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Politique

Mamour Cissé (Leader du Psd/Jant bi) : « J’en veux à Alex Segura d’avoir passé sous silence le scandale des terrains de l’aéroport »

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Mamour Cissé (Leader du Psd/Jant bi) : « J’en veux à Alex Segura d’avoir passé sous silence le scandale des terrains de l’aéroport »
Une commission d’enquête parlementaire, c’est ce que réclame le député Mamour Cissé pour faire la lumière sur les parcelles de l’aéroport Léopold Sédar Senghor bradées à des gros bonnets qui vont amasser des dizaines de milliards sur le dos de l’Etat.N’empêche, malgré sa rupture avec la mouvance présidentielle, le secrétaire général du Psd/Jant bi demeure l’un des rares hommes politiques de l’opposition à être convaincu de la sincérité de l’appel au dialogue lancé par Me Wade. Entretien.

Wal Fadjri : Vous avez refusé de voter, lundi dernier, la loi de finance rectificative. Que reprochez-vous au ministre des Finances ou au gouvernement ?

Mamour Cissé : Pas grand-chose. Je n’ai pas de problèmes personnels avec le ministre de l’Economie et des Finances. Je trouve d’ailleurs normal que chaque fois qu’il y a lieu de réviser à la hausse ou à la baisse un budget, qu’il faille faire recours à une loi de finance rectificative. Pour le cas qui nous était soumis lundi dernier, et par rapport à la conjoncture, j’attendais des autorités qu’elles couplent cette loi de finance rectificative avec une politique de relance. Il se trouve, après le vote de cette loi, qu’on est resté sur notre faim. Heureusement que le ministre des Finances a reconnu devant l’Assemblée nationale, qu’il n’avait pas les moyens de relancer l’économie, or c’était la chose la plus adéquate à faire.

En fiait, face à cette crise, bon nombre de pays qui se respectent, ont adopté une politique de relance face à la baisse des recettes. Ce n’est pas seulement en Europe ou aux Etats-Unis. Même en Afrique, on peut citer le cas de la Tunisie et du Burkina Faso. Qu’on ne puisse pas aujourd’hui nous donner une politique de relance, cela pose problème parce qu’une chose est de confectionner un budget, une autre est de devoir l’exécuter. En effet, pour exécuter un budget, il faut avoir des ressources. Et il se trouve que celle qui en crée et qui doit être au cœur de l’activité économique, c’est-à-dire l’entreprise, peine à payer ses impôts. Le recouvrement de l’impôt sur les sociétés pose problème. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’on avait diminué cette fiscalité de 33 à 25 % et cela a des conséquences. Ensuite, on peine à recouvrer cet argent simplement parce qu’on assiste à des fermetures d’entreprises.

L’autre problème, c’est qu’il y a eu des coupes sombres qui vont toucher des secteurs stratégiques. Je pense à l’Aser qui est - je ne dirai pas la seule réussite de l’Alternance - mais une réussite que tout le monde a saluée. Avec cette loi de finance rectificative, il y aura des coupes sombres sur l’électrification rurale, sur les secteurs sociaux, la subvention du gaz par exemple.

Par ailleurs, à l’heure où l’Etat peine à trouver des ressources, il y a un scandale qui s’est annoncé à l’aéroport Léopold Sédar Senghor. Il s’agit de terrains qui ont été bradés à deux gros bonnets du régime qui se vont se faire 67 milliards avec ces terrains mal acquis. Si l’Etat avait réalisé cette opération à son profit, il aurait pu avoir des ressources exceptionnelles pour venir en aide à l’économie du pays. Malheureusement, on a préféré enrichir des gros bonnets du régime. Voilà donc autant de choses que j’ai constatées et que je reproche au gouvernement du Sénégal.

L’autre reproche que je fais contre la loi de finance rectificative, ce sont les avances de trésorerie.

Wal Fadjri : Pouvez-vous être plus explicite à propos de ces terrains vendus ?

Mamour Cissé : C’est notre collègue, le député Imam Mbaye Niang, qui nous a révélé le scandale. N’oubliez pas qu’Imam Mbaye Niang était un cadre de l’Asecna qui est bien au fait de tout ce qui se passe au niveau de l’aéroport. Il se trouve qu’avant-hier (lundi dernier, l’entretien a eu lieu le mercredi : Ndlr), il a interpellé le ministre des Finances sur deux ventes. La première concerne l’Ipres à qui on a vendu 5 ou 6 hectares à 20 milliards et semble-t-il ces gens ont déjà encaissé l’argent. Et ce n’est même pas l’Etat du Sénégal, car le ministre a déclaré que ce n’était pas lui qui a été à la base de cette transaction. Il s’agit, selon lui, de privés. Comment l’Etat du Sénégal peut-il donner à des privés la possibilité de s’enrichir pendant que le pays peine à trouver des ressources. J’en veux d’ailleurs à Alex Segura, le représentant résident du Fmi, qui a tenu récemment une conférence de presse sans parler de ce scandale qu’il n’ignore certainement pas.

