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Politique

MAMADOU SIDIBE, MINISTRE CONSEILER DU PR : Les Sénégalais sont éprouvés mais ce n'est nullement à cause des politiques que nous mettons en œuvre.

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MAMADOU SIDIBE, MINISTRE CONSEILER DU PR : Les Sénégalais sont éprouvés mais ce n'est nullement à cause des politiques que nous mettons en œuvre.

Président de la fédération départementale Pds de Kédougou, secrétaire de la section communale Pds toujours de la même localité, Mamadou Sidibé est également ministre-conseiller du Président de la République. Ancien ministre du Plan et développement durable, économiste de renom, il revient dans cette interview qu'il nous a accordée sur la situation politique de sa formation politique, les querelles internes et sur l'affaire dite de démission de Macky Sall, réclamée par nombre de responsables libéraux. Sans détour, il accuse également certains membres du comité directeur du Pds, Macky Sall en tête, de l'avoir injustement écarté lors des investitures. La situation qui prévaut à Kédougou, ainsi que la flambée des prix des denrées de première nécessité ont été aussi abordées. Entretien

L'Office : Qu'est-ce qui explique le fait que soyez entré en hibernation politique ? On ne vous entend plus parler ?

Mamadou Sidibé : Non ! Je ne suis pas en hibernation politique. Et bien que je ne sois plus ministre du Plan et du développement durable, je vous rappelle que je suis ministre, en qualité de ministre-conseiller du Président de la République. À ce titre, je crois que mon action est interne et discrète. Je ne peux toujours dire des choses, mais dans le domaine politique, je reste toujours actif. J'ai quitté le gouvernement à la date du 22 novembre, mais j'ai grandement mené la campagne du Président de la République , lors de la présidentielle, et je crois avoir enregistré un résultat honorable, en ce sens que je me place dans les trois premiers dans les élections présidentielles, avec un taux de près de 71,68 %. Également, aux élections législatives, je me suis manifesté, même si la presse ne couvre pas totalement les évènements politiques dans cette lointaine localité du Sénégal qu'est Kédougou. Malgré tout, nous enregistré un taux de participation parmi les meilleurs, car les véritables enjeux étaient la participation, après qu'une partie de l'opposition a appelé au boycott.

Mais à vous entendre parler, on dirait que vous êtes le principal responsable du département de Kédougou. Alors pourquoi vous n'avez pas été investi lors des législatives ?

C'est une longue histoire. Effectivement, et jusqu'à preuve du contraire, je suis le président de la fédération départementale Pds de Kédougou, et secrétaire général de la section communale, toujours de la même localité. Je n'ai pas été investi, mais c'est un phénomène que je constate. Plus grave encore. Lors des investitures, nous avons tenu une série de réunions au Méridien Président, mais en qualité de président de fédération, je n'ai jamais été convié à y participer. Ce qui, d'ailleurs, avait frappé les jeunes et toute la population de ma localité. Et au moment où tous les étudiants vous interpellent par rapport à mon absence, je signale que je n'ai pas été informé. À l'occasion, il paraîtrait que Modou Diagne Fada avait déclaré qu'il ne pouvait pas parler de Kédougou sans ma présence. Une raison pour qu'ils décalent de quelques jours la rencontre concernant Kédougou. Mais, je n'ai jamais été convoqué. Et tout a été mis en œuvre pour pouvoir m'écarter. Sur le même plan, et bien que j'ai refusé d'être mis sur la liste nationale, j'ai aussi eu l'occasion de discuter avec Macky Sall, qui me demandait pourquoi avoir refusé une telle offre. Mais, faut-il savoir que j'ai besoin de m'impliquer à la base pour montrer au Président de la République ce dont je suis capable de faire dans ma localité.

Mais, vous êtes président de fédération, et secrétaire général de section communale. Est-ce que vous pointez un doigt accusateur sur certains responsables qui vous ont préféré à M. Makalou ?

Moi, je suis une sorte d'électron libre dans le parti. Je connais le Président Wade depuis presque quarante ans. J'ai été son étudiant en sciences économiques, et en matière politique, il m'avait déjà responsabilisé pendant que nous étions dans l'opposition. Peut-être que ma démarche et ma façon de faire ne plaisaient pas à certains. En tout cas, j'ai retenu une certaine adversité et hostilité à mon endroit.

De qui voulez-vous parler ?

