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Politique

Mahmoud Saleh, président du nouveau parti : «Le Pire serait de s’orienter vers une candidature unique de l’opposition»

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Mahmoud Saleh, président du nouveau parti : «Le Pire serait de s’orienter vers une candidature unique de l’opposition»
Dans le premier jet de cette interview, Mahmoud Saleh explique, arguments à l’appui, comment une candidature multiple au sein de Bennoo peut avoir raison de Wade et de son régime. Et la plus mauvaise direction serait, selon lui, de s’orienter vers une candidature unique de l’opposition. Mais aussi, avertit l’ancien ministre-conseiller du Chef de l’Etat, le départ de Wade ne peut se réaliser que par la conquête de l’électorat de l’alternance. Un électorat que ni l’Afp, ni la Ld ou le Pit, encore moins le Ps ne peut conquérir.

Wal fadjri : La question de la candidature a été soumise et discutée au niveau des partis membres de Bennoo. l’Apr dont vous êtes proche semble défendre la candidature multiple…

Mahmoud SALEH : C’est exact, c’est cela la position de l’Apr. Mais, il semble que d’autres partis qui donnent l’impression de s’orienter vers la candidature unique ne soient pas dans des positions fermes par rapport à la forme sous laquelle Bennoo peut aller à l’élection présidentielle.

Wal fadjri : Quels sont ces partis ?

Mahmoud SALEH : Des partis dont on ont dit qu’ils seraient favorables à la candidature unique de Bennoo Siggil Senegaal alors qu’en réalité le débat n’est pas achevé en leur sein. Certains segments de ces partis s’expriment publiquement sur la question de la candidature. Ils prennent ainsi position en faveur de la candidature unique de Bennoo, donnant l’impression que ces positions-là engagent leur parti. Le débat n’est pas encore achevé sur la question au sein des partis membres de Bennoo Siggil Senegaal. Pour ce que nous en savons, la tendance serait plutôt favorable à l’éclosion de candidatures issues de Bennoo plutôt qu’à concentrer cette coalition autour d’un candidat lors de l’élection présidentielle. C’est pourquoi, l’Apr pense qu’il est mieux, pour ce que nous cherchons, c’est-à-dire faire partir le régime actuel et créer les conditions de mise en place d’une politique de reconstitution et de reconstruction du Sénégal dans une perspective de changement… (Il ne termine pas la phrase). Cette perspective appelle un management juste et responsable de la question de la candidature. Mais évitons de l’aborder en excluant la raison et en mettant au centre, les arguments qui viennent du cœur. Il est vrai que chaque parti voit en son leader un potentiel subjectif, susceptible de le positionner à la tête du collectif commun que nous constituons avec d’autres, dans le cadre de Bennoo pour porter l’étendard et, être le pivot dans la perspective de changement. Les militants du Parti socialiste auront raison quand ils chercheront à positionner leur leader, de même que les militants de l’Afp, de la Ld, etc. Chacun aurait raison de faire la promotion de son leader pour 2012 parce que chacun d’eux a le potentiel pour conduire la troupe face à celle du pouvoir agonisant. Mais est-ce la bonne stratégie ? La question se trouve moins dans la capacité des leaders à constituer ce pôle unificateur de l’ensemble de l’opposition que dans ce qu’exige la situation elle-même. Et si nous partons de ce que la situation exige - le rassemblement de toutes les forces pour créer les conditions d’un changement dont le premier cas aboutirait au départ d’un régime et de son chef - cela suppose que chacun travaille à rassembler tout son potentiel, à empêcher toute possibilité que le pouvoir surfe sur des espaces que nous laisserons vacants. L’Apr à pour fonction de travailler à conquérir l’électorat dont il est issu (électorat de l’alternance). Sans la conquête de l’électorat de l’alternance, il est impossible d’envisager un changement dont le point de départ serait le départ de Wade et de son régime. Et aucune force politique présente, aujourd’hui, au sein de Bennoo n’a le potentiel susceptible de jouer ce rôle de disputer au Pds et à ses alliés, cet électorat-là. Cet électorat qui est à l’origine de l’alternance est un électorat hétéroclite, le mieux encadré.

