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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

MARCHE - BASTONNEE, L’OPPOSITION SE RADICALISE : L’AN PIRE DU MAL

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MARCHE - BASTONNEE, L’OPPOSITION SE RADICALISE : L’AN PIRE DU MAL

MARCHE DE L’OPPOSITION/ EXPLOIT - L’opposition réussit une grande marche malgré l’interdiction par le Préfet de Dakar : Chronique d’une journée de gloire

Samedi d’opposition. Pour la première fois depuis sept ans, l’opposition sénégalaise brave l’autorité étatique. Flanquée de l’étiquette d’une opposition molle, poltronne, l’expérience a été assez tentante pour ses responsables de défier les lacrymogènes et se faire entendre. Enfin ! Au bout d’une journée de contestations, après avoir été tous arrêtés, ses leaders ont obtenu, tout compte fait, plus que la marche qui leur a été refusée au départ. Amath Dansokho, Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Abdoulaye Bathily… sont partis du grand rond-point de la Médina où ils ont, d’ailleurs, été tous interpellés par les éléments de la police. Derrière eux, la manifestation prendra diverses formes à travers les artères de la capitale, jusqu’à leur libération aux environs de 16 heures, quand une marche spontanée s’est révélée au-delà de leurs espérances. Chronique d’une marche interdite, finalement promue…

La répression de la marche de l’opposition, samedi dernier, nourrit toutes les peurs sur une année électorale qui promet déjà d’être très très chaude. L’an pire du mal ? En tout cas, avec la radicalisation de l’opposition sur fond d’hypothèques graves pesant sur les élections et l’illisibilité du jeu politico-électorale, le pire est à craindre pour l’an 2007.

MOUSTAPHA NIASSE AU POLICIER : «FRAPPE ENCORE, TU N’AS PAS HONTE ?»

«Frappe encore ! Tu n’as pas honte ?», crache Moustapha Niasse au jeune auxiliaire de police. L’homme en tenue malmène le leader politique, mais ce dernier franchit un nouveau pas au début de cette marche dite interdite. Le limier, insensible à la morale de cet ancien Premier ministre de la République, dégaine sa matraque et fonce. Mais cette fois, le coup atterrit sur le corps du vieux lutteur, Mor Fadam. Le garde du corps du leader de l’Alliance des forces du progrès (Afp) est décidé à protéger son homme jusqu’au bout. Il s’ensuit une confusion qui s’aggrave avec la fumée acre des premières bombes lacrymogènes. Quelques membres des jeunesses «progressistes», venus en renfort, servent de boucliers humains à leur mentor qu’ils accompagnent jusqu’à la fourgonnette de la Police. Le chef de file des progressistes laisse derrière lui une chaussure, témoin de la brutalité de son arrestation.

Amath Dansokho, lui, n’en croit pas à ses yeux. En réaction au premier coup reçu sur la nuque à bout portant, il s’écrie : «Ya !». Le secrétaire général du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) ne recule pas non plus. Son camarade Abdoulaye Bathily, aussi, dans la même foulée, fonce droit. Impassible aux injonctions policières, il s’avance et butte sur une mêlée d’hommes en tenue, matraques en main. Il va goûter la vigueur de jeunes éléments de la police du pays de Me Wade. Malmené, il rejoint aussi ses camarades déjà jetés dans le panier à salade.

Ousmane Tanor Dieng, Premier secrétaire du Ps, lui, a fait l’exception. Sous l’escorte de son bodyguard Toubabou Dior, il suit tranquillement les agents de la Police, qui le conduisent dans leur véhicule…Au moment où Massène Niang du Msu, un autre ténor de l’opposition se débat courageusement, tel un enfant entre les mains des éléments du Gmi.

