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Politique

MANŒUVRES POUR UN PDS NEW LOOK : LE BLEU VIRE A L’ARC-EN-CIEL

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MANŒUVRES POUR UN PDS NEW LOOK : LE BLEU VIRE A L’ARC-EN-CIEL
PROJET D’UN GRAND PARTI PRESIDENTIEL / Réforme, refondation ou rénovation : Quand l’urgence des changements interpelle le Parti démocratique sénégalais

Dans la perspective annoncée de la création d’un grand parti présidentiel autour de laquelle travaille une commission de réflexion désignée par Abdoulaye Wade, le secrétaire national du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Mbaye-Jacques Diop, membre du Comité directeur de cette formation libérale, a produit une contribution. Dans cette contribution, il évoque et convoque l’histoire politique sénégalaise, singulièrement celle du Pds. C’est pour ensuite indiquer les mutations que cette formation politique aujourd’hui au pouvoir a subies ainsi que celles qui sont dictées par le présent et le futur pour sa pérennisation. Nous reproduisons ci-dessous le texte intégral de Me Mbaye-Jacques Diop…

La voie politique n’est pas toujours une voie droite, lisse et sans aspérités, exempte d’embûches et de chausse – trappes. Celle d’un parti politique, par vocation, n’est, donc, pas tant s’en faut, une voie royale.

La vie des partis politiques est à l’image de celle des sociétés humaines ; c’est-à-dire faite de haut et de bas, de mutations heureuses ou malheureuses, de scissions, de fusions, de dissolutions ou de réformes, de refondations, voire de rénovation, etc.

Très jeune, nous avons eu la chance d’être témoin et acteur, au sein de formations politiques, de changements successifs, souvent déterminants pour le devenir de notre pays, aux aurores de l’indépendance, d’abord, et, plus tard, dans le cadre de l’exercice de sa souveraineté extérieure. C’est ainsi qu’il nous a été donné de vivre des fusions célèbres qui ont durablement forgé le destin du Sénégal.

En 1954, Léopold Sédar Senghor, qui venait de remporter les élections de juin 1951, cherchait encore une base politique. Nous nous activions, alors, dans le Mouvement des jeunesses du Bloc démocratique sénégalais (Mj/Bds), qui tenait son congrès constitutif, en juin 1954 à Louga. Nous évoluions auprès d’autres jeunes, futurs leaders, comme feu Amadou Alcaly Diouf, l’un des tout premiers docteurs en pharmacie du Sénégal, Mansour Bouna Ndiaye de Louga, Amadou Lamine Sarr de Foundiougne, Mbaye Ndir de Thiès, Massamba Niang de Saint-Louis, et bien d’autres figures marquantes. Tous, jeunes de l’époque, nous nous employions à massifier la formation de Senghor, à partir de mots d’ordre qui reflétaient les préoccupations de l’heure : éducation des masses, autonomie interne, etc. Le monde était en pleine mutation.

LEÇON D’HISTOIRE

L’année 1954 avait servi de cadre à la défaite française de Diên Biên-Phu et à l’insurrection algérienne qui sonnait le début de la longue guerre de libération algérienne. L’année 1954 précédait, également, la tenue de la fameuse et si mythique conférence de Bandung, de 1955. Le travail de massification, pour reprendre la terminologie de Senghor, vit également affluer au Bds d’éminents cadres comme Abdoulaye Ly, Amadou Moctar Mbow, Cheikh Fall, ancien Président-directeur général de la Compagnie aérienne Air-Afrique et bien d’autres. Quelques mois après, s’était opérée la première fusion entre deux partis -phare du pays, le Bds et l’Union Démocratique Sénégalaise- Rassemblement Démocratique Africain (Uds-Rda) de Abdoulaye Guèye Cabri, qui devaient se retrouver dans une nouvelle formation : le Bloc populaire sénégalais (Bps). C’était en 1956. Il s’agissait là, pourtant de deux formations entre lesquelles existait une grande différence doctrinale, des deux partis fusionnants, l’un, celui de Abdoulaye Guèye Cabri, se réclamait du socialisme scientifique, tandis que l’autre, le Bds, prônait un socialisme africain, à hauteur d’homme, teinté de tolérance et d’ouverture.

Néanmoins, la nouvelle formation ainsi mise en place, le Bps devait s’enrichir des apports venant de part et d’autre. Elle apparaissait comme revigorée, intellectuellement, pesant plus lourd en termes de démographie et de diversité, ayant une vision tout à fait nouvelle, originale, du monde et de ses problèmes, fruit d’un bouillonnement et de débats internes inhabituels.

