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Politique

MAMADOU NDOYE, RESPONSABLE DE LA LD : «Bennoo est en retard sur Wade»

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MAMADOU NDOYE, RESPONSABLE DE LA LD : «Bennoo est en retard sur Wade»

C’est à son domicile sis aux Almadies que Mamadou Ndoye, responsable politique de la Ligue démocratique, a accepté de répondre sans langue de bois à nos questions concernant le retard de Bennoo par rapport à la prochaine Présidentielle, l’avance de Wade et la situation du secteur de l’Education.

 Que devient Mamadou Ndoye ?

J’ai pris ma retraite, il y a deux ans. J’ai travaillé comme secrétaire exécutif de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (Adea) à Paris. Depuis ce temps-là, je travaille comme consultant international. A ce titre, je vais dans de nombreux pays africains et quelquefois dans d’autres non africains, pour travailler sur des missions d’éducation. Cela, soit en élaboration de politique, soit pour développer des politiques de réforme et d’innovation.

 

Pourquoi vous parlez de retard de Bennoo par rapport à la prochaine Présidentielle ?

Il y a un retard quand on considère que, pour préparer des élections, il y a un certain nombre d’instruments à mettre en place, pour gagner des élections. Et parmi ces instruments, il y a un programme politique qu’on propose aux électeurs, il y a des hommes pour mettre en œuvre ce programme. Et des dispositions qu’on doit prendre pour que le peuple puisse s’approprier le programme qu’on propose. Et pouvoir bénéficier ainsi d’une majorité d’idées et de force politique dans le pays. C’est au regard de tout cela que je mesure le retard de l’opposition. Du point de vue de la candidature, beaucoup de candidatures se sont déclarées. Dont celle du Président Abdoulaye Wade. Mais également celle de Macky Sall et d’autres qui ont déjà été proclamées. Mais le noyau de Bennoo n’a jusqu’ici pas réussi à dire qui est son candidat.

 Quel est le noyau de Bennoo ?

Pour moi, le noyau de Bennoo tourne autour de ceux qui ont été à l’origine de la coalition. Il s’est élargi après, mais au départ, il y a ceux qui ont constitué Bennoo. Ils sont nombreux, mais les plus remarqués sont certainement le Ps, l’Afp, la Ld, le Pit, le Rnd et d’autres. Et ce noyau de Bennoo n’a jusqu’ici pas été en mesure de dire qui est son candidat. C’est un premier retard. Un deuxième retard, c’est le programme. Bennoo parle de transition. Mais ce programme de transition, pour l’heure, n’est pas encore publié. Il n’est pas discuté, et ce n’est pas au niveau des débats publics. Et par conséquent, on est en retard aussi en termes de programme.

 Que faites-vous alors du programme des Assises nationales ?

Le programme des Assises n’est pas le programme de Bennoo. Le programme des Assises est beaucoup plus large. Il comprend toute la société civile, j’allais dire toute la société à l’exception du pouvoir en place. Donc ça, ce n’est pas le programme de Bennoo. Bennoo adhère certainement aux conclusions des Assises. Mais la transposition politique n’est pas opérée. C’est dans ce sens qu’il n’y a pas de programme politique de Bennoo. Evidemment, on peut dire qu’il y a eu l’avant-projet de Constitution qui, quelque part, reflète la charte de bonne gouvernance, démocratique proposée par les Assises, mais cela n’est pas encore un programme. Le programme pose les questions économiques, sociales, culturelles…qui ne sont pas abordées. Un troisième point de retard, c’est celui qui découle du fait que le programme n’est pas publié. C’est-à-dire aller vers les populations, pour leur dire voilà ce qu’on vous propose comme alternative par rapport à ce qui existe actuellement. Et permettre à ces dernières de s’exprimer sur ce qui leur est proposé afin que, de ce débat-là, naisse une appropriation par le peuple sénégalais du projet politique de Bennoo.

 C’est tout ?

