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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Le nouveau gouvernement de Wade est un car rapide surchargé : Souleymane Ndéné est au volant, mais l’accélérateur et le frein sont sous les pieds de Karim !

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Le nouveau gouvernement de Wade est un car rapide surchargé : Souleymane Ndéné est au volant, mais l’accélérateur et le frein sont sous les pieds de Karim !

En attendant le « siroumane » Idrissa Seck, l’apprenti Ousmane Ngom fait descendre le resquilleur Ibrahima Cissé et réussit à monter sur le marchepied
« Wade cherche un Pm idéal pour gouvernement impossible » écrivions-nous la semaine dernière tout en soulignant la longue attente qui exaspérait les Sénégalais. Vingt-quatre heures après la parution de notre édition, c’est-à-dire le jeudi, le Premier ministre alors en fonction rendait sa démission. Le lendemain dans l’après-midi, son successeur était nommé en la personne de M. Souleymane Ndéné Ndiaye qui occupait jusque-là les fonctions de ministre d’Etat, ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Le lendemain, samedi, la composition du nouveau gouvernement était connue. Une équipe qui comporte peu de surprises, en réalité, dans la mesure où les principaux piliers de la sortante, les titulaires de ministères de souveraineté, étaient tous reconduits. A défaut d’un Premier ministre idéal, donc, Wade a préféré faire avec celui du possible et, en lieu et place d’un gouvernement impossible, il a reconduit aux trois-quarts celui qu’il avait sous la main. On prend les mêmes et on recommence.  Et même parmi les dix malheureux qui ont été laissés en rade, il s’en est trouvé un particulièrement agile et véloce qui a pu rattraper le convoi et s’y accrocher. Deux autres ont pu sans peine trouver des strapontins plus avantageux. Les électeurs sénégalais qui, dans leur majorité, avaient adressé un message clair à Wade dans lequel ils lui demandaient de changer sa manière de gouverner, et sans doute aussi les hommes chargés d’appliquer sa politique, sont donc priés d’aller se rhabiller. Soit le président de la République n’a pas décodé leur message, soit, et c’est le plus probable, il s’en bat l’œil, n’en faisant qu’à sa tête chauve. Ce qui est plus grave de conséquences pour lui. On avait pourtant cru entendre Wade promettre de tenir compte de l’avertissement à lui adressé par nos compatriotes. Il n’en a rien fait. Apparemment, les nombreux lobbies ont eu raison de lui. Ou alors il a dû se dire que ce n’est ni lui, ni sa politique qui avaient été sanctionnés le 22 mars dernier, mais des responsables de son parti, son prestige à lui demeurant intact aux yeux des Sénégalais. Bref, si ce n’est de l’autisme, ça y ressemble fort. Par exemple, les Sénégalais avaient dit partout, urbi et orbi, qu’ils souhaitaient voir réduite la taille du gouvernement. Message reçu 5/5 par Wade qui leur a donné un gouvernement de… 32 membres ! Ils voulaient un changement de têtes ? Il leur redonne les mêmes tronches auxquelles il adjoint même des revenants, chassés des précédents gouvernements pour diverses raisons. Résultat : en lieu et place d’un gouvernement « de changement », en tout cas renouvelé et rajeuni, on a droit à une équipe de redoublants et de revenants, seuls quelques resquilleurs ayant réussi à faire leur entrée dans l’attelage conduit par M. Souleymane Ndéné Ndiaye. Passons sur quelques aspects folkloriques et étrangetés de ce « team » comme cette bonne dame qui passe de la direction générale d’une agence secondaire à super-ministère d’Etat. Une dame à ce point chargée de prérogatives (Famille, Solidarité nationale, Microcrédit, Petite Enfance etc.) que l’on se demande si elle aura la force de les porter toutes et si elle ne va pas ployer sous le poids de la charge. Il y a aussi cette appellation franchement folklorique de « ministre chargée de la transformation agricole des produits alimentaires ». Ou, pardon, « chargée de la transformation alimentaire des produits agricoles ». Burlesque !

