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Politique

Lat Diop (Secrétaire général du Fep) : « Un marabout est un citoyen comme tout le monde, il reste soumis aux lois du pays»

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Lat Diop (Secrétaire général du Fep) : « Un marabout est un citoyen comme tout le monde, il reste soumis aux lois du pays»
A la tête d’une formation politique qui n’a que dix mois d’existence, le leader du Front pour l’émergence et la prospérité voit, déjà, les choses en grand. Son ambition est de briguer le fauteuil présidentiel en 2012. C’est que les locales de mars 2008 auxquelles son parti a participé en coalition avec le Mac de Demba Dia lui ont donné beaucoup d’appétit. Mais ce qui fait vraiment courir Lat Diop, révèle-t-il dans l’entretien qui suit, c’est sa volonté d’opérer une rupture dans la manière de gérer l’Etat. Une fois aux affaires, cet administrateur civil, chargé de programmes du Fed au Ministère de l'Economie et des Finances Direction de la Dette et de l’Investissement, se fera, avant tout, le devoir de restaurer la dignité de la personne humaine.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui a motivé la création de votre parti ?

Lat DIOP : C’est que, en un moment, nous nous sommes rendu compte que le problème de ce pays est politique. Partant de ce constat, nous nous sommes aussi dit que ce n’est pas possible pour un citoyen de vouloir régler un problème politique en restant à la périphérie même de la chose politique. Donc, il fallait nécessairement entrer en politique pour pouvoir remettre les choses à leur place. C’est ce qui justifie la création du Fep qui, traduit en Wolof, donne ‘partout’.

Wal Fadjri : Quel est, concrètement, votre objectif ?

Lat DIOP : Vous savez que le pays vit actuellement une situation difficile, pour ne pas dire catastrophique. C’est la raison pour laquelle, des jeunes, composés de cadres, de paysans, d’ouvriers, en somme de jeunes Sénégalais de tout bord ont décidé de s’accorder sur le principe de conjuguer leurs efforts, à travers le parti, dans le but de remettre le Sénégal sur les rails en lui trouvant des solutions à ses problèmes. Notre action vise à réconcilier les Sénégalais avec la politique.

Wal Fadjri : N’aurait-il pas été plus judicieux d’intégrer une formation politique plutôt que d’accentuer le foisonnement de partis au Sénégal, d’autant qu’on est à l’heure des coalitions ?

Lat DIOP : Je pense que c’est de la contradiction des idées et des démarches que naît forcément une évolution dans le landernau politique. C’est vrai qu’il y a beaucoup de partis mais tous ne se ressemblent pas. Nous avons eu à observer les formations politiques dans ce pays et notre conviction est que la majeure partie d’entre elles ont participé de près ou de loin à la situation actuelle. Notre indépendance, c’est la loi de la politique politicienne qui a toujours régné ici et pour nous, c’est un impératif d’y mettre un bémol en opérant une rupture nette. C’est ce qui justifie le fait qu’on n’ait pas voulu intégrer une formation politique quelconque.

Wal Fadjri : Souvent des personnes créent leur parti pour un raccourci aux fins d’accéder à certains avantages. Ne pourrait-on pas penser que c’est votre cas ?

Lat DIOP : Cela est loin d’être mon cas ni celui de ceux qui m’accompagnent dans le combat que nous menons. Si nous n’étions mus que par nos intérêts personnels, nous aurions changé depuis bien longtemps. Nous avons créé le parti parce que nous croyons en des valeurs qui sont les nôtres pas pour en faire un moyen de promotion sociale. Je suis administrateur civil de formation, je crois en la compétence et au mérite. Je ne courberai jamais l’échine devant n’importe qui pour avoir des faveurs. Je ne suis au service de personne sinon de mon peuple. La promotion que j’aurai c’est lui qui me le donnera. Rassurez-vous, donc, nous ne sommes pas de cette catégorie de Sénégalais qui usent de raccourci, au prix de n’importe quelle bassesse, pour des faveurs quelconques. Les Sénégalais en ont marre de cette race d’hommes politiques qui utilisent la politique comme un moyen de promotion sociale. Il faut qu’émergent une nouvelle classe d’hommes politiques imbus de certaines valeurs et qui n’ont aucune autre ambition que de servir leur pays.

Wal Fadjri : De quel côté êtes-vous, de la majorité présidentielle ou de l’opposition ?

Lat DIOP : Naturellement de l’opposition mais nous ne sommes ni dans Benno, ni dans la mouvance présidentielle. Cependant, il convient de reconnaître que nous ne pouvons pas exclure Benno. Au contraire, nous avons une obligation de collaborer avec cette coalition pour la simple raison qu’on a un objectif commun qui est de sauver le Sénégal de la politique de tâtonnement que nous constatons actuellement du côté du pouvoir.

Wal Fadjri : Quel est votre avis sur le débat actuel et relatif au dialogue politique ?

