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Monday 01 September, 2025
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Malnutrition à Bambey : Quand la rétention des données plombe l’évaluation d’une urgence de santé publique

Auteur: Yandé Diop

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La malnutrition reste une urgence de santé publique, malgré les efforts soutenus déployés dans le district sanitaire de Bambey. Des avancées sont notées, mais un défi majeur persiste. Il s’agit de l’absence de données consolidées et actualisées, qui freine une évaluation fiable de la situation et limite la portée des interventions. Cette alerte fait suite à la tournée de l’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD) dans le cadre du projet « Santé et Lumière » axé, cette année, sur la malnutrition. Une problématique enracinée dans la pauvreté structurelle de la région de Diourbel, à l’image de plusieurs localités du pays, et Bambey n’est pas en reste.Dans ce département de Diourbel, la malnutrition n’est pas seulement une question de nutrition. C’est un baromètre de la vulnérabilité sociale. Si les stratégies communautaires montrent leur efficacité, le manque de données fiables et à jour entrave la visibilité des progrès, et donc la prise de décision éclairée. « Le choix de ce thème est particulièrement pertinent, au regard de l’ampleur et de la gravité de la malnutrition, qui impacte fortement le développement de l’enfant et sa réussite scolaire », souligne la docteure Marème Maty Dioum, médecin-chef adjoint du district sanitaire. Elle ajoute : « Bambey fait partie des départements les plus pauvres du Sénégal. Naturellement, les pathologies liées à la pauvreté y sont fréquentes.» La malnutrition, dans toutes ses formes, y est persistante, surtout chez les enfants de moins de 5 ans, dans un contexte où l’insécurité alimentaire, le faible pouvoir d’achat et l’accès inégal aux soins aggravent les vulnérabilités.Une prise en charge à plusieurs niveauxMalgré tout, le district de Bambey déploie une approche multisectorielle, combinant prévention, détection et traitement. Au niveau communautaire, les relais communautaires assurent la promotion de la santé, la supplémentation en micronutriments et le dépistage actif. Sur le plan curatif, 37 centres de réhabilitation nutritionnelle éducative (CREN) sont opérationnels pour les cas de malnutrition aiguë sévère avec complications. Les cas modérés (MAM) sont traités dans les cases de santé, tandis que les cas sévères sans complications (MAS) sont pris en charge grâce au programme PECMAS mis en œuvre avec l'appui de Hellen Keller International (HKI). Le médecin-chef adjoint parle de la méthodologie que le dépistage communautaire : rigueur et proximité.Dans la même dynamique, Aïssatou Diagne Diop, point focal nutrition du district, note que le processus de dépistage suit un schéma rigoureux. Il s’agit, entre autres, de « plaidoyer auprès des leaders communautaires, mobilisation porte-à-porte dans les ménages, dépistage des enfants de 6 à 59 mois via le périmètre brachial (PB), orientation des cas détectés selon leur gravité ». Elle précise que ce système a permis une réduction significative des cas référés vers les CREN, preuve que la détection précoce et la prise en charge locale fonctionnent.Des données qui peinent à remonter, le maillon faibleLe constat est amer : les statistiques fiables manquent à l’appel. « Plusieurs postes sont en attente de remontées de données, ce qui rend difficile l’établissement d’un bilan précis », déplore le médecin-chef adjoint. « Le taux régional de malnutrition est estimé à 17 %, bien au-dessus de la moyenne nationale, mais nous manquons de chiffres actualisés pour Bambey », regrette la Dre Dioum. Cette défaillance de la plateforme censée centraliser les informations limite l’analyse et la planification des actions. Sans données consolidées, pas de pilotage efficace. Et sans preuve tangible, la sensibilisation peine à mobiliser l’opinion. Malgré les obstacles, les relais communautaires restent des piliers de la riposte. Leur travail de proximité, souvent bénévole et insuffisamment valorisé, contribue à stabiliser la situation. Mais sans coordination renforcée ni retour d’information clair, leurs efforts risquent de rester invisibles. À noter que dans un contexte où chaque vie d’enfant compte, la transparence et la remontée rapide des données doivent devenir une priorité absolue pour les autorités sanitaires.
Auteur: Yandé Diop

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