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Politique

MACKY SALL : « Oui, je suis le Premier ministre de la transition ; je l’assume »

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MACKY SALL : « Oui, je suis le Premier ministre de la transition ; je l’assume »

Il nous reçoit dans son bureau à la Primature. On est frappé par l’ordre dans cet espace. Des dossiers bien rangés sur la table qui indiquent que nous sommes en face d’un esprit méthodique, rigoureux : chaque chose à sa place. Notre curiosité nous pousse à lire les titres de deux livres côte à côte sur une table : l’un porte le titre “ Un destin pour l’Afrique ”. C’est la nouvelle réédition du livre du président Abdoulaye Wade. Le deuxième est le dernier ouvrage du philosophe, écrivain et journaliste français, Jean Claude Guillebaud, avec le titre “ La force de conviction ”.

L’homme est chaleureux, amical, d’accès facile. Il aime rire. Une grande modestie dans son comportement. Il se désole un peu de nous avoir fait attendre : les impératifs de la fonction, nous dit-il. Un homme attachant qui a le sens de l’autre (yeuk nit) et que tout éloigne de l’homme distant que l’on a surnommé Monsieur Niangal.

Nous prenons prétexte des deux livres pour lancer notre entrevue.

« Un destin pour l’Afrique » ” et « La force de conviction »”, deux livres fort différents, Monsieur le Premier ministre ?

Ce sont deux livres différents par les sujets traités, mais qui trouvent cependant un terrain de rencontre : les deux livres nous convient à la sortie des incertitudes. Les deux livres parlent de l’impérieuse nécessité de toujours croire, de ne pas renoncer à la pensée de l’espoir d’un meilleur monde. Devant la déliquescence des valeurs, l’instabilité des valeurs, les fractionnements politiques, idéologiques et religieux, les incertitudes de la mondialisation, devons-nous abdiquer et nous contenter de dire qu’il est illusoire de chercher des repères, des convictions fortes ? Croire et faire croire en un véritable destin meilleur pour l’Afrique, c’est là une conviction forte du président Wade et qu’il défend avec rigueur, passion, rationalité et science dans son livre. Passion, rationalité et science pour indiquer deux aspects essentiels du livre du président Wade. Ce livre est traversé par un besoin de ré-enchantement pour remotiver, pour redonner espoir face au défaitisme sur l’avenir de l’Afrique qui nous a assaillis à un moment donné ; rationalité et science parce que ce livre est le fruit de la pensée d’un grand économiste, d’un scientifique, d’un grand homme politique qui connaît ce continent et qui analyse son avenir avec pragmatisme, conscient des avantages et des pesanteurs du contexte. Le président Wade est l’homme d’une pensée beaucoup plus jeune, plus alerte, plus novatrice, plus axée sur le présent et le futur des jeunes que celle de certains politiciens aux idées ringardes, sans prospective, qui confondent richesse des idées et rhétorique et qui ne sont proches des jeunes que par l’âge. Wade est pour moi l’homme de la conviction inébranlable.

Je vois un lien entre ces deux livres autour de la nécessité d’avoir des convictions fortes, de les défendre avec détermination et rationalité et de regarder l’avenir avec espoir.

Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous nous dire dans quelle direction inscrivez-vous votre mission auprès du président Wade ?

Ma préoccupation essentielle est d’accompagner le président Wade, le plus longtemps et le plus loin possible dans la réalisation de sa mission de construire un Sénégal émergent. Plus on écoute le président, plus on travaille avec lui, plus on s’imprègne de sa pensée politique et économique, de son patriotisme et de ses ambitions pour ce pays, plus on souhaite qu’il soit là le plus longtemps possible et que son projet d’avenir pour le Sénégal soit une réalité. Le président Wade comprend les besoins de notre temps et se soucie de laisser un Sénégal mieux nanti qui permette aux jeunes d’aller encore plus loin. Un homme politique manque sa mission s’il ne pense pas, en construisant aujourd’hui, ouvrir également une voie pour un avenir meilleur pour les générations suivantes. Quand on a côtoyé une conviction aussi forte, une pensée aussi bien articulée pour faire du Sénégal un pays émergent, un projet aussi clair pour le développement du pays, on ne peut que souhaiter la continuité de son œuvre et la pérennité de sa pensée.

Monsieur le Premier ministre, vous avez été nommé lors d’une période de grande tension politique au sein du Pds et au sein du gouvernement entre le président Wade et votre prédécesseur à la Primature ? Quels objectifs vous étiez-vous fixés en acceptant cette fonction ?