Mais, ils sont nombreux ! Ce sont tous ceux qui parlent de duel Karim Wade-Macky Sall. Je pense que tous étaient ensemble dans le comité directeur. C'est eux qui dirigeaient. Et je dois dire qu'avant même les investitures, ces mêmes gens ont paralysé le fonctionnement de la fédération de Kédougou, pour avoir refusé de nous donner les moyens. Et pendant huit mois, Kédougou n'avait qu'une seule fois obtenu un financement. Étant si éloigné, pour un simple déplacement, c'est 14 heures de route, avec toutes les difficultés d'enclavement que nous avons. Et au motif qu'il existait des tendances entre les responsables de Kédougou, on a été sevrés de financements. Mais, dites s'il y a une seule fédération dans ce pays qui n'a pas de problèmes de contradictions. Si c'est la raison, cela ne tient pas la route. Donc, c'est le comité directeur qui a décidé de mettre sur la touche Mamadou Sidibé. C'est par respect au Président de la République , qu'à l'époque, je n'avais pas dit ce que je pensais.

Mais, tous ceux qui se disent injustement écartés pointent un doigt accusateur sur Macky Sall. Est-ce votre cas ?

Moi, en qualité de président de fédération, je reproche au directeur de campagne qu'était Macky Sall lors de la présidentielle, d'avoir mis Kédougou dans une situation difficile, et d'avoir frustré l'essentiel des militants du Pds. Et en tant que Premier ministre d'alors, directeur de campagne et numéro 2, donc responsabilisé par le Président de la République, il se devait de trancher équitablement la question. Parce que, c'est le rôle d'arbitre qu'on attendait de lui, par rapport à la démarche de membres du comité directeur. Il devait tout simplement rectifier. Et même si nous l'avions contacté pour le mettre au courant de tous les problèmes, il n'a jamais tranché. Au contraire ! Il a fait appel à des gens qui avaient même battu campagne pour Rewmi de Idrissa Seck. Ce qui avait fini de frustrer tout Kédougou. Donc, des faits objectifs et avérés sont à reprocher à Macky Sall. La direction du parti ne nous a pas mis à l'aise, en investissant à notre place des transhumants.

Compte tenu de l'ensemble de ces faits, faites-vous partie de ceux qui demandent, sinon réclament la démission de Macky Sall, en qualité de numéro 2 du Pds et de président de l'Assemblée nationale ?

Je ne vais pas si vite dans ma démarche. Macky Sall a été responsable de la campagne. Il est numéro 2 du parti. Mais, il n'a pas agi seul. Que je sache, la plupart des réunions se sont tenues en son absence. Il a peut-être cautionné ou il a inspiré. Mais, les acteurs qui ont eu à s'exprimer pour ce qui a été fait, ce sont les membres du comité directeur. Je veux nommer Ablaye Faye, Farba Senghor, Aliou Sow…La liste est longue. C'est l'ensemble du comité directeur. J'ai été le seul ministre de Tambacounda, à ne pas être membre du comité directeur, en tant que président de fédération. Au même moment, des responsables de quartier étaient membres de ce comité directeur. Mais, j'aurais aimé que l'on me dise ce qu'on me reproche en réalité.

Et pourquoi ne l'avoir pas signalé, en usant de moyens qui étaient à votre portée ?

Je l'ai bel et bien manifesté. Et dans cela, vous avez entendu parler de comité de discipline, que des responsables ont été convoqués, mais vous n'avez jamais entendu mon nom. Et toute modestie mise à part, j'ai permis la victoire de mon parti à Kédougou. Aussi, le débat qui se passe concernant la démission ou pas de Macky Sall, nous, nous lui avons reproché des choses, et nous avons rendu compte à qui de droit. Il appartient à cette autorité de prendre ses responsabilités. Parce que ce qu'il a fait a forcément des conséquences sur la gestion du parti. Il nous a même été donné des motos et véhicules par le Président de la République , mais ce comité directeur a sabordé les choses en leur donnant à d'autres éléments. Des faits que j'ai dénoncés, mais pas relayés par la presse. Parce que la presse ne m'a jamais eu en estime. Et même quand j'avais en main l'un des plus importants départements, c'est très rarement que la presse venait me voir pour aborder la question concernant l'économie, pôle très important. Cependant, grâce à vous, le tir est rectifié. Mais, je rappelle encore une fois que je préfère assez souvent régler les problèmes à l'interne. Ceci, pour redire que Kédougou a été saboté par le comité directeur à la tête duquel se trouve Macky Sall. Je n'ai pas demandé de démission, mais il sait ce qui s'est passé entre lui et notre fédération.

Vous permettrez que nous fassions un bond sur la situation économique du pays. Et avec cette inflation galopante, est-ce à dire que le gouvernement a échoué ?

