LE CHEF RELIGIEUX SERIGNE ALIOUNE BOYE SUR LA GUERRE AU MALI : « Les islamistes qui prétendant agir pour le compte de l’islam ne sont pas de vrais musulmans »

On ne doit pas tuer, ni détruire des tombeaux ou des moquées et se prévaloir d’être un bon musulman. L’argument est du chef religieux Serigne Alioune Boye, fondateur de l’Institut Nouroul Islam de Guéoul. Le marabout a profité du deuxième jour de la célébration du Maouloud, pour se prononcer sur la situation du Mali.

Le guide religieux Serigne Alioune Boye, fondateur de l’institut Nouroul Islam de Guéoul, a fait la leçon aux islamistes, qui ont envahi le Nord-Mali. Connu pour son franc parlé et son ouverture intellectuel, il a condamné avec fermeté la démarche utilisée par ces derniers pour contraindre leurs victimes à adhérer à l’islam. « Ces gens (les islamistes) n’ont pas le droit de s’attaquer à des personnes afin qu’ils pratiquent la religion islamique. Ils agissent en dehors des recommandations de Dieu et de son Prophète. L’islam est une religion de paix et de tolérance », a-t-il laissé entendre. Et de poursuivre, la mine sévère : « le prophète Mouhammad (Psl) a essayé pendant 12 ans de convaincre en vain les païens de La Mecque. Finalement, il s’était résolu de quitter cette ville pour aller à Taïf où vivaient ses parents maternels. Arrivé là-bas, il a été accueilli par des enfants et des fous qui lui jetèrent des pierres, et pourtant, il a fini par pardonner à tous ces gens là. Donc, on ne peut se définir comme un bon musulman et en retour tuer des musulmans. Ceux qui le font ne connaissent rien de notre religion ». Aussi, martèle-t-il : « la religion est une affaire de cœur, on ne peut contraindre quelqu’un à adhérer à sa religion. D’ailleurs, le Prophète (Psl) de même que nos premiers chefs religieux, n’avaient que le Livre saint et un chapelet, pour plaider la cause de la religion islamique. Seulement, ils étaient de grands pédagogues, des diplomates avérés, très patients et très tolérants ». En outre, revenant sur la guerre du Mali, Serigne Alioune Boye est d’avis que « ceux qui prétendent agir pour le compte de l’islam ne sont pas de vrais musulmans. Ce sont des bandits, qui se cachent derrière le manteau de la religion pour faire leur bassesse. Il faut des préalables avant de plaider l’application de la charia. D’abord, il faut éduquer la population, l’enseigner et l’encadrer. Et, puis mettre des garde-fous, c’est-à-dire, faire en sorte que tous ceux qui veulent s’adonner à des pratiques bannies par la religion, remuent ciel et terre pour atteindre son objectif. De fait, l’on saura sûrement que celui qui a fauté le fait à dessein. Mais, dans notre société actuelle où tous les interdits sont à notre portée, il est impensable de songer à appliquer la charia. Si ceux qui se disent islamistes veulent uniquement défendre la religion, ils peuvent s’attaquer aux questions de l’heure notamment la faim et la pauvreté, le casse-tête de certains pays ». Faisant d’une pierre deux coups, le fondateur de l’institut Nouroul Islam, a encore interpellé les chefs religieux sénégalais. « Les chefs religieux du Sénégal doivent avoir un cadre d’échange pour au moins proposer des solutions au gouvernement en de pareils situations. On ne doit pas laisser les autres prendre des décisions à notre place. Et, pourtant nous nous levons quand les intérêts de nos confréries sont menacés. Donc, au lieu de rester les bras croisés, nous devons tous nous impliquer dans ce conflit, en proposant des solutions tirées du Coran ».

Halte aux milices !

Ne s’arrêtant pas en si chemin, notre interlocuteur a aussi dénoncé la prolifération des milices. « L’Etat doit sévir. On ne plus tolérer à tous ceux qui ont les moyens de recruter des jeunes pour assurer sa propre sécurité, car celle-ci est du ressort de l’Etat » argumente-t-il. Et de prévenir : « c’est dangereux, le risque de dérapage est permanent. La police et la gendarmerie sont là pour nous protéger ». Le dernier point du discours du marabout est relatif au mouvement d’humour des étudiants : « Nous avons échoué dans notre politique éducative sinon, les étudiants les leaders de demain n’allaient pas confisquer les bus de transport ou barrer les routes. « Ces derniers, doivent penser aux malades ou à ceux qui ont des rendez-vous importants ou ceux qui doivent voyager. Ils causent un lourd préjudice aux autres en voulant revendiquer leurs droits. On ne peut pas leur interdire de protester, mais qu’ils le fassent dans la légalité ».