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Politique

LE MYSTERE DU PATRIMOINE PRESIDENTIEL / FOCUS - La déclaration de patrimoine en tant qu’acte constitutionnel : Me Wade fâché avec la transparence

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LE MYSTERE DU PATRIMOINE PRESIDENTIEL / FOCUS - La déclaration de patrimoine en tant qu’acte constitutionnel : Me Wade fâché avec la transparence

La transparence ne se mange pas, elle se fait en actes. En dépit des mots qui assaisonnent le mielleux discours officiel sur la bonne gouvernance, on s’étonne que dans notre pays si «supérieur» au reste du monde, le président de la République ait encore la latitude de jouer avec les mystères de la loi pour mettre ses biens (s’il en a bien sûr) à l’abri de toute investigation et de toute publicité. En tant que Premier des Sénégalais, Me Abdoulaye Wade avait le devoir de s’appliquer lui-même les principes élémentaires de bonne gouvernance en rendant public son patrimoine. Jusqu’à présent, il ne semble pas l’avoir fait. Faut-il en désespérer ?

Après l’élection de Me Abdoulaye Wade en 2000 et, dans la foulée, de l’adoption de la nouvelle Constitution du 7 janvier 2001, les services de la Présidence de la République avaient rendu publique la déclaration de patrimoine du chef de l’Etat, quoiqu’elle fût sommaire. La nouveauté était pourtant réelle dans l’espace politique national et bien des observateurs avaient applaudi pour soutenir une démarche inédite au Sénégal. Plus tard, c’est le ministre d’Etat Djibo Kâ, rallié de fraîche date du président Wade, qui en faisait de même. En réalité, cette déclaration saluée notamment par nombre de secteurs de la Société civile était plus une opération de communication qu’une véritable volonté de jouer la transparence. C’est que, selon nos informations, Me Wade n’a jamais adressé, officiellement, une lettre de déclaration de patrimoine en bonne et due forme au Conseil constitutionnel, ainsi que le recommande le libellé de l’article 37 de la Constitution. Des sources proches du Conseil constitutionnel sont formelles : aucune trace d’un document du genre n’a jamais été enregistrée par le Greffe du Conseil.

Si, en 2000, Me Wade pouvait se dérober de cette obligation à cause du caractère non rétroactif de la nouvelle Constitution, des interrogations ne manquent pas sur son mutisme après qu’il a été réélu le 25 février dernier, sous le régime de la Constitution qu’il a fait voter en janvier 2001. En tout cas, il a pris du retard dans sa déclaration de patrimoine. Jusqu’à ce jour (Ndlr : dimanche 29 mars où nous travaillions encore sur ce dossier), le chef de l’Etat n’a pas adressé au Conseil constitutionnel sa déclaration de patrimoine. Le seul document relatif aux biens de Me Wade, connu et disponible à l’institution présidée par Mireille Ndiaye, est «une attestation» prouvant que le président de la République est «en règle» avec les services du Fisc. Cette attestation, découvre-t-on après investigation, est un document dans le dossier de candidature du secrétaire général national du Parti démocratique sénégalais (Pds) en prévision de l’élection présidentielle du 25 février dernier.

Aujourd’hui, le patrimoine de celui qui dirige le Sénégal est un mystère. Il n’est pas possible de déterminer ce que sont ses biens, ses avoirs. Pourtant, les commentaires et allusions ne manquent pas à ce sujet. Lors de sa conférence de presse du 1er mars, le président de la République avait fait état de l’existence de deux comptes bancaires pour lui. Quelques jours plus tard, le marabout et chef de parti, Serigne Moustapha Sy attise le débat sur les biens du chef de l’Etat en déclarant «connaître» quelques-uns des comptes bancaires de Me Wade. Pourtant, ces polémiques naissantes, incertaines ou partielles, sur le patrimoine du Premier des Sénégalais aurait pu être évitées si le président de la République s’était conformé à l’article 37 de la Constitution qui l’oblige à adresser au Conseil constitutionnel les détails de tous ses biens, lequel Conseil les rendant publics après.

Au niveau de la Présidence, le ministre porte-parole du chef de l’Etat, Me El Hadji Amadou Sall déclare qu’il ne peut se prononcer sur la déclaration de patrimoine du chef de l’Etat. Il dit, toutefois, que le «Président vient d’être élu et est quelqu’un qui est respectueux des textes et règlement».



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