Lat DIOP : Notre position là-dessus est sans ambages. Pour nous, ce dialogue politique est inutile parce que, dans une démocratie qui fonctionne normalement, le pouvoir est appelé à diriger et l’opposition, son rôle, c’est de s’opposer. Je ne vois pas ce qui devrait nourrir ce dialogue politique-là. Si le pouvoir gère, l’opposition s’oppose, ma foi, pourquoi dialoguer ? A la limite même, il y a comme un complot qu’on est en train d’ourdir contre le peuple sénégalais, en voulant instaurer ce dialogue politique. Je mets en garde toute la classe politique contre une telle démarche. Il faut que l’opposition se ressaisisse et évite de tomber dans le piège du pouvoir parce que son rôle, ce n’est pas de dialoguer mais d’œuvrer pour la conquête du pouvoir. N’est-ce-pas ce qu’on reprochait à Idrissa Seck ? On dit de ce dernier qu’il est versatile parce que, tout en se projetant comme le futur président de la République, il passe tout son temps à aller dialoguer avec Me Abdoulaye Wade. Ce serait, donc, la même chose si l’opposition acceptait ce dialogue politique.

Wal Fadjri : Quel bilan tirez-vous de votre participation aux locales de mars 2008 en coalition du Mac de Demba Dia ?

Lat DIOP : Nous nous réjouissons de cette participation même s’il faut admettre que les résultats ont été mitigés. Il faut reconnaître, aussi, que la victoire du Mac et du Fep aux Parcelles assainies ne souffre d’aucun doute. Cela a été une très bonne expérience du point de vue politique et organisationnel. Pour le reste, nous savons tous comment ça s’est passé.

Wal Fadjri : Cette expérience vous donne-t-elle envie de tenter une autre, à savoir briguer le fauteuil présidentiel en 2012 ?

Lat DIOP : C’est justement en perspective de cette élection-là que nous sommes en train d’affûter nos armes. C’est pour vous dire qu’en 2012, nous y serons, s’il plaît à Dieu. D’une manière ou d’une autre, nous serons bien présent dans la course en 2012, en tant que candidat ou en coalition. En mi-novembre le Fep va organiser son congrès qui entre en droite ligne avec cette élection présidentielle.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui pourrait constituer un blocage à votre candidature ?

Lat DIOP : Avant d’en arriver à la décision de présenter une candidature au nom de notre formation politique, il va de soi qu’il faut évaluer les moyens dont dispose le parti. En effet, il faudra voir si les conditions matérielles sont réunies pour présenter un candidat issu de nos rangs. Seul le manque de moyens pourrait obstruer notre candidature en 2012. Sinon, nous avons un programme bien ficelé, des expertises avérées et des stratégies de campagne bien pensées. Maintenant, si nous nous rendons compte qu’une candidature de notre parti n’est pas possible, nous pourrions aller en coalition avec une ou d’autres formations pour soutenir un candidat en fonction des critères précis définis par notre parti.

Wal Fadjri : Pourquoi avoir créé un parti dès lors que vous n’avez pas les moyens de vos ambitions ?

Lat DIOP : Je n’ai pas dit que nous n’avions pas les moyens de nos ambitions. Nous mettons les moyens qu’il faut pour que notre parti fonctionne normalement au quotidien. Nous avons des idées, des ressources humaines qui sont au service d’un parti qui grandit. Maintenant, cela n’a rein à voir avec une élection présidentielle qui demande d’énormes moyens. Nous travaillons justement à la mobilisation de ces moyens. Si c’est fait, rien ne s’oppose à ce que nous soyons candidat à la prochaine présidentielle.

Wal Fadjri : Si vous devriez vous présenter, en quoi votre programme serait-il différent de ceux des autres ?

Lat DIOP : Nous continuons d’affiner la réflexion sur un projet de société à proposer aux Sénégalais. Mais, d’emblée, ce qui nous différencie des autres, c’est que toute notre action est axée sur la restauration de la dignité de la personne humaine. Ça c’est une conviction chez tous les militants du Fep. C’est ce qui fait la différence entre l’occident et les pays sous-développés du Sud, c’est le respect qu’on accorde à la dignité humaine. C’est véritablement le combat pour le parti du Front pour l’émergence et la prospérité. C’est le combat que nous portons en bandoulière et nous espérons que ce sera le socle de notre programme politique.

Wal Fadjri : Vous tâche, ne s’avère-t-elle pas ardue eu égard à la crise tous azimut qui secoue notre pays ?

Lat DIOP : Bien entendu que ce ne sera pas une tâche facile mais il faudra compter avec la bonne volonté des populations d’accompagner notre politique pour le changement des mentalités et l’émergence d’une nouvelle citoyenneté. Parce que ceux pour qui on prétend travailler doivent, en premier, percevoir la nécessité de changer les mentalités pour poser les jalons d’un développement durable pour leur bien-être. Ce sera, comme vous dites, une tâche ardue mais pas impossible. L’essentiel étant, pour nous qui aspirons à gouverner, d’en avoir la ferme volonté politique et des stratégies intelligentes de sa mise en œuvre. Ce qu’il faut reconnaître c’est qu’il y a une crise d’autorité dans ce pays et qu’il convient de restaurer celle-ci avant toute chose. On ne peut pas construire un pays émergent dans un tel désordre où personne ne respecte plus rien. Ce n’est pas possible. Il faut qu’on mette de l’ordre au niveau des institutions et dans tous les rouages de l’Etat. Cela est un impératif si nous voulons aller de l’avant !