Non, il y a un quatrième point de retard. C’est que Wade a mis en place tout son dispositif pour un passage en force. Il a verrouillé le ministre de l’Intérieur avec un ministre sans état d’âme, capable d’exécuter tous les ordres. Il a mis son homme au niveau du Conseil Constitutionnel, il a mis son homme au niveau de la Cena. Donc, tout le dispositif est déjà bouclé par Wade. Le fait que Wade choisisse, en tant que candidat, celui qui organise, celui qui arbitre les élections doit être contesté par l’opposition comme on l’avait fait en 2000. Ce qui avait obligé Abdou Diouf à prendre le Général Cissé pour le mettre au ministère de l’Intérieur pour assurer le minimum de neutralité. Mais aussi à prendre Youssou Ndiaye pour le mettre au Conseil Constitutionnel. Quand on est en compétition, une partie ne peut pas choisir, sans une consultation avec l’autre, l’arbitre et l’organisateur de la compétition. Nous sommes en retard sur la bataille qu’il faut mener autour de ça. Nous sommes en retard aussi parce que quand on regarde Wade, le nerf de la guerre, c’est-à-dire l’argent, il y est en plein.

 Comment ça ?

D’abord parce qu’il avait vidé complètement les ministères en mettant en place des agences qui sont chargées de pomper l’argent public sans contrôle budgétaire rigoureux. Deuxièmement, le décret qu’il a pris pour parler de ministères de souverainetés et de contrôle budgétaire externe donne la possibilité de faire de l’argent du budget ce que l’on veut. C’est-à-dire qu’il a les moyens de préparer son trésor de guerre et de se battre avec ce trésor. On aurait dû nous battre autour de cela, y compris aller vers les bailleurs de fonds, qui font un appui budgétaire à l’Etat du Sénégal, et qui permettent ainsi à l’Etat du Sénégal de disposer de cet argent y compris de l’extérieur comme il veut.

 A vous entendre, c’est comme si le coup est déjà joué et que Wade a déjà gagné ?

Le coup n’est pas joué. Au contraire, je lance une alerte, pour dire qu’il est temps, quand même, de prendre le taureau par les cornes et qu’on doit cesser, avec tous ces atermoiements qui ne s’expliquent pas, par rapport aux enjeux. Parce que les enjeux véritables c’est le pays, le peuple. Ce n’est pas qui sera président et qui ne sera pas président. Ça, ce n’est pas l’enjeu véritable. L’enjeu véritable, c’est comment on va arrêter aujourd’hui le cercle vicieux dans lequel on est en train de tourner. Avec un déclin économique de manière assurée, parce qu’entre 1996 et 2003, on était à un taux de croissance économique de 5 à 6%. Et depuis, on ne fait que décliner. Et actuellement, on se demande même si on aura un taux de 2% cette année. C’est-à-dire qu’on est en train de retourner à la période des années 80, où le taux de croissance économique se trouvait en deçà du taux de croissance démographique. Ce qui entraîne une stagnation, voire une récession. Et ce qui a appelé les politiques de redressement. On est en train de revivre cette période-là. On doit l’arrêter. Et pendant que le Sénégal s’appauvrit ainsi, puisque plus de la moitié de la population reste pauvre, les prix sont en train de monter. On a une inflation qui monte jusqu’à 6%. Le coût de la vie devient plus élevé pendant qu’on s’appauvrit. Et, on voit comment cela se répercute sur la vie concrète des gens. C’est cela qu’il faut arrêter. Pendant ce temps, on gaspille l’argent du pays dans des choses qui n’ont aucun intérêt pour la vie des populations.

 Le temps ne donne-t-il pas raison à Talla Sylla qui exigeait que Bennoo choisisse un candidat ?

Je ne pense pas que le temps donne raison à Talla Sylla. Je crois que le choix d’un candidat doit venir après un programme politique. Parce que le profil du candidat doit répondre au programme. De ce point de vue, les discussions en cours le montrent, parce que déjà on parlait d’un programme de transition et que ce programme de transition soit limité dans le temps. Ce n’est pas la même chose qu’un candidat qui doit faire un  septennat. Dans la nouvelle Constitution, on propose un Premier ministre très fort. On va aller vers un régime parlementaire. Donc, c’est un autre type de président qu’il faudra avoir. Si on est dans cette voie-là, le profil n’est pas le même.

 

Que proposez-vous concrètement alors à Bennoo ?