Le comportement de l’électorat de l’alternance de façon plus large lors des élections locales passées rend compte de la fonction que l’Apr est appelée à jouer pour créer les conditions de la défaite du régime. Parce que créer les conditions de la défaite du régime, c’est créer les conditions pour amener le régime au second tour au pire des cas. Et l’Alliance pour la République pense que les candidatures plurielles correspondent le mieux à la situation et aux urgences de cette dernière. Chaque formation politique a sa partition à jouer pour le rassemblement des forces susceptibles de se détourner du régime et de se mettre en face de lui pour créer les conditions d’un second tour. Dans cette perspective, il est évident que la mission de l’Apr est essentielle. C’est pourquoi, il faut comprendre qu’aussi bien l’Apr que les autres formations de Bennoo ne peuvent construire leur victoire contre leurs alliés. Par exemple, l’Apr ne peut pas construire une victoire de force populaire en se démarquant de Bennoo et, toute autre formation membre de Bennoo ne peut envisager la victoire commune que dans le cadre de cette coalition. Si c’est compris comme tel, on peut changer le mode de management sur la question de la candidature. Parce que, tel que c’est géré dans Bennoo aujourd’hui, cela risque de perturber notre électorat ultérieurement. Evitons de donner l’impression que dans le cas de non réalisation de la candidature unique, c’est un échec de Bennoo. La façon dont la question est gérée politiquement à l’intérieur de Bennoo par ses partis membres me paraît être une mauvaise façon.

‘Objectivement on s’oriente plus vers des candidatures multiples que vers une candidature unique de Bennoo’

Wal fadjri : Pourquoi ?

Mahmoud SALEH : Parce que, objectivement, on s’oriente plus vers des candidatures multiples que vers une candidature unique de Bennoo. Dans l’hypothèse où cette candidature unique ne se réalise pas, évitons que l’électorat et le peuple sénégalais pensent plus à un échec de Bennoo qu’à autre chose. Car si c’est perçu comme un échec, cela peut être démobilisateur pour notre électorat. C’est pourquoi nous devons changer la forme de management de cette question-là, être plus lucide et responsable en mettant en exergue ce qui peut développer la cohésion et l’unité de Bennoo. Et, à chacun une mission spécifique est allouée de façon à rassembler tout notre potentiel pour créer les conditions d’en finir avec le régime pour installer un collectif de reconstruction et de rectification du Sénégal.

Wal fadjri : Dans le contexte politique actuel, est-il vraiment réaliste de défendre une candidature éclatée au sein de Bennoo, surtout que dans les mêmes circonstances en 2007-candidature multiple de l’opposition - Wade a remporté l’élection, dès le premier tour ?

Mahmoud SALEH : Ma lecture de la situation m’amène à penser que la plus mauvaise direction serait de s’orienter vers une candidature unique de l’opposition. Une candidature unique de l’opposition dans une situation où l’opposition n’a pas noué des relations profondes avec le peuple sénégalais, ne va pas créer les conditions pour une prééminence face au pouvoir au premier tour. Ce ne sont pas des choses qui se proclament mais des choses qui se construisent. On l’aurait construit, on serait beaucoup plus présent sur le terrain de la lutte sociale. On se serait démarqué des positions d’incantations, de commentateur de la situation et de son évolution. On aurait été beaucoup plus réactif, être au cœur des luttes sociales, quelquefois, en tentant même de les expliciter, de les encadrer, de les initier. D’organiser des perspectives de rassemblement pour que les populations sachent que le responsable, c’est le pouvoir. Dans cette dynamique-là, on aurait pu créer des conditions qui feraient qu’une candidature unique se justifierait. Parce que la mobilisation aurait précédé le choix de la stratégie pour aller à l’élection présidentielle. Mais, tel n’est pas le cas. Le réalisme en politique commande de partir sur ce qui est, mais pas de ce qu’on aurait souhaité qu’il soit. Et ce qui est, c’est une configuration de l’état de l’opposition dont les leaders n’ont pas contribué à l’unification.

Wal fadjri : Pouvez-vous être plus explicite ?

Mahmoud SALEH : Si aujourd’hui, Macky Sall était choisi pour porter l’étendard de Bennoo siggil Senegaal, il est évident que des secteurs significatifs de l’opposition ne se reconnaîtraient pas à travers lui.

Wal fadjri : Pourquoi ?

Mahmoud SALEH : Pour des raisons multiples qu’il ne sera pas utile d’abordé ici.

Wal fadjri : Juste un exemple pour fonder votre argumentaire

Mahmoud SALEH : Par exemple, l’origine politique de Macky Sall, sa responsabilité par rapport à ce qui a été fait durant les dix ans de l’alternance. Peu de gens comprendraient sa part de responsabilité dans ce qui est advenu de l’alternance. Et probablement, beaucoup de gens qui, aujourd’hui, se réclament de l’opposition et veulent en finir avec le régime actuel, ne le verraient pas comme l’instrument à partir duquel il faut combattre pour en finir avec le régime. Donc, dans un tel cas de figure, il est évident qu’on s’interdirait ou on s’aliénerait un potentiel électoral qu’il est important de capter et de mobiliser contre le régime actuel. On prend l’exemple de Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Pape Demba Sy ou de quelque autre leader de l’opposition actuelle, le schéma serait le même.