Je remercierai toujours le président Wade de m’avoir choisi parmi d’autres qui, sûrement, méritaient aussi d’accéder à la fonction.

Je ne vous dirai pas que tout a été facile. J’arrivais dans une période complexe et de grand défi. Période complexe, parce qu’il y avait ce que tout le monde percevait comme une dualité de l’autorité au sommet de l’État et au sein du Pds. Nous vivions une période d’incertitude durant laquelle il y avait une ambiguïté dans l’identification de l’autorité. Le gouvernement et le parti ont été noyautés par des individus, des fractions qui situaient la source de l’autorité ailleurs que chez le président, et ce travail de confusion avait été fait de manière systématique, programmée et en profondeur. J’entrai en fonction alors que ceux qui ont défendu avec loyauté et détermination le pouvoir et l’autorité du président se devaient d’être à tout moment vigilants afin que la dualité au sommet de l’État et dans la direction du parti ne se reproduise plus. C’est un contexte qui devait pousser à la prudence afin de ne pas lever de fausses interprétations sur les actes que posait le nouveau titulaire du poste.

Le contexte n’était pas facile aussi parce qu’il fallait gérer les susceptibilités, les ambitions, peut-être déçues, d’autres collaborateurs du président, tout aussi valables, et qui, sûrement, pensaient avoir une certaine légitimité à accéder à ce poste.

Voilà un ensemble de paramètres dont il fallait tenir compte dans mes fonctions de nouveau Premier ministre. Il était évident qu’à la suite des tensions vécues, il serait plus difficile d’avoir, auprès du président de la République, la totale latitude d’actions qu’il avait accordée à mon prédécesseur. Le défi était de re-confirmer totalement l’autorité du président et de montrer avec une transparence sans faille qu’il y a une nouvelle sérénité et une complicité au sommet de l’État. Mon ambition était d’occuper ce poste dans la compréhension des attributs et de la place dévolus à un Premier ministre dont le rôle est d’être en phase avec la vision du président de la République qui est celui que le peuple souverain a démocratiquement choisi pour diriger son destin. Mon rôle était de faire comprendre que je ne suis pas à cette fonction ni pour me substituer à lui, ni pour précipiter son départ.

Monsieur le Premier ministre, on parle beaucoup de sécurisation du Pds. Quelle est votre interprétation des faits ?

Je vais me situer au niveau des principes et non au niveau des individus. Le Pds est dans une phase de re-mobilisation, de recherche d’une cohésion et d’une cohérence autour des orientations définies par le Secrétaire général du parti. Nous avons besoin, bien sûr, de débats internes, d’écouter, d’exprimer des points de vue et de choisir les stratégies maximales qui assureraient la sécurisation et la redynamisation du parti. Voilà ce qui guide nos actions. Devant les défis qui nous attendent en 2007, il ne peut s’agir de donner du Pds l’image d’un parti de clans où chaque leader s’impose par la menace et cherche à se poser comme incontournable. Nous ne rejetons pas le pluralisme des idées, mais nous devons mettre ces idées au bénéfice d’une même ambition : re-confirmer totalement l’autorité du président Wade. Nous sommes dans une démarche rigoureuse et vigoureuse de reprise en main du parti par le président Wade et de mise en place d’une organisation “ capable de créer la rupture qualitative nécessaire ” pour sécuriser et massifier le parti. Nous ne saurions tolérer le jeu de la fragmentation du parti pour donner l’impression au président qu’il est encerclé par des clans, des minorités incontournables. L’expression de “ sécurisation du parti ” signifie la levée des ambiguïtés dans le leadership et déjouer tout jeu politique qui met le parti devant les risques d’une appropriation, les risques d’une déstabilisation, les risques d’effractions et d’infractions. Le processus de reprise en main du parti, de sa dynamisation, a besoin d’une convivialité et d’un respect réciproques à l’intérieur du parti. De plus, le travail du gouvernement a besoin d’une solidarité interne entre les collègues. Soyons clair : je ne suis l’ennemi de personne et je reconnais et apprécie l’apport de tous nos frères et sœurs. Tout centimètre de solidarité et de cohésion de plus est un pas de plus vers une réélection convaincante du président Wade. Toute petite poussière d’ambiguïté, de double jeu est un handicap pour la victoire de Maître Wade. Notre solidarité fera que la victoire du président Wade sera celle de tous et de toutes. Une victoire de la collégialité et de la solidarité, c’est ce que souhaite le président Wade. Gagner dans l’unité de tous et de toutes serait une fierté pour le président Wade.

