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Politique

LA DÉMOCRATIE À DEUX VITESSES AU SÉNÉGAL : Dictature interne dans les partis politiques

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LA DÉMOCRATIE À DEUX VITESSES AU SÉNÉGAL : Dictature interne dans les partis politiques

Le Sénégal est un pays de démocratie. C’est incontestable. Et chaque citoyen de ce petit pays par la taille s’enorgueillit de contribuer quotidiennement au rayonnement de celle-ci. Le dernier exemple en date nous a été fourni récemment par les marchands ambulants souvent analphabètes mais à la conscience citoyenne très poussée. C’est également cela l’exception sénégalaise. Mais, paradoxe des paradoxes cette culture démocratique a du mal à s’appliquer au sein des partis politiques, eux qui sont pourtant les terreaux irremplaçables des batailles d’opinion et de conquête du pouvoir, les espaces d’acquisition par excellence de l’esprit critique et de la démarche de la contestation positive.
 
Eh bien, il est malheureux de le constater, il n’y a presque pas de démocratie au sein des partis politiques qui, faudrait-il le rappeler sont des associations à adhésion libre.
Les derniers déboires de Madièye Mbodj du secrétariat national de And-Jëf/Pads sont un exemple de plus d’un phénomène largement observé au sein de nos formations politiques. Si nous devrions en donner tous les exemples, il faudrait plus qu’un article. Aussi, nous en citerons quelques uns tirés des partis politiques les plus représentatifs. Et pour donner à César ce qui appartient à César, nous citerons les cas de chasse aux sorcières déclenchée au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) au pouvoir.

Problématique du n°2 au Pds

Après Idrissa Seck, c’est Macky Sall qui souffre d’ostracisme dans un climat délétère de suspicion pour des « crimes » de lèse majesté. Curieusement, au Pds, on ne veut pas entendre parler de numéro 2 étant entendu que le numéro 1 Me Abdoulaye Wade au pouvoir est déifié à tel enseigne qu’on ne se gêne pas de dire qu’il est « la seule constante ». Une déclaration qui fait sourire les démocrates les moins avertis car, dans une structure du genre parti politique, ce sont les statuts et le règlement intérieur qui sont les constantes, étant entendu que « les hommes passent et (que) les institutions restent ».
Mais, malgré tout, le Pape du Sopi qui est Me Wade également estampillé « Buur Saloum » ou autres sobriquets de ce genre a ouvert la brèche du culte de la personnalité en déclarant un jour qu’il ne voyait pas dans son entourage quelqu’un capable de le remplacer. Et effectivement tous ceux qui, comme l’ex-Premier ministre Idrissa Seck ont eu à afficher leurs ambitions ont subi la colère des dieux avec parfois des méthodes peu orthodoxes comme l’instrumentalisation de la police judiciaire, de l’Assemblée nationale ou de la justice elle-même. Mais, malheureusement, ce n’est pas seulement au Pds et à Aj/Pads qu’il y a ce genre de problème.

Absence de challenger pour Tanor au Ps

L’exemple du dernier congrès du Parti socialiste (Ps) mérite que l’on s’y attarde. Voilà un parti politique qui a certes eu le mérite de renouveler ses structures de base mais, qui au moment de la nomination de son premier responsable n’a pas enregistré de candidature contre celle de Ousmane Tanor Dieng qui tenait jusqu’ici les rênes du parti. En effet, les observateurs ont remarqué que tous ceux qui, à un moment donné de la vie de ce parti ont dégagé des idées contraires à M. Dieng, ont préféré claquer la porte pour aller mettre en place leurs propres formations politiques. Robert Sagna et Mamadou Diop en sont des exemples patents.
Ce qui ne veut pas dire ipso facto que c’est la faute de ce dernier. Pourtant, ces derniers auraient dû au sein de cette formation politique, affronter l’ancien homme de confiance d’Abdou Diouf jusqu’à ce que celui qui sera majoritaire dicte sa loi dans le respect de l’opinion des minorités. Mais, en choisissant de partir et en n’hésitant pas à affaiblir une formation politique qu’ils aiment encore beaucoup (tous se réclament du socialisme), ils contribuent à anéantir les velléités de démocratie interne dont se prévaut le Ps en nous poussant à nous poser les questions embarrassants suivantes : Pourquoi M. Dieng n’a pas eu de challenger ? Est-ce à dire que les autres n’ont pas osé se présenter ou tout simplement, il ne reste au Ps que ses « alliés » ? Pourquoi, les Robert Sagna et les Mamadou Diop et autres ne se sont pas présentés contre M. Dieng ? Est-ce que cela veut dire qu’eux aussi ils rechignent à se mettre derrière quelqu’un et qu’ils voudraient être toujours n°1 comme l’a clairement affirmé Idrissa Seck de Rewmi ?
Autant de questions et bien d’autres sur lesquelles il nous est difficile de trouver des réponses exactes. En ouutre, il est habituel de constater que tous ceux qui émettent des idées contraires à celles du responsable en chef souvent fondateur sont condamnés à « l’exil ». D’où la floraison de partis politiques car, apparemment, et à la décharge des leaders (ils ne sont pas toujours responsables de cet état de fait), chacun veut être n°1. Il s’en suit une sorte de patrimonialisation des partis politiques. Et ces derniers s’assimilent souvent à leurs fondateurs. Partant de ce constat, il n’est pas alors étonnant qu’au Pds, l’on parle de succession si tant est que le parti est un patrimoine.

Mal gouvernance au niveau étatique

Et pourtant, il est clair que cette « dictature interne » subie ou souvent exercée par les hauts responsables est une explication non négligeable de la mal gouvernance constatée cette fois-ci au sein de l’appareil d’Etat. C’est en effet un truisme de dire que la culture démocratique, on l’a ou on ne l’a pas. Ceux qui ne veulent pas partager au sein de leurs partis politiques le feront difficilement une fois arrivés au pouvoir. Tout le monde peut constater qu’aujourd’hui, l’Assemblée nationale au Sénégal est devenue une sorte de quartier général bis du Pds du fait simplement de la disgrâce subie par Macky Sall au sein de sa propre formation politique. En 1962, la crise entre Senghor et Mamadou Dia a eu les conséquences désastreuses dont le Sénégal a encore du mal à s’en remettre avec comme héritage un présidentialisme fort assimilable aux monarchies constitutionnelles.

Pesanteurs sociologiques

Il apparaît ainsi clairement que notre système démocratique aussi vanté qu’il soit à l’extérieur, subit manifestement les contre-coups des pesanteurs sociologiques. L’Africain en général et le Sénégalais en particulier s’amusent souvent à voir en leurs chefs des vertus surnaturelles sans lesquelles ils ont du mal à croire en ses compétences. « Celui-là, c’est Dieu qui l’a mis là où il est et ce n’est pas un homme ordinaire ». Voilà une déclaration qu’a entendue tout homme de pouvoir au moins une fois dans sa vie. Et ces derniers n’hésitent pas à en profiter et même parfois à y croire . Il n’est pas de coutume dans nos contrées que le Chef soit contesté.
Conséquence, dans notre pays les Niasse, Bathily, Dansokho, Wade, etc. sont incontournables dans leurs formations politiques et l’on imagine mal ces structures subsister sans eux. C’est dire que la revèle, même si elle est là, est confinée dans un rôle de subalterne proche à celui des troubadours d’antan. Et ceux qui ont la malchance d’afficher leurs ambitions sont cloués au pilori offrant quotidiennement aux Sénégalais des scènes d’hommes politiques en jactance sur leurs droits légitimes violés par d’anciens camarades.



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