Nos compatriotes  de Dakar, dans leur majorité, ont confié avoir avant tout voté pour exprimer leur rejet du projet monarchique prêté au président de la République. En glissant le bulletin de la coalition Benno Siggil Sénégal dans l’urne, ils ont voulu barrer le route de la mairie de Dakar à Karim Wade. Une mairie dont tout le monde savait que le fils du Président voulait en faire son promontoire pour accéder au Sommet, à la présidence de la République s’entend. Karim figurant sur la liste de la Coalition Sopi 2009 — à la quatrième place mais qu’importe — les électeurs ont donc envoyé cette liste dans les cordes allant jusqu’à  massacrer le président et les membres de sa famille dans les bureaux où ils ont voté, au Point E. Adieu donc montée vers le Sommet en passant par le tremplin de la Mairie ! Les Dakarois ne veulent pas de mon fils comme maire et plus si affinités ? A la bonne heure ! Je vais donc le faire passer en force en usant de mon pouvoir discrétionnaire et des prérogatives que me confère la Constitution (que, soit dit en passant, j’ai réduite en lambeaux). C’est ce qu’a dû se dire le Président. En nommant Karim ministre d’Etat chargé des Infrastructures, de l’Aménagement du Territoire, de la Coopération internationale et des Transports aériens, le Président fait de son fils un vice-Premier ministre de fait, voire le véritable patron du gouvernement, Souleymane Ndéné Ndiaye n’étant là que pour faire tapisserie, exactement comme l’honorable Pape Diop, présenté comme tête de liste de la Coalition Sopi à Dakar pour les locales de mars dernier, n’était en fait qu’un faux-nez de M. Karim Wade. Lequel devait devenir maire en cas de victoire. De sa position (sa station, aurait dit l’ancien Pm M. Idrissa Seck !), M. Karim Wade aurait profité du budget de 44 milliards de francs annuels, plus des ressources additionnelles qu’il aurait glanées avec le soutien de son père, pour changer radicalement le visage de Dakar et en faire une capitale moderne, voire futuriste. Et ce dans le prolongement des travaux entrepris dans le cadre du sommet de l’Oci. Ces grands travaux que Karim-le-bâtisseur — le chef de l’Etat a parlé de « Génération de constructeurs — n’a pu accomplir comme maire, il va donc pouvoir les réaliser en tant que super-ministre. Privé des moyens de la mairie (44 milliards sur trois années d’ici à l’élection présidentielle de 2012, soit 132 milliards environ), il va pouvoir travailler avec le budget de l’Etat puisque Wade va ouvrir sans compter le robinet financier de l’Etat pour permettre à son fils de réaliser ses projets infrastructurels. Positionné pour être une sorte de pro-consul, Karim sera donc un redoutable rival pour M. Khalifa Sall, le maire de Dakar, donc les sources financières risquent de se tarir quoi qu’en dise le chef de l’Etat. Sans compter que, sur le plan domanial, il aura fort à faire pour trouver des terrains sur lesquels construire des infrastructures, les libéraux ayant tout bradé. Et lorsque le fils prodigue aura réussi sa mission (avec tous les moyens qui seront mis à sa disposition, s’il échouait, cas ce serait à désespérer !), alors Souleymane Ndéné Ndiaye n’aura qu’à lui céder la place.  A moins que, le fauteuil de vice-président libéré opportunément, il (Karim bien sûr) ne l’occupe. Il ne restera plus alors à Wade qu’à démissionner avant le terme légal de son mandat pour laisser le soin à son fils de le terminer. Comme  vice-président ou en tant que Premier ministre, dans ce dernier cas une version corrigée du fameux article 35 de l’ancienne Constitution qui permît à Abdou Diouf d’accéder au pouvoir serait introduite dans notre Charte fondamentale et le tour serait joué.

Pour en revenir à  Souleymane Ndéné Ndiaye, son gouvernement risque d’être éphémère car il faudra bien faire de la place aux partisans de M. Idrissa Seck. L’ancien Premier ministre et maire de Thiès, mais surtout leader de Reew Mi, vient en effet d’être blanchi des accusations de malversations qui pesaient sur lui (et qui ne reposaient sur rien comme n’a cessé de l’affirmer Le Témoin !) dans le cadre de l’affaire dite des chantiers de Thiès. Avec ses 14 % de voix obtenues lors de la dernière présidentielle, et avec la déroulée subie par la liste Sopi 2009 aux dernières locales, il apparaît donc comme le Sauveur, l’homme sans lequel le Pds risque de perdre la présidentielle de 2012. Appelé à la rescousse d’un navire libéral qui fait eau, il a donné son accord pour aider au renflouement de celui-ci. Seulement voilà : il se trouve que presque tout son staff est en chômage et il faut bien trouver du boulot à tous ces gens. Pour cause de boycott des dernières législatives, les 12 députés qu’il avait sont sans revenus tandis que les anciens ministres, eux aussi, pointent au chômage. L’Assemblée nationale ne devant pas être renouvelée avant 2012, le Sénat devant en principe être dissous, les fonctions de membre du Conseil économique et social ne devant (du moins en principe) pas être rémunérées, il ne reste donc plus que le car rapide gouvernemental pour caser les chômeurs de Reew mi. C’est pourquoi, il faut s’attendre légitimement à un prochain remaniement ministériel, ne serait-ce que pour faire entrer quelques-uns parmi ces responsables de retour dans la maison du Père.

Quant à M. Idrissa Seck, qui devrait occuper une station de prestige à la présidence de la République, en même temps qu’il devrait co-gérer le Pds, toute la question est de savoir comment devra s’opérer sa relation avec le vice-Premier ministre (et vice-président de la République de fait !), M. Karim Wade. S’ils veulent avoir une chance de gagner le scrutin de 2012, ils devront forcément constituer un ticket. Ou, à tout le moins, l’un d’entre eux devra s’effacer au profit de l’autre. Si Karim est le candidat officiel du Pds, les Sénégalais, qui ne veulent pas entendre parler de dévolution monarchique du pouvoir, le sanctionneront négativement. L’ennui c’est que même si Idy se met devant, et Karim derrière, nos compatriotes, qui ne sont pas dupes, les sanctionneront  tous les deux. Sauf si Karim dispose pendant deux ans de l’appareil d’Etat, en tant que président de la République par intérim, pour assurer sa réélection. Comme un certain Abdou Diouf en 1981. Ou si Wade, usant du même procédé que notre premier président de la République, l’installait au pouvoir par la grâce d’un article 35 édulcoré et remis au goût du jour. Dans ce cas, il ne faudra surtout pas parler de reniement car l’opposant François Mitterrand, qui dénonça par tous les moyens la constitution de la Vème République du général De Gaulle allant jusqu’à parler de « coup d’Etat permanent », avait quand même fini par se mouler dans les habits d’un « monarque républicain. La réhabilitation de l’article 35, ce ne serait de toute façon pas la première idée que Wade piquerait au poète-président  !

                                              

LE TEMOIN



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