Violemment attaqué par Nkrumah Sané, Saliou Sambou, membre de
l'Alliance pour la paix en Casamance (Apac), par ailleurs Directeur des
affaires générales et de l'administration territoriale (Dagat), n'y est
pas allé du dos de la cuillère pour apporter la réplique à son
contempteur qualifié de «Plus grand commun diviseur du peuple
casamançais et du Sénégal». Un Nkrumah qui «n'est responsable de rien
parce qu'il ne dirige personne» et dont les menaces sont «des
enfantillages» qui ne lui font pas peur, dit Saliou Sambou qui brocarde
Jean-Marie François Biagui, Ansoumane Badji et Lansana Goudiaby, entre
autres chefs rebelles également hors du territoire qui «ne veulent pas
endurer les mêmes souffrances des combattants sur le terrain». Disant
sa conviction que les populations de Casamance «ne se sont jamais
réunies pour décider de l'indépendance» et que «le Sénégal n'a jamais
colonisé la Casamance», M. Sambou indique que la paix «passera par une
discussion très sérieuse avec le Mfdc». Avec le préalable «des assises
inter-Mdfc» sans «écarter personne», y compris Salif Sadio.
Qu'est ce qui explique selon vous le regain de violences constaté ces derniers temps dans le Sud du pays ?
Je
dois vous dire dès le départ que je dois m'excuser auprès des
Sénégalais qui me connaissent et aussi aux différentes associations qui
appartiennent à l'Alliance pour la paix en Casamance (Apac). Parce que
nous avons décidé de mener des actions discrètes, de ne pas les
médiatiser. Mais comme Nkrumah Sané m'a cité nommément, je suis obligé
de lui répliquer pour que les gens comprennent. Maintenant, pour en
revenir à votre question, personnellement, je ne peux pas l'expliquer.
Ce qui se passe nous surprend, d'autant plus qu'il n'y a pas longtemps,
nous avons été dans le maquis. Et actuellement, c'est en revenant de
là-bas que nous avons appris ces accrochages. Il est vrai que nous
avons eu un début d'explication en nous entretenant avec les
responsables du maquis, surtout au niveau de Kassolol. Ces derniers
accusent l'Armée de démultiplier ses camps. Ils reprochent à l'Armée de
se préparer à les assiéger. C'est à ce niveau, peut-être, qu'il faut
comprendre le regain de violence. Ils reprochent à l'Armée beaucoup de
choses. Ce qui est compréhensible parce que c'est deux camps opposés et
ils tirent la couverture sur eux.
Peut-on justement,
au motif de satisfaire les combattants du Mfdc, faire l'impasse sur
l'exigence de sécurisation de la zone qui incombe à l'Armée nationale ?
En
fait, le véritable problème, c'est qu'il a manqué de communication
entre beaucoup de gens. Parce que, même au niveau de la compréhension
de ce qui se passe en Casamance, beaucoup de Sénégalais ne sont pas
bien informés. Or, dès le début, on a presque considéré tous les
Casamançais, particulièrement tout Joola, comme des indépendantistes.
Et cela nous a fait perdre énormément de temps. En fait, ce qu'il faut
savoir, c'est que le mouvement de 1982 a été spontané. Les Casamançais
ne se sont jamais réunis pour décider de l'indépendance. Il y a des
gens qui ont pris des armes et qui parlent au nom des Casamançais. Et
dans ce cas, la population de la région est entre deux feux : entre
l'Armée - parce que tout le monde est suspecté -, et le Mfdc qui nous
reproche d'être des lâches, de ne les avoir pas suivis. Parce que,
selon eux, c'est la Casamance qui a décidé de l'indépendance. Et c'est
là qu'il y a l'incompréhension parce que, à ce que je sache, la
Casamance ne s'est jamais réunie pour prendre une décision qui devait
nous mener à la prise des armes.
Les derniers événements survenus dans le Sud sont revendiqués par Nkrumah Sané. Est-il vraiment le chef des combattants ?
Je
ne le crois pas parce que nous avons rencontré des combattants très
responsables avec qui nous avons discuté très sereinement.
Pourtant il vous accuse de rester à Dakar, sans oser aller dans le maquis...