L’autre scandale, c’est qu’après avoir vendu une partie de ce terrain, ces ‘promoteurs’ vont construire des villas vendues à 150 millions de francs Cfa l’unité. Et selon les révélations de notre collègue Imam Mbaye Niang, ces deux ‘promoteurs’, de gros bonnets du régime, vont empocher 57 milliards. Pendant ce temps, on vient nous parler de loi de finance rectificative avec un trou de 137 milliards. C’est très grave. Et j’ai décidé de saisir mon groupe parlementaire pour demander une commission d’enquête sur ces terrains de l’aéroport afin de voir un peu plus clair sur ce qui se passe. Et je demande à mes collègues députés de la majorité de bien comprendre la gravité de ce scandale. L’aéroport est un patrimoine national qu’aucun privé ne saurait aliéner à son profit. Surtout au moment où l’économie va mal.

Ainsi, malgré les propos d’Alex Segura et du ministre des Finances, je doute qu’on puisse atteindre un taux de croissance de 3 %. Pour moi, c’est à peine si nous pourrons faire un taux de croissance de 1 %. Je crois plutôt à une stagnation de l’activité économique. La raison est toute simple. Et je l’ai dit au ministre des Fiances : Entre janvier et juin, quels sont les investissements qui ont été réalisés dans le cadre du Budget consolidé d’investissement (Bci) ? Je n’en ai pas vu. De juin à décembre, le budget risque d’être exécuté à 50 %. Donc où est-ce qu’on va tirer cette croissance 3 % dont on nous parle.

Force est de reconnaître que l’Etat du Sénégal n’a aucune politique économique claire. C’est du pilotage à vue. Pendant que les autres pays s’arment par rapport à la stratégie de croissance accélérée, le Sénégal se cherche.

Wal Fadjri : Vous venez de dresser un tableau peu reluisant sur nos finances publiques et comme pour en rajouter, on annonce la hausse du prix de l’électricité…

Mamour Cissé : Cette hausse est inéluctable parce que nous n’avons pas atteint le seuil critique du baril du pétrole. Tout le monde sait que 70 %, ce n’est pas le prix du baril. D’ici décembre, je le pense et tous les analystes et les observateurs avertis le pensent, le prix du baril ira jusqu’à 100 ou 108 dollars. Aujourd’hui, le raffermissement du dollar conjugué à la raréfaction des ressources fait que le Sénégal est obligé d’appliquer la politique de la vérité des prix.

Wal Fadjri : En tant que membre de l’opposition parlementaire, quelle position adoptez-vous face à l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat ?

Mamour Cissé : Le Sénégal a besoin de décompresser après des années de tensions politiques. Même la majorité présidentielle sait qu’il y a un malaise profond. Décompressons le pays en prônant un dialogue franc et sincère. Le Sénégal a atteint un niveau où le dialogue est devenu un impératif. Il faut dialoguer avec tout le monde. Les problèmes de ce pays font que Me Wade est obligé de calmer le jeu, d’écouter tout le monde. Il doit penser à un dialogue inclusif. Les patriotes sont aussi bien dans le camp de la majorité que dans le camp de l’opposition et de la société civile. Nous sommes tous des Sénégalais. Mais je dois avouer que je suis convaincu de la bonne foi du chef de l’Etat. Je pense, jusqu’à preuve du contraire, que cet appel de Me Wade est sincère. Il m’en avait parlé du temps où j’étais dans le camp de la majorité. Il m’a reçu pour me dire qu’il allait appeler à un dialogue au lendemain des élections locales, quand il aurait fini de mettre en place toutes les institutions. Même si certains ont toujours douté des appels au dialogue lancés par le chef de l’Etat, ils doivent se dire que cette fois-ci, il veut vraiment dialoguer. Son appel est sincère. Il reste maintenant à trouver la personne devant conduire ce dialogue. Il faudra une personne crédible.

Wal Fadjri : Comment appréciez-vous alors la position de Benno Siggil Senegaal qui exige la prise en compte des conclusions des assises nationales comme préalable de tout dialogue ?