CHERIF MACKY SALL, L’AGNEAU DU SACRIFICE

«Ils ont voulu me forcer, me bousculer. Ils m’ont attaqué en groupe et m’ont tapé avec des matraques électriques. Ils m’ont pris par les cols. Tu vois, tous mes boutons sont partis.» Il montre la chemise de sa veste jaunâtre qui laisse découvrir un seul bouton restant. La manche de son vêtement est déchiquetée. Son visage révèle une inflammation avancée : «Ils ont déchiré mes habits, pris mon téléphone portable et ma carte nationale d’identité. Je connais le nom du Gmi qui a pris mon portable, s’il ne le rend pas, je vais porter plainte», s’indigne l’ancien maire de Guédiawaye, Chérif Macky Sall.

Plus que les autres leaders de l’opposition, le socialiste a reçu coups de matraques et décharges électrique : «A deux fois de suite, j’ai reçu des décharges électriques, et je ne le souhaite à personne. Mon corps est lessivé et j’ai mal partout».

C’est que M. Sall n’a pas voulu céder et se rendre comme un mouton. Quand les Forces de police l’ont arrêté, il a refusé qu’on le touche. «Laissez-moi vous suivre, vous n’avez pas besoin de me toucher.» Mais, subitement, il est bastonné, ligoté et jeté comme un vulgaire bandit dans le véhicule, devant les regards ahuris des manifestants. Dans le véhicule, un policier avec des coups de matraque lui intime l’ordre de s’asseoir par terre.

Le soleil monte, les manifestants s’échauffent, ils ne remarquent même pas qu’il est midi passé.

LA COURSE POURSUITE

Le «panier à salade», garni de leaders de l’opposition, s’éloigne, sous les vivats de manifestants venus se joindre à l’esprit protestataire. Derrière, les choses se révèlent loin de s’arranger pour des forces de l’ordre pris de court par le plan B, déroulé majestueusement par des jeunes. Ils sont étudiants, ouvriers et militants politiques qui jalonnent l’avenue Cheikh Anta Diop du rond point de la Médina à l’Ucad. Face à eux, un peloton d’auxiliaires de polices, sous la direction d’un lieutenant aboyeur, se dressent en bouclier et sonnent l’assaut…La course poursuite ne fait que commencer.

Sous les contours d’une véritable chasse à l’homme, les forces de sécurités jalonnent l’avenue des deux côtés latéraux. Devant eux, la résistance est de taille. Les premiers mots viennent des jeunes manifestants qui se font les relais du message initial de leurs leaders : «Fippu jotna ! fippu jotna !» (Ndlr : l’heure est à la révolution), scande t-on en chœur. Suffisant pour stimuler l’instinct belliqueux des hommes en tenue : «Puff ! Teuff ! Teuff». Les premières bombes lacrymogènes s’élèvent au ciel et atterrissent sur le marché de Tilène. Une folle dispersion est semée, mais la résistance reste encore de mise chez des étudiants décidés à en découdre. Leurs premiers jets de projectiles parviennent aux limiers. Ces derniers, sans abdiquer, pressent le pas et s’avancent vers l’ennemi du jour qui ne tarde pas à battre en retrait. D’abord, les jeunes sont repoussés jusque vers les alentours du Score de Sahm, puis à la grande porte de l’Université Cheikh Anta Diop. Là, une marrée d’étudiants sortent de leurs plaques et ravivent le feu de la violence entre manifestants et forces de police. Pneus brûlés, grosses pierres dictamens le long de l’avenue parent aux injonctions policières. Mais, les moyens de combat étant sans commune mesure, les hommes en tenue prennent en main la situation. Sans dire son dernier mot, le contingent des jeunes marcheurs s’ébranle à travers les ruelles serpentées du temple du savoir, avant de se redéployer à travers un autre plan…

STRATEGIE CONTRE STRATEGIE

La rue 3 de la médina croule. L’éclatement des bombes lacrymogènes soulève une nuée d’effluves qui engloutissent le quartier populaire, embourbé dans une spirale de violence. Sous la houlette de Khalifa Ababacar Sall du Ps et Yéro Deh de la Ld/Mpt, les jeunes revanchards de l’Ucad se redéploient à travers les ruelles du bidonville et déjouent toutes les stratégies répressives du Gmi. Flanqués de mouchoirs rouges, ils se déploient à travers les grandes avenues, décidés à en découdre : «Nous ne laisserons pas passer cela. Abdoulaye Wade sait bien que nous n’allons pas céder car la marche est inscrite dans la constitution sénégalaise», baragouine l’homme chargé des élections chez les verts de Colobane.