Vous
savez, Nkrumah m'accuse de faire des conférences à Dakar seulement. Je
dois lui dire que nous avons été à Diakaay et à Kassolol. Et cela fait
moins de deux mois que je suis revenu de Ziguinchor. Je lui dirais plus
: je ne me suis pas arrêté à Ziguinchor, j'ai continué jusque dans le
maquis. Maintenant, s'il prétend être celui qui dirige les maquisards,
comment se fait-il qu'il ne soit pas au courant que j'ai été quatre
fois dans le maquis ? Donc, Nkrumah Sané n'est responsable de rien
parce qu'il ne dirige personne. Il s'autoproclame chef de Atika (Ndlr :
la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance).
Quid de Jean-Marie François Biagui, de Ansoumane Badji ou de Lansana Goudiaby ?
Tous
ces gens-là se disent responsables du Mfdc et sont pourtant hors du
territoire national et ne veulent même pas endurer les mêmes
souffrances des combattants sur le terrain. Est-ce qu'ils doivent
revendiquer quoi que ce soit ? Je pense qu'ils profitent de la
situation pour se faire prendre pour des réfugiés et profiter des
subsides qu'on leur donne ; parce qu'en Europe, c'est très facile. Ils
se disent brimés dans leur pays. C'est le lieu de rappeler que le
président de la République a signé une amnistie.
Qu'est-ce que vous voulez dire en rappelant cette amnistie ?
Nkrumah
Sané soutient qu'il ne peut pas venir parce que le Sénégal va
l'arrêter. Pourtant, il est en France avec un passeport sénégalais.
C'est ce même gouvernement sénégalais qui l'a envoyé en France avec
toute sa famille. Il est là-bas au chaud et il demande aux autres de se
battre. Qu'il vienne !
Est-ce que vous n'êtes pas en train de l'accuser de se servir de la rébellion plus que de la servir ?
Je
dis et je le répète : Nkrumah Sané n'est pas un rebelle, il n'a pas
fait de rébellion, c'est la rébellion qui l'a fait. Qui connaissait
Nkrumah Sané avant 1982 ? Connaissait-il avant l'Abbé Diamacoune avant
1982. Il a profité de cette situation. C'était un étudiant en langue
arabe dans un pays arabe. Sa légitimité, il la tient du fait qu'il a
été incarcéré un moment. S'il a été dans le maquis, il n'y a pas plus
d'une semaine et c'était au tout début quand tout le monde y a été.
Après son arrestation, il a été exfiltré vers la France. Et c'est de
là-bas qu'il allume le feu chaque jour. Ce n'est pas responsable. Il
n'a qu'à venir avec moi. Il dit que moi je n'ose pas aller à
Ziguinchor. Qu'il vienne au moins à Dakar, on ira ensemble dans son
Diégoune natal où j'ai été il n'y a pas longtemps pour une conférence.
Mais avez-vous un problème personnel avec Nkrumah Sané ? Le connaissez-vous ?
Vous
savez, Nkrumah Sané est du village de Diégoune et moi, je suis de
Thionk-Essyl. Nos deux villages sont des cousins à plaisanterie. De ce
fait, je lui dis tout ce que je veux et il en fait autant avec moi.
Mais en dehors de cela, on n’a aucun problème particulier. D'ailleurs,
dans le cadre de l'association des ressortissants de Bignona, quand on
a voulu construire le mur du département, c'était avec eux, les
ressortissants casamançais de France. Et quand il venait, il descendait
chez moi. Je le connais très bien et je l'ai rencontré trois fois à
Paris. On a discuté de 22 heures à 4 heures matin sans arriver à se
mettre d'accord. Le lendemain, il a payé un poulet et m'a encore invité
pour qu'on discute. Ce qui l'a fait sortir de ses gonds, c'est ma
déclaration. Mais je comprends sa sortie parce que c'est cette
situation de conflit qui lui permet de rester en France et de glaner de
l'argent un peu partout sous prétexte qu'il mène une lutte de
libération. Je dois lui dire que l'indépendance, nous l'avons eu en
1960. Qu'il parle de sécession ou d'autre chose parce qu'il n'est plus
question actuellement d'indépendance. Le Sénégal n'a jamais colonisé la
Casamance. On a subi le même joug colonial par la France. Et en dehors
du colonialisme, le Sénégal était une entité reconnue avec un brassage
important. C'est que Nkrumah Sané, avec son niveau intellectuel, ne
peut pas comprendre. S'il avait accepté en son temps de prôner la paix,
il aurait pu se faire un nom. Mais maintenant, la paix va se réaliser
sans lui et il sera oublié parce que meilleur cadeau que l'on pourrait
faire à Nkrumah, ce serait de l'incarcérer pour qu'il se fasse un nom.