La deuxième fusion intervint lorsque le Bps se réunit au Parti Socialiste d’Action Sénégalaise (Psas) de Maître Lamine Guèye, pour donner l’Union progressiste sénégalaise (Ups). C’était en janvier1958 et nous siégions déjà aux bureaux politiques du Bps et de l’Ups.

Le Pra/Sénégal créé le 20 Septembre 1958 après la rupture avec l’Ups par Messieurs Abdoulaye Ly, Assane Seck et autres fondateurs, accepte, en 1966, de fusionner avec l’Ups de Léopold Sédar Senghor et de Mamadou Dia sans que ce parti ne change ni de sigle ni d’appellation.

Comme on le constate, le Sénégal, a une certaine expérience des réformes et des fusions. Elles ont correspondu, chaque fois, à une volonté d’additionner les compétences et les talents, ainsi que le nombre, pour mieux faire face aux défis de l’heure : décolonisation, émancipation des masses populaires, réalisation de l’unité africaine, etc.

Ces rappels historiques -tout se tenant dans la vie des hommes- nous amènent en 1974. Les combats politiques, tout comme les contextes, national et international, n’étaient plus les mêmes. Notre indépendance était acquise, après sa réclamation bruyante et significative de «Porteurs de Pancartes», le 26 août 1958. Notre négritude assumée, reconnue et positivement affirmée, notre principal chantier était, dès lors, le développement économique et social. Mais, cet objectif était, également, un prétexte, un alibi d’une gouvernance centrée sur un monopartisme contraignant, étouffant, à la limite, qui sévissait presque sur tout le Continent africain.

NAISSANCE DU PDS

1974 est une date–symbole, une étape, bien avant l’événement déclencheur de la Baule, qui allait marquer une période décisive de l’évolution du processus démocratique en Afrique. Nous étions directeur de l’Ecole des cadres du Parti et un peu plus tard, Secrétaire permanent du Bureau politique du Ps. Nous rendons, par conséquent, hommage à Abdoulaye Wade, d’avoir, tout seul presque, ou avec une poignée de patriotes, osé secouer le cocotier, semant l’émoi. Avec la distance, et au regard des principes, l’acte en soi est normal, voire banal. Mais compte tenu du contexte de l’époque, «il fallait le faire» tout de même !

Wade a donc proposé à Senghor, de créer son propre parti, que, pour des raisons stratégiques, il présentait comme «parti de contribution». Même si Senghor, comme l’histoire l’a prouvé, a saisi l’occasion pour régler le problème d’adhésion de l’Ups à l’Internationale socialiste, où le multipartisme faisait partie des critères de sélection, pour accepter la candidature d’un parti au pouvoir se réclamant du socialisme, il n’empêche qu’il fallait une sacrée dose de courage politique, pour poser, dans la conjoncture de l’époque, un acte comme celui qui devait pousser Abdoulaye Wade au devant de la scène politique. Le geste ne manquait pas de grandeur ! Ainsi est né le Parti démocratique sénégalais (Pds).

«LA LONGUE MARCHE»

Homme de vision et de conviction, mais qui ne manque pas d’audace, quand les circonstances le requièrent, Abdoulaye Wade a permis au Sénégal d’affermir sa spécificité (de pays de démocratie) dans une Afrique aux prises avec la dictature et les coups d’Etat, générateurs de guerres civiles. Dès 1978, le Pds gagnait une vingtaine de sièges à l’Assemblée nationale, avec constitution de Groupe Parlementaire. C’est cette brèche qui devait déboucher sur le multipartisme intégral, et son corollaire, la compétition ouverte, à des échéances données et suivant des règles démocratiques acceptées par tous. L’Alternance de 2000 intervenue au sommet de l’Etat, qui a eu un écho si favorable en Afrique et saluée à travers le monde entier en est une illustration.

Le Pds, toutefois, n’a pas dormi sur ses lauriers. L’extraordinaire travail de déstabilisation, à travers des actions de débauchages, de transhumances organisées, mené contre lui, a, certes atteint son assise nationale, sans toutefois l’ébranler, et a semé le doute, quelquefois, dans la tête de quelques uns de ses membres, parmi les plus vulnérables.

Il faut, c’est une vérité d’évidence, une foi d’acier, pour résister aux foucades, aux trahisons, à l’ostracisme, aux provocations et même aux pièges étatiques, pendant vingt six ans, dans une opération, quelquefois frontale, quelquefois civilisée, mais toujours assumée dans un contexte de rapport de forces, où l’on ne s’embarrasse pas toujours des questions d’éthique, ou de moralité.