Mamour Cissé : Au fait, il ne saurait y avoir de garde-fous dans ce dialogue. On doit laisser libre cours aux acteurs pour donner les termes de référence de ce dialogue. On ne peut quand même pas venir à une discussion avec des œillères en disant : ‘Je discute de ça, et ne me parlez pas d’autre chose’. Il faut avoir cette capacité de dépassement. Si au cours du dialogue, l’opposition pense qu’il faut prendre en compte les assises nationales, je ne vois pas pourquoi la majorité va fermer les oreilles ou bouder. Vous savez, si notre parti, le Psd/Jant bi, a revu sa position sur les assises nationales, c’est qu’entre l’ouverture de ces concertations et l’atelier de restitution, il y a eu les élections locales du 22 mars. Une partie des Sénégalais par leur vote ont montré qu’il fallait être sensible à ce qui se passait aux assises nationales. C’est la raison pour laquelle mon parti qui est toujours du côté de la population, a décidé de rallier les assises nationales. Nous sommes arrivés à la conclusion que ces assises nationales ne sont pas l’affaire de quelques politiciens. Il ne s’agit pas de cela, mais d’une frange très importante de la société sénégalaise. Et c’est ce que les populations ont démontré le 22 mars. Ne pas tenir compte de ces assises, c’est faire la politique de l’autruche.

Wal Fadjri : Vous dites avoir revu votre position sur les assises nationales. L’avez-vous clairement signifié aux organisateurs ?

Mamour Cissé : J’ai déjà eu des contacts avec certains initiateurs des assises. Je compte rencontrer le président Amadou Matar Mbow. Je ne l’ai pas fait jusque-là parce qu’il était absent du territoire national quand je l’ai appelé pour solliciter une audience. Après le président, je vais adresser une demande d’audience à certains collègues de la classe politique comme Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Amath Dansokho. Ensuite, je vais rencontrer la société civile qui a joué un rôle très important dans la tenue de ces assises nationales. Nous n’avons ni appréhension ni a-priori.

Wal Fadjri : On a parlé d’une fusion entre votre parti le Psd/Jant Bi et le Ptp de Me El Hadji Diouf. Où en êtes-vous ?

Mamour Cissé : Il s’agit plutôt d’un souhait. Il n’y a pas encore de fusion. El Hadji Diouf est un ami et un frère avec lequel je partage beaucoup de points de vue. Nous étions tous deux dans la mouvance présidentielle. Mais il est arrivé un moment où on ne se sentait plus à l’aise, on n’avait plus nos places dans ce camp. Nous tendons vers une alliance, mais on n’en est pas encore là, car nos deux partis ont quelques divergences. Je donne l’exemple des assises nationales. Mon ami El Hadji Diouf est farouchement opposé à ces assises alors que notre parti a décidé de revoir sa position pour s’approprier ce travail. En tous cas, notre objectif est de cheminer ensemble.

Wal Fadjri : Qu’envisagez-vous en tant qu’opposition parlementaire, maintenant que le Conseil constitutionnel s’est déclaré incompétent sur le recours introduit pour annuler la loi créant la vice-présidence ?

Mamour Cissé : D’abord, je n’étais pas surpris par la décision de Conseil constitutionnel. Cette juridiction nous a habitués à cela. Et dommage quand on voit ce qui se passe au Niger. Le recours déposé par mes collègues était plutôt un acte politique qu’autre chose. Ils ne s’attendaient pas à un miracle. Un projet pareil qui tenait à cœur le président de la République ne pouvait pas courir le risque d’être bloqué par le Conseil constitutionnel. C’est pour vous dire que les urgences étaient ailleurs, mais pas déposer un recours.

Wal Fadjri : Etes-vous d’accord avec certains de vos collègues qui suggèrent des manifestations dans les rues pour barrer la route à ce projet ?

Mamour Cissé : Si je dois descendre dans la rue, ce ne sera pas pour barrer la route à ce projet. Ce sera une perte de temps. Si je descends dans la rue, ce sera pour dénoncer les agressions multiformes constatées ces temps-ci contre les populations sénégalaises. Je veux nommer les hausses des denrées de premières nécessités, le chômage, la crise qui sévit dans les hôpitaux, les écoles et les universités etc…

Wal Fadjri : Il a été décidé de bloquer certains projets pour financer les travaux de l’autoroute à péage. Etes-vous d’accord ?

Mamour Cissé : Sur ce sujet, je suis d’accord. C’est une excellente chose puisque cette autoroute contribuera grandement à améliorer la mobilité urbaine. Les embouteillages nous coûtent annuellement des milliards par année. Cette autoroute à péage va participer pour beaucoup au désengorgement de Dakar. J’entends certains dire qu’on ne mange pas les infrastructures. Oui ! Mais sans infrastructures dignes de ce nom, on ne mange pas non plus. C’est vous dire que les 55 milliards affectés aux travaux de l’autoroute à péage sont d’une importance capitale.



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