Le Grand compte rendu de Me Wade : « - Le Nepad est une escroquerie intellectuelle »

Parti aux Etats-Unis pour les besoins de la 62-ème session de l'Assemblée générale de l'ONU, consacrée cette année à la dégradation de l'environnement et de ses effets sur l'homme, le président Wade a fait hier, face à la presse, son compte rendu. Ceci, dit-il, pour informer tout le monde, en raison de l'importance des questions soulevées aux Nations Unies, notamment en ce qui concerne le volet de l'environnement. Profitant de cette tribune, Me Wade est revenu sur plusieurs sujets : la pauvreté, la présence du contingent sénégalais au Darfour, l'Afrique et le Conseil de sécurité, le projet de Diamniadio, et surtout sur le Nepad, « une belle Mercedes sans un bon chauffeur ».

•  « Le Sénégal n'est pas candidat pour un poste au Conseil de sécurité des Nations Unies »

•  « Le projet de Diamniadio est un serpent de mer que je n'ai jamais aimé »

Le réchauffement de la planète, les dangers climatiques et autres dégradations de la nature ont été au centre des débats lors de la 62 ème session des Nations Unies. Ayant pris part à cette rencontre, le président de la république, Me Wade, en voulu en faire le compte rendu. Il s'agit plutôt pour le chef de l'Etat de sensibiliser les gouvernements sur la gravité de la détérioration du climat au niveau mondial. « Nous sommes tous responsables de la détérioration du climat. C'est pourquoi, nous avons voulu faire bénéficier aux autres de l'expérience du Sénégal à travers ses projets de bassins de rétention, de la grande muraille verte, des biocarburants etc.», dira-il. Seulement il tient à déplorer l'absence des pays occidentaux lors de ces débats, exceptée la France. Mieux , il s'attaque au protocole de Kyoto, qui selon lui n'est pas une bonne solution ; « il doit être revu et corrigé en raison de ses nombreuses insuffisances ». En effet, après le sommet de Rio de Janeiro signé en 1992, le protocole de Kyoto était censé corriger les imperfections de la convention de Rio, avec comme clé de voûte la réduction de l'émission de gaz à effet de serre, de moitié, avant 2015. Il bute pour le moment sur la réticence des Etats-Unis qui ne veulent pas se voir imposer des règles qui iraient à l'encontre de leurs intérêts ; d'où le grand regret de Me Wade. Pour sortir de cette impasse, Me Wade annonce la création d'une Haute autorité du désert. Ce qui permettra de faire un plan de récupération du désert, de l'explorer et de l'exploiter.

« Le Nepad est une belle Mercedes, sans un bon chauffeur »

Conscient de l'échec du projet du Nepad, et convaincu de sa pertinence, Me Wade a regretté la non compréhension des chefs d'Etat, de son projet qui, en réalité, « est une escroquerie intellectuelle qui, parti de l'Afrique du Sud, flotte encore. Ils ont proposé de le remplacer par une agence d'exécution. J'ai dit niet ! » Ainsi, il propose la remise sur les rails dudit projet. « Les chefs d'Etat africains n'ont rien fait, ils n'ont rien compris au bout de ces sept ans, parce que le Nepad devrait être, tout ce qu'un pays ne peut faire à lui seul. Malheureusement, ils n'ont rien compris, et l'on a perdu trop de temps », s'insurge Me Wade. Et d'illustrer ses propos, « l'Union européenne a mis sur la table 6,5 milliards pour nous demander de présenter un projet fiable. Mais rien n'a été préparé».  Sans trop se décourager, Me Wade compte remettre sur les rails le Nepad. D'ailleurs, il annonce la tenue d'un sommet sur le Nepad à partir du 22 novembre 2007 à Dakar.

« Le poste de l'Afrique au niveau du Conseil de sécurité doit revenir au Nigeria »

Revenant sur le débat autour du Conseil de Sécurité, Me Wade estime qu'il s'agit plutôt d'une réforme que les « grands » veulent faire pour augmenter le nombre de sièges permanents, avec droit de veto. « Avec ou sans voix de veto, nous de l'Afrique voulons parler d'une seule voix. Certains parlent des candidatures de l'Afrique du Sud, du Nigeria, de l'Egypte, etc. C'est pour nous divertir », constate Me Wade. Pour lui, la question de siége au niveau du conseil de sécurité est une affaire interne à l'Afrique. «  L'Afrique a été victime d'une injustice, parce qu'absente dans ce conseil. Il faudra la réparer. Tous les continents sont représentés sauf l'Afrique », renchérit le chef de l'Etat. Et de préciser que le Sénégal n'est pas candidat au poste de représentant de l'Afrique au conseil de sécurité. «  Le Nigeria est le mieux placé. C'est un grand pays ». 

« Nous allons retirer notre contingent du Darfour si, … »

Non content de l'augmentation du nombre de morts au sein du contingent sénégalais déployé au Soudan, Me Wade a montré toute sa colère, et a menacé de retirer ses hommes si toutefois, ils ne sont pas bien armés. « Nous avons envoyé des militaires et des policiers au Darfour, s'il est prouvé qu'ils ont subi un raid samedi soir (morts) parce qu'ils n'avaient pas d'armes pour se défendre, je vais faire une enquête pour savoir s'ils étaient armés ou victimes d'un guet-apens. Mais s'ils sont morts parce qu'ils n'avaient pas d'armes pour se défendre, je vais retirer tous les soldats sénégalais », a menacé Me Wade.

« Je n'ai jamais aimé le projet de Diamniadio »

Visiblement très touché de la baisse de la croissance économique du Sénégal pour cette année, le président Wade, indexant la hausse des produits pétroliers, a dit la nécessité pour les pays africains de s'organiser pour réduire le diktat des pays producteurs de pétrole, notamment par la création de l'organisation des pays africains producteurs de biocarburants. Mieux, il a théorisé sur l'économie libérale, pour dire que le « choc » a été si violent que le Sénégal s'est proposé des vendre ses actions au niveau de la Sonatel , des Ics et de Dakar Dem Dikk, parce que le privé sénégalais est encore timide. Ainsi, il s'est attaqué au projet du Mca (projet du millénium challenge account) qui devrait financer Diamniadio. Selon le président, les Américains n'ont pas renoncé à financer le Sénégal, seulement, il suffit que le gouvernement propose des projets viables, et les Etats-Unis sont prêts à le faire. « Le Sénégal conserve l'argent qui était prévu ». Mieux, Me Wade annonce qu'il a proposé le projet de cyber-village (cyber-city) qui sera logé au technopole, pour créer une dynamique au niveau du numérique, mais aussi, il envisage d'aller vers une centrale électrique, de charbon etc. Malgré tout cela, le président Wade révèle qu'il n'a jamais aimé le projet de Diamiadio. « Je l'appelai serpent de mer. Je veux une usine d'électricité moins chère, et électrifier le monde rural ». Voilà en grande partie, le compte rendu fait par Me Wade, lors de son face-à-face avec la presse.