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Politique

La chronique de Dié Maty FALL: Procès Wade

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La chronique de Dié Maty FALL: Procès Wade

 

Il y a comme un grain de sable quelque part. L’affaire des chantiers de Thiès, devenue affaire Idrissa Seck du fait de la personnalité de ce dernier, est en train de virer au procès Me Wade. De la mise en accusation de l’ancien Premier ministre et fils spirituel de Me Wade, notre président bien aimé, nous sommes en train d’aboutir à la mise en accusation de la gestion par Me Wade des fonds politiques de Me Wade. L’imputation et le réquisitoire ont changé de camp avec l’audition des derniers témoins et non des moindres, en raison de leur proximité professionnelle avec le cabinet du président de la République. Pour tout dire, ils sont au cœur de cette affaire.

Selon nos confrères Madiambal Diagne du Quotidien et Amadou Diouf de Walfadjiri, la teneur des audiences de la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice a fait apparaître des dysfonctionnements importants dans la gestion des crédits votés par l’Assemblée Nationale pour les fonds politiques du président de la République. Comment en effet des ressources autres que budgétaires peuvent-elles alimenter ces fonds politiques mis par la Nation à la libre disposition du chef de l’Etat ? Comment de l’argent offert par le gouvernement ami du Koweït peut-il atterrir dans des fonds politiques dont on convient qu’ils soient utilisés à l’entière convenance du chef de l’Etat, selon les pouvoirs discrétionnaires que la Constitution lui attribue ? C’est comme si vous mettiez l’argent de tous, qui ne vous appartient pas donc, dans votre compte bancaire personnel. En son temps, la presse avait fait état d’un gros chèque, propriété de la société nationale d’électricité (Senélec) qui aurait été déposé sur un compte privé de son directeur général. Devant cette accusation de mauvaise gouvernance et de gestion peu orthodoxe, le directeur incriminé avait vite fait de revenir à l’orthodoxie.

Mais aujourd’hui, c’est à un autre niveau beaucoup plus élevé que les choses semblent se passer. A l’origine, la façon dont le président de la République gère, euh, sa liste civile on va dire, ne regarde personne du moment que la loi prescrivant son allocation à partir du budget national a été respectée. C’est vrai quoi, cela ne nous regarde pas. Un président de la République, fonction relativement mal rémunérée du temps des présidents Senghor et Diouf, a besoin d’être mis à l’abri du besoin. C’est vrai qu’il n’a pas besoin non plus d’un salaire faramineux étant donné qu’il est déjà totalement pris en charge par la nation reconnaissante. Sans entrer dans les détails, être président de la République, c’est vivre aux frais de la princesse, mais c’est normal. C’est une charge cruciale : imaginez un peu les pays sans chef, c’est la pagaille assurée, la jungle et la victoire au bout de la kalachnikov. Apocalyptique. Nous n’en voulons pas bien sûr.

C’est vrai également, qu’en plus d’être mis à l’abri du besoin, le président doit être mis aussi dans les conditions d’assumer sa charge. Qui paie les cadeaux aux hôtes étrangers, les étrennes aux hommes politiques « méritants », les factures des Sénégalais qui sont dans l’embarras, les bons d’essence des alliés, les fins de mois difficiles des souteneurs, le fonctionnement des cultes et la cassette des marabouts ? Et puis devenir président de la République n’empêche pas le titulaire de la charge de continuer d’être un époux généreux, un papa gâteau, un oncle prévenant, un grand-père en or, un frère utile, que sais-je encore ! Là encore, il faut qu’il continue d’assumer ses différents rôles. Est-ce que le président de la République peut avouer à un membre de sa famille qui le solliciterait qu’il se trouverait éventuellement gêné aux entournures en ce moment parce qu’il voudrait réserver les fonds politiques uniquement pour un usage public ? Cela n’existe nulle part sur cette terre, même pas en rêve. En revanche, ce que l’on demanderait aux autorités qui nous gouvernent, ce serait de traiter l’argent public avec un peu plus de respect. Il est durement acquis. Elles le savent mieux que quiconque. Cet argent acquis à la sueur de notre front et aux larmes de notre corps devrait être géré avec moins de légèreté. Nous n’avons rien contre la personne de M. Kantoussan ni contre le métier de garde du corps, mais en quoi cette corporation est-elle concernée dans la décision d’encaisser en l’espace d’une semaine cinq chèques d’un milliard de francs Cfa ? Il est naturel et compréhensible que le fonctionnaire gendarme affecté à cette mission depuis toujours continue de le faire après l’alternance. Il y a des raisons objectives à cela, dont les plus connues sont son extrême discrétion et sa fiabilité professionnelle qui lui ont toujours valu la plus grande confiance de ses supérieurs. La preuve : qui connaissait son existence ou même en avait entendu parler avant la décision des autorités qui nous gouvernent de déclencher l’affaire Idrissa Seck ? En dehors des membres du cabinet de Diouf, personne.

Autant que la question de l’élargissement de l’assiette des crédits décidée unilatéralement là encore par Me Wade, notre président bien aimé ou bien celle de l’affectation abusive du don du gouvernement koweïtien au peuple sénégalais dans les fonds politiques, c’est le mélange des genres qui dérange. Ces pratiques font mauvais genre au regard du respect que nous devons tous, y compris les autorités qui nous gouvernent, à l’Etat du Sénégal. Cet Etat que nos illustres devanciers ont bâti avec intelligence nous permet depuis toujours d’être une exception dans la région et dans le monde. S’il y a une exception sénégalaise dans le monde, c’est grâce à la bénédiction de Dieu (pour faire plaisir aux esprits religieux) mais surtout grâce à l’existence d’un Etat fort et respecté. Il n’est pas normal ni souhaitable que des fissures apparaissent au grand jour et affaiblissent cette citadelle étatique qui est notre première mamelle et notre ultime recours. Des éclaircissements doivent être donnés sur la réaffectation de l’argent reçu du gouvernement kowétien. Il y a peut-être une explication plausible à cela. Des éclaircissements doivent également être donnés sur la provenance de ressources étrangères pour alimenter les fonds politiques du président de la République du Sénégal.

Si notre argent public devrait se révéler insuffisant à satisfaire les obligations du chef de l’Etat, il serait tout à fait possible et souhaitable que le peuple sénégalais autorise l’Assemblée Nationale à lui voter des crédits supplémentaires. Cela nous éviterait de voir que notre président bien aimé a des fins de mois difficiles qui l’obligent à se débrouiller comme il peut avec les autres ressources disponibles. On a bien vu que cela était déjà arrivé avec l’affaire du relookage de notre valeureuse Pointe de Sangomar. Me Wade a de tout temps œuvré pour que cesse le misérabilisme de nos ministres, députés et autres représentants de la Maison Sénégal. Dans le gouvernement socialiste comme dans les gouvernements qu’il dirige depuis qu’il est président de la République, personne ne peut se plaindre de manquer de moyens de production à l’image d’un Etat ambitieux. Sauf les magistrats, pour le moment, mais on dit que le problème va être réglé incessamment. Pourquoi le premier d’entre nous devrait-il faire des économies de bouts de chandelle ?



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