Tout récemment, lors de votre séjour à St-Louis, vous êtes revenu sur le slogan “ Sopi ”. Vous ne croyez pas que ce slogan a fait son temps et qu’il s’est vidé de sa substance ?

Je suis revenu sur ce slogan à St-Louis car, justement, le Sopi n’a jamais perdu de son actualité. Il n’a jamais perdu son contenu, ni la vision politique qui en est l’origine. Le Sopi a plutôt été étranglé, étouffé, fragilisé par ceux qui devaient plutôt aider le président Wade à le rendre concret. Plutôt que d’appuyer le président pour réaliser ses ambitions de développement du pays, d’ex-collaborateurs ont sciemment cherché à étouffer les projets du président, donc de faire avorter le Sopi pour précipiter le président Wade vers la sortie. Je suis revenu sur le Sopi pour dire qu’il a retrouvé aujourd’hui sa réalité et que je me tiens derrière le président pour l’aider à le matérialiser. Certains disent que je suis un Premier ministre de transition. Oui, j’assume une période importante, significative de transition, si l’on comprend le sens de transition comme renvoyant à “ une zone ou un moment où l’on passe d’un mode à un autre, d’un ton à un autre ”. Je suis donc le Premier ministre qui permet de passer d’un moment de blocage des ambitions du président Wade à un moment de déblocage de ses ambitions. Je suis le Premier ministre qui permet le passage d’un blocage conscient, voulu des projets du président vers un déblocage de ses projets, de ses chantiers. Je suis le Premier ministre qui permet le passage d’une situation de dualité de l’autorité au sommet de l’État vers une situation où la pleine autorité dans la politique du pays et l’orientation du Pds sont entre les mains du dépositaire légitime, le président Wade. J’ai donc déverrouillé. Quand j’ai pris mes fonctions, je me suis rapidement rendu compte que tout avait été fait afin qu’aucun des projets du président Wade ne trouve un début d’exécution d’ici à la fin de son mandat : c’était une action bien menée pour décrédibiliser le septennat de Me Wade. La tâche était alors claire pour moi : m’effacer au bénéfice d’une mission, c’est-à-dire mettre toute ma volonté, toute mon énergie à la disponibilité du président et du gouvernement pour redresser le navire. Voilà comment je comprends la transition et je l’assume avec une constante loyauté et une transparence à l’endroit du président Wade. Nous rentrons dans une nouvelle phase, celle de la renaissance du Sopi.

Chacun dans le gouvernement, quelle que soit son origine, sait où se trouve le centre attracteur, l’aimant, l’autorité, et c’est le président Wade et je suis son second. L’autorité du Secrétaire général s’est réaffirmée dans le parti. Le Pds est dans une phase triomphale et le pays n’a jamais été autant en chantier, autant au travail qu’aujourd’hui. Il n’y a aucun secteur de la vie de la nation où le président Wade n’a pas fait mieux que ses prédécesseurs : éducation, santé, agriculture, infrastructures, les transports, la situation de la femme, le respect du Sénégal dans le monde, les salaires des employés de l’État, la paix en Casamance, la démocratie...

L’opposition et les ennemis du président ne peuvent plus prétendre que rien ne se fait dans ce pays. Nier le changement en cours relève de la mauvaise foi. Devant le diktat des faits, la stratégie de l’opposition visible ou de l’opposition cagoulée est de chercher à déstabiliser le pays en faisant croire, autant ici qu’à l’extérieur, qu’il y a une situation de crise. C’est de l’intoxication. L’opposition est devenue un nid d’oiseaux de mauvais augures spécialisés dans la tactique de la guérilla qui consiste quotidiennement à forger des fausses nouvelles, des nouvelles farfelues, à appuyer ici et là des groupes téléguidés pour empêcher le gouvernement de se concentrer sur son travail et la population de vivre dans la sérénité. Nous savons que cette tactique de guérilla verbale et d’intoxication quotidienne par des accusations et de la rumeur seront les seules armes qui restent à l’opposition et la presse affiliée jusqu’aux prochaines élections. Toutefois, le peuple saura faire la distinction entre une opposition qui pellètent des nuages et des mots et un gouvernement qui, lui, pellète du goudron, du ciment, du sable, des pierres et du gravier et qui construit les infrastructures indispensables pour le développement du Sénégal aujourd’hui et demain. Nous ferons face au plan concerté de l’opposition et des ennemis de la République de jeter le pays dans le chaos et l’incertitude et nous montrerons notre capacité de mobilisation si cela est nécessaire.

