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Politique

La renaissance ou le passage du PDS en PDSL : L'avenir entre appréhensions et espoirs

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La renaissance ou le passage du PDS en PDSL : L'avenir entre appréhensions et espoirs

Leibniz a certainement raison lorsqu'il affirme que « le présent est gros de l'avenir » pour suggérer que c'est dans le présent que l'avenir est en gestation. Nous nous efforçons d'investir toutes nos réserves et même parfois une bonne partie de nos revenus, dans la formation de nos enfants : c'est bien parce nous sommes persuadés que sans un « aujourd'hui », il n'y a pas de demain. L'adage ne s'y trompe guère, d'ailleurs, lorsqu'il assène « dis-moi ce que tu veux, je te dirai ce que tu vaux » : ceux qui s'assignent des desseins médiocres sont des médiocres et ont fatalement un destin médiocre.

Le corps politique est comme le corps humain, il change, évolue vers la maturité et enregistre chaque jour des modifications morphologiques. Est-il raisonnable de refuser ces mutations morphologiques et de risquer l'absence de maturation ? Si la sagesse qui veut que l'avenir soit conçu dans le présent est vraie, il n'est pas non plus erroné de penser l'inverse ; à savoir que l'avenir est le vrai concepteur du présent. Affirmer de façon brutale une telle proposition est choquante et, à la limite, absurde ; mais si l'on sait que nos efforts actuels et les difficultés que nous rencontrons en cherchant à réaliser nos ambitions, sont tous dûs à nos PROJETS, alors cette proposition exprime une authentique vérité. Ce que nous projetons de faire ou d'atteindre est la source de nos tourmentes, c'est parce que nous nous projetons dans l'avenir que notre présent est tel qu'il est.

Aussi, le PDS actuel et le futur PDSL ne rencontreront-ils d'obstacles que dans le sens de ce qu'ils veulent vraiment atteindre. Autrement dit, si chacun consent, de façon raisonnable, à dissoudre sa personnalité et ses ambitions privées dans l'intérêt politique du parti, alors aucune tribulation, aucune contingence subjective, ne pourra obstruer la voie qui y mène. Si en revanche les ambitions personnelles prennent en otage l'intérêt général, il va de soi que de terribles mésaventures altéreront la marche allègre vers des lendemains politiques meilleurs. Bref, c'est ce que les uns et les autres auront en vue qui déterminera la santé politique et la solidité électorale de ce parti. Telle personne est confrontée à des difficultés de payer son loyer, c'est bien souvent parce que le train de vie auquel il aspire est au-dessus de ses moyens. Tel commerçant a fait faillite, c'est souvent parce que la marge de bénéfice qu'il projetait l'a condamné à une mévente ou parce qu'il veut une vie trop onéreuse.

D'une façon globale donc, les réussites comme les échecs sont généralement mérités. Se fixer des objectifs flous, sournois et irréalisables, ou bien se fixer des objectifs sans se donner sérieusement les moyens de les atteindre, c'est déjà un pas vers l'échec. En revanche, lorsque les objectifs sont clairement identifiés, les moyens qui sont nécessaires à leur réalisation sont généralement trouvés. Il s'agit ici de bâtir un parti qui ne se réduira pas à une somme d'ambitions personnelles frivoles, saugrenues et totalement incompatibles les unes avec les autres. Karl Marx n'avait pas tort de penser que « l'humanité ne se pose jamais que des questions qu'elle peut résoudre ». En effet, pour qu'un enjeu quelconque se profile à l'horizon d'un groupe, il faut au préalable qu'un certains nombre d'exigences nécessaires à son apparition soient remplies.

Pour qu'une situation donnée se révèle à une époque, à une structure ou à une communauté, il faut au préalable que cette époque, cette structure ou cette communauté, soit dans les dispositions de la provoquer. Sous ce rapport, le PDSL n'est pas une chimère, ce n'est pas une utopie : c'est parce qu'on est dans le projet de consolidation et de perpétuation d'un pouvoir politique, que cette idée a germé. Il faut, pour atteindre cet objectif, que le PDSL soit comme un univers naturel à tous les libéraux, c'est-à-dire aussi bien les libéraux de « naissance » que les libéraux d'adoption. Pour ce faire il faut peut-être, ne serait-ce que pour cette fois-ci, méditer le comportement des animaux : lorsqu'un animal est extirpé de son milieu naturel, il perd sa vitalité et parfois même sa vie tout court. Inversement, lorsqu'un animal captif est libéré des édifices et instruments sophistiqués des hommes, il retrouve une félicité qu'il avait perdue depuis le jour de sa captivité et que nulle ambiance humaine ne pouvait lui rendre. De même, lorsqu'un militant se sent dans son élément dans un parti, il ne le quittera jamais, même si toutes les promesses séraphiques lui étaient faites. Il faut veiller à ce que, de la même manière que l'interaction entre milieu intérieur et milieu extérieur détermine l'épanouissement de l'animal, que dans le parti, il y ait cette intimité entre les militants et leur structure politique. Tant qu'il y aura fissure ou incompatibilité entre la volonté des masses et les instances dirigeantes des structures qui les dirigent, il y aura dans celles-ci de la léthargie et chez les individus un sentiment de lassitude.

La renaissance ou le passage du PDS en PDSL est à la fois une nécessité historique et un choix stratégique très judicieux : l'expérience la plus récente ainsi que les prospections les plus élaborées convergent sur ce point. Il n'y a donc pas de doute que, de la même manière que le PDS avait écarté l'idée de gouverner le Sénégal seul et qu'il n'a jusqu'à présent pas fait le contraire, l'idée de maintenir le PDS cinquante ou vingt cinq ans au pouvoir dans sa forme actuelle, doit être écartée par le simple bon sens. Si, comme l'affirment les libéraux, la gestion solitaire du pouvoir n'est pas conforme à leur nature et à leurs idéaux, qu'est ce qui les empêche alors d'aller dans le sens d'une ouverture en amont ? Si les libéraux sont disposés et disponibles à partager l'appareil d'Etat, comment peuvent-ils logiquement ne pas partager l'instrument politique par excellence d'accession et de maintien au pouvoir ?

