Macky Sall sur l'émigration et les accords bilatéraux : « Nous n'avons pas reçu 13 milliards des Espagnols »

Le Premeir ministre était hier l'invité de la télévision. Deux ans déjà à la tête du gouvernement, Macky Sall était venu faire le bilan de ses deux ans de magistère. Une occasion qu'il a saisie pour étaler les réalisations de l'alternance, et se prononcer sur quelques sujets d'actualité. C'est ainsi qu'il a précisé que le Sénégal n'a encore paraphé un quelconque accord avec l'Espagne, et n'a rien reçu de ce pays. Nommé et installé le 24 avril 2004, le Premier ministre Macky Sall aura attendu trois mois, c'est à dire le 24 octobre de la même année pour faire sa déclaration de politique générale.

A l'occasion de ce face-à-face avec les députés, le Premier ministre avait promis la résolution de nombreux problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés. Par exemple, sortir les Sénégalais des « ténèbres », porter la croissance économique à plus de 8 % en modernisant l'agriculture, en s'appuyant sur la stratégie de croissance accélérée et sur la stratégie de réduction de la pauvreté. Ces éventuelles performances devaient être tirées par la mise en place des infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires, etc ; entre temps, les Ics, la Sénélec , le monde rural, les secteurs de l'éducation, de la santé, sont tous « malades. » Quand est-il, deux ans après ?

Etat des lieux

Le 24 avril 2004, Macky Sall, jusque-là ministre de L'Intérieur, débarquait à la station primatoriale. Il attendra le mardi 24 octobre pour décliner sa feuille de route. Venu sacrifier à la tradition républicaine, Macky Sall, dans un discours fleuve, avait séduit. Dans sa tentative de maîtriser l'inflation en dessus de 2%, de stabiliser les finances publiques avec un déficit moyen fluctuant autour de 3% du Pib, et un solde courant de la balance des paiements maintenu à un niveau soutenu, Macky Sall, face aux députés, avait donné toutes les garanties pour un Sénégal émergent. A l'époque, le taux de croissance était de l'ordre de 6%, les recettes de l'Etat avaient progressé de 40%. Le gouvernement de l'alternance était à mi-chemin de son magistère ; actuellement, son mandat tire à sa fin. Depuis près d'un an, de nombreux secteurs peinent à émerger. Les secteurs de l'éducation, de la santé, le monde rural, tous sont en chute libre. Les Industries chimiques du Sénégal, la Sonacos , la Sénélec , la Sar , jadis fleurons de l'industrie sénégalaise, ont perdu du terrain. Les plus grandes difficultés sont à noter du côté de la Sénélec , qui ne parvient plus à fournir de l'énergie suffisante aux foyers et autres structures du pays. Le pays est depuis des mois dans le noir. Le prix des denrées de première nécessité et le gaz augmentent. Le front social est souvent ébullition. Sur le plan agricole, Macky avait annoncé la révision de la loi d'orientation agro-sylvo-pastorale, et misé sur la culture du maïs. L'Etat s'était engagé pour le renouvellement du matériel agricole, avec 15 milliards comme mesure d'accompagnement. Au même moment, les paysans font face à des bons impayés, à un manque d'engrais, de semences de bonne qualité. Et Reva, pour fixer les jeunes au pays, ne semble pas porter ses fruits. L'insécurité règne. La circulation est devenue un casse-tête. Pour justifier cette situation, le gouvernement l'explique par la flambée des produits pétroliers, des variables exogènes venu perturber la croissance transversale de l'économie.

Rechauffement du front social

Sur le plan social, les enseignants en grève après avoir boycotté les examens et fait la rétention des notes, continuent leur bras de fer avec le gouvernement. Au niveau des hôpitaux, les médecins grognent. La situation devient préoccupante. C'est l'inflation ! Ainsi, le taux de croissance se situe entre 3 et 4 %, disent les experts. On se demande alors où sont passées les promesses du gouvernement de Macky Sall. Pourtant dans son discours de déclaration de politique générale, le Premier ministre avait promis la réhabilitation des Palais de justice du Cap Manuel, la Cour de Cassation, le Conseil d'Etat, la construction des routes Matam-Linguère, Ross-Bethio, Kaolack-Nioro, pont sur le fleuve Gambie, ouvrage à Karabane ; le passage du taux de croissance à 8% à défaut d'une croissance à deux chiffres, faire passer l'hydraulique rural de 58 à 80%. D'autre part, le dialogue politique bégaie. Les opposants, Agne, Ibrahima Sène, Dias père et fils, Dansokho en plus des journalistes sont interpellés et arrêtés. Les querelles s'intensifient, les insultes prennent du poids. Les marches et autres manifestations sont interdites. Pour ce qui de la tenue des élections le gouvernement après les report et couplage des élections, annonce le maintien de la date du 25 février 2007. Et brandit des cartes d'électeurs high-tech (pour un coût de 20 milliards).

Déroulement des réalisations

Pour « fêter » ses deux ans, après sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Macky Sall pour dévoiler ses acquis a été l'invité de la télévision nationale. Lors de sa prestation, le Pm a étalé les « réalisations du gouvernement de l'alternance. « 35.000 emplois par an créés, réalisations indéniables, Cyrnos, Malick Sy, route Kaoalck-Dakar, Palais de Justice de Guédiawaye, de Louga, des travaux de Oci, de l'autoroute à péage ».  Tout ceci est, selon le Premier ministre Macky Sall, satisfaisant, parce que sous-tendu par une gestion rigoureuse. Estimant son bilan très positif, le chef du gouvernement dira que « la pauvreté a baissé ».  « Le Sénégal est le seul pays à respecter les huit critères du millénium challenge account. Le port minéralier de Diamnadio, l'aéroport de Ndiass seront lancés sou peu. Un train prendra le relais jusqu'à Ziguinchor…d'ici peu. A la place du « Wilis » qui a du mal à prendre le large. Le plan Reva est opérationnel pour créer des pôles d'émergence, et avec comme perspectives la création de plus de 300.000 emplois », fait savoir le Premier ministre qui révèle en plus que ce plan n'est pas forcément un retour à la terre…

Emigration

Sur l'émigration, le Premier ministre, après s'être désolé de la manière dont les Sénégalais empruntent les voies maritimes, à cause de la fermeture des frontières européennes, a révélé que le Sénégal n'a pas encore reçu les 13 milliards des Espagnols, comme annoncé. Pour la juguler, il annonce l'ouverture de centres de recrutements pour des jeunes qualifiés qui souhaitent monnayer leurs talents en Europe. A cet effet, l'Espagne qui compte accueillir entre 4000 et 5000 émigrants par an, donnera leurs chances à des Sénégalais.

Elections

S'exprimant sur la tenue des élections, le chef du gouvernement dément toute idée de la suppression du second tour, « c'est un débat démagogique. Lors des élections, le candidat ayant obtenu la majorité des suffrages va passer. Cette information est une intoxication de la part de l'opposition, qui cherche à tromper l'opinion.  En plus, le Premier ministre dit que son gouvernement est prêt pour l'audit du fichier électoral. « Nous avons mis en place un système sans faille pour un coût de 20 milliards », martèle le Premier ministre. Ainsi, se résume les deux ans de Macky Sall à la primature. Un record de longévité sous Wade! Car aucun Premier ministre de l'alternance, n'a fait plus de deux ans avec Wade. A quelques mois de l'expiration de son mandat, le président Wade et son Premier ministre sont attendus au tournant par les Sénégalais.