Wal fadjri : Ils n’ont pas le même parcours…

Mahmoud SALEH : L’électorat d’hier avait été la base de la défaite de l’ancien régime. Une défaite qui a été à la base de l’avènement de l’alternance. Mais cet électorat-là qui commence à se détourner du pouvoir ne peut pas se reconnaître à travers un candidat non issu du mouvement de l’alternance. Même si des autres formations politiques comme l’Afp sont issues de l’alternance. Mais, la rupture de cette formation d’avec celle-ci date de longtemps. La Ld et le Pit, pareil. Et la façon dont ils ont combattu l’alternance les rend inaptes à être l’instrument de conquête de l’électorat qui, hier, avait été à l’origine de l’avènement de cette alternance. Tout comme cet électorat ne peut pas s’orienter vers Ousmane Tanor Dieng parce que ce n’est pas son électorat.

Wal fadjri : Expliquez-vous !

Mahmoud SALEH : L’électorat ne peut pas se reconnaître à travers Ousmane Tanor Dieng parce qu’il incarne une force politique que cet électorat à combattue et enlevée du pourvoir en 2000. Or, il est nécessaire de mobiliser cet électorat pour en finir avec le régime actuel. En finir avec Wade et son régime, c’est mobiliser cet électorat-là. C’est pourquoi, il est important que celui qui a les capacités de le mobiliser puisse être investi de la mission de contribuer à mettre en place les conditions pour un changement. C’est-à-dire mobiliser cet électorat pour le mettre à la disposition du combat commun et en finir avec le régime de Wade. Chacun, dans Bennoo, a un rôle que la situation et les circonstances politiques et historiques lui assignent. C’est pourquoi j’en appelle à un management responsable sur la question de la candidature qui n’est pas une question subjective mais une question politique majeure qui va déterminer le cours politique de notre pays. Si, objectivement, nous autres de l’opposition, croyons sincèrement que le Sénégal a besoin d’un changement, mettons en place les conditions qui faciliteront ce changement. Et l’une d’entre ces conditions c’est la candidature plurielle. Personnellement, je ne suis pas favorable à une limitation des candidatures. Je suis pour le respect de la démocratie dans toutes ses variantes et dans toutes ses formes. Il n’y a, absolument, aucune raison de limitation des candidatures y compris celles issues de Bennoo Siggil Senegaal. A quel titre et sur la base de quel argument doit-on dire que c’est tel ou tel autre candidat qui est habilité à porter l’étendard de Bennoo Siggil Senegaal dans le cas où elle serait favorable à une candidature unique ? Le problème posé, c’est le respect intégral des principes de démocratie. Alors laissons la démocratie s’exercer.

Wal fadjri : Pourtant, c’est ensemble que vous êtes allés aux élections locales que vous avez remportées haut la main ?

Mahmoud SALEH : Il y a une compréhension de la question de la victoire de l’opposition aux locales qui conforte la position de certains par rapport à la candidature unique. Parce qu’ils établissent une corrélation entre la candidature à la présidentielle et ce qui a été réalisé aux locales. D’abord ces deux élections ne sont pas de nature, les mêmes. Elles sont fondamentalement différentes. Ensuite, c’est peu rendre compte de la réalité que de faire de la seule unité de Bennoo, l’élément explicatif de victoire aux locales.

‘La façon dont l’Afp, le Pit, la Ld ont combattu l’alternance les rend inaptes à être l’instrument de conquête de l’électorat qui, hier, avait été à l’origine de l’avènement de cette alternance’

Wal fadjri : Qu’est-ce qui d’autres peut expliquer selon vous cette victoire ?

Mahmoud SALEH : C’est vrai que l’unité y a joué un rôle mais il n’y a pas que l’unité qui explique notre victoire aux locales. Il y a trois autres éléments. Maintenant, la part de chacun de ces éléments dans la réalisation de la victoire reste à déterminer. Il y a l’unité réalisée, la maturation des conditions qui font que les populations en avaient marre du régime, la division de la majorité présidentielle et surtout l’irruption de l’Alliance pour la République dans le cadre de la Coalition de l’alliance Dekkaal Ngor. Ce sont ces quatre éléments qui sont constitutifs de notre victoire aux locales. Mais, sans vouloir minorer l’importance des autres partis de Bennoo, il est évident que s’il n’y avait pas Dekkaal Ngor et la division de la majorité présidentielle à Dakar, cette ville ne serait pas dans les mains de Bennoo. Sur 19 communes d’arrondissement à Dakar nous (Dekaal Ngor) étions présents dans les 11. Et sur ces 19 communes d’arrondissement, combien de listes dissidentes de la majorité présidentielle se sont opposées à la coalition Sopi ? Donc revenons à une meilleure lecture de l’origine de notre victoire aux locales et évitons de centrer comme seul élément explicatif de cette victoire, la question de l’unité. Parce que ce serait avoir une compréhension biaisée de la situation. Et si on n’a pas une bonne lecture de la situation, cela conduit à la définition d’orientation et de perspective qui ne répondent pas aux enjeux.



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