Très vite, ils sont localisés par les éléments du Gmi qui se rabattent sur le coup et intiment l’ordre d’une dispersion. Là aussi, une vive résistance leur est opposée. D’ailleurs, la surprise est grande chez les policiers quand une autre frange de manifestants, pour déjouer la stratégie d’isolement, s’est détachée du groupe pour se redéployer sur une autre rue opposée. Submergés, les forces de sécurité ne font que constater les effets d’une ignition soulevée par des pneus brûlés à ciel ouvert. «La police est prise à contre pied !», les commentaires ne manquent pas, et ils sont suivie de cries d’hystérie qui gagent en proportion jusque dans les maisons avoisinants. Courroucés, les flics se rebiffent et se redéploient pour réussir finalement la prouesse de contrer les assauts répétitifs de manifestants d’une témérité manifeste. Ils se dispersent mais n’abdiquent pas. C’est désormais vers le commissariat central en ville qu’ils convergent par sous groupes, pour aller exiger la libération de leurs leaders.

LE CENTRE-VILLE EN ETAT D’URGENCE

Les bérets rouges sont les plus visibles, en ce samedi de contestation de l’opposition. Dans tous les coins et recoins du centre ville, des policiers sont en faction armés jusqu’aux dents : matraques, bombes lacrymogènes entre autres. Pour la première fois, la présence de filles dans ce corps est constatée. Mais, c’est à peine qu’elles sont distinguées parmi des hommes. De près, elles affichent la sérénité et en font un peu plus, en renfrognant le visage pour paraître, peut être, plus sévères. Bref, ces policiers veillent au grain. Ils intiment l’ordre aux passagers de circuler, dispersent automatiquement et systématiquement tous les regroupements de personnes. Sur la Place de l’Indépendance, ils sont plus rigoureux. Ici, juste derrière, sur la rue Thiong, les chefs de partis de l’opposition sont détenus depuis la matinée au commissariat central.

Dans cette zone sous haute surveillance, Me Jacques Bodin se prévalant de sa liberté d’expression improvise un point de presse devant la Chambre de commerce. Résultat : il est cueillis devant les preneurs de sons et journalistes de la presse nationale et internationale. Son propos est coupé par un élément de la gendarmerie qui le prend par la main et l’entraîne dans une fourgonnette. Me Bodin ne rechigne pas. Il obéit et les suit.

LE COUROUX DE Me BOUCOUNTA DIALLO

Me Jacques Baudin jeté dans le panier à salade, la police belliqueuse en veut encore. Un détachement arpente très vite les longues marches de la Chambre de commerce de Dakar et accède à la grande salle de réunion où tranquillement, les représentants des deux Unacois tiennent une rencontre de réconciliation, sous la direction de l’avocat Me Boucounta Diallo. Passée la porte d’entrée, les hommes en tenue se dispersent à travers les sièges et rideaux, à la recherche de «manifestants qui se sont introduit dans les lieux pour fuir les représailles policières», justifie le chef de troupe. Très vite, le calme et la sérénité d’une telle rencontre se voient recevoir un sacré coup. La réaction ne manque pas du côté des organisateurs. A leur tête Me Diallo, ils s’extirpent de la grande salle et se tiennent en position d’alerte devant la bâtisse. Les premiers mots d’indignation ne se font pas attendre. C’est de la bouche du juriste international qu’ils sortent : «C’est un précédent dangereux !», crache-t-il à la figure du chef de troupe.

