors de question que l'on touche à la Constitution pour organiser la présidentielle en 2014?
Le mouvement a donné, sans parti pris, les raisons qui l'ont amené à faire toutes ses propositions et s’est fondé sur un constat et une tare bien sénégalaise pour alerter l'opinion : l'euphorie qui gagne les sénégalais souvent, surtout en période électorale. Autant au sortir de la présidentielle de 2000, la plupart des sénégalais n'avaient pas remarqué les nombreux manquements et autres subterfuges contenus par et dans la charte fondamentale au point que toute la classe démocratique verse aujourd’hui dans la polémique autour de la recevabilité de la candidature annoncée du président Wade. Au passage, je ne sais même pas si cette candidature est constitutionnellement officielle, politique tout court, ou symbolique pour l'honneur. Je ne sais pas non plus si Wade va écourter son mandat mais une chose est sûre : tout est possible dans ce Sénégal de tous les possibles. Autant, à quelques mois de la présidentielle de 2012, plusieurs de mes compatriotes versent dans l'euphorie de la "défaite programmée de Wade ou de son camp" ainsi que "la victoire programmée d'un camp adverse" au point de ne pas analyser ce qu'il en sera. Alors, qui sait ? En fait, ce qui a le plus motivé le Mouvement BS-BESSAL dans sa proposition de référendum en 2012, de report de la présidentielle en 2014 et de législatives anticipées en 2011, découlait de trois points principalement :

1- que le Sénégal, après Wade, ne puisse avoir à polémiquer autour de la constitution. Un texte fondamental doit être sacré, on ne le touche que quand c’est nécessaire et favorable aux aspirations du peuple ;

2- que le Sénégal puisse avoir avant 2012 une Assemblée où toutes les parties prenantes actuelles, je veux parler des Mouvements citoyens et des partis politiques ayant boycotté les législatives de 2007, vont être représentés ;

3- que les Mouvements citoyens ou partis politiques ayant boycotté les législatives de 2007, n'ayant pas de représentant à l'Assemblée, ne soient pas surpris pas un acte majeur que pourrait mettre sur la table parlementaire le pouvoir pour conserver le pouvoir. La remarque étant de taille : c'est le seul lieu du débat où les Mouvements citoyens ou partis politiques ayant boycotté les législatives de 2007 ne sont pas représentés, si tant et que les autres référentiels du débat que constituent la presse et la littérature politique de plus en plus investie par les sénégalais dont moi-même n’en parlent pas ou du moins ne le soupçonnent pas.  C’est vous dire que toute la suite du débat pourrait s’y jouer, constitutionnellement bien surtout ! Et ce serait bien regrettable pour toute la classe politique. Je rappelle que le Mouvement BS-BESSAL est un cadre indépendant et libre, animé par des esprits libres qui se sont toujours engagés pour le Sénégal et en faveur des sénégalais, dans le cadre de la démocratie. Et c’est en ce sens qu’il porte une vision pour un « Sénégal éclairé ». Et dans cette vision, il est dit que « la plus belle histoire d'un pays, c'est le pays lui-même ». Et dans cette histoire, demain est comme aujourd’hui. Cette histoire-la, le mouvement citoyen Beug Sénégal (BS-BESSAL) voudrait la vivre avec tous les sénégalais. C’est pourquoi, en vue de construire et de réaliser un vrai Sénégal en développement, le mouvement citoyen Beug Sénégal (BS-BESSAL) a proposé une vision principalement et fondamentalement axé sur les discours dominants en ce troisième millénaire, à savoir le social et l’économie. « Pour autant, le mouvement citoyen Beug Sénégal (BS-BESSAL) reste au nom du principe de la cogestion ouvert à tous ceux qui voudraient porter un débat pareil et se représenter pour mener à bien les destinées inhérentes au développement de notre cher pays.

Que pensez-vous de ces nombreux Mouvements citoyens dirigés par des gens qui étaient avec Wade?
Le Mouvement s’est tracé sa propre ligne. Sa philosophie est de ne pas faire la démocratie des autres mais d’avoir sa propre vision de la démocratie. C'est-à-dire la promotion de la démocratie citoyenne. Si les autres mouvements sont plus politiques que citoyens, je ne saurais leur donner le titre de cadre agissant pour le compte des populations mais bien des cartels agissant pour le compte de leur propre personne morale. Pour autant, nous estimons que chacun a sa part dans le champ démocratique. Nous devons être des compléments.

Certains estiment qu'après Wade, c'est un président jeune qui doit être porté à la tête du pays. Est ce votre sentiment?
Vous savez la jeunesse, ce n’est pas dans l’âge mais bien dans le comportement et la vision. On peut être d’un âge jeune et se comporter comme se serait comportée une personne d’un âge plus avancé et censée être plus responsable. On peut aussi être d’un âge avancé et se comporter tel un enfant de cinq ans. La responsabilité d’Etat n’a rien à voir avec l’âge. Mais je souhaite que le prochain président ne dépasse pas les 50 ans. Parce qu’à 60 ans il faut prendre sa retraite.