Qui peut le plus, peut le moins, dit-on trivialement : dans le cadre du PDS, la réussite du compagnonnage avec les alliés, chantée de part et d'autre, est le gage de l'urgence et de la pertinence de la constitution d'un grand bloc dans lequel toutes ces individualités seront mises à profit, pour faire face en amont, aux défis qu'on aura à affronter dans l'exercice du pouvoir. L'histoire doit servir au moins à quelque chose ; or, on l'a déjà montré, le régime libéral a souffert d'une léthargie d'un parti qui n'était plus que l'ombre de lui-même. Certaines attaques dont le régime était victime étaient soigneusement dirigées contre le PDS, afin d'éviter une riposte organisée et solidaire des alliés.

La politique est une sphère d'astuces et les adversaires du régime libéral, pour avoir déjà goûté à l'exercice du pouvoir, connaissent les portes dérobées à partir desquelles il fallait ourdir les complots pour toucher leur cible. En ce qui concerne les alliés du PDS, la simple éthique suffit à les convaincre de concrétiser une alliance bénéfique à tous points de vue. C'est vrai que, comme le dit Emmanuel Levinas, « la politique est à la morale ce que la philosophie est à la naïveté », mais l'impératif politique n'exclut guère l'éthique. Davantage on descend dans les profondeurs des ruses et ingénieries politiques, davantage on comprend la nécessité de l'éthique dans de la politique. En effet, toute activité humaine a besoin d'une échelle normative sans laquelle, le jugement, le mérite, la sanction, ne sont dès lors plus possibles.

On ne peut pas moralement, ni même politiquement, partager plus d'une décennie durant, les délices et les mauvaises fortunes inhérents à l'exercice du pouvoir et continuer une méfiance politique irrationnelle envers celui avec qui on a partagé tout cela ! La rationalité éthique, tout comme la rationalité politique, recommande par conséquent l'évolution positive dans le compagnonnage. Une alliance qui n'évolue pas vers plus de confiance et de solidarité n'est qu'une tactique politique dont la durée de vie, comme nous l'avons déjà dit, n'est guère plus longue que le temps de réalisation d'objectifs politiques immédiats et généralement chauvins. Sous ce rapport, la logique politique doit une fière chandelle à deux partis politiques, incarnés par deux figures historiques de notre histoire politique : Mamadou Diop Decroix et Djibo Leyti Kâ.

Ce dernier, en décidant de « répondre favorablement à l'appel de Me Abdoulaye Wade d'intégrer la coalition qui sera mise en place pour la réélection de Me Abdoulaye Wade, d'approfondir sa réflexion stratégique en vue de l'élection présidentielle de 2012 », fait preuve d'une grandeur certaine. Pourtant, il n'y a guère longtemps, Djibo Ka assurait qu'il serait le quatrième président de la République du Sénégal. Aussi, la décision de Mamadou Diop Decroix qui n'a pas attendu l'approche des échéances de 2012 pour déclarer son soutien au PDS, révèle une constance d'And/Jef dans son compagnonnage avec le PDS. Si donc on ne trompe pas les Sénégalais sur l'efficience de ce compagnonnage, on doit le leur prouver par des gestes politiques fortement significatifs.

Si par contre, cette alliance n'était pas motivée par une volonté d'une synergie des forces nécessaire à la prise en charge effective des problèmes du pays, mais seulement par des astuces de politique politicienne, alors la formation d'un grand parti présidentiel est l'occasion de sonner le glas de cette tartufferie politique. Les appréhensions des uns et des autres sont cependant justifiées, dans la mesure où le climat qui a jusqu'ici régné au sein du PDS n'inspire guère la confiance et ne rassure pas ceux qui sont à la quête d'une sérénité politique sans laquelle aucun combat politique majeur ne pourra être remporté. Si donc le PDSL doit être la copie conforme du PDS tel qu'il est aujourd'hui, c'est une évidence qu'il n'aura pas le charme suffisant pour attirer toutes ces forces politiques qui gravitent autour du pouvoir.

Néanmoins, ces appréhensions sont à relativiser, car il ne sert à rien d'affronter l'avenir avec des doutes de faiblesse et de désespoir. Nous sommes bien souvent amenés à voir et à critiquer bien des défauts chez autrui, alors que ces mêmes défauts peuplent l'univers de nos pensées et de nos actes. Il n'y a, en effet, aucun parti dynamique sur la scène politique sénégalaise qui ne soit traversé par des conflits, des déchirures et autres impulsions regrettables : c'est la nature des hommes qui est ainsi faite qu'ils ne peuvent jamais être unis da façon totalement homogène. Il y aura toujours des soubresauts à gérer et à dépasser, quelle que soit la nature des individus qui sont ensemble.

Esquiver l'intégration sociale parce que les hommes sont généralement insociables est la plus haute forme d'insociabilité. Pour jouir des bénéfices de la compagnie des hommes, il faut accepter d'en pâtir. On ne pourra donc jamais prétexter d'une ambiance agitée au PDS, pour réfuter l'idée d'un PDSL dans lequel convergeraient toutes les forces politiques qui se retrouvent dans la vision d'un homme et qui partagent l'idéal d'un Sénégal définitivement campé dans la sphère d'une démocratie féconde, aussi bien politiquement que économiquement.



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