L’officier, pour légitimer son acte, justifie : «Me Diallo, si nos éléments ont pénétré les lieux, c’est parce qu’il nous a été signalé que des manifestants y sont entrés…» Arguments légers balayés d’un revers de main par l’avocat qui revient à la charge : «De telles pratiques ne sauraient être tolérées dans un état de droit.» Ces mots n’entrent pas dans la bouche de l’homme en tenue car, il s’est taillé sans demander son reste.

PREMIERES INFOS SUR LES DETENUS POLITIQUES

Sur cet espace dédié à l’indépendance du Sénégal, la liberté est négociée par certain qui, à leur manière vont trouver la ruse pour s’enquérir de l’état des responsables politiques détenus dans le commissariat. Après l’interpellation de Me Jacques Bodin, Souleymane Ndiaye Brin n’a pas attendu qu’on l’appréhende. Simplement, il rejoint le véhicule des limiers, sans crier gars, et s’installe confortablement à côté de l’avocat.

ça fait rire à certain, mais les agents des forces de l’ordre l’observent et le laissent finalement dans la fourgonnette. C’est la même ruse qu’utilise le reporter de la radio communautaire Ndefleng Fm, Babou Birame Faye. Se présentant comme un manifestant, il réussi à rejoindre les interpellés avant d’être acheminé au commissariat central. Une fois à l’intérieur, le journaliste présente sa carte de presse pour être libéré. Mais, son jeu a payé puisse que c’est lui qui a donné les premières informations sur les conditions de détention des responsables politiques. «Ils sont bien traités, d’ailleurs, ils sont regroupés sur la terrasse du commissariat», révèle-t-il, et de préciser que «Amath Dansokho a eu une petite malaise».

LA MENACE DES MILITANTS

C’est d’abord Ousmane Tanor Dieng, Ali Aïdar et Moustapha Niasse qui sortent des locaux du Commissariat central de Dakar. Un à un, ces leaders de l’opposition son tirés de leurs lieux de détention. En catimini, ils arpentent les marches, puis s’engouffrent dans une fourgonnette stationnée à la devanture. Le véhicule en marche, les hommes politiques sont acheminés à un lieu inconnu, suivis quelque temps des deux autres ténors, Amath Dansokho et Abdoulaye Bathily, derniers à être déporté.

En effet, sous la pression de militants disséminés aux alentours du commissariat, les hommes en tenue, pour réussir l’apaisement de la tension qui règne au centre ville, n’ont pu trouver autre solution : «Ceci est fait juste pour disperser les militants. Les leaders de l’opposition sont placés dans les différents commissariats de la ville en attendant de voir la suite à donner à tout cela», confie un élément de la police. Car quelques instants plus tôt, les choses ne se sont pas présentées faciles pour ses collègues et lui. Les lacrymogènes ont tonné fortement devant la témérité déconcertante des militants politiques et autres étudiants. Par groupuscules, ils ont manifesté à travers les différentes rues du secteur, posant de sérieux problèmes aux limiers, réduits à disperser le moindre rassemblement suspect.

NIASSE ANNEXE DAKAR PLATEAU…

Une bonne partie des manifestants progressistes a rallié le poste de police du Plateau dès qu’ils ont appris le transfert de leur leader. Le calme et la tranquillité des lieux ne sont pas, pourtant, violés par les événements. C’est qu’ici, les Forces de l’ordre n’ont pas créé du désordre. Les manifestants sont organisés et rangés en deux files devant le commissariat pour leur permettre d’accueillir leur leader dont la sortie incessante est annoncée. En fait, un élément de cette police, apparemment contrarié par la répression de la marche de l’opposition avait informé les manifestants de l’éminence de la libération de Moustapha Niasse. L’agent, un homme d’une quarantaine, n’arrêtait pas de rouspéter : «On va le libérer bientôt, je ne sais même pas pourquoi ils nous l’ont envoyé, ils veulent nous faire porter le chapeau. C’est n’importe quoi dans ce pays !»

