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Politique

Législatives 2012 - Des politiques se réfugient chez les religieux : L’appel des muezzins

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Législatives 2012 - Des politiques se réfugient chez les religieux : L’appel des muezzins

23 Juin 2011 ! Cette date culte dans l’histoire sénégalaise récente a claqué com­me un coup de tonnerre dans le landerneau politique. Un coup de tonnerre, un coup de pistolet com­me pour donner le signal de départ d’un nouvel envol qui a emporté dans ses bourrasques le régime libéral embourbé aussi dans ses schémas constitutionnalistes avec des révisions taillées sur mesure. Cette journée historique a réorienté le «Sénégal politique» en pleine déconfiture vers une nouvelle donne : la faillite de l’homme politique professionnel et l’émergence d’une nouvelle citoyenneté. 

En épluchant les listes des Législatives, on découvre des politiciens en bout de souffle squatter de «bonnes places» chez les hommes religieux investis tête de listes. Sans états d’âme, ils admettent leurs échecs comme le soutiennent les prudes et les prudents. Les «religieux» veulent traduire leur poids populaire en voix électorales dans un pays politique en pleine transformation politique et idéologique. Le 23 juin a changé la donne,  rebattu les cartes et rajeuni le sérail, après plusieurs mandatures qui ont retiré à l’Assemblée nationale, transformée en repère de l’arrogance et de l’ostentation, toute sa crédibilité légendaire. Qu’on ne se fasse pas d’illusions romantiques, mais ce coup de sang neuf attendu va réconcilier le Peuple à ses nouveaux types de députés (Ntp). Le pire, ce serait bien sûr l’émergence d’un nationalisme religieux dans un pays où la laïcité  est un acquis à préserver. 

Abdou Samath Mbacké, Oustaz Alioune Sall, Rose Wardini, Amadou Kane, Serigne Modou Kara Mbacké entre autres ont aussi besoin de rêver. Si l’on veut que les politiciens de tout poil cessent de façonner les consciences citoyennes. C’est leur mérite.

Le scénario relève de…l’improbabilité politique. Il est presque inédit. Voire insolite. Les chefs religieux, têtes de liste inédites de partis ou de coalitions, hébergent des leaders de partis politiques classiques rompus aux codes politico-politiciens en prélude des élections législatives du 1er juillet 2012. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, des hommes estampillés chefs religieux à l’image de Serigne Modou Kara Mbacké, Serigne Abdou Samath Mbacké, Serigne Mansour Sy Djamil, Oustaz Alioune Sall, les thiantacounes, on pourrait multiplier les exemples, franchissent le pas et se propulsent têtes de liste en surclassant des ténors de la trempe de Mame Mactar Guèye, secrétaire général du Rassem­blement pour la démocratie au Séné­gal (Rds), Abdoulaye Makhtar Diop, secrétaire général des socialistes unis pour la renaissance du socialisme (Surs), de Hélène Tine, l’ex porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (Afp), Bassirou Sarr, un ancien de Aj/Pads. La Cap 21, devenue Coalition des alliés du peuple, au lendemain de la défaite de Abdoulaye Wade à la dernière Présidentielle, est cornaquée par le rockeur Demba Dia, président du Mouvement pour l’action et la citoyenneté (Mac) au détriment du couple de Paréna Mairame Wane Ly-Tidiane Ly. Le Cheikh a-t-il sapé la légitimité de Iba Der Thiam qui squatte les profondeurs de la liste nationale du Pds (11e place) pour espérer sauver son poste ? 

Premier indice de l’échec des politiciens

Ces Législatives, qui constituent une curiosité intellectuelle, laissent subodorer quelques questions : Pourquoi se refugier derrière des «religieux» pour briguer les suffrages des Sénégalais ? Est-ce l’indice de l’échec des politiciens ? Le secrétaire général du Rds Mame Matar Guèye, sous-couvert de Modou Kara, n’a pas déployé une langue en bois massif pour évacuer ces interrogations. Il affirme que cette situation est due à l’échec des politiciens professionnels. «Nous ne sommes plus crédibles aux yeux de l’opinion», reconnaît-il sans ambages. La lecture que Guèye fait de cette situation inédite est sans équivoque. Il dit : «C’est une sanction pour toute la classe politique.» Et pour lui, cet état de fait devrait être perçu comme le «premier indice de l’échec des politiciens». Le secrétaire général du Rds, est conscient que depuis le 23 juin, il y a une force citoyenne qui est née des flancs de la contestation et qui justifie la descente des hommes religieux dans la jungle politique longtemps réservée aux loups politiques. Selon lui, cette nouvelle citoyenneté va réserver encore aux politiciens classiques  d’autres surprises. Un avis qu’il partage avec Abdou Samath Mbacké, initiateur et tête de liste de la coalition «Salam». Ce petit-fils de marabout, qui a décidé de briguer des sièges à l’Assemblée nationale, pense comme le patron du Rds. «Les Sénégalais n’ont plus confiance aux politiques», expli­que-t-il. Pour preuve, il évoque lui aussi les manifestations du 23 juin 2011. «Les institutions comme l’Assemblée nationale n’ont pas fonctionné com­me le voulait le Peuple. C’est pourquoi, il y avait tout ce grabuge. Si les intérêts des populations sont pris en compte par les élus, normalement on ne devrait pas assister à de telles manifestations», soutient le marabout politicien. Serigne Abdou Sa­math Mbacké a réussi à rallier autour de sa coalition 18 formations politiques légalement constituées. Acteur peu connu de la scène politique, il accueille sous sa coupe un gros politicien, Bassirou Sarr, l’ancien administrateur d’Aj/Pads rompu aux combats politiques les plus improbables depuis la clandestinité imposée à la Gauche sénégalaise. Le leader de Bess dou niak, Serigne Mansour Sy Djamil, refuse cependant de verser dans ce débat. Pourtant, Djamil a fait de Hélène Tine, une ex-militante de l’Afp sa suivante sur la liste Bess dou niak. Pour autant, le marabout politique refuse de se confiner dans une posture d’homme religieux. Dans le cadre de ses activités au sein de Bess dou Niak, il se considère comme un citoyen. «Je ne suis pas un religieux», se défend-il. Il ajoute : «Je suis un citoyen sénégalais, investi par un mouvement citoyen.» Sur le choix des personnes présentes sur sa liste, Djamil ne s’attarde pas sur les considérations religieuses, politiques ou ethniques. La présence de Hélène Tine sur la liste serait-elle le fruit d’un hasard ? En tout cas l’ex-militante de l’Afp n’en fait pas un drame. Elle pense plutôt que cette liste magnifie le dialogue islamo-chrétien puisque (Bdn) est dirigé par un marabout suivi d’une chrétienne. Pour elle, son exclusion de sa Coalition Benno bokk yaakaar combinée à son engagement citoyen justifient son investiture sur les listes Bess dou niak. «J’ai décidé de reprendre ma liberté de citoyenne pour m’inscrire sur une liste citoyenne», confie l’ex-porte-parole de l’Afp justifiant ainsi sa présence sur cette liste. Dans tous les cas, on constate que Bess dou niak s’est présentée comme un refuge pour l’ex-militante de l’Afp. Une sorte de seconde chance pour siéger à l’Hé­mi­cycle.

