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Politique

La chronique de Dié Maty FALL: Limogeage

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La chronique de Dié Maty FALL: Limogeage

Les femmes sont mal barrées au Sénégal. Alors que nous attendions fiévreusement la Première ministre que Me Wade, notre président bien aimé, nous avait fermement promis depuis Oxford, c’est un couperet qui nous tombe dessus. Cela fait exactement deux mois et quinze jours, depuis le 1er janvier 2006, que nous guettons le moindre signe et prêtons l’oreille aux propos du chef de l’Etat. Nous avions pensé que cela pourrait survenir le 14 février dernier. L’oreille aux aguets, nous attendions de sabler le champagne à l’annonce de l’avènement. Mais rien, pas de fumée blanche aux fenêtres du Palais. Le seul événement avait été le retour romantique de l’ancien Premier ministre et fils spirituel de Me Wade dans les bras de son épouse après sept mois de séparation. Las, Maître s’est fait griller le jour de la Saint Valentine. Ce n’était pas un drame, après tout notre président bien aimé pouvait se rattraper le 8 mars et devancer son rival de Paris cette fois-ci. Que nenni. La Première ministre n’était toujours pas en vue lors de cette journée internationale de la femme.

Pourtant, c’est bien Me Wade, notre président bien aimé qui nous l’avait promis dans le blanc des yeux. Nous ne rêvons pas. Pourquoi Maître ne tient-il pas sa promesse et feint-il de l’avoir oubliée ? Les plus optimistes, tous les sens en éveil, l’espèrent pour bientôt, lors de la folklorique Quinzaine de la femme sénégalaise. Cela pourrait se faire à ce moment-là, chuchote-ils. Les plus réalistes rappellent que les promesses de Maître n’engagent que ceux qui y croient. Et que le président de la République qui aime les jeunes et les femmes, sans doute emporté par son enthousiasme et son goût pour les déclarations à l’emporte-pièce, avait rêvé tout éveillé. Et que ce n’est pas demain la veille que le Sénégal pourra s’enorgueillir d’une chef de gouvernement qui fera l’unanimité sur son nom. C’est-à-dire une femme qui combinera charisme, compétence, ouverture d’esprit et sens de sa mission. Il ne s’agit pas de nommer à cette charge une femme pour des raisons purement et simplement féministes. Ce serait peu ambitieux et injuste pour l’équité citoyenne. La promotion du genre féminin, la discrimination positive en faveur des femmes, c’est bien joli dans le discours. Mais en pratique, cela n’est pas sans risque d’effet boomerang. Nous risquerions de nous retrouver avec une potiche, ou une gaffeuse comme Mme Edith Cresson ou une Pm alibi pour un régime en quête d’un second souffle. Si c’était cela la Première ministre que Me Wade, notre président bien aimé nous préparait, nous préférons encore et de loin conserver l’actuel. Notre Premier ministre sans charisme rappelle à bien des égards, l’impopulaire et laborieux M. Raffarin, surtout vers la fin.

Pour en revenir à notre sujet, le couperet de Me Wade vient de tomber sur la probable ex- future candidate à la Primature. Dans un entretien avec nos confrères du « Quotidien » paru hier, Mme Tall en appelait à l’arbitrage du Chef de l’Etat dans le conflit de compétences qui l’opposait au Premier ministre. Le moins que l’on puisse dire est que la réponse de Maître ne s’est pas fait attendre. Avec tout le respect que nous devons à l’institution qu’il représente, nous regrettons que Maître ne fasse ni dans la dentelle ni dans la galanterie dans cette affaire. Il semble en effet que Mme Tall comme d’autres ministres qui avaient fait les frais de la colère de Maître ait appris son limogeage comme vous et moi. Cela n’est pas digne ni courtois. C’est le lieu de protester contre ces méthodes d’un autre âge et d’exiger que le gouvernement du Sénégal respecte mieux ses membres dont il n’a plus besoin. Même si le maroquin n’est pas un droit à vie, les gens que l’on limoge ne sont pas non plus des kleenex que l’on jette après usage. L’usage a montré que la roue pouvait tourner et qu’ils pouvaient revenir sur le devant de la scène. Une deuxième lecture du limogeage de Mme Tall nous amène à constater que Me Wade, notre président bien aimé ne se soucie guère de se séparer de ses meilleurs amis ni de ses compagnons les plus loyaux. Maître a le cœur en béton et le sang glacial lorsqu’il s’agit de préserver ses intérêts immédiats. L’histoire récente nous le prouve avec sa séparation sans états d’âme avec celui dont il dit sans sourciller qu’il est sa créature. Et bien avant Idrissa Seck avec qui Maître était en fusion totale, il y a eu d’autres séparations douloureuses.

Cette inconstance finira bien par se retourner contre son auteur. Même si Mme Tall déclarait élégamment demain que son limogeage ne l’affecte point et d’autres propos du même genre, nous sommes nous affectées de la manière discourtoise dont cette courageuse dame est traitée au sein de son propre parti par des machos qui ne sont pas à sa hauteur. Des machos touts en muscles et rien dans la tête. Mme Tall a bien raison de dire qu’elle est aimée. Elle a bien le droit de revendiquer des ambitions personnelles au sein de l’Etat et de son parti. Ce n’est pas pour autant que Mme Ségolène Royal a été bannie du Parti socialiste français. Elle est également légitimement fondée à ne reconnaître que l’autorité du Secrétaire général national du PDS : tous les numéros deux de Me Wade sont politiquement nés sous ses yeux. De tous les membres de son parti, elle est la seule à avoir eu l’attitude la plus intelligente lors du plus grand scandale qui a secoué et continue de secouer la maison libérale, en l’occurrence l’affaire Idrissa Seck. Madame Tall a du sens politique contrairement aux faucons qui manquent de finesse. Ce sont des qualités que même ses concurrentes des partis de l’opposition lui reconnaissent en tous cas. Le destin de Mme Tall est intrinsèquement lié au Pds. Cela ne lui effleurera même pas l’esprit de quitter ce parti. Elle en a eu l’occasion et mille opportunités pour le faire avant 2000. Certains éléphants de la direction du Parti socialiste peuvent témoigner des multiples tentatives que Mme Tall avait subies pour rejoindre le parti de Diouf. Les socialistes connaissent eux les qualités de Mme Tall. Par conviction, elle avait toujours opposé un refus ferme et clair aux ponts d’or qui lui avaient été faits tout en gardant de bons rapports avec les socialistes. Tout le monde se souvient également que Mme Tall avait été brutalement expulsée de son logement administratif par l’ancien régime, pour des raisons politiques. En politique, la vie de Mme Tall n’est pas de tout repos. Mais, incontournable, elle rebondit toujours. Ce n’est pas la chance de ces femmes qui ont été utilisées et jetées ensuite sans un regard. Le PDS est le parti à éviter par les électrices.

 



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