A 16 heures précises, Moustapha Niasse franchit le portail de la Police devant les hourras de ses supporters surexcités. Et chacun veut être remarqué pour montrer qu’il est présent en ces lieux. Le premier d’entre eux, Madieyna Diouf. Le numéro2 de l’Afp devance son leader et lève la main en signe de victoire. La voiture est prise d’assaut par les militants. Même si les autres journalistes n’étaient pas sur les lieux, c’est avec beaucoup de peines que nous avons réussi à lui tendre le micro. Les premiers mots de Moustapha Niasse chantent «la bravoure de l’opposition qui a tenu à marcher malgrès l’interdiction.» Ensuite, il informe qu’il a «été bien traité durant son arrestation par des policiers responsables» et de conclure «que la lutte continue».

Un cortège de voitures l’accompagnent et les klaxons se dirigent vers le Point E, quartier général de l’Afp.

…TANOR DIENG, EMPEREUR DE REBEUSS

La police ne savait pas si bien faire en déportant le Premier secrétaire du Ps au commissariat de Rebeuss. L’aubaine servie aux Verts de Colobane s’est très vite manifestée à travers la forte mobilisation qui a accueilli le leader politique dans ce bidonville dakarois.

De bouche à oreille, la nouvelle de l’arrivée du visiteur prodige s’est répandue. Maisons, grand-place et ateliers de travaux désertés pour la circonstance, militants et simples citoyens prennent très vite d’assaut le commissariat et ses alentours. Sur les toits des immeubles et jusqu’à perte de vue, la mobilisation prend forme et stimule l’hystérie générale attisée par l’arrivée d’une délégation de dames du Ps, sous la houlette de Aminata Mbengue Ndiaye. Son entrée dans les locaux de la police ouvre une brèche aux manifestants qui s’engouffrent en même temps qu’elle. Plus d’une cinquantaine d’intrus accèdent à l’intérieur et crée en embrouillamini : «Nous voulons voir notre leader !». Le message est clair, mais ses destinataires ne cèdent pas pour autant. Ils négocient tout de même : «Sortez d’abord et nous allons organiser les choses de sorte que vous puissiez le voir tous». Les militants s’exécutent devant la coopération et l’esprit de tolérance des préposés à l’ordre public. Ce sera d’abord au tour de la responsable des femmes socialistes d’accéder auprès de son leader, mais à peine est elle sortie que la décision de libérer les responsables de l’opposition tombe.

Le commissaire et ses hommes cherchent les voies et moyens de sortir le responsable socialiste, mais sans succès. Plus aucune issue n’est laissée. Le portail d’entrée submergé, les policiers concoctent un autre schéma et ouvrent en catimini la voie arrière. C’est sans compter avec l’immensité de la liesse populaire. Tout de même, le commissaire et ses hommes, résolus à se débarrasser d’une patate aussi chaude, sortent Tanor Dieng, sous l’escorte de ses gardes du corps. Sourire aux lèvres, l’homme politique hume l’air du dehors, élève la tête au ciel, puis la main en signe de victoire. En réponse, Rebeuss a vibré, comme pour l’introniser. Admiration et sympathie qu’il rend puisque trois quart d’heures durant, la communion a eu lieu, avant de déboucher sur une procession d’une bonne trentaine de véhicules en file indienne, escortées par des jeunes, décidés d’accompagner leur héros jusqu’à la maison du Ps.

LA LONGUE «MARCHE ROUGE» DES VERTS

Ousmane Tanor Dieng peut maintenant se le permettre. Après avoir bravé la police le matin, passé l’après-midi dans les geôles de la police de Rebeuss, et accueillis triomphalement par ses militants, il lui fallait bien un bain de foule pour boucler une si longue journée de contestation contre les dérives du régime libéral. Debout sur la porte de sa voiture, M. Dieng affiche un sourire mérité.