En ce qui concerne le choix d’un candidat, nous n’avons que deux possibilités. Première possibilité, c’est qu’il y ait des concertations qui aboutissent à un consensus sur un candidat. C’est là qu’il faut accélérer. Que la question soit posée sur la table pour qu’on puisse savoir si on est capable, à partir de concertation, de nous mettre d’accord sur un candidat. A ce moment, ce sera le candidat de l’unité. Je ne parle pas des candidats qui ont déjà décidé de se présenter tout seul. Je parle des gens qui veulent un candidat unique. Mais les gens qui n’en veulent pas, il est clair qu’ils vont se présenter et ça ce n’est pas notre problème. Mais quand ça ne marche pas, il faut aller vers la deuxième possibilité. C’est une discussion sur les modalités de sélection d’un candidat unitaire. Si on a un consensus sur les modalités, à ce moment, on applique les modalités et le candidat qui en sortira sera le candidat de tout le monde.

 Comment analysez-vous la floraison des mouvements citoyens ?

Il y a deux explications qu’on peut avoir. Aujourd’hui, il y a une sorte de vide et comme on dit tout vide appelle des candidats. Chacun se dit puisqu’il y a un vide, pourquoi pas moi. On peut mettre cette situation au compte du retard de Bennoo. Si Bennoo avait choisi son candidat depuis longtemps, certains auraient pu mieux mesurer les risques en se présentant comme candidat. La deuxième explication, c’est qu’au fond, il y a des secteurs de la société civile qui se disent que tous les politiques sont les mêmes. Qu’au fond, pourquoi se diriger vers eux en sachant que si l’on prend celui-là aujourd’hui, il sera le même que celui qui était là hier. Me Wade, qui criait contre Diouf, est pire que ce dernier. Ceux qui crient contre Me Wade, est-ce qu’ils seront meilleurs que lui ? Donc, il y a un scepticisme ambiant sur les politiques dans certains secteurs. Et ce sont ces secteurs qui essaient de construire une alternative par rapport aux politiques.

 Les Sénégalais sont-ils prêts à élire un président qui n’est pas politique ?

Je crois qu’il faut interroger l’Histoire lorsqu’on veut réfléchir à ces questions parce que l’histoire électorale du Sénégal n’est pas jeune. C’est une vieille histoire. Et, dans cette vieille histoire, les tentatives n’ont pas manqué, depuis l’indépendance jusqu’à maintenant. Mais, toutes ces tentatives se sont révélées marginales. C’est autour de 1 à 2% que cela a tourné jusqu’ici. Et je ne pense pas que cela va changer pour 2012, et que ces candidats dits de la société civile qui n’ont pas le support d’un mouvement politique et d’appareil de campagne, capable d’encadrer les électeurs en faisant le travail qu’il faut. Pour moi, ces candidats n’ont aucune chance.

 Comment avez-vous suivi la dernière crise scolaire ?

La crise ne date pas de maintenant. L’école sénégalaise est en crise depuis longtemps. La question qui s’est posée à nous, c’est qu’il y a des périodes où il y a eu des ministres qui ont des capacités de dialogue avec les acteurs et qui ont essayé tant bien que mal de ramener le calme au niveau de l’Ecole. Et il y a d’autres qui sont totalement incapables de dialoguer et qui, au lieu de ramener cette situation de conciliation, préfèrent l’affrontement ou autre chose. Malheureusement, il semble que cela soit le cas actuellement.

 

Réalisée par Latir MANE



5 Commentaires

  1. Auteur

    Ziarré

    En Avril, 2011 (12:41 PM)
    Ziarr! Preums
  2. Auteur

    X

    En Avril, 2011 (13:42 PM)
    NDOYE L ANCIEN MILITANT DE GAUCHE QUI A FINI A LA BANQUE MONDIALE POUR AJUSTER ET REAJUSTER LES MASSES LABORIEUSES TAIS TOI TU AS VEND TON AME AU DIABLE ABDOU DIOUF POUR TE FAIRE LES POCHES ET AVEC TON EXIL DORE A L ETRANGER LES BUSTROS ET PETASSES DU PAYS AVAIENT PERDU LEUR PLUS GRAND CLIENT
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    Auteur

    Undefined

    En Avril, 2011 (14:48 PM)
     :cry:  :cry:  :cry:  :cry: 
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    Auteur

    Undefined

    En Avril, 2011 (16:26 PM)
    oui

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    Auteur

    Bira

    En Avril, 2011 (18:25 PM)
    il est intelligent ce monsieur!!! il faut l'ecouter de tout coeur! Un senegalais vrai!!!!

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