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Politique

LE PARTI DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS FACE A SON DESTIN « la mort programmée... »

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LE PARTI DÉMOCRATIQUE SÉNÉGALAIS FACE A SON DESTIN « la mort programmée... »

Monsieur Cheikh Diallo, dans une réflexion intellectuelle et politique (Le soleil du 3 juillet 2009), nous invite à poser le débat sur le devenir du PDS. Il le fait en des termes ont ne plus claires. Je le cite « ....il est temps de poser le débat et d’entamer la réflexion en profondeur, sans passion innocente et sans faiblesse coupable » fin de citation. Je voudrais marquer mon accord sur la nécessité de s’interroger sur l’avenir du PDS , après les élections du 22 mars 2009 et par rapport aux échéances de 2012.

Sur le débat souhaité, deux approches sont possibles : soit formuler de façon parallèle, un point de vue personnelle, et laisser aux analystes et autres historiens du présent, le soin de procéder au recollement des diverse positions. La seconde démarche possible est celle que je compte choisir, et qui consiste à partir des points qui me paraissent essentiels dans les développements de monsieur Diallo et d’y apporter une vision sous un angle différent, sans passion innocente et sans faiblesse coupable. Dans son analyse de la situation du PDS, il fait un état des lieux des structures, du fonctionnement et du mode de dévolution des responsabilités, pour aboutir à ce qu’il appelle un « cas pathologique de bonne santé ». En d’autres termes, le PDS serait atteint du syndrome le plus grave de la léthargie Docteur Diallo a posé un bon diagnostic mais malheureusement, les solutions préconisées sont sujettes à caution.

Monsieur Diallo, pour faire prospérer une idée qui semble lui tenir à cœur : la création d’ « un rassemblement populaire » ou « d’un mouvement populaire » ou « d’une alliance populaire » du genre UMP en France, prend des raccourcis qui occultent les contraintes sociologiques : le contexte politique spécifique à la mouvance présidentielle où les ambitions politiques ne manquent pas. Il fait également l’économie d’explorer d’autres pistes et de proposer des solutions alternatives. C’est son point de vue, il faut le respecter. A partir du diagnostic posé sur le PDS, je voudrais, pour certains points, apporter la vision du militant et du responsable politique à la base. La léthargie constatée au niveau du fonctionnement des instances, résulte du centralisme démocratique et l’absence de démocratie que déplore docteur Diallo. Je cite : « En vérité, chez les bleus, le scrutin d’appareil partisan n’est pas encore le passage obligé. Il leur manque un mode, un instrument, et même un mécanisme incontestable de sélection ». La confiscation des leviers du parti par un groupe avec l’accord du Secrétaire général national, fait que ce groupe a droit de « vie ou de mort politique » sur tout militant. La conséquence première de cette absence de justice dans le mode de dévolution des responsabilités, est l’état de somnolence profonde des instances du parti. En effet, ceux qui ont le privilège de détenir des responsabilités politiques à la base et au niveau des échelons supérieurs, pour l’écrasante majorité, doivent leur positionnement, non pas à leur mérite personnelle, mais à leur appartenance à des coteries proches du secrétaire général national ou à des milieux lobbyistes. A contrario, ceux qui croyaient naïvement à la vertu d’un travail militant à la base, avec tous les sacrifices que cela requiert, se sont retrouvés dépossédés du fruit de leur labeur, avec la complicité de l’entourage immédiat du Secrétaire général national. Aujourd’hui, les injustement promus et les injustement sacrifiés s’accordent sur un point : le militantisme sincère et l’investissement personnel pour promouvoir le PDS, ne payent pas. Mieux vaut laisser la base en jachère et se faire des amis au sommet. Le patriotisme de parti en prend un sacré coup. Le courant Taxawu Sopi avait perçu suffisamment tôt le danger que de telles méthodes érigées en règles, pourront engendrer. Les investitures et les résultats des élections locales du 22 mars, en sont une parfaite illustration.

Le constat de Docteur Cheikh Diallo est partiellement juste, en ce sens que le scrutin d’appareil est inexistant. La nomination de responsables par la direction du parti est devenue la norme au détriment d’élection démocratique au niveau de toutes les instances. En ce qui concerne la disponibilité du mode, de l’instrument et du mécanisme, il suffit de se référer aux statuts et règlement intérieur du PDS, pour se rendre compte, que formellement, les dispositions existent pour une gestion démocratique. Il se trouve que la volonté de les appliquer n’existe pas. Pour monsieur Diallo, le PDS et son Secrétaire général national ont fait leur temps. Il le dit en « trois mots : commencement, cheminement et accomplissement ». Il dit également plus haut je cite « Chez les libéraux ...ils ont fait de Me Abdoulaye Wade la seule constante ....Il faut même dire qu’il est l’horizon indépassables des bleus ».

« Au risque de souligner une évidence, les hommes comme les formations politiques naissent, grandissent et meurent ». Fin de citation ! Pour lui, la messe est dite ! Si nous comprenons bien le sens de ses propos, Maitre Abdoulaye Wade et le PDS ne sont plus dans la course. En effet, dès lors que l’accomplissement devient effectif, la mission est terminée, l’existence devient sans objet. Il faut donc laisser la place aux autres et à autre chose. Dans le même ordre d’idée, quand il écrit que Maître Abdoulaye Wade est l’horizon indépassable pour les bleus, donc les militants du PDS ne sont pas outillés pour être des acteurs majeurs des combats futurs. En d’autres termes, les militants du PDS doivent se convaincre qu’ils vivent le crépuscule de leur militantisme « bleu ». Comme du temps des rois féodaux où les serviteurs étaient condamnés à disparaître en même temps que leur souverain, parce qu’ils ne devaient servir personne d’autre. Si monsieur Cheikh Diallo qui entretien seulement « un cousinage affectif avec le PDS » s’autorise à programmer « la mort assistée du parti, et à aménager un poste président d’honneur à son fondateur, peut- être a - t-il été « initié » !

