Élections couplées de 2007: Le vote confrérique se profile

Si les élections - que le chef de l’État a décidé de coupler - ont lieu en 2007, le vote confrérique pourrait s’inviter dans le scrutin. Du moins, c’est ce qui semble se dessiner dans les déclarations faites par certains guides religieux à l’occasion de la récente célébration de la naissance du Prophète Mouhamad (Psl). Une tendance qui est loin d’être irréversible.

À la fin des années 1980, un guide religieux du pays avait pris fait et cause pour l’ancien président Abdou Diouf ; en demandant à ses disciples de voter pour ce dernier contre l’actuel chef de l’État, Me Abdoulaye Wade. Bien avant lui, d’autres chefs de communautés religieuses ne cachaient pas leur amitié pour le premier président de la République du Sénégal. Un attachement qui ne manquait pas d'influencer politiquement leurs disciples. La dernière élection présidentielle de 2000 avait également enregistré les pronostics de leaders religieux au profit de la chapelle du Parti socialiste. L’histoire pourrait se répéter en 2007, sous forme probablement de recommandations voilées. Car, si les cinq « gamou » qui ont précédé la célébration cette année de l’anniversaire du Prophète de l’Islam n’ont pas été politiquement bruyants, ce ne fut pas, lundi dernier, le cas. L’événement était-il à ne pas rater pour faire partager aux « talibés » les ressentiments de leurs guides spirituels à l’égard du pouvoir temporel en place ? Toujours est-il qu’à Pal, un chef-lieu d’arrondissement de la région de Saint-Louis, le célèbre marabout de la localité a déploré devant le ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, le fait que le pouvoir actuel n’ait rien fait pour sa communauté ; à l’occasion de ses grands rendez-vous. Une remarque qui ne manquera pas d’être propagée par ses nombreux inconditionnels. À Thiénéba, capitale d’une autre grande famille de la Tidjania, c’est la même complainte. Le Khalife a relevé que Me Wade, bien qu’ayant l’habitude de passer régulièrement par la localité, n’a jamais daigné y descendre pour, au moins, une visite de courtoisie. Ses proches seront plus catégoriques et explicites…au profit de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, qui a annoncé qu’il sera de la prochaine course présidentielle. Tivaouane, la capitale des Tidianes, ne dit pas fondamentalement autre chose. Parce que, si le porte-parole du Khalife général a remercié l’État de ses efforts, il n’en a pas moins précisé qu’il n’a pas « entendu » ou « vu » les trois milliards que Me Wade déclarait avoir décaissés pour leur « maouloud » de lundi dernier. On prête également à Mbaye Sy Mansour, non seulement le fait de s’être affiché avec l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, mais de lui avoir aussi promis son soutien. Si dans la capitale du Mouridisme, Touba, le Khalife n’a pas fait de déclaration, des petits-fils du fondateur de cette confrérie musulmane se positionnent déjà. Les uns pour Me Wade, les autres pour Idrissa Seck ou des chefs de file de la Coalition populaire pour l’alternative. Des prises de position que pourrait - le cas échéant - remettre en question une directive (Ndigël) de Serigne Saliou Mbacké. Le chef de l’État ne cache pas son attachement à cette communauté islamique ; ce qui ne manque pas de créer ailleurs des frustrations. Cependant, force est de reconnaître que, du fait de l’attachement des Sénégalais à la laïcité ; et compte-tenu de la capacité du pouvoir temporel à prendre à bras le corps les griefs qui pourraient lui retomber sur les pieds, la tendance d’un vote confrérique pourrait bien être inversée. Ce serait alors tout au profit de la République.