Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Macky Sall et Idrissa Seck : Addition d’egos sur le chemin du Palais de la République

Single Post
Macky Sall et Idrissa Seck : Addition d’egos sur le chemin du Palais de la République

Thiès est la tanière de Seck, la cité où il n’a jamais été défait. Un symbole pour lui qui jure de prendre sa retraite politique au premier revers dans son fief. Ce miel politique attire les abeilles de Sall. En semaine, les deux sont alliés en semaine dans Bennoo Bokk Yakaar et au Gouvernement. Le week-end, ils bandent des muscles qui pour préserver son stock électoral, qui pour en prendre quelques délicieux nectars. Voici la chronique d’une addition d’egos très salée lorsque fonctionnement les destins présidentiels respectifs. Un air de déjà vu, entre Wade et Niasse, avec onze années de décalage.

L’image est d’une violence qui heurte le code moral entre deux parties contractantes : « coup de poignard », ont dit les partisans thiessois d’Idrissa Seck. Un sentiment que l’œuvre commune est en train de basculer dans l’escarcelle d’un allié, par la porte dérobée. La façade est lustrée au sourire de circonstance. Tout est bien dans le meilleur des mondes d’alliés… Une manie diplomatique et publique de distiller les garanties de confiance tout en inoculant, par sérum caché, le venin de la discorde. Thiès est le théâtre de cette dissonance entre deux chefs d’orchestre ayant convenu d’un featuring sous le label « Bennoo Bokk Yakaar ». Le « soutien sans conditions » d’Idrissa Seck à Macky Sall a quand même quelques retombées : deux ministres, des députés, des PCA, entre autres. Même si le Sénat, sacrifié à l’autel des inondations, a sauvé la « coalition de coalitions » d’un trop plein de frustration lié au couteau peu loyal du boss de l’APR : Niasse et Tanor auraient été les mieux servis. Peu importe ! Idrissa Seck s’emmure dans un silence après avoir gommé les préjugés de déloyauté à l’opinion sénégalaise largement favorable à Macky Sall. A défaut de conditions liées aux postes, ce deal a un soubassement moral : les deux anciens numéros 2 de Wade devaient respecter un pacte de non-agression. Disons de non-débauchage. Mieux, fusent des accusations de blocage des fonds de roulement de la commune de Thiès, sous la coupe de Seck, avec l’implication pleine et permanente de son fidèle parmi les fidèles, Yankhoba Diattara. L’accusé trône place Washington, au ministère de l’Economie et des Finances.

IDY-MACKY, UN REMAKE DE WADE-NIASSE

Cette fresque politique est un remake des dissensions survenues entre Moustapha Niasse (faiseur de roi puis Premier ministre) et Abdoulaye Wade (candidat des FAL puis Président élu), aux premiers mois de la première alternance survenue en 2000. A l’époque, Khadim Tabet avait quitté l’AFP pour le PDS. Ayant concouru sur des listes différentes aux législatives de 2001, chacun des deux groupes voulait la commune de Mbour. Le parti du Président Wade a requis le soutien de celui de son Premier ministre, Moustapha Niasse pour installer Tabet à la tête du Conseil municipal. Voici ce que Niasse en disait dans un entretien accordé au quotidien « Le Soleil » du 5 mars 2001 : « Le PDS choisit en son sein son candidat sorti des flancs de notre formation pour le présenter comme celui du FAL, alors que l’AFP n’a jamais été consultée ni informée de ce choix. Cela était suffisant pour que l’AFP dise de ne pas voter pour ce candidat, parce qu’il n’est pas le nôtre. Et que nous lui contestons sa qualité de candidat du FAL, parce qu’un parti membre n’a pas été consulté ni informé. Il s’y ajoute que, comment peut-on demander à l’AFP et à ses neuf conseillers qui étaient dans le même conseil municipal que ce monsieur qui a quitté notre parti (Khadim Tabet : NDR), qui a fait des déclarations fracassantes, d’aller voter pour lui ? Encore une fois, le FAL n’est pas le PDS ». Mais il n’y avait pas que Tabet comme objet d’un contentieux politique entre alliés. Mata Sy Diallo est la seconde source de dépit : « Quelques jours avant la réunion de Mbour, au Conseil régional de Kaolack, les quinze conseillers du PDS se sont ligués pour empêcher le vote du budget, au motif que Mme Mata Sy Diallo, qu’ils avaient démarchée pour qu’elle aille au PDS, a préféré rejoindre l’AFP qui emporte ses convictions. On l’a sanctionnée parce qu’elle est allée à l’AFP. Si le PDS peut sanctionner un militant pour être allé à l’AFP, notre parti n’a-t-il pas le droit de faire de même pour quelqu’un qui nous a quittés et qu’on présente devant nous pour que nous en fassions notre candidat ? Ce n’est pas tout. Au Conseil régional de Kaolack, l’AFP et ses amis ont obtenu vingt-et-une voix contre quinze pour le PDS. Ainsi, ce groupe a battu le PDS et le budget a été adopté. Quelques jours après, on demande à l’AFP d’aller voter pour le candidat du PDS. L’AFP refuse. Nous n’avons pas voté pour le PS mais contre le candidat du PDS. Le résultat est le même. C’est notre liberté que nous avons affirmée en marquant notre différence », expliquait Niasse.