Convenons donc avec lui que le train entre en gare et que le voyage doit nécessairement se poursuivre. Mais sur quel moyen de transport envisage t-on d’embarquer les « bleus » rescapés, pour les échéances de 2012 et au-delà ? Le diagnostic sans complaisance posé par docteur Cheikh Diallo, a pour finalité de dire aux militants et aux autres, la nécessité absolue et urgente de la refondation du PDS ou de sa liquidation pure et simple, afin de pouvoir faire face à l’avenir politique immédiat avec des hommes neufs. Soit !

Que nous propose t-on à la place ? La mise en place « d’une union populaire », « d’un mouvement populaire », « d’une alliance populaire ». Pour autant nous pouvons être d’accord avec docteur Diallo que le PDS dans sa forme actuelle, comme dans sa structuration du moment, aura beaucoup de difficulté à être une machine électorale performante pour 2012, autant je demeure perplexe quant à la faisabilité dans les délais, des réformes nécessaires et à la satisfaction de tous les préalables !

Pour redynamiser le PDS, dans l’hypothèse d’une refondation, les militants et les sympathisants auront besoin de plus qu’un ravalement de façade. Il faut remettre le parti au travail dans le respect des statuts et règlement intérieur, vendre les cartes, renouveler toutes les instances, canaliser les frustrations qui ne manqueront pas etc.... S’agissant de la création d’un « Mouvement populaire » genre groupement d’intérêt politique, conçu principalement pour des succès électoraux immédiats, il serait sans encrage sociologique. La mission à minima ainsi définie pour l’entité à créer, me semble peut mobilisateur, surtout pour certaines personnalités figurant sur la liste dressée par docteur Diallo. Elles ont un vécu politique en tant que leaders de formations politiques, dans des contextes différents du mode de fonctionnement du PDS, avec des lignes doctrinaires dont certains restent attachés. L’engagement qui lie chacun des leaders de parti avec les citoyens sénégalais, dépasse l’objectif d’un gain politique immédiat que procurerait un groupement d’intérêt politique. Il faut être plus ambitieux que la création d’une situation de rente politique, sans prise sur les réalités socio - économiques des sénégalais. La nouvelle formation politique dont il suggère la création, sur les centres du PDS, aura deux écueils majeurs à surmonter : le temps et le besoin d’inventaire.

1) Le temps : 2012 c’est déjà demain ! Il faut d’ici un an mettre en place la nouvelle entité politique, créer et animer les instances de base, dans la justice et dans l’équité. Mais surtout assurer à tous les responsables des autres partis - actionnaires, la place qui leur revient.

Il faut se choisir démocratiquement parmi tous les « possibles », le futur candidat à l’élection présidentielle de 2012, qui portera les meilleures chances du parti en gestation, face à une opposition organisée depuis 2008. Le choix d’un futur candidat doit être précédé par le choix d’un leader dès 2009, pour lui donner le temps d’incarner le parti et de pouvoir faire l’unité autour de son nom, le moment venu. Je doute fort que le temps imparti sera suffisant.

2) Le Droit à l’inventaire : Un parti comme le parti démocratique sénégalais ne peut, sur un trait de plume, passer en perte et profit, son histoire et son présent.

Les militants ont droit non seulement à l’information, mais doivent avoir des espaces d’expression, afin de formuler leur vision politique à tous les échelons. Cette approche évitera à la future entité de reconduire les mêmes erreurs et de provoquer les mêmes frustrations que le PDS

Le courant Taxawu Sopi, fidèle à sa philosophie, a décidé d’organiser dans le courant du mois de juillet, une journée d’étude inclusive sur le thème : « Quel parti libéral pour l’horizon 2012. Ce sera un panel avec des cadres, des militants et des intellectuels intéressés, qui permettront d’échanger mais surtout d’enrichir la réflexion nécessaire à la définition du libéralisme futur.

La seule certitude dont chacun doit se convaincre, c’est ce qui a prévalu avec maître Abdoulaye Wade, aucun militant ne l’acceptera plus jamais avec ses dirigeants. Les militants veulent être autre chose que d’être considérés pour du bétail électoral, corvéable et taillable à merci. Ils veulent désormais, que leurs avis soient pris en considération dans les orientations et dans la distribution des responsabilités

Il importe, pour élargir le champ de la réflexion, d’imaginer une nouvelle forme d’alliance organique avec les partis de la mouvance présidentielle qui ne seraient pas tentés par la nouvelle expérience envisagée.

Au total, docteur Cheikh Diallo à certes le mérite de poser le débat. Mais j’ai le sentiment qu’il a gardé sous le coude, l’essentielle de sa réflexion. A bien le lire, il vient en éclaireur. Ou bien il reviendra ou bien d’autres se chargeront de venir nous en dire plus.

PAR Massamba Seck, Rapporteur national de Taxawu Sopi



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