Les autorités du ministère de l’Intérieur, notamment celles chargées de l’organisation des élections, risquent d’être les hôtes des juridictions nationale, sous-régionale et internationale, suite à une plainte que le leader du Jëf-Jël entend leur servir bientôt. Talla Sylla les taclera judiciairement après qu’elles ont refusé d’accepter ses listes «en violation de la loi électorale». Un refus dont il retrace aussi le film.
«Nous avons pris la décision de saisir nos avocats qui sont en train de travailler parce qu’on va les (les autorités du ministère de l’Intérieur en charge des élections : Ndlr) poursuivre en justice d’abord au plan national ; nos avocats sont en train de voir quelles sont les juridictions compétentes. Au plan sous-régional, nous allons saisir la Cour de justice de la Cedeao et au plan international, la Fédération internationale des droits de l’Homme.» Ce sont là les propos de Talla Sylla, leader du Jëf-Jël, après le refus des autorités du ministère de l’Intérieur de recevoir les listes de son parti pour les législatives.
Après avoir livré cette information, Talla Sylla a retracé le film à l’origine de la décision de son parti. Tout est parti de la signature du décret présidentiel portant répartition des sièges au niveau du département «ouvrant la période du dépôt des listes». Sur cette base, le Jëf-Jël a pris la décision de déposer ses listes le 30 mars. «La veille (le 29 mars), rapporte-t-il, nous avons pris la précaution d’appeler le directeur des opérations électorales pour l’informer de notre intention de venir déposer notre liste. Il nous a fait comprendre que c’est le dernier jour que ses services fonctionnent jusqu’à minuit et les jours ordinaires, à l’heure d’ouverture des bureaux jusqu’à 17 heures, mais qu’ils peuvent nous attendre jusqu’à 18 heures. Donc, il était dans les dispositions de nous recevoir.» Toujours est-il que n’étant pas prêts, Talla Sylla et les siens décident d’attendre le lendemain. Ce jour, étant en retard, Talla Sylla rapporte que le directeur des opérations les a appelés pour leur demander où ils étaient. Le vendredi 30 mars, à 11 heures 42, les représentants du Jëf-Jël ont été reçus par les services de la direction des élections qui leur ont dit qu’ils attendaient un représentant de la Cena.
LA LOI DE LA LOI SUR LA PARITE
Mais, le directeur des opérations électorales leur signifiera que «le ministre de l’Intérieur n’a pas l’acte qui pouvait donner naissance à la commission ; donc, il ne pouvait pas recevoir nos listes». Face à cette donne, le Jëf-Jël a commis les services d’un huissier pour aller voir directement le directeur général des élections. L’argument que leur a servi ce dernier est que c’est «le représentant de la Cena qui était absent et il ne pouvait pas prendre des listes en l’absence de celui-ci». Séance tenante, le Jëf-Jël appelle la Cena pour demander la présence de son représentant. Auparavant, le huissier a fait le constat qu’on n’évoquait plus l’absence d’une commission, mais celle d’un membre de la Cena. A l’arrivée de celui-ci, «le directeur général des opérations avait disparu», affirme Talla Sylla qui est allé alors vers le directeur des opérations électorales avec le représentant de la Cena. En présence de l’huissier, «on lui a fait comprendre qu’ils étaient tenus, au regard des dispositions de la loi, de recevoir nos listes. Il s’agissait de les vérifier pour voir leur conformité ou non avec la loi. Qu’ils aient créé ou non une commission, ce n’est pas notre affaire». Au représentant de la Cena, Talla Sylla déclare avoir dit : «Vous n’êtes pas ici tout simplement pour voir, mais aussi pour faire respecter la loi électorale et ces gens sont en train de la violer et ils ont fait mentir de hauts fonctionnaires.» Talla Sylla explique que les motivations de ce refus sont liées au vote de la «loi sur la parité, qui n’en est pas réellement une ; comme cela ne concerne que la liste nationale, c’est un quota puisqu’au plus, s’ils ont 60 députés, il y aura 30 femmes à l’Assemblée». En tout cas, relève-t-il, il y aura peu de femmes sur la liste départementale. «Comme la loi n’est pas promulguée, nous, on peut déposer nos listes et nous avions pris la décision de trouver Wade sur son terrain de la démagogie, car nous avons fait notre liste nationale avec 2 hommes et 58 femmes pour interpeller ces féministes pour leur dire : «Si vous voulez plus de femmes à l’Assemblée, c’est à vous de voter entre le Jëf-Jël et le Pds.» Pour lui, «le ministère de l’Intérieur ne veut pas que l’on dépose tant que la loi n’est pas promulguée».
Talla Sylla avise que son parti ne boycottera pas les élections, car il suivra Wade pas à pas. Il est persuadé qu’il faut une organisation, créer une «mobilisation citoyenne, comme en 2000» pour s’imposer.
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