Quand on l’observe, on lit dans ses yeux, la satisfaction et l’allure d’un homme qui vient de réussir un test. Et il tient à le partager avec les habitants des quartiers de la Médina, du Boulevard Charles de Gaule et de Colobane où passe son cortège. Les drapeaux rouges sont brandis et ils braillent, «Tanor Président !» à tue-tête, accompagné par les klaxons. Partout les gens sortent de leur maison pour l’ovationner. La circulation est bloquée sur le Boulevard. «C’est trop beau !», selon Tanor qui ne manque pas de le souligner. «Constatez-le par vous-même, ils nous ont refusé une courte marche, maintenant nous faisons une longue marche.» Et celle-là est plus spontanée, ajoute-t-il, alors que le cortège avance lentement.

Sur sa marche, à proximité du monument de la place de l’Obélisque, le Premier secrétaire tombe sur un groupe d’enfants battant des tam-tams. Ces jeunes gens, attirés par la foule, s’y mettent eux aussi, pour supporter, à coup de tam-tams, Ousmane Tanor Dieng. Ce dernier arrête le cortège pour descendre de son véhicule leur serrer la main.

A la Maison du parti Léopold Sédar Senghor, une autre foule attendait, avec en première ligne, le maire de Yoff, Mamadou Diop et le président Abdoukhadre Cissokho. Ici, ça prend vraiment les allures d’un meeting politique.

TANOR : «CE QUE ABDOU DIOUF M’A DIT»

La Maison du Ps bat déjà la campagne électorale. Les murs sont repeints et les affiches du candidat, Ousmane Tanor Dieng, sont postées partout. On le voit accompagné des anciens dirigeants du Ps, Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. Un vent frais balaie les visages et annonce l’approche du crépuscule. Mais, avant de se disperser, les socialistes improvisent un meeting dans la salle du Comité central avec comme invité d’honneur Pape Diouf, chargé des affaires politiques et délégué par le président de Rewmi, Idrissa Seck. M. Diouf, dans son intervention «réitère l’ancrage de Rewmi dans la coalition Jamm-Ji» et promet de beaux jours pour cette alliance de l’opposition. Toutefois, dans les différentes déclarations des responsables socialistes, on note toute la détermination de ce parti à s’opposer énergiquement contre le régime de Me Wade. Un régime, selon Ousmane Tanor Dieng, qui a fini de prouver son incapacité et son échec. Mais le plus grave, souligne-t-il, «c’est la destruction des institutions et la violation continue de la Constitution». A cet égard, révèle le Premier secrétaire, l’ancien Président du Sénégal a fait une réflexion. «Abdou Diouf m’a dit qu’il plaint celui qui va remplacer Me Abdoulaye Wade à la tête de ce pays.» Sans et/ou 100 commentaires…

NIASSE, LE RETOUR TRIOMPHAL

Difficilement, les éléments du protocole de Moustapha Niasse réussissent à extraire leur leader des mains d’une marée humaine. L’entrée de l’appartement privé du responsable progressiste s’ouvre et se referme sur le champ. L’homme politique, à pas surs, franchit le seuil puis s’engouffrent.

Derrière lui, la porte se referme. La première marche de l’escalier arpentée, il se retourne d’un geste instantané, jette un petit regard à l’endroit des militants encore là, mais désormais de l’autre côté de la grille. La frimousse encore sereine, Niasse affiche la tranche de pastèque et élève la main comme pour dire merci à tout ce beau monde avant de plonger dans le cocon familial.

Ses militants en veulent encore, mais comme toute chose, la fin venait d’être sonnée. Et pourtant, ils l’ont accueilli triomphalement à sa sortie au commissariat du plateau à bord de véhicules alignés jusqu’à perte de vue. Puis, ils l’ont acheminé au siège de l’Afp où il a tenu une mémorable diatribe à l’endroit du président Wade et de son régime liberticide.

 

 



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