DEUX SECONDS, UNE PLACE DE PREMIER

Aujourd’hui, des militants de Rewmi sont enrôlés par l’APR, l’ogre de Bennoo Bokk Yakaar. Le moment est crucial : l’absence d’un état de grâce pour le Président élu il y a six mois et la résurgence du passif social qui a eu lieu de Wade, à côté des revendications citoyennes liées aux institutions de la République. Si les débauchages frustrent tant, ce sera parce que les alliés contre Wade sont encore de sérieux concurrents dans l’après-Wade. Celui-ci parti, l’ancien « Numéro 1 du Numéro 1 », « actionnaire majoritaire » autoproclamé du PDS a au moins un mandat de retard sur Macky Sall. Il a tenté le harcèlement politique sur la question des fonds taïwanais mais le Président de l’APR ne s’est pas laissé aller à cette polémique. Le maire de Thiès, devant un parterre de militants, est revenu sur le rôle actif que son successeur aurait joué dans son emprisonnement et son exclusion du PDS. Il a cherché à lui refiler le complexe du « traitre » pendant que des sondages politiques laissaient croire à un capital sympathie très important du maire de Fatick dans l’opinion. Enfin, les deux ont rompu les amarres avec Wade, mais ils ont toujours convoité les segments non pourris de la Maison libérale. A leur sortie de la formation du Père, ils se sont placés sur le promontoire de la vertu pour fustiger le règne du vice. Enfin, deuxième en 2007, Idrissa Seck ne voulait pas laisser ce concurrent lui chiper l’enviable place de second derrière Wade. Une élection garantie au vu de la forte contestation contre le troisième mandat du boss du PDS. Macky Sall, qui n’avait pas passé de deal avec le PDS ni fait des va-et-vient au Palais depuis son éviction du Perchoir, avait une longueur d’avance en terme de crédibilité.

SECK EN RETARD D’UN MANDAT

Sall est élu, avec le soutien de Seck soupçonné, jusqu’au moment de sa déclaration, de volte-face pour rejoindre son mentor. Il a tenu parole et engagé une période de re-crédibilisation de son action politique au seul intérêt du Sénégal. Il ne négocie aucune contrepartie de la fidélité au serment d’une nouvelle alternance. Au contraire, pendant que la République bouillonne d’un feuilleton pour l’occupation du Perchoir du Sénat, il rappelle la classe politique à ses devoirs moraux et républicains : « Au moment où le peuple souffre, il est indécent que l’élite parle de postes… » Pendant ce temps, l’homme qu’il a contribué à élire au détriment du candidat de leur maison d’origine lorgne un second mandat. Cinq mois seulement après son installation ! Cela nous ramène à l’horizon 2022. Seck aura 62 ans. Il sera encore assez jeune en politique. C’est le pari maximal qu’il peut tenir avec l’actuel chef de l’Etat. Bien sûr, ce deal ne sera pertinent que dans des conditions de partage du pouvoir très respectables voire équitables pour les deux appareils politiques. Ceci, au-delà de la personne du Président de Rewmi. N’étant pas un présidentiable finissant, Seck, contrairement à Tanor et Niasse, a un horizon politique assez dégagé. Avant 2022, il existe un horizon intermédiaire : 2017. Bennoo devra satisfaire à deux exigences : le bilan et les egos. Avec une action politique, économique et sociale sans consistance, l’actuel Président de la République aura du mal à engager l’électorat populaire dans un second mandat. Mieux que les appareils politiques, ce vote populaire est le plus grand générateur de suffrages. La seconde exigence est de faire de cette addition d’egos une équipe mobilisée autour d’un capitaine et, surtout, d’un programme. C’est un chantier énorme parce que Macky est n’entouré que de présidentiables peu enclins à renoncer à leur destin de chef du Sénégal pour les beaux yeux de l’APR.

Amadou Lamine NDIAYE



3 Commentaires

  1. Auteur

    Observateurr

    En Septembre, 2012 (14:53 PM)
    moi je vois que Idrissa Seck est conscient des enjeux et sortira au moment opportun , il a toujours dit que ce qui le lie à Benno Bokk Yaakaar c'est le peuple et non des intérêt d'un clan de son parti .

    En plus de cela je demande aux lecteurs et aux observateurs de savoir faire la distinction entre les voix autorisées pour parler dans rewmi et celles qui ne le sont pas .

    Vous n'avez jamais entendu un membre du bureau politique de Rewmi ou un haut responsable de rewmi ou un proche de Irissa Seck tenir de tels propos .



    donc vigilance svp
    Top Banner
  2. Auteur

    Aliyaa

    En Septembre, 2012 (15:11 PM)
    Gathie ngalama Idy, ton parcours politique me rappelle celui de Mamadou Dia! Meme patriotisme, meme foi islamique, meme charisme!!! Nous avons encore rate une occasion de mettre un vrai patriote a la tete de ce pays. Idy en bon croyant sait que seul Dieu donne le pouvoir et Dieu semble avoir choisi Macky. En tout cas moi je voterai pour Idy jusqu'a la fin de mes jours!!!

    {comment_ads}
    Auteur

    Le Juge

    En Septembre, 2012 (16:41 PM)
    Ce que l'on possède soi-même vaut toujours mieux que ce que l'on partage, quelque soit la part qu'on acquiert dans le "deal", ne L'OUBLIEZ JAMAIS.



    Le JUGE



    [email protected]
    {comment_ads}

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email