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Politique

Mbagnick Diop, président du Meds :« Les élections présidentielles ne se tiendront pas en février 2007 »

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Mbagnick Diop, président du Meds :« Les élections présidentielles ne se tiendront pas en février 2007 »

Sur la base d'analyses de la situation politique, le président du mouvement des entreprises du Sénégal, estime que les élections présidentielles ne se tiendront pas, comme prévu, en février 2007. Une analyse qui précède ses appréciations du bilan annuel des activités du Meds, à quelques jours de la sixième édition du forum du premier emploi, et à une période où le chômage affecte plus de « 2.000.000 de Sénégalais ».
 Monsieur le Président, le Meds s'apprête à organiser la 6 ème Edition du Forum du 1 er emploi, après une activité très dense depuis le début de l'année. Pouvez-vous nous faire le bilan de vos activités et l'organisation du forum du 1 er emploi.
Effectivement, le Meds est une organisation patronale qui a comme credo : le Pari de l'Action. Ce qui nous amène à poser des actes et à innover toujours, et toujours. Nous avons organisé au mois de mars dernier, un séminaire sur le management et le leadership au profit des Femmes chefs d'entreprises du Meds. Nous avons organisé au mois d'avril les assises de l'Entreprise, et sur la même lancée l'assemblée générale annuelle du Meds. Suivis des « Cauris d'Or » qui distinguent les meilleures entreprises et meilleurs managers de l'année. Au mois de mai, nous avons organisé la 3 ème édition de la Diaspora des affaires à Milan, après New York ; concept novateur du Meds qui canalise et incite les Sénégalais de l'extérieur à venir investir au Sénégal. Au mois de juillet, un grand séminaire, sur quels instruments financiers pour les Pme/Pmi, avec l'ensemble des banques et institutions financières nationales et internationales, pour au finish créer une banque de développement ou une banque des Pme, au profit des petites et moyennes entreprises. Les 15 & 16 septembre dernier, le Meds a organisé la première université d'Eté du secteur privé, en invitant les experts étrangers des partenaires nationaux et internationaux des consultants, des universitaires, des scientifiques pendant 2 jours, pour échanger, dialoguer sur la mondialisation, sur l'intelligence économique, sur l'économie du savoir, sur la nouvelle économie ; ce qui nous permet, à nous chefs d'entreprises, d'être en phase avec ce qui se fait dans le monde.
Quelles sont les innovations pour cette 6 ème Edition, après les cinq premières bien réussies ?
Cette année, le Meds place la sixième édition sous le thème de l'Auto Emploi, c'est-à-dire encourager les jeunes à créer leur propre entreprise, être leur propre patron, et de fait, avoir un emploi fixe. Aujourd'hui, le marché du travail est saturé, le constat est là, plus de 100.000 nouveaux demandeurs d'empois arrivent sur le marché du travail chaque année, alors que la Fonction Publique offre 5000 emplois par an, le secteur privé dans son ensemble n'offre pas plus de 20.000 emplois salariés déclarés par an. Donc au total, la Fonction Publique et le secteur privé confondus, offrent 25.000 emplois sur les 100.000 demandeurs annuels, d'où un gap de 75.000 chômeurs qui vont grossir le stock déjà existant. Au Sénégal, aujourd'hui, on compte plus de 2.000.000 de chômeurs sur une population de 10.000.000 habitants, donc 20% de la population est en chômage, cela représente plus de la moitié de la population active. Au demeurant, nous devons être conscient que la paix et la démocratie auxquelles nous aspirons tous ne pourront êtres durables que si nous donnons à la jeunesse des raisons d'espérer, en combattant résolument la précarité et le chômage qui la frappent, et qui est une des causes de l'immigration clandestine. Nous devons tous faire appel à notre imagination, au sens de la méthode, à l'esprit prospectif et en rénovant nos rapports avec notre environnement, nous pourrons mieux saisir la dynamique de notre société, et esquisser des solutions simples mais efficaces dans la lutte contre la pauvreté et la précarité. C'est à ce prix que nous aurons la quiétude sociale indispensable au développement économique de notre pays. Nous envisageons au Meds, pour cette 6 ème édition, de regrouper une cinquantaine de jeunes autour de dix projets de créations d'entreprises ; le Meds apportera à ces jeunes son parrainage financier technique et administratif.
L' Organisation du forum du 1 er emploi par le Meds est une action sociale, une action citoyenne en faveur des jeunes diplômés sénégalais. Est-ce que l'Etat mesure l'impact du forum contre le chômage des jeunes ? E outre, est-ce que l'Etat apporte un soutien financier, matériel du forum ?
Certains me disent qu'avec le forum du 1 er emploi, je travaille pour l'Etat, pour le gouvernement. Je voudrais simplement dire qu'on ne doit pas politiser le problème de l'emploi des jeunes. C'est un problème national qui transcende les clivages politiques. Chaque citoyen, chaque entreprise, chaque structure ou organisme, chaque parti politique ou institution devrait s'inspirer de ce que fait le Meds chaque année pour faciliter l'insertion des jeunes diplômés sénégalais. Le mérite du forum ce n'est pas le nombre d'emplois créés, mais plutôt ce cadre de rencontres entre demandeurs d'emplois et offreurs d'emplois. N'oubliez pas que ces milliers de jeunes diplômés que le Meds encadre et coache chaque année, n'ont pour la plupart jamais rencontré un chef d'entreprise. Notre mérite c'est d'avoir inspiré cette action sociale et citoyenne qu'est le forum du 1 er emploi en offrant à chaque jeune demandeur d'emploi l'opportunité de pouvoir décrocher un contrat de travail, de stage ou de formation en alternance.
Bien attendu, l'Etat soutient fortement le forum du 1 er emploi. Chaque année, le Président accepte d'en être le parrain officiel, et nous recevons des soutiens de la primature de nos ministères de tutelle.