Qu'on ne l'emprisonne pas, qu'on le laisse rentrer chez lui et l’on
verra ce qu'il va faire.
Il se dit que son activisme est la résultante d'une promesse non respectée du président de la République...
C'est
ce qu'on dit. Il reprocherait à Wade de lui avoir fait des promesses
quand il était dans l'opposition ou quand il était président, et qu'il
n'aurait pas respecté ses engagements. Si c'est la cause de son
activisme, je dis alors que Nkrumah Sané fait un amalgame entre Wade
citoyen et Wade président de la République. Wade président de la
République est une institution et l’on ne doit pas s'attaquer à une
institution comme ça. C'est un manque de respect pour le peuple
sénégalais. Vraiment, je ne voudrais pas m'abaisser au niveau de cet
individu car il ne mérite même pas d'égard. Et sa réponse, il l'aura
par les populations casamançaises et d'une manière générale par le
peuple sénégalais.
Il a aussi proféré des menaces contre vous ...
Ces
menaces ne me font pas peur. Je trouve que ce sont des enfantillages.
Qu'est ce qu'il peut me faire ? Il ne dirige rien, il n'est responsable
de rien. Il s'autoproclame chef du Mfdc alors qu'il est bien à couvert
là-bas en France. S'il dit que c'est lui qui dirige le Mfdc, qu'il
vienne dans le maquis !
Est-ce que ces menaces peuvent avoir une influence sur les actions que vous menez dans le cadre de la recherche de la paix ?
Je
viens de dire que ces menaces ne me font pas peur. Je continuerais à
aller dans le maquis. En réalité, Nkrumah Sané me reproche une sortie
au cours de laquelle j'ai dit que d'ici à l'an 3000, il n'y aura pas
d'indépendance pour la Casamance.
En fait, sur quoi vous fondez-vous pour affirmer cela ?
Je
le dis parce que le Sénégal n'est pas un pays sorti du néant. Nous
sommes dans le monde actuel et nous sommes membres de l'Organisation
des Nations-Unies (Onu). C'est cette organisation qui a dit qu'il faut
respecter les frontières léguées par les puissances coloniales. Elle
n'acceptera jamais qu'on remette en cause cela. Parce qu'une fois qu'on
aura remis en cause ces frontières une seule fois, il faudra revoir
toute la situation du monde. Est-ce que pour les beaux yeux des
Casamançais, on va enfreindre la réglementation internationale ? C'est
pourquoi je dis, dans ces conditions, tout ce qui reste au Mfdc, c'est
de tuer, de continuer à tuer des gens et cela n'aboutira à rien. La
Conférence de Berlin et celle de Brazzaville ont déjà déterminé les
frontières des différents pays. On a vu des rébellions un peu partout
dans des pays qui sont plus grands que le Sénégal, comme dans le Kivu
en République démocratique du Congo ex-Zaïre, le Biafra au Nigeria.
Alors pourquoi doit-on accorder l'indépendance à une partie du Sénégal
qui, en dehors de la Gambie et de la Guinée-Bissau, est l'un des pays
les plus petits de l'Afrique de l'Ouest.
Le ministre
des Affaires étrangères est favorable à une extradition de Nkrumah
Sané. Est-ce une initiative à même d'apporter le calme chez les
maquisards ?
C'est une procédure très longue et il y a quand
même des dispositions à prendre. Mais le problème pour moi, je crois
que Nkrumah a la double nationalité pour se permettre de faire ce qu'il
est en train de faire. S'il est Français, il sera très difficile de
l'extrader. Mais dans tous les cas, je crois qu'au niveau de la France
qui est un pays ami, des dispositions seront prises parce qu'il est en
train de nuire à la stabilité du Sénégal.
Les combattants reconnaissent-ils à Nkrumah Sané une légitimité ?
Donner
une réponse exacte à cette question est quand même difficile. Les
combattants sont très divisés. Il y en a qui se réclament de lui, comme
il y en qui ne veulent pas entendre parler de lui.
