Le chef de la junte guinéenne, Moussa Dadis Camara, peut préparer ses valises pour rejoindre les locaux de la Cour pénale internationale (Cpi). Surtout que des sources judiciaires proches de cette juridiction internationale renseignent que «la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale est en train d’étudier le dossier pour voir la suite à donner de la qualification des faits après les tueries du 28 septembre». Une attaque militaire commanditée depuis le Camp militaire Alpha Yaya Diallo de Conakry, siège du Cndd et ayant fait plus de 200 morts. Les mêmes sources révèlent qu’il y a une forte probabilité pour que le chef de la junte soit traduit devant la Cpi. Car, les actes constatés au stade du «28 Septembre» peuvent être qualifiés de crimes contre l’humanité en se basant sur les témoignages recueillis sur place. «Des viols collectifs ont été constatés au stade du 28 Septembre. Ce qui constitue un crime contre l’humanité. Sans oublier les civils qui ont été abattus froidement par les militaires.» Déjà des syndicalistes guinéens, des témoins et des victimes sont à Dakar, depuis hier, pour les besoins de leurs auditions par l’avocat sénégalais, Me Boucounta Diallo. L’opposant guinéen Alpha Condé, qui a été précédé par ses compatriotes à Abuja, est attendu également à Dakar en début de semaine prochaine.
Le Procureur du Cpi s’autosaisit
C’est suite à une vaste campagne de sensibilisation, d’information et de lobbying menée par l’avocat Me Boucounta Diallo, sans oublier les condamnations internationales, que le Procureur de la Cpi s’est autosaisi. Le magistrat de cette haute juridiction a jugé nécessaire, après une étude préliminaire des faits qui ont été portés à sa connaisse, d’activer la machine judiciaire contre la junte et toutes les personnes impliquées dans la tuerie du 28 septembre 2009. En fait, le lobbying déclenché par la «robe noire» avait pour but d’inciter la juridiction internationale de prendre des mesures en Guinée Conakry. Car, la Cour pénale internationale ne peut être saisi que par un Etat, le Conseil de sécurité de l’Onu, comme le stipule le statut de Rome, et le Procureur de la Cpi qui peut s’autosaisir dès lors que des informations ont été portées à sa connaissance. Toutefois, la mise en branle de la Chambre préliminaire aux trousses de Moussa Dadis Camara entre en droite avec les séries de condamnations et d’appels à la traduction du chef de la junte devant la Cpi. D’abord, c’est l’Union européenne qui a été la première à demander officiellement la traduction de Dadis Camara devant la Cpi. Ensuite, Washington lui a emboîté le pas en demandant le départ de la junte du pouvoir pour l’organisation d’élections présidentielles transparentes.
30 ans de prison ou la perpétuité pour Dadis
Si jamais la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale (Cpi) constate qu’il y a suffisamment de charges pour la traduction de Moussa Dadis Camara devant la haute juridiction internationale, le chef de la junte guinéenne risquerait «30 ans de prison ferme ou la perpétuité». Des peines que risquent également le Président soudanais Omar El Béchir, poursuivi pour crimes de guerre et crime contre l’humanité, suite à la guerre civile qui a eu lieu au Darfour. Où plusieurs centaines de milliers de civils ont perdu la vie. D’ailleurs, un mandat d’arrêt international pèse sur sa tête depuis le 4 mars 2009. A noter qu’il est le premier chef d’Etat à être victime d’un mandat d’arrêt de la Cpi.
Le Sénégal apte à poursuivre Dadis et Cie
Les juridictions sénégalaises peuvent bien poursuivre le pouvoir en place en Guinée Conakry pour crime contre l’humanité et crime de torture. Surtout que le Sénégal a ratifié les crimes contre l’humanité et la torture. Il s’y ajoute que le Sénégal a intégré dans sa législation, la possibilité de poursuivre des crimes internationaux commis à l’étranger dès lors que des coupables séjournent sur son territoire. « Des poursuites peuvent être diligentées devant la justice sénégalaise contre Moussa Dadis Camara, les donneurs d’ordre et les exécutants sur les crimes commis le 28 Septembre à Conakry », constate Me Boucounta Diallo. Pour rappel, la Guinée a été victime d’une suspension d’une aide de 75 millions d’euros de l’Union européenne sous le magistère de feu Lansana Conté. En fait, depuis qu’elle a eu son indépendance, la Guinée n’autorisait pas les avocats étrangers à venir plaider sur son sol. Ce qui constituait un acte de violation de la convention de Lomé 4. Une discrimination que Me Boucounta Diallo commis pour assurer la défense de Alpha Condé avait portée à la connaissance de l’Ue. Du coup l’aide avait été suspendu. Finalement, après 48 heures de plaidoiries, le juge a déclaré recevable sa constitution. Ce qui a ouvert la porte du barreau de la Guinée aux avocats étrangers. A cause de cela, il a été déclaré persona non grata en Guinée. Il récidive… Reste à savoir si le président Wade lâchera son fils Dadis.
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