Monsieur le Premier ministre, l’impression se dégage aujourd’hui que le gouvernement travaille, qu’il a des réussites incontestables, que la population aime encore le président Wade, mais, en même temps, cette population est désorientée devant les scandales financiers et les problèmes de bonne gestion des sociétés d’État qu’exposent la presse et l’opposition.

Il faut savoir faire la part des choses. Il y a des scandales financiers qui sont dévoilés, suite à des audits, des rapports d’investigation. Ces scandales financiers sont traités par la justice et ils connaîtront la suite exigée par la loi. Il y a des accusations qui se sont avérées fausses et qui ont été traitées comme telles par la justice qui a rétabli la dignité des personnes accusées. Ces accusations visaient des buts d’intoxication et d’atteinte à l’entourage du président Wade. Il y a aussi des accusations farfelues qui frisent le ridicule et n’ont d’autres objectifs que de créer la confusion dans le pays. Outre ses idées fortes qui se discutent sur les scènes nationale et internationale et qui touchent le développement économique de l’Afrique, la mondialisation, la solidarité numérique, le dialogue inter religieux, le sida, etc., le président Wade s’est fait apprécier par sa volonté de ne pas faire reculer la démocratie au Sénégal. La démocratie, c’est également agir pour montrer que, concernant la gestion de la richesse collective, nul citoyen n’est au-dessus des lois et que nous avons tous obligation de répondre à des accusations de mal gouvernance. Sur le dossier des chantiers de Thiès, puisque je suis sûr que vous pensez à ce dossier, la justice suit son cours. Je n’en dirai pas plus.

Le président Wade a dit, tout récemment, à TV 5, l’importance qu’il accorde à la bonne gouvernance. Il a indiqué les gestes forts qu’il a posés : mettre en prison 11 inspecteurs du Trésor, poursuivre un Premier ministre pour détournement, lancer à Dakar un institut de la bonne gouvernance. Une des préoccupations majeures du président Wade est d’instaurer davantage une culture de l’efficacité et de l’intégrité, de renforcer la vigilance et les valeurs éthiques qui doivent être au cœur des actions des membres du gouvernement, des directeurs de sociétés d’État et de tous les décideurs. Nous sommes conscients qu’il nous faut revenir souvent et davantage sur les principes d’imputabilité et de responsabilité des décideurs, sur la surveillance de l’enrichissement illicite et sur le respect rigoureux des bonnes conditions de gouvernance attendues par la population et nos partenaires internationaux. L’efficacité veut dire faire plus, mieux et plus vite avec ce que nous avons. L’intégrité, c’est s’assurer que l’argent public est orienté vers les objectifs légitimes. Il est évident, aujourd’hui, que ce qui s’est passé avec les chantiers de Thiès ne pourra plus se reproduire.

Monsieur le Premier ministre, nous avons commencé notre conversation avec deux livres, avec la pensée de deux intellectuels, donc avec la vie de l’esprit. Quelles sont vos relations avec les intellectuels ?

Tout d’abord, je suis en relation continuelle, quotidienne, avec un intellectuel reconnu internationalement, le président Wade. Diriger un pays, c’est agir, mais nourrir cette action par une pensée et être au courant de ce qui se passe dans le monde. Diriger un pays, c’est être ouvert au monde de la pensée, surtout de la pensée qui innove, qui crée, et je vis cela quotidiennement en collaborant avec le président Wade. D’autres intellectuels sont dans mon entourage. Je reconnais, cependant, qu’il faudrait que je côtoie davantage ce milieu dont le rôle est important et stratégique pour accompagner l’évolution et la construction de ce pays. Un intellectuel ne peut être un témoin indifférent à l’évolution de sa société et il doit mettre son savoir et sa notoriété au service de la justice sociale, du dialogue social et du développement. Le politique a besoin d’écouter et de côtoyer l’intellectuel. Je vois l’intellectuel comme un régulateur social qui, par la force et la pertinence de ses idées, convoque les acteurs politiques, les acteurs sociaux au débat responsable, à ce que j’ai déjà appelé “ l’intelligence républicaine ”, pour le bien collectif du pays. L’intellectuel ne doit pas être l’individu des excès, des polarisations, des incitations aux troubles et à la haine qui ont amené beaucoup de sociétés, beaucoup de nations vers des dérives regrettables. Le pouvoir et les intellectuels doivent se rencontrer dans une volonté commune de responsabilités, de nuances, de confiance réciproque et non dans des positions de rivalités ou d’antagonismes.



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