Dans ces deux camps, qui sont les majoritaires ?
Il
faut d'abord savoir combien y a-t-il de combattants pour parler de
majorité. Je ne peux pas parler de majorité ou de minorité. Il y a des
cantonnements différents, sauf le camp de Salif Sadio, qui se dit être
sous le commandement de César Atoute Badiate. C'est le cas des
cantonnements de Diakaay et de Kassolol. D'ailleurs, quand nous avons
été là-bas, Atoute Badiate nous a bien reçus et nous avons discuté avec
lui avec beaucoup de responsabilité.
Que faut-il alors faire pour sortir de cette situation qui ressemble à bien des égards à une impasse ?
Le
problème qui a été l'origine de la prise des armes, il faudrait que les
gens pensent à le régler. Et cela passera par une discussion très
sérieuse avec le Mfdc qui n'est pas la seule entité concernée. Tous les
Casamançais civils sont aussi concernés par le conflit. Ce n'est pas
parce qu'on a pris des armes qu'on va imposer votre vue à toute une
population.
Le processus de paix est pourtant au point mort. Est-ce votre avis ?
C'est
cela en fait qui fait que nous nous levons. On a comme l'impression
qu'il n'y a pas une commission de suivi après les différentes
négociations. Chaque fois, on négocie et l’on rentre et personne ne
sait jusqu'où les accords ont été acceptés et réglés. Et à partir de ce
moment, il y a des problèmes. Mais, nous disons, dans la mesure du
possible, si les négociations devaient reprendre, qu'il y ait une
commission qui puisse suivre l'application des accords pour pouvoir
faire le point après un temps. Si on ne le fait pas, à chaque fois
qu'il y a une accalmie, on oublie que le problème est encore entier.
Vous êtes revenu du maquis, que veut le Mfdc ?
Le
problème, c'est que le Mfdc est divisé. Il y en a qui sont pour la
paix, mais il y a des irréductibles qui veulent aller jusqu'au bout.
Mais nous sommes en train de voir comment faire pour rallier tout le
monde à l'idée de la paix. Parce toutes les guerres du monde se
terminent autour d'une table de négociations et ce n'est pas en
Casamance qu'il y aura une exception.
Qu'est ce qui motive encore les «irréductibles qui veulent aller jusqu'au bout» ?
Ils
ont différentes récriminations, mais je ne peux pas citer ici. En fait,
nous nous sommes réunis et nous allons essayer de régler ces problèmes.
Mais, si on en parle, c'est comme si on les trahissait. Tout ce que je
peux dire, c'est que nous allons faire un procès-verbal à qui de droit.
Alors comprenez que je m'en arrête-là.
Quel est l'état d'esprit de l'État quant à sa volonté de résoudre ce conflit ?
Nous
n'avons rencontré pour le moment que le Mfdc. Mais nous allons nous
tourner vers l'État pour essayer de voir les possibilités de renouer le
fil du dialogue.
Il se dit également que les questions
d'argent reviennent régulièrement parmi les problèmes évoqués chez les
combattants. Est-ce que cela fait partie des récriminations des
rebelles ?
Pour le Mfdc, la division est venue de l'extérieur.
En fait, c'est l'argent qui les a presque divisés parce
qu'effectivement, l'entrée de l'argent a vraiment démultiplié les
problèmes. Et nous pensons qu'il faut arrêter cela. C'est pourquoi
nous, quand on rencontre les combattants, nous leur faisons savoir
qu'on n'a pas d'argent à distribuer, nous n'avons que notre conviction,
notre volonté à faire en sorte que tout le monde se retrouve autour
d'une table. Nous ne sommes ni envoyés par le gouvernement, ni par le
Mfdc. Nous sommes des citoyens sénégalais qui s'activent pour la
recherche de la paix en Casamance.
Mais il y a quand même des préalables à régler pour aller vers la paix...
C'est
cela le problème justement. Nous, nous pensons qu'il faut
nécessairement des assises inter-Mdfc. Il faut qu'ils règlent leurs
problèmes d'abord. Et après, on verra avec le gouvernement les
dispositions qu'il faut prendre pour initier d'autres rencontres. Sans
ces assises, il sera très difficile de négocier parce qu'il n'y aura
pas d'interlocuteurs. Nkrumah prétend être le chef alors qu'il y a à
côté Jean-Marie François Biagui, Ansoumane Badji, il y a maintenant
Lansana Goudiaby. Il faut que tous ces gens-là parlent de la même voix.