Cependant, cet apport est en deçà de nos attentes, car c'est moins de 25% du budget du forum ce qui avoisine le 60.000.000 de Fcfa. D'autant plus que le forum du 1 er emploi est totalement et entièrement gratuit. Le Meds prend en charge l'ensemble des participants qui viennent de tout le Sénégal. Je pense qu'aujourd'hui, avec tout ce qui se passe autour des jeunes, de l'Immigration clandestine, de la forte demande sociale etc., l'Etat mesure l'impact et la dimension psychologique d'un tel événement comme le forum du 1 er emploi qui offre à des milliers de jeunes, des raisons d'espérer pour l'emmener ( le gouvernement) à s'impliquer davantage pour l'organisation et la réussite du forum. Il faut souligner aussi que nous avons plusieurs dizaines d'entreprises publiques et privées qui soutiennent le forum en tant que partenaire depuis le début. Qu'hommage leur soit rendu à travers ces lignes.
Quelle est votre conception en tant que expert du secteur privé des activités économiques du Sénégal, et des multiples problèmes que rencontrent certaines grandes entreprises sénégalaises ?
Je me désole de l'absence de l'économie dans le discours politique. Il y a aujourd'hui un besoin urgent de recadrer le débat sur les questions essentielles et les véritables enjeux qui se posent à notre pays. Par exemple, poser le débat à savoir : Comment expliquer la crise de nos grandes industries que sont la Sonacos , les Ics, la Sar , la Senelec  ? Comment peut-on avoir l'ambition d'être un pays émergent sans pour autant mettre les fondamentaux dès aujourd'hui pour réaliser ce dessein ? Il est vrai que sur le plan macro-économique, les clignotants sont au vert, il y a une bonne gestion des finances publiques, la hausse importante des recettes de l'Etat, l'augmentation des investissements publics et le respect des critères de convergences de l'Uemoa. Cependant, force est de constater qu'il n'y a pas énormément d'investissements directs privés au Sénégal, étrangers ou nationaux. La situation énergétique est catastrophique pour les entreprises en particulier les Pme/Pmi. C'est un frein à l'investissement, à la compétitivité de nos entreprises. Cette situation dure depuis bientôt plus de deux ans, et l'Etat nous donne l'impression de ne pas mesurer l'impact négatif (les délestages) sur l'économie de notre pays. Il faut une « bonne gouvernance «  de nos entreprises publiques et parapubliques. Beaucoup de ces crises sont dues à des mauvais choix de gestion. Mais il faut reconnaître aujourd'hui que le Sénégal est en chantier, tous les projets du Président sont en cours d'être réalisés ; les infrastructures avec des réalisations concrètes, le millénium challenge account, la Sca (Stratégie de croissance accélérée) constituent d'excellentes solutions pour booster le Sénégal au rang des pays émergents. L'Etat doit aussi réduire son train de vie, une manière de faire accepter les sacrifices qu'on sollicite des Sénégalais. La capacité de l'Etat à résoudre tous ces problèmes sociaux, économiques et mêmes politiques sera une des clés de la réélection du Président Abdoulaye Wade.
Vous êtes décrit comme un fin observateur politique, un homme de réseau aussi bien national qu'international, je voudrais avoir votre lecture de la situation politique sénégalaise d'aujourd'hui.
Vous savez, je suis un républicain. Aujourd'hui, la situation politique est complexe, c'est une nébuleuse, il n'y aura une vraie visibilité qu'après les élections présidentielles. Il y aura une redistribution des cartes… Présentement, chacune de nos personnalités politiques se positionne par rapport à ses intérêts du moment. Il est vrai qu'aujourd'hui avec l'irruption de M. Idrissa Seck dans l'arène politique, les données changent. M. Seck fait son retour remarqué sur la scène politique avec une occupation du terrain médiatique, avec une stratégie bien maîtrisée.
Les leaders de la Cpa seront obligés de revoir leur stratégie. La question relative à la formule de participation, candidature unique ou multiple à la présidentielle 2007 sera tôt ou tard abordée, pour déjà avoir une meilleure visibilité de la stratégie de la Coalition populaire pour l'alternative.
Au niveau du camp présidentiel, les choses semblent moins compliquées, même si une bataille fratricide de leadership n'est pas à exclure pour le contrôle du parti post élection. Cependant, aujourd'hui le Premier ministre incarne la légitimité. Personne ne peut nier que le Premier ministre effectue un excellent travail tant au niveau national qu'international. Il ne fait pas trop de vagues, mais maîtrise très bien ses dossiers. Il rassure les bailleurs de fonds, pilote les grands dossiers comme la Mca , la Stratégie de croissance accélérée, la Dsrp (Document stratégique de réduction de la pauvreté) avec comme objectif précis, attirer les investissements étrangers, favoriser la création d'emplois donc des richesses et promouvoir une croissance à deux chiffres. Afin d'éradiquer la pauvreté, et d'installer durablement le Sénégal dans le cercle des pays émergents. Indiscutablement, le Premier ministre, Macky Sall est l'homme de la situation. Le Président Wade ne pouvait trouver meilleur disciple, meilleur collaborateur pour la mise en œuvre de sa vision et de ses projets que le Premier ministre, Macky Sall.
Le Premier ministre a toutes les qualités d'un homme d'Etat. Il y a un style Macky. Il fait partie des rares personnalités politiques qui ont émergé depuis l'alternance en symbolisant dans un futur proche l'alternance générationnelle. Vous savez, je suis un esprit indépendant, je dis ce que je pense, tout le monde sait que j'ai des amitiés transversales. J'entretiens les meilleurs relations avec pratiquement les principaux leaders de l'opposition. La quasi-totalité de la majorité présidentielle, sont des amis personnels. Pour vous dire que le témoignage élogieux que je viens de porter à l'égard du Premier ministre est un acte d'honnêteté intellectuelle en tant que acteur de la société civile et économique de ce pays. Je suis un anti- conformiste, et je le revendique.