Aucune expérience politique

Ces Législatives n’ont pas livré toutes leurs provisions d’insolites et de faits inédits : Ces «nouveaux leaders» sont vierges d’expériences politiques. Serigne Modou Ka­ra, Serigne Abdou Samath Mbacké ou encore Serigne Mansour Sy Djamil effectuent leur baptême de feu durant ce scrutin, leurs «se­conds couteaux» cumulent à plusieurs années d’expériences parlementaire, ministérielle et politique. Après avoir été lâché par le Parti démocratique sénégalais (Pds), le Rds, qui est allé se livrer au Parti pour la vérité et le développement (Pvd) de Kara, est un habitué des compétitions électorales : Il a participé depuis 2001 aux différentes élections législatives avec la liste du Sopi. Ce qui leur avait valu à l’époque un siège à l’Assemblée nationale et une expérience parlementaire. 

Il en est de même pour le cas de Abdoulaye Makhtar Diop, secrétaire général des Socialistes unis pour la renaissance du Sénégal (Surs). Même s’il n’a pas d’expérience parlementaire sous la bannière des Surs, il reste un grand politicien qui nage dans le marigot politique depuis les années 80. Pour la prochaine députation prévue ce 1er  de juillet, il a choisi, lui aussi, de se ranger derrière Serigne Modou Kara Mbacké qui, malgré la popularité qu’on lui prête, reste tout de même un bleu dans l’arène politique. Mais pour le patron du Rds c’est un partenariat gagnant. Dans la mesure où, le politicien apporte au religieux son expérience politique et le marabout pose sur la balance son engagement, son engouement et sa popularité. Une union qui certainement, fera mouche. Mais la question qui s’impose c’est quid du politicien, du marabout ou du Peuple bénéficiera de cette alliance ?  

Aujourd’hui, il faut constater le bouleversement de la géopolitique électorale provoquée par les manifestations du 23 juin. Cet engagement politique des hommes religieux relève aussi d’une conscience nouvelle : Ils préfèrent s’appuyer sur leurs propres forces pour forger leur propre destin. Les religieux apparaissaient sur cette scène uniquement en tant que souteneurs alors que des hommes politiques futés et conscients de leur poids populaire, n’hésitaient pas à leur faire miroiter un siège à l’Assemblée nationale ou un titre de conseiller municipal ou de président de conseiller rural. Ce qui constitue une machiavélique façon d’appâter toute la communauté confrérique ciblée. Puisque la formation politique espérait dans ces cas un retour de l’ascenseur. On se rappelle toujours du scandale causé par l’investiture du défunt khalife, Serigne Saliou Mba­cké sur les listes des élections locales de 2002. Pour l’opinion le statut de marabout politique est un tabou que les Législatives ont fait voler en éclats. Pour Mame Makhtar Guèye, les religieux sont désormais conscients de leur force. Cette force, jadis tapie dans l’ombre, a décidé de transformer ses disciples en militants pour avoir voix au chapitre pour davantage enrichir la démocratie dans le respect bien sûr de la laïcité.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Vérité

    En Juin, 2012 (17:00 PM)
    Arrêtez de trompez les sénégalais ! le rôle de l'assemblée nationale se n'est pas seulement de contrôler le pouvoir exécutif mieux encore d'encadrer le programme du gouvernement pour une bonne exécution sans oublier aussi les engagements que le nouveau président avait pris lors de la campagne électorale (réduction de son mandat, réforme constitutionnelle,............) donc il lui faut une majorité parlementaire. Cette majorité doit être l'achèvement d'un long combat pour la démocratie et la bonne gouvernance.
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  2. Auteur

    *******

    En Juin, 2012 (22:44 PM)
    BRAVO (LE PDS VA REVENIR AU POUVOIR HIN CHALLA) DIEU EST GRAND
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