(Rires). J'évite le mot échec, qui est surtout utilisé par l'opposition. Nous sommes arrivés au pouvoir en 2000, et nous avons notre orientation, nos objectifs et notre stratégie. Il a fallu cette subite flambée des denrées de première nécessité pour entendre dire, ils ont échoué. Mais, est-ce que les gens s'interrogent sur les facteurs explicatifs ? Et comme l'on dit certains concernant la flambée du baril du prix du pétrole, je tente d'aller dans ce sens. Le prix du baril est passé de 50 dollars à aujourd'hui 95 dollars. Et, nous sommes dans un monde de plus en plus globalisé. Donc, on ne pas voir le prix du baril passer du simple au double sans que cela ne se répercute sur le prix des produits manufacturés. Pour le tout, le pétrole est présent dans toutes les procédures de productions. Et l'on ne peut pas ne pas répercuter la flambée du prix du pétrole sur les produits. Aussi, dans cet épisode inflationniste, le Sénégal est un importateur de produits manufacturés. Ce n'est pas un phénomène singulier au Sénégal, ni à l'Afrique, mais concerne le monde entier. Ceci, depuis que le monde a commencé à se mouvoir dans la globalisation. Nous importons le blé, sans compter le riz. Et même si nous sommes producteurs de matières premières, à l'image des pays producteurs de pétrole, nous ne sommes pas encore arrivés à former un cartel pour mener une politique de représailles face à ce phénomène. Autre facteur, nous ne maîtrisons pas le prix de nos matières premières. Donc, en définitive, nous ne pouvons pas faire face, pour le moment, au phénomène de la globalisation, avec toutes ses conséquences.

Mais, on note beaucoup de paroles et peu d'actions ?

Je ne sais pas véritablement, mais certains individus politiques en parlent tous les jours. Certains sont dans le gouvernement et d'autres dans les sphères gouvernementales. Ce qui est sûr, c'est que cette hausse généralisée des prix échappe au contrôle de nos pouvoirs, parce que n'étant pas un phénomène qui ressort d'une politique nationale. C'est un phénomène mondial qui est même perçu aux Etats-Unis, mais dont l'économie a la capacité de réagir face à cette inflation. Tout économiste sait que l'inflation vient de l'accroissement du prix du pétrole. Qu'il s'agit de l'offre ou de la demande. Sur un autre volet, l'on constate que la population s'accroît également de manière effrayante. Et cette population est fortement demandeuse de produits. Et en économie, l'accroissement de la demande provoque l'accroissement du prix. Du côté de l'offre, le renchérissement du coût du pétrole, qui entre pour grande part dans la production des biens et services que nous consommons, est un autre élément d'accroissement du niveau général des prix. Une raison pour nous ayons une inflation qui nous vient, et de la demande et de l'offre. Et si la tendance continue, nous allons vers un Nouvel Ordre Mondial. Et à l'heure de la globalisation, on ne peut pas échapper à cela. Alors, si des individus déclarent que c'est le gouvernement qui est incompétent, je comprends aisément le discours politique qui l'accompagne. Qu'est-ce que l'on nous reproche, à un moment où Wade a mené la retraite à 60 ans, où chaque année 5000 personnes sont recrutées. Quand les enseignants obtiennent des indemnités et autres. Et toutes ses dépenses sont des dépenses gouvernementales.

Et le train de vie de l'Etat, avec le nombre des députés qui est augmenté, un Sénat….

Est-ce que ces institutions ne sont pas des éléments nécessaires et indispensables à la cohérence institutionnelle de notre pays ? Je le pense. Je suis d'accord que les Sénégalais sont éprouvés. Mais, ce n'est nullement à cause des politiques que nous mettons en œuvre. Et toute augmentation d'un produit comme le riz ou le blé, entraîne l'augmentation de l'autre. Naturellement, vous me direz que certaines dépenses auraient pu être oubliées au profit de subventions. Cela contiendrait l'augmentation dans certaines limites. Mais à 150 ou 200 milliards, est-ce que nos dépenses publiques peuvent supporter cela ? Je ne le pense pas. Toutefois, évitons les débats politiciens.

Mais, contre toute attente, Dakar reste l'une des villes où le coût de la vie est le plus cher ? Par ailleurs, certains indices macro-économiques placent aujourd'hui le Sénégal loin derrière des pays comme le Burkina, avec qui il partage la zone Uemoa ?

Je suis d'accord avec vous ! Et peut-être qu'en termes de comparaison, nous sommes plus cher que les autres. Mais on peut dire que le Président Wade a essayé de faire des efforts, de concevoir des politiques pour atténuer tout cela. Le programme qu'il a voulu mettre en place pour permettre aux Sénégalais de produire ce qu'ils consomment, aurait, à l'instar de ce qui se passe au Mali, au Burkina, diminuer une aggravation de la pression fiscale. Le Sénégal est le pays qui consomme près de 400.000 tonnes de riz. Vous ne pouvez pas citer le même exemple au Burkina, ni au Mali, ou encore en Guinée. Sur ce plan, il y a peut-être des choses à changer. Mais, également, pour pouvoir faire face à tout cela, le Sénégal doit avoir une politique agricole qui nous permette de produire ce que nous consommons. Donc, en définitive, qu'on le veuille ou pas, il est impératif de retourner à la terre. Le plan Reva est bien là, mais il faut le concrétiser, parmi tant d'autres projets qui concernent le développement de l'agriculture



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