A votre avis, est-ce que les conditions sont réunies pour une élection présidentielle le 27 février 2007 ?
Les conditions sont presque réunies pour une élection présidentielle en février 2007, mais mon sentiment personnel est qu'il n'y aura pas d'élection présidentielle en 2007 ; et pour plusieurs raisons
D'abord, le processus électoral est loin d'être ficelé, et que bien naturellement l'opposition demandera l'audit du fichier qui, s'il est accepté, nous conduira vers fin décembre début janvier. Donc techniquement et matériellement, il est impossible d'organiser les élections en février 2007.
Ensuite, c'est un secret de polichinelle que de dire que ni l'opposition ni même le parti au pouvoir ne sont véritablement prêts pour des élections en février 2007. Bien enttendu, un report des élections présidentielles n'agréent pas trop les chancelleries Européennes et Américaines. Elles pourraient y avoir une dérive de la démocratie qui remettrait en cause le poids diplomatique du Sénégal et son statut de démocratie la plus avancée en Afrique. En tout cas, l'idée d'un report fait son chemin même si, entre une idée et sa réalisation il y a tout un monde. Il restera maintenant la manière de faire avaler la pilule, facile: il faut juste une loi dite constitutionnelle qui sera votée sans problème par la forte majorité libérale et le Conseil constitutionnel qui se déclarera incompétent face aux recours, qui dénient à l'Assemblée Nationale le pouvoir de proroger le mandant présidentiel. Ainsi le tour est joué, rien ne s'oppose à la mise en action d'une procédure de prolongation du mandat du Président de la République. Il sera difficile de convaincre les électeurs du bien-fondé d'un report. Mais une fois encore, ma conviction personnelle est qu'il n'y aura pas d'élection en février 2007, pour toutes les raisons citées plus haut. En revanche, le Ministre de l'Intérieur, maître Ousmane Ngom, est à féliciter pour la matière dont il a eu jusqu'à ce jour à piloter la processus électoral : le fichier, les cartes numérisées sans parti-pris mais avec une démocratie républicaine.

Comment analysez-vous l'émigration clandestine, en tant qu'employeur ?

L'emploi des jeunes peut lutter contre l'immigration clandestine. Je lance un appel à tous les acteurs de la vie politique, économique, sociale et culturelle en leur demandant de méditer ces lignes ci-dessous.

Trouver un emploi à un jeune, c'est lui restituer sa dignité et lui donner espoir

Trouver un emploi à un jeune, c'est lui rendre sa liberté confisquée et libérer ses potentialités

Enfin, trouver un emploi à un jeune, c'est lui donner l'opportunité rêvée de participer à l'effort collectif de construction nationale. Le Meds s'évertue à apporter sa contribution en appuyant les efforts du Président de la République et du Gouvernement, en organisant depuis 6 ans, chaque année, le forum du 1 er emploi, en offrant aux jeunes l'opportunité d'intégrer la vie professionnelle.



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