Wal Fadjri : On vous soupçonne d’être parrainé par une personnalité religieuse qui envisagerait même de soutenir votre candidature, vous confirmez ?

Lat DIOP : (Il sourit puis se montre subitement sérieux). Vous ne voulez pas être clair, mais je sais là où voulez en venir. Tout au début de la création de ce parti, certains ont voulu faire croire que c’est Cheikh Béthio Thioune qui est derrière le Front pour l’émergence et la prospérité. Ce que je considère comme une aberration. C’est comme si vous voyez un Jean Paul Dias et vous dites que c’est le Cardinal Théodore Adrien Sarr qui est derrière lui. Ou que c’est la famille Tall qui est derrière Macky Sall. Soyons sérieux ! Ces supputations n’ont aucun sens.

Wal Fadjri : Donc, vous n’avez pas le soutien du guide des Thiantacounes ?

Lat DIOP : Que Cheikh Béthio soit derrière le Fep, je l’aurais souhaité. Quel homme politique aurait craché sur un soutien d’une telle personne. Je luis tends la main comme je tends la main à tout autre leader porteur de voix. Quand nous parlons du Sénégal, nous parlons de nos problèmes et nous considérons les Sénégalais intuiti personae, abstraction faite de leur appartenance religieuse, ethnique ou confrérique. Cela ne nous intéresse pas dès lors qu’on parle des problèmes des Sénégalais.

Wal Fadjri : Ne craignez-vous pas d’être l’otage de ces personnes une fois que vous accédez au pouvoir grâce à leur soutien ?

Lat DIOP : Nous sollicitons leur soutien mais cela ne veut pas dire que nous entendons être à la merci de qui que ce soit. Le jour où le pouvoir sera entre nos mains, nous le gérerons sans état d’âme. Il faut que chacun puisse marquer son territoire et y rester. Nous sommes dans une République qui fonctionne avec des règles. Et non dans une monarchie. Il n’est pas dit que si nous avions le soutien des uns ou des autres nous serions leur otage. Est-ce-que Abdoulaye Wade est l’otage des marabouts ? Apparemment non !

Wal Fadjri : Est-ce que ce n’est cette proximité que le président Wade a avec les guides religieux qui est à la base de l’impunité qu’on constate dans certaines affaires, notamment dans celle du saccage de Wal fadjri ?

Lat DIOP : En tout cas, pour nous, il ne sera jamais question d’impunité sous notre magistère. Nous serons sans état d’âme ! (Il se répète) On peut faire du Maslah (tolérance, Ndlr) lorsqu’il s’agit de choses qui nous appartiennent. Mais dans la gestion de l’Etat, il ne doit y avoir de Maslah. Un homme d’Etat ne doit pas avoir d’état d’âme dans le cadre de son travail. C’est de cette manière seulement qu’on peut mettre le pays à l’abri de certaines dérives.

Wal Fadjri : Pour vous, alors, il convient de fixer des limites dans les rapports entre le pouvoir temporel et le spirituel ?

Lat DIOP : Bien sûr ! Chacun doit évoluer dans la sphère qui lui est dévolue sans entraver la bonne marche de l’Etat de droit. Le marabout est un citoyen comme tout le monde. Sous ce rapport, il reste soumis aux lois et règles en vigueur dans le pays. S’il les enfreint, il doit être exposé à des sanctions.

Wal Fadjri : Vous êtes un natif de la banlieue, alors quel est votre sentiment sur les inondations qui ont frappé cette zone ?

Lat DIOP : Voilà une question à laquelle j’attache le plus grand intérêt et je pense qu’il y a énormément de choses à dire sur la banlieue. Ce serait, cependant, fastidieux de les énumérer ici. Par rapport à ces inondations, pour être très concis, sans entrer dans les détails, je dirai que la situation est très grave. Vu l’ampleur des dégâts, je me dis que c’est l’espérance de vie même des populations qui est réduite de jour en jour dans la banlieue. C’est juste pour ressasser les problèmes et les conséquences qui en découlent. Donc pour régler ces problèmes, il faut en mesurer véritablement les conséquences et se sentir concerné au premier chef. C’est notre cas. C’est pourquoi, une fois aux affaires, nous prendrons à bras-le-corps ces problèmes pour faire de la banlieue un bon lieu.

Wal Fadjri : Quelle sont, concrètement, vos solutions au problème des inondations ?

Lat DIOP : Moi, je refuse de faire de la mise en scène en allant octroyer, sous l’œil des caméras, des motopompes qui ne peuvent pas régler ce problème. La solution est plus technique qu’autre chose. C’est pourquoi, c’est une affaire d’experts. Alors arrêtons de leurrer les populations en mobilisant des motopompes çà et là.



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