En toute honnêteté intellectuelle, hommage doit être rendu à Abdoulaye Wade, à ses compagnons, pour leur «longue marche» qui fait partie désormais de l’histoire politique du Sénégal. Mais, le temps vous passe entre les doigts et tout est fugace, en définitive. L’obsolescence des techniques, mais des idées, aussi, de la façon de percevoir le monde sous un prisme immuable, alors que tout a bougé, est une donnée majeure de notre temps.

LE TEMPS DE LA GESINE

Le Pds des «secteurs», «sections» et autres structures de 1974, est-il adapté à la lutte politique de nos jours ? Le parti dans son organisation et sa philosophie de combat, répond-il aux exigences qui gouvernent actuellement l’art d’assumer le pouvoir suprême ? Autrement exprimé, la formation de Abdoulaye Wade, telle qu’elle avait été conçue et organisée en 1974, répond-elle, actuellement, à l’efficacité que l’on attend d’un parti de gouvernement ? D’autant que l’alternance intervenue en 2000 a été opérée sur la base d’un programme «commun» avec des acteurs politiques divers, même si son inspiration doctrinale est d’ordre libéral. Alors que le 25 février 2007 a été la victoire personnelle du Président sortant. Aussi, la question opportune aujourd’hui est-il de savoir s’il n’est pas arrivé le moment d’imaginer un cadre politique uniforme pour porter ce programme dont l’appropriation par tous ne doit souffrir d’aucune équivoque.

Le Parti du progrès et de la citoyenneté a été le premier à, non pas s’absorber dans le Pds, mais à procéder à une fusion suivant les modalités traditionnelles, en présence des Secrétaires généraux des deux partis.

Le Ppc, faut-il le rappeler, en dépit de sa jeunesse (il a été créé en Avril 2000, avait envoyé son Secrétaire général à l’Assemblée nationale, s’étant placé, à l’issue des élections législatives au 6e rang devant des formations historiques comme le Rnd, le Pit, le Jëf Jël, etc. Il est vrai qu’après la fusion de ce parti avec le Pds en 2002, cette dernière formation a continué de garder son appellation, son sigle, comme ce fut le cas entre le Pra-Sénégal et l’Ups de Léopold Senghor. Cela se comprend, au regard du rôle important que le Pds a joué dans l’histoire du Sénégal.

En tout cas, nous étions, parfaitement, à l’aise en acceptant que la formation de Maître Wade continue de garder ses attributs.

Abdou Fall, un homme de devoir, devait, auparavant, en 1998, se fondre dans le Pds, avec le Cds, et, Iba Der Thiam, un patriote reconnu, plus tard, en 2004, accomplir le même acte avec la Cdp-Garab-Gui, dans le strict respect de préserver le patrimoine historique que constituent l’appellation, le sigle, le logo du parti d’accueil. Mais, le moment est, peut-être, venu de voir les choses sous un autre jour.

«Il faut dégraisser le mammouth», disait Claude Allègre, faisant allusion à la complexité de l’Education nationale, en France.

Nous pensons que l’heure a sonné, pour revoir la forme, les structures, le mode de fonctionnement, pourquoi pas l’appellation même du Pds ? Nous sommes à une étape de rupture et il faut être audacieux, avoir l’esprit prospectif, pour épouser son temps. Quelle voie emprunter ? La réforme, la dissolution– création, la refondation, ou la rénovation.

Toutes les options doivent rester ouvertes et nous sommes sûrs que les débats internes sur ce chapitre, seront de haute portée.

Le cadre politique à créer doit prendre en considération des principes de souplesse et d’efficacité qui tiennent compte d’une parfaite représentation territoriale et des forces vives comme les femmes et les jeunes.

Mais, il est impératif que ce «parti au pouvoir», ce «parti de gouvernement» fasse sa rétrospection et fasse preuve d’audace. Il faut qu’il sorte de «l’informel», comme l’a si bien qualifié le Secrétaire général national.

Paraphrasant le Général De Gaulle, nous disons qu’il est temps de «se réformer, sous peine de se briser».

Plus près de nous l’exemple de «l’Union pour la majorité présidentielle (Ump)» de Nicolas Sarkozy est à méditer.

Au risque d’être taxé de maximaliste, nous pensons que toute autre attitude tendant à retarder le changement, ne se conçoit que comme diversion et combat d’arrière-garde. Que prévale, donc, la sagesse !

Ps : Les intertitres sont de la Rédaction




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