Vous parlez alors de la question du leadership ?
Tout
à fait ! Avant, on avait un interlocuteur en la personne de l'Abbé
Diamacoune. Et depuis qu'il est mort, c'est maintenant la débandade.
Chacun y va de son langage, de ses propos. C'est à qui veut se montrer
plus irréductible que l'autre.
Dans la question du leadership rebelle, incluez-vous le chef de guerre Salif Sadio ?
Nous
n'écartons personne. Nous n'excluons personne, même pas Salif Sadio.
Même au niveau du Mfdc, ils pensent pouvoir discuter avec lui. La
perspective même de ces assises inter-Mfdc, c'est pour régler tous ces
problèmes. Parce qu'une fois que vous laissez quelqu'un en rade, il a
sa capacité de nuisance. En vérité, les gens ne sont pas à craindre en
tant que tels. C'est leur capacité de nuisance qui est dangereuse.
C'est le cas de Nkrumah Sané. Il n'est rien. Mais regardez ce qu'il
fait. Il déstabilise le Sénégal à partir de la France. Si je devais
qualifier ce garçon, je dirais que c'est le Pgcd, le Plus grand commun
diviseur du peuple casamançais et du Sénégal d'une manière générale.
D'ailleurs, il y a même des étudiants qui nous ont interpellés parce
qu'ils veulent nous aider au niveau de la base en rencontrant les
parents qui sont dans le maquis.
Dans les démarches que vous faites, vous arrive-t-il d'avoir peur ?
Peur de qui ?
Des combattants, par exemple ?
Mais
le problème, il est celui-là : Si tout le monde a peur, comment va-t-on
faire pour renouer le fil du dialogue ? J'ai posé la même question aux
combattants parce qu'il y a des gens qui me disent de ne pas y aller.
Vous savez ce qu'ils m'ont dit : «Vous êtes notre seul relais parce que
nous, nous voulons la paix. On ne peut pas vivre tout le temps avec un
fusil. On en a assez». Mon rôle est de faire en sorte que la paix
revienne. Il y a des jeunes qui sont nés après 1982 et ils veulent
vivre. Ils n'ont aucune vie, ils ne connaissent rien d'autre que le
fusil. Pour ces combattants, c'est le peuple casamançais qui les a mis
dans cette guerre et les a abandonnés. Mais quand moi je vais les voir,
ils se disent : «Au moins, il y a des gens qui se préoccupent de nos
sorts».
N'avez-vous pas peur de rencontrer une balle rebelle aussi ?
D'une
manière ou d'une autre, chacun mourra à son heure. Mais si ce n'est pas
encore pour vous l'heure de votre mort, personne ne peut vous tuer. Ce
n'est pas du déterminisme. Mais je dis, en croyant, qu'il me faut faire
quelque chose puis que nous sommes de la zone. Il nous faut toujours y
aller. Et s'il n'y a pas la paix, que vaut la vie ? Vous pensez que
moi, je vais rester trois sans aller voir mes parents à Thionk ? Sans
aller à Ziguinchor ? Même si je dois rencontrer un jour la mort, ce
sera mon destin. Et je me suis préparé à cela et je l'ai dit à ma
famille, à tout le monde. Mais moi, je ne m'arrêterais pas tant qu'il
n'y aura pas la paix. C'est ma conviction. Je suis musulman croyant et
je crois que la vie dans l'au-delà vaut mieux que celle-là qui est
passagère. Donc je préfère faire du bien en prenant tous les risques et
le jour où Dieu voudra de ma vie, que cela me trouve en train de faire
une bonne action.
Qualifiez-vous votre démarche de Jihad (Ndlr : Guerre sainte) ?
Parler
de Jihad, c'est trop fort. J'ai juste le sentiment de faire de bonnes
actions. Je suis «talibé Cheikh», un Tidiane. Nous croyons en Dieu et
nous n'avons pas peur quand nous avons la conviction. Vous savez, la
mort, c'est de là-haut qu'elle se décide. Le jour qu'elle devra
arriver, couché, dans l'eau ou atteint d'une balle, elle arrivera,
